Son nom est déjà gravé dans le marbre de l'Histoire. Premier Afro-Américain à conquérir la présidence des Etats-Unis, Barak Obama intrigue et fascine. Qui se cache derrière ce phénomène politique ? Des terres rouges de Nairobi aux paysages ensoleillés de Djakarta, des ghettos de Chicago aux bancs de la prestigieuse université Columbia, Barack Obama raconte son rêve : donner au monde les couleurs du métissage.

Barack Obama
Les Rêves de mon père

Nous avons lu ce livre en octobre 2009.

Françoise G
Je ne l'ai pas terminé par manque de temps, mais j'ai été sidérée en commençant que cet homme politique avec cette ambition ait pu écrire ce livre là. J'ai été embarquée, j'ai trouvé ça magnifique. Sur son histoire personnelle, avec cette enfance éclatée, comment a-t-il pu trouver cette force ? Grâce à sa mère ?
L'écriture est très personnelle. Il va dans l'intime, il livre beaucoup de choses tout en restant très décent. C'est une écriture sans chichis, efficace (par exemple la mort du maire de Chicago, il a un élan lyrique). Les dialogues sont excellents. J'ai été particulièrement émue par son enfance ; aussi par l'arrivée de sa sœur à Chicago. Il s'est construit en courant derrière l'image de son père, ce héros intouchable, dont sa sœur le délivre. Il y a un va et vient entre la réalité des autres et la sienne, il est très ouvert sans jamais s'oublier. Il est très fin observateur des autres, y compris physiquement (une présence forte). C'est un passionné de la vie.
J'ai été aussi très intéressée par ce qu'il dit des communautés, des églises comme forces politiques. Il ne dit pas grand-chose de sa situation économique. Sa mère est une figure magnifique, elle porte tout, l'image du père, la réussite de son fils, etc. C'est un grand livre.
Françoise O
Je me sens naïve, toutes ces questions sur " est-ce bien lui qui l'a écrit ? ", ça m'agace ! (C'est comme quand on a un Jules : " il est formidable, est-ce bien lui ? ".
Je l'ai lu passionnément, c'est un livre magnifique car il a une dimension universelle, il concerne tous les Afro-américains. La partie sur Chicago est plus austère, plus difficile, les échecs successifs dans des conditions tristes, mais ça montre sa ténacité, sa force. Priorité à la communauté, on ne peut rien faire seul. Il faut toujours commencer par dialoguer. Pendant ses six premières années il n'a aucun doute sur le bonheur ; puis arrive cet incident où dans la bibliothèque où travaille sa mère il tombe sur un magazine qui contient une pub pour les Noirs qui veulent blanchir leur peau. Tout à coup pour lui se pose soudain la question : qu'est-ce qu'être noir ? C'est une rupture. Ensuite il décrit de façon passionnante sa recherche sur lui-même. Mais c'est un idéaliste, un utopiste.
Françoise D
Ce livre a dépassé mon attente ; je suis incapable de formuler la moindre critique. On y découvre tant de choses, pas seulement sur lui, mais aussi sur l'Amérique profonde. Je suis d'accord, ce livre a une portée universelle, c'est ce qui fait qu'il est passionnant. Obama a fait un livre qui parle de lui-même mais aussi des autres et du monde. C'est remarquable. J'ai lu ou entendu quelque part qu'un enfant se vit de la couleur de ceux qui l'élèvent. Le petit Barak s'est donc vécu blanc jusqu'à ce choc (fondateur ?) dont vient de parler Françoise. Même la partie sur Chicago (longue il est vrai) ne m'a pas rebutée, elle était nécessaire. Aux USA il n'y a pas de service social au sens où on l'entend en Europe, c'est le rôle des églises, des communautés, et on ignore totalement ici cette profession d'organisateur qui est extrêmement formatrice pour l'auteur. J'ai été fascinée par son voyage au Kenya, la façon dont l'image de son père se déconstruit peu à peu et sa découverte d'une société si différente de ce qu'il a connu jusqu'alors. Il est lucide. Jamais complaisant. Honnête. Son écriture est efficace, simple, percutante. C'est un grand livre. Je l'ai recommandé à tout le monde, même à mes amis américains !
Renée
Mon exemplaire a beaucoup circulé. Cette photo découverte à 6 ans est en effet un épisode majeur. Il a vécu dans un milieu blanc et plutôt favorisé. Avec ce livre, je me suis abandonnée dans les bras d'Obama, totalement séduite (et abandonnée !). Cette lecture me reposait et j'étais en même temps sollicitée par l'actualité mondiale. Je me sens comme une mère juive, j'ai peur pour lui. Ce qu'il m'a fait découvrir de la négritude m'a ouvert des perspectives sur ces questions. Pour moi c'est une sorte de révélateur. C'est aussi un grand récit américain.
Être à la fois si naïf, confiant et homme politique !!! Quelle élégance, c'est fou !
Annick L
J'ai adoré. Je serai une lectrice très naïve. Je suis complètement séduite, c'est dense, ça m'intéresse tellement que je traîne, pour ne pas le quitter, je le lis lentement, c'est une découverte de tant de choses, ça me passionne tellement que je prends le temps. Je ne mets pas en cause sa sincérité, il n'est pas toujours à son avantage. Je suis étonnée qu'un président des États-Unis ait écrit cela. Son questionnement est remarquable. L'autobiographie est vraiment originale. Sur le métissage je n'ai jamais rien lu qui aille aussi profond ; ni sur les questions de déchirure identitaire ; ça dépasse le portrait personnel. C'est un grand bouquin, au-delà d'Obama. J'ai entamé une grande campagne de communication concernant ce livre. Je suis très heureuse qu'on l'ait choisi. Il nous parle à plusieurs reprises du rôle des femmes.
Geneviève
J'ai découvert ce livre par hasard. J'avais lu beaucoup de choses sur sa mère, cette sociologue, ce qu'elle avait vécu, totalement métisse, imprégnée de tout. Je l'ai lu pendant une rando au Maroc, dans un mélange de proximité (les travailleurs sociaux en France) et de distance (c'est le président des USA). Il sait construire des personnages très intéressants (son père, seigneur déchu en Afrique, ses grands-parents, sa sœur Auma), c'est inter-classes sociales, inter-races.
Son récit du Kenya montre ambivalence et ambiguïté des relations familiales. Il n'y a aucune naïveté de sa part. Ça a soulevé des questions pour moi (" Qu'est-ce qu'être noir ? " : il fait une analyse très fine. Mais lui n'est pas issu de l'esclavage. J'ai été passionnée de bout en bout, et c'est profondément romanesque.
Claire
J'ai commencé à le lire dans l'avion Miami-Paris. Je suis aussi totalement obamaniée... Je trouve notre enthousiasme est très particulier : sorti du conte, cet homme merveilleux est par ailleurs en direct sur la scène du réel...
J'ai adoré le livre, tellement inattendu, tellement bien fait qu'il n'y a aucune faille. Il anticipe tous les travers possibles dans son introduction. J'ai trouvé le passage sur Chicago un peu fastidieux, j'ai sauté. C'est un curieux mélange : homme d'action mais touchant. Il n'apparaît jamais pourri par la vie politique. Est-ce aussi, en plus, un saint ?
Annick A
Je ne l'ai pas encore terminé. Je n'étais pas convaincue au départ par le choix de ce livre. C'est sidérant que cet homme soit président ! C'est un processus de construction passionnant en s'appuyant totalement sur les autres. Chicago c'est un peu long et répétitif, mais tout de même très intéressant : comment il tient ? Parce que ce boulot lui permet de créer sa propre identité. La découverte progressive de sa famille lie histoire individuelle et histoire collective.
Il est surtout obsédé par la part noire de lui-même.

Françoise D
C'est normal, aux US il est noir, métisse ça n'existe pas. Si tu as une seule goutte de sang noir - même avec la peau claire - tu es noir.

Annick A
Il va au cinéma avec sa mère voir le film Orfeo Negro et il est gêné par l'émotion de sa mère. Je ne l'ouvre pas complètement parce que je ne veux pas me laisser emballer comme ça.

Manuel (un mél depuis chez Obama)
Hello depuis New York... ou nous venons d'apprendre qu'Obama a reçu le prix Nobel ! Nous sommes vraiment synchro !
Son livre me passionne : l'exclusion, le racisme latent... ont toujours été des sujets qui me touchent.
C'est une lecture très intelligente.
J'en profite pour glisser une proposition de lecture d'un pave américain... de Russel Banks : Pourfendeur de nuages. Page.37, Obama fait allusion à John Brown. De son histoire, Banks en a fait un livre sur le combat contre l'esclavage aux US.

Françoise D (quelques jours plus tard)
Suite à notre soirée de vendredi dernier, et de quelques questions soulevées, mon ami Charles (de Dallas) me dit que ce livre n'a pas été réédité depuis l'élection, mais qu'il est très populaire, vendu partout, et lu par les enfants, ados, etc.
Il m'a donné l'adresse e-mail pour écrire au Président Obama dès que nos avis seront en ligne.

Lona
Une biographie qui permet de comprendre l’Homme, responsable de la nation la plus puissante du monde. Sa volonté est de travailler avec les autres à un développement commun. Il s’est lancé dans une aventure gigantesque. Y arrivera-t-il ? Il est une icône planétaire qui ne ressemble à aucun prédécesseur. Dans l’inconscient collectif, il incarne l’espoir.
C’est une réflexion sur la race et le racisme, l’égalité raciale et la relation entre les autres ; sur la communauté et le sens communautaire ; sur l’afro-centrisme ; sur la vie politique, ses enjeux et ses pouvoirs ; sur l’altérité, sur la construction d’une nation.
C’est aussi la recherche du père et de sa filiation, car « avoir un père c’est avoir une race ». L’enseignement de la mère : l’honnêteté, la justice, la franchise, l’indépendance de jugement.
Se trouver une place entre le monde blanc et le monde noir car chacun possède son propre langage, ses propres coutumes, ses propres structures... deux mondes qui devraient devenir cohérents...
Le métissage : « être étranger toute sa vie dans le monde de l’autre, apprendre à vivre en tant qu’étranger au cercle... » ; p 162 : « regardes-toi avant de juger... ne demandes pas aux autres de balayer derrière toi... ne ramènes pas tout à toi... » ; p.32 : « la confiance en soi est le secret du succès ».
Ses premiers pas dans les quartiers pauvres de la ville de Chicago ont été déterminants dans ses choix de vie.
C’est un livre fort, dense, qui ressemble à l’homme. Si je dois en recommander un seul de ceux lus cette année, ce serait celui-là... Mais je n’irai pas jusqu’à le dire à l’auteur ou le lui écrire !


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