Roger Caillois
Noé

Nous avons lu ce livre lors de la Semaine lecture de juillet 2010.

Jacqueline entre et
J'ai bien aimé Noé, très reposant, léger, tout de distance amusée. Il y a un fil général dans les nouvelles, fait de facilité. Dans Noé, tous les problèmes sont résolus, c'est délicieux et agréable. Cela me rappelle Les Contes du chat perché, avec un côté fantastique que j'aime bien. Qu'on a aussi dans Mémoire interlope. Je n'ai pas accroché au Délogé, mais on est toujours dans la diversité du monde. Avec la moule, on se dissout dans le Grand Tout. J'ai aimé le texte sur la bibliophilie. Quant aux 100 livres, j'ai cru que c'était une pub pour l'éditeur. Bref, j'ai eu beaucoup de plaisir à la lecture, mais léger.

Jackie
Le dénominateur, c'est l'irrationnel auquel on peut accéder et beaucoup d'humour. Ma préférence va au Délogé. A moi aussi il pousse quelque chose d'ailleurs. Le personnage va devenir ce coquillage, puis va revenir au monde dans le cycle de la vie : pour le coup, c'est de l'humilité. J'ai trouvé cela profond. L'évocation des ongles et des cheveux qui poussent après la mort met bien en lien le mental et le physique. Le mollusque s'introduit en lui à la faveur d'une dépression. Le dernier texte ne m'a pas plu.

Muriel
Noé m'a beaucoup plu, avec ce style alerte, cet esprit : il doute de l'existence de Dieu, c'est amusant de critiquer ainsi l'Ancien Testament. On retrouve le syndrome du survivant. C'est drôle que Noé se saoûle pour une autre raison. Je n'ai pas compris la deuxième nouvelle et quant à la métamorphose de Kafka à la petite semaine, bof, bien que j'aie été amusée quand il devient moule.

Jean-Pierre
J'ai lu entre deux séquences de filmage de la télé, très vite. Noé m'a beaucoup plu, car le texte descend les conneries de la Bible, il détruit les fables avec des questions de bon sens. L'arche extensible, c'est extra. Je n'ai pas compris l'histoire du tableau. J'ai aimé le Délogé, une véritable nouvelle de science fiction. Celle sur la bibliophilie, bof.

Manuel
J'ai adoré Noé, voir un fondateur douter de Dieu... La langue est truculente, exquise : c'est un vrai plaisir de lecture qui change de la mauvaise traduction de Tolstoï. Françoise m'a lu la dernière nouvelle à haute voix, c'est poétique, c'est beau. J'ai aimé la profondeur du texte sur le Délogé, le basculement, le résumé de la vie du personnage. J'ai aimé aussi le texte sur la bibliophilie, à propos de ces fétichistes : il me fait penser aux bibliothèques des châteaux, avec ces livres jamais lus, avec la peau de condor.

Claire
Ce livre nous renvoie à nos livres précédents : l'orgueil dans Noé, le couple amour de la vie/fascination de la mort de Lanzmann, la nécrophilie du bibliophilie, l'entre-deux de l'eau et la terre, du contenant et du contenu des livres, l'éponge qui donne vie aux couleurs du tableau, Interlope qui est un navire entre deux. Ma préférence va à Noé, avec ces moments merveilleux de l'espace de l'arche élastique, infini. J'aime la remarque de la mère du Délogé qui dit à son fils réprimandé qui ronchonne " Tu raisonnes ? ". La dernière m'a barbée. Les liens de Caillois avec le surréalisme qu'il quitta ensuite n'étonnent pas du coup.

Nicole
J'ai lu Noé et la dernière. J'ai pensé au Livre de sable de Borges. Si je savais écrire, c'est cela que j'écrirais. Noé, j'ai trouvé cela génial, rafraîchissant et profond. Et j'ai aimé l'égalité dans la différence des animaux qui ont tous la même valeur (chardonneret, comme goujon). Dieu n'est pas bienveillant et Noé n'a pas envie qu'il existe.

Marie-Thé
Je n'ai pas aimé les deux textes suivant Noé. Il est à l'opposé de Lanzmann lorsqu'il parle du corps. Il me fait penser à Cohen qui parle de " futur cadavre ". Noé, j'ai bien aimé dès le début, ce texte est merveilleux. Cela change de la punition, du châtiment.

Chantal L
J'ai lu tout très vite, et puis j'ai relu Noé () et le Délogé (). Noé, c'est le plaisir des mots, des descriptions, il se fait prendre pour un fou, on voit Noé avec plaisir se révolter, et penser tout à coup aux poissons qu'il avait oubliés. Pour le Délogé, mon côté médical est ressorti. J'ai souvent entendu des gens parler du crabe pour leur cancer ; quelque chose prend possession du corps. Giraudeau n'était pas étonné d'avoir le cancer. C'est pas gai, c'est sûr…

Renée
J'étais contente que Manuel emploie le mot poétique. Bachelard me parle dans ces textes. J'ai eu plaisir de me couler dans ces personnages. Le Délogé est dilué. J'ai aimé l'humour.

Françoise 
J'ai préféré Noé. Pollock je n'ai pas aimé, le Délogé ne m'a pas intéressée. Noé a beaucoup de résonnance avec le Père Serge (face sombre et face légère). Beaucoup de choses se répondent (orgueil, humilité, luxure, questionnement sur Dieu, la mort : Noé pense à se suicider). C'est jubilatoire pour le lecteur. Le doute va jusqu'à la révolte (Noé se sent jouet de l'Eternel). La religion est descendue. Caillot répond aux questions qu'on a pu se poser. C'est très amusant. La rationalisation est espiègle. Je n'aime pas trop les nouvelles en général et là c'est une exception avec ce petit bijou. Pour la bibliophilie, je l'ai lu à haute voix, c'est jubilatoire. Pas de question à se poser concernant le fait que c'est un écrivain ou pas : c'est un écrivain ! Et avec de l'humour. Je pense à Manguel.

Marie-Laure
J'ai adoré Noé, la prise de position sur la religion, avec l'orgueil d'avoir été élu. Interlope je n'ai pas bien compris. Le Délogé, j'ai adoré, même si c'est un peu tiré par les cheveux. Le personnage prend conscience de son existence à travers le mollusque. Dans la bibliophilie, j'ai aimé le goût des livres, y compris sous verre ; il y a une description sensuelle des livres. Bien que n'ayant pas accroché, je me suis retrouvée dans le dernier.

Chantal P
Je n'ai lu que Noé, du côté du fantastique, imaginaire, comme des images, comme un songe, plutôt du côté du rêve. J'ai failli apporter un livre pour enfants sur l'arche de Noé. Moi, j'aime bien les nouvelles.

Lil
J'ai tout lu. Noé me rappelle la devise clandestine de la gendarmerie " Chercher à comprendre c'est commencer à désobéir "... C'est un bonheur d'écriture. Quel talent ! C'est le contraire de l'aspect besogneux d'un Bergougnoux. J'ai adoré Noé. Caillois comme le Délogé ont lu beaucoup de livres orientaux où il s'agit justement de rejoindre le Grand Tout. Le texte sur la bibliophilie me rappelle Édith qui se plaint que ses collègues libraires ne s'intéressent pas à l'intérieur des livres. Jean-Claude Carrière quand il est venu à Bécherel a dit qu'il achetait les livres de bibliophile en poche pour les lire, les beaux n'étant pas chez lui pour être lus. Le dernier texte montre bien que les goûts que l'on a évoluent et qu'il est impossible de faire sa bibliothèque idéale de façon pérenne.

Monique
Je ne m'attarde pas à Noé qui montre par de petites phrases quotidiennes que Dieu n'est pas futé. " Je suis celui qui est " de l'Ancien Testament devient " Qui que ce fut "... Noé, à mon avis, enrichit ce mythe, cette histoire, et ne la détruit pas. La mémoire interlope nous paume. Le Délogé, c'est formidable, avec tous ces termes : la dragée, l'os de seiche, l'amande... Il rompt avec l'idée que le vital, c'est le cœur, le poumon... Il y a quelque chose de réconfortant. Et l'on retrouve cette alliance contenant/contenu. Il prend sa décision d'habiter le coquillage. Je trouve cela drôle. Et le lien existe entre les nouvelles. Voire entre nos livres puisqu'il y a un faisan.




 


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Tout le monde connaît l'histoire de Noé et du Déluge qui dura quarante jours, ravagea le monde et extermina hommes et animaux, à l'exception de ceux qui purent monter dans l'arche. Mai qui sait comment et pourquoi Noé est devenu un alcoolique exhibitionniste ?