Découvrant par hasard un livre d'Amadeu de Prado, poète portugais,
Raimund Gregorius voit sa vie basculer. Bouleversé par ce texte qui
semble écrit pour lui, Gregorius prend le premier train pour Lisbonne,
bien décidé à plonger dans les méandres du passé
de Prado. |
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Pascal Mercier
Train de nuit pour Lisbonne
Nous avons lu ce livre en juin 2010.
Jacqueline
Jai beaucoup aimé, la manière dont le récit
est mené est très agréable. Cest une quête,
un plaisir de lecture, jétais portée. Je lai
lu il y a 3 mois. Jaime la manière dont il parle les langues
anciennes, la rencontre avec le portugais. On a en soi des quantités
de personnalités quon ne développe pas. Et la sur
avec sa petite parcelle dhistoire à elle... Un livre merveilleux,
mais assez classique. Jouvre aux 3/4 à cause de ce côté
classique et facile pour le lecteur.
Monique
Un livre très long, très dense. Jétais pas
en état pour lire ça. La fin ne ma pas déçue ;
mais il est classique comme tu dis, et ça ma gênée.
Les "rencontres", cest trop. Au départ, il avait
tout pour me plaire, mais après, ce qui ma déçue,
cest la disparition de cette femme portugaise, les hasards sempilent,
cest trop, ça ma pompée. Le Portugal ma
intéressée, heureusement quon avait lu Pessoa. Adriana
ma barbée. Le héros a un problème cérébral ?
Éclairez-moi. Je nai pas appris grand-chose, il y a trop
de discours.
Françoise G
Je commence et au bout de 10 pages, jen ai marre... Quest-ce
que cest ? Où suis-je ? Je ferme. Je file le livre
à une amie... et je le rachète... Je mennuyais et
je continuais. Cest pas intéressant, cest en dehors
de la réalité, il y a des choses sur la vie, lamour,
répétitif, le thé, le ruban noir... je suis allée
jusquà la moitié. Il veut tout dire ; je nai
pas cru dans le personnage. Cest un cimetière de sens.
Françoise D
Je me suis ennuyée, mais jétais bien obligée
de le lire car étant en randonnée, je navais évidemment
pas emporté dautre livre... Les personnages secondaires sont
finalement plus intéressants que le personnage principal ;
ils sont assez bien campés. Mais tout est attendu : on lui
réserve toujours bon accueil, il apprend les langues à la
vitesse grand V, il achète des vêtements neufs quil
laisse sur une poubelle et jétais sûre avant de lavoir
lu quil allait les retrouver et les récupérer !
Pareil pour le "jeu" des lunettes anciennes et nouvelles. Tous
les passages du supposé livre dAmadeu sont particulièrement
indigestes, ça fait cours de philo "cheap" et ramassis
de lieux communs (tout le monde sait quon est fait de ses parents,
de leur histoire, etc.). Gregorius se met à avoir des maux de tête
quand il apprend que Prado est mort dun anévrisme, lauteur
charge vraiment la barque ! Ça ne métonne pas
quil soit suisse allemand, cest lourd ! Il est peut-être
bon prof de philo, mais pas bon écrivain. Je louvre 1/4 parce
que lidée de cette recherche est bonne, mais la réalisation
est ratée.
Claire
Je compare mon intérêt pour ce livre à celui pour
Florence Aubenas : cest lauteur qui mintéresse.
Le début cest comme un conte de fées, jadore
les professeurs... mais après jai moins gobé les invraisemblances,
le lieu en ruines où lon feuillette des livres, etc. Les
passages en italique du livre, jai beaucoup sauté. Je comprends
mal pourquoi Gregorius sest intéressé à ce
livre et à ce personnage. Je suis déçue de ne pas
me passionner pour ce livre que, néanmoins, je nai pas abandonné.
Annick L
Il faut avoir du temps. Cest un livre très intéressant,
dabord par le projet : la quête et la langue qui emmènent
le personnage ailleurs. Jai un rapport avec ce personnage très
ambigu ; cest un homme qui souffre dune impuissance à
vivre, il est en même temps exaspérant, il tourne en rond.
Le voyage est intéressant, les personnages secondaires aussi, mais
il fait abus dérudition, de citations.
Annick A
Cest livre que jai énormément aimé - cest
moi qui lai proposé - pour la dimension du langage et
la quête dun être. Jaime beaucoup le côté
invraisemblable. Le mot portugais le renvoie à son rêve,
quil na jamais réalisé dans sa jeunesse. Je
me suis sentie Gregorius, pour mettre en mots lindicible de lui-même.
Rêve de cécité, peur dêtre aveugle. La
dimension politique est très forte.
Monique
Il est vampirique.
Françoise G
Il avale les livres, plus une lettre ne reste.
Marie-Thé
Un beau livre, un grand livre, que j'ouvre en grand. J'avais écrit - mon
avis et je ne le retrouve plus, effacé apparemment. Pas le courage
de recommencer. J'enrage. Amadeu disait que la colère pouvait être
bénéfique mais parlait aussi de son venin... Je me rendrai
donc directement au Cap Finisterre (p. 463) : "On
ne doit pas faire des autres les pierres de construction de sa propre
vie, les porteurs d'eau dans la course à sa propre béatitude.",
puis p. 476 : "Il
voulait m'emmener faire un voyage qui aurait été tout entier
son voyage, son voyage intérieur dans les zones négligées
de son âme."
Françoise O
Je considère ce livre comme un très grand livre. Mais un
livre de tous les excès. Comme Gregorius, j'ai pensé "Je
suis en train de me perdre" (p. 275). Très et trop
brillant (dans les descriptions de chaque nouvelle rencontre).Très
et trop intelligent dans la profondeur des études (conflits internes,
introspection permanente d'Amadeu qui enfermé en lui-même
ne pourra jamais trouver un peu de paix). Pas toujours très convaincant
dans la trop grande facilité des échanges entre inconnus.
Livre très et trop riche en étude de cas de conscience,
de situations de conflit, de choix (la permanence du jeu d'échecs).
Je peux donc comprendre que ce livre agace par ces outrances. Mais moi
je l'ouvre en très grand !!!
Renée de Narbonne
Des deux personnages cest Grégorius, le prof de latin le
plus sympathique : il est conscient dêtre passé
à côté de nombreuses choses dans la vie : qui
serait-il devenu si il avait fait dautres choix ? Il était
heureux dans son métier de prof puisque excellent et aimé
de tous. Mais peut-être a-t-il manqué dambition ?
Peut-être est-il passé à côté de lamour,
dune profession dorientaliste à Ispahan, etc. ?
Sa myopie symbolise cette étroitesse de vie (pages sur les lunettes
attirantes et rejetées à la fois, formidables). Le déclencheur
de son périple, cest une manifestation de la mort (suicide ?)
donc de la VIE, et il est entraîné pour un voyage vers lautre
et lailleurs qui devient voyage intérieur, naissance à
SOI. Il a limpression que Prado a écrit pour lui, son frère
intellectuel. Il entrevoit une autre vie, quil na pas osé
vivre. Prado est un théoricien, un utopiste qui cherche en permanence
le sens de la vie, que faire pour être toujours quelquun de
bien ? Problèmes soulevés : la culpabilité,
la responsabilité, le courage, lamour, la mort, "être
et paraître", désir dêtre aimé et
accepté...
Ce qui ma profondément choqué dans ce personnage cest
son attitude abjecte vis-à-vis de sa femme. Apôtre de la
VERITE (il le clame !) il lui a laissé croire quelle
était stérile alors quà lâge de
25 ans il sest fait, lui, stériliser. Inadmissible !
Dailleurs Mercier la décrit « sous sa coupe ».
Vis-à-vis de son amie denfance, Maria, il a tellement intégré
lesprit de caste des siens quil nenvisage JAMAIS quelle
est amoureuse de lui et quelle attend pendant des années
un signe. Jamais aucun doute pour lui, puisque ses parents ne veulent,
dès lenfance, "rien savoir à son sujet".
Cruel ne manque de discernement et de courage. En conclusion notre "orfèvre
des mots"a raté sa vie. Lorsquil rencontre Estéfania
il se réfugie dans son orgueil, et perd la chance ultime de devenir
"un homme complet". (Je suppose qui a aimé avec son cur
et son corps à la fois). Prado, intellectuel que nous admirons
à travers Grégorius, nest quun HOMME.
Il me semble quil y a des longueurs, des répétitions
inutiles mais on ne lit pas souvent un livre de ce niveau-là.
Avez-vous remarqué le thème le plus en vogue chez les écrivains
depuis 20 ans ? Le choix des possibles. Nous avons eu
labsurdité du monde (Camus, Faulkner, Kafka
),
lincommunicabilité (Anouilh, Ionesco, Hrabal
),
Lécriture pure, sans personnages (nouveau roman,
Sarraute et compagnie...), nous avons actuellement les différents
possibles : Mercier, Durrenmatt (dans Justice : pressentir
ce que jaurais pu devenir... un possible insaisissable qui reposait
en moi mais que je nai pas réalisé...), Modiano (dans
LHorizon décrit "ce qui aurait pu être
et navait pas été"), Borges (dans Fictions
qui parle du labyrinthe et des bifurcations...), jen trouverais
dautres en cherchant un peu.
Manu
Un livre dense et passionnant malheureusement plombé par un style
boursoufflé. Les passages sur l'histoire du Portugal m'ont beaucoup
intéressés. Sans les longs passages du livre d'Amadeu, le
livre aurait été presque parfait !
Un entretien
qui éclaire sur lauteur et le livre.
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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