Editions Indigène

« 93 ans. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus , à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu aux acquis bradés de la Résistance retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu'il appelle à une « insurrection pacifique ».
Sylvie Crossman

Stéphane Hessel
Indignez vous!

Nous avons lu ce livre en février 2011.

Jacqueline
J'ai pris le livre comme un tract à la FNAC. A la lecture, j'ai été un peu déçue sans pouvoir expliquer pourquoi. J'ai l'impression que le livre était fait de bric et de broc. En fait j'en attendais quelques consignes. J'ai été intéressée par le rappel des objectifs du Conseil National de la Résistance. Je suis plus d'accord sur le terme résister oui, mais indignez-vous n'est pas un mot d'ordre. Pour moi, le titre a quelque chose d'hystérique qui ne me convient pas. Je n'aime pas le titre mais je suis d'accord avec ce qui est dit. Mais je ne sais pas quoi en tirer. J'ai lu en même temps son autobiographie. Mais reste également sur ma faim. Soit il en dit trop mais en même temps, ça manque de chaleur.

Manu
J'ai lu ce livre et je suis content que vous l'ayez choisi car j'étais curieux du succès que le livre a rencontré. Mais je me suis posé la question : mais qu'en retienne les personnes qui l'ont lu. Stéphane Hessel parle beaucoup de lui. Il se donne en exemple. Mais je trouve qu'on est toujours dans un discours normé. On est toujours dans le discours contre Sarkozy ou anti-israélien et pro-palestinien. Je trouve que c'est plus un discours passionné avec un parti pris qu'un discours qui ferait avancer les choses. Il nous donne son jugement sans les arguments. J'ai été très intéressé par l'histoire du CNR. A quoi sert ce livre ? S'indigner oui, mais comment ? Je n'ai pas d'avis. J'attends un vrai pamphlet.

Annick A
Un pamphlet ? Je pense plutôt à un tract, un engagement politique où se retrouver. Le CNR a construit beaucoup de choses fondamentales par exemple la sécurité sociale. Mais il y a eu des concessions comme ne pas donner le droit de vote aux femmes. Mais actuellement, sur tous ces points, on est en train de démolir. C'est un livre partiale et militant. Je ne crois pas beaucoup au passage sur la non-violence. Cela dit, je l'envie de le voir encore parler de l'espérance qui doit l'emporter. C'est un tract bienfait. Mais je me demande pourquoi il a eu autant de succès.

Françoise D
D'emblée, j'avais un avis favorable à propos du livre d'Hessel à cause de son implication dans Amnistie International. Le texte est court, mais il part dans tous les sens et est mal construit. Pourquoi s'est-il décidé à écrire ce texte ? Après la polémique sur les Roms ? Il a ses dadas : la Palestine... L'homme Hessel est respectable. Il est un exemple. Mais ce n'est pas mon livre de chevet.

Claire
On ne lit pas que ce texte, on lit aussi tout le contexte qu'il y a autour. On voit Hessel : un vieux monsieur qui crie au bord de la tombe : "indignez-vous !". C'est un bonhomme extraordinaire. J'ai d'abord lu son autobiographie. L'histoire familiale est étonnante et pittoresque. C'est un vieux monsieur qui légitime la "grognerie généralisée" : l'indignation. Comme c'est Hessel, on s'attendà autre chose que la "grognerie". On a l'historique de la Résistance puis les problèmes actuels comme l'éducation qui est le socle des conquêtes sociales. Pour moi, il y a des faussetés. Ce n'est pas parce qu'on s'indigne que "c'est bien". Ce verbe n'est pas extraordinaire, et ce non plus, même s'il est petit... C'est un livre assez plat. Il n'y a pas de souffle. Par exemple l'indignation est pour lui le moteur pour passez à l'action. Et là on ne voit pas ce qui le ferait agir. Il manque quelque chose, des valeurs morales ? Je ne suis plus convaincue par le passage sur la non-violence. Puis, "il faut" et ensuite "il ne faut pas". La fin du livre est décevante. Ça tombe à plat. Le livre n'est pas extraordinaire mais le bonhomme l'est et le phénomène de vente aussi.

Monique
Je regrette mais j'en ai marre des problèmes de résistance et de collaboration. Je n'ai pas de sacralisation du résistant, il y a des choses pas très jolies : Hessel met une majuscule au mot Résistance. Je n'ai pas une admiration béate pour quelqu'un qui fut résistant. Il utilise trop souvent le mot résistant. René Cassin avait fait beaucoup et je n'apprécie pas la façon dont Hessel en parle. Le livre est très plat et mal fichu. Il n'y a rien sur le nucléaire. Il parle de la Palestine et de Gaza avec de bonnes raisons. Il ne parle pas des femmes, de l'avortement. Il y a une focalisation sur la Palestine. C'est un livre qui ne m'a rien apporté. Je suis d'accord avec l'indignation. Je ne vois pas ce qu'il faut faire pour inverser la tendance entre riches et pauvres. Je m'y suis mal prise peut-être en mettant toute mon énergie, mais je n'ai pas fait avancer d'un iota. Et même je ne vois pas d'issue.

Avis des 13 Bretons + un avis individuel
Treize, rapidement divisés en 2 factions, qui ont VITE campé sur leurs positions : ses groupies inconditionnels (10) et les détracteurs, non moins radicaux (3).
Les premiers ont souligné l'importance de l'indignation avant tout engagement, dans le cadre de valeurs préalablement définies – ici, celles promues par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Ils ont affirmé leur admiration pour l'auteur et ses engagements personnels, son courage intellectuel et moral, sa foi en l'homme, son espoir et son optimisme envers et contre tout...
Ce livre les a conduits à réfléchir sur leurs propres indignations et engagements.
Notre plus jeune groupie (la trentaine) a déclaré qu'elle était "très heureuse de ce message d'un homme de 93 ans qui lui donnait des pistes pour l'avenir, ce qui manquait terriblement en ce moment"...
Notre trio de détracteurs, dont 2 d'entre eux ont reconnu la valeur de la première partie du livret, a souligné la non-pertinence de ce témoignage :
- effleure la surface des choses,
- fait la morale : très énervant,
- les jeunes actuels ne peuvent recevoir ce message : ne sont pas en mesure de s'indigner,
- Saint-Hessel n'a pas les clés des problèmes d'aujourd'hui,
- accent mis sur la Palestine, réducteur et barbant,
- préférence pour "Mobilisez-vous" ou "Engagez-vous",
- pas d'ennemis définis, aujourd'hui : plus difficile de lutter,
- choix très limité des sujets traités et des associations proposées pour l'engagement...,
- un privilégié, là-haut, parmi les élites, totalement ignorant des problèmes "d'en bas "...
Marie-Thé
J'ai aimé la façon dont Stéphane Hessel nous interpelle, nous parle simplement mais passionnément, de sujets qui ont été tant banalisés par les médias. Dans ces pages, j'ai été impressionnée par le parcours et la personnalité de l'auteur ; j'y ai trouvé indignation, sincérité, force, bonté, et aussi apaisement. Je retiens des mots ou expressions comme "principes", "valeurs", "veiller tous ensemble", "dignement", "indifférence", "engagement", ou ceci (p. 16), à propos de la "Déclaration universelle des Droits de l'homme" : "elle a ensemencé les esprits dans leur combat pour la liberté". Au chapitre consacré à la Palestine, j'ai relu ces lignes où Stéphane Hessel parle du "comportement des Gazaouis", de la façon dont ils font face aux difficultés et reconstruisent. J'ai pensé au film Danse avec Bachir, et à ces mots entendus de Palestiniens : "Nous sommes les victimes des victimes". Enfin, quand l'auteur dit (p. 19), "Je suis convaincu que l'avenir appartient à la conciliation des cultures différentes", je pense à Edouard Glissant qui vient de mourir. En ce moment des pages d'histoire se tournent en Tunisie, en Egypte ; avant l'action, était l'indignation... Ce livre m'a tout de même culpabilisée : je suis souvent indignée, certes, mais le passage à l'action m'est bien difficile, seule ou "en réseau". Je termine ce livre inchangée, et plus admirative que jamais de Stéphane Hessel.


Sidney Chouraqui, avocat honoraire, engagé volontaire des Forces françaises libres, répondà Stéphane Hessel 
"M. Hessel, vous ne m'apparaissez pas fidèle à l'universalité de nos valeurs" (Le Monde du 10 février 2011)


Monique
AH ! je trouve que ça fait du bien!

Marie-Thé
Je viens de lire la réponse de Sidney Chouraqui à Stéphane Hessel. Ces lignes m'apparaissent écrites par un vieux monsieur frustré, pour parler de lui et d'Israël (et non de la Palestine comme Stéphane Hessel...).

Claire
Quelle réponse posée et convaincante de Sidney Chouraqui ! Stéphane Hessel, mouché, n'a plus qu'à aller se rhabiller...

 


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