Quatrième
de couverture :
- Monsieur l'abbé, je voudrais
vous dire quelque chose, articulai-je avec difficulté.
Il leva vers moi des yeux attentifs.
- Voilà. Je suis flambée.
- Vous êtes flambée ?
- Oui. Je me convertis. Je suis à vos ordres.
Morin parut consterné...
- Vous êtes peut-être un peu trop fatiguée, ou
sous-alimentée, ces temps-ci.
- Non, je ne suis pas fatiguée, et on vient de toucher des
pommes de terre...
- Elle est complètement braque, cette fille, murmura Morin.
Léon Morin, prêtre
a été adapté au cinéma par
Jean-Pierre Melville, en 1961, avec Jean-Pierre Belmondo dans le rôle
du prêtre.
Quatrième
de couverture :
« La mère herbe m'a apporté un
chaton blotti dans son tablier, vrai patchwork qu'elle tenait relevé
à deux mains. Elle a dit : "S'appelle Soizic" en
clignant son il unique... J'ai protesté. N'ayant pas de souris,
je ne veux pas de chat. »
Olga Bredaine, veuve et professeur à la retraite,
ne restera pourtant pas insensible à cette boule de poils. Surtout
lorsque cette dernière, un soir d'orage, vient se blottir contre
elle et prononce son premier mot : « Peur. »
Et ça ne sera pas le dernier...
Qu'on ne s'y trompe pas : nulle mièvrerie
dans ce livre mais une perception de la vie toute en cruauté, tendresse
et humour.
Béatrix Beck a obtenu lle prix Goncourt en 1952
pour Léon Morin, prêtre. Elle vit aujourd'hui en Normandie.
Préface de Valérie Marin La Meslée,
qui a publié un livre dentretiens avec Béatrix Beck,
Confidences
de Gargouille (Grasset, 1998).
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Béatrix Beck
Léon Morin, prêtre
L'Enfant chat
Nous avons lu ces livres
en novembre 2010.
Béatrice Szapiro, petite fille de Beatrix Beck, elle-même
écrivain, était présente.
Françoise O
Jai adoré Lenfant chat. Pour Léon
Morin, prêtre, je me suis laissé prendre : si vous
étiez pasteur, vous mépouseriez. Est-ce seulement
ça qui sépare les protestants des catholiques ? Jai
lu aussi Des accommodements avec le ciel qui ma fait découvrir
les mésententes entre Belges et par rapport aux Français.
Il y une détestation profonde entre tous ces groupes.
Béatrice
Ma grand-mère était belge, née dans un hôtel
en Suisse. Elle devient française avec le prix Goncourt.
Françoise O
Et puis jai lu Lépouvante et lémerveillement
où elle parle de sa petite-fille, Béatrice Szapiro. Le bébé
qui parle, cest énervant. La décharge a été
écrit au retour dun voyage aux USA ; cest un vrai
roman, contrairement aux précédents qui étaient autobiographiques.
Jai été frappée par les fantasmes sur linceste
paternel. Les textes écrits par linstitutrice sont sidérants.
Cette uvre ma beaucoup plu, je suis entrée dans toutes
ces émotions.
Monique
Je ne connaissais pas du tout Béatrix Beck. Jai lu Léon
Morin, prêtre sans avoir vu le film. Jai aimé le
côté moderne du livre, sa liberté de ton, linsolence,
la provocation. On sent une énergie juvénile.
Béatrice
Elle la écrit à 40 ans.
Monique
Jai beaucoup aimé laspect fragmentaire du récit.
On passe dune scène à une autre tout à fait
différente. Lauteure ose la méchanceté ;
elle refuse la pitié, même quand les gens sont dans des situations
difficiles. Le portrait du prêtre est magnifique. Il y a des moments
de réflexions philosophiques très poussées, sans
que ce soit lourd ni gênant. Il y a un travail sur les songes ;
il ny a pas damour charnel, sauf en rêve. On va au-delà
de lérotisme. Je suis étonnée que Béatrix
Beck ne soit pas plus connue.
Brigitte
En Normandie, jhabite à 5 km de chez B. Beck et jai
rencontré Béatrice Szapiro à loccasion dune
soirée organisée en lhonneur de sa grand-mère.
Javais lu Léon Morin, prêtre ; jai
été frappée par la modernité, mais aussi par
les problèmes existentiels qui sont décrits dans ce livre,
à lépoque où se déroule le récit
et toutes les questions quon pouvait se poser. Il me semble quaujourdhui,
ce sont des questions quon ne se pose plus. Ensuite jai lu
Lenfant chat et, bien que je naime pas les récits
danimaux, jai aimé la description de la région
qui est aussi la mienne. Jai reconnu dans certains des personnages
les personnes réelles du village dont elle sest inspirée.
Jacqueline
Cest intimidant de ne pas avoir lécrivain ici, mais
sa petite-fille. Je serais plus à laise pour donner mon avis
devant lauteure. Je ne connaissais pas du tout B.Beck quand jai
lu Léon Morin, prêtre et jai été
touchée par latmosphère : la description de ladministration,
les conversations des personnages, on rentre complètement dans
cette époque. Je nai eu aucune éducation religieuse
et je ne connais rien à ce sujet. La rencontre avec le prêtre
ma beaucoup intéressée. Jaurais aimé
lire les livres quil prête à la narratrice, pour mieux
comprendre leurs échanges. Jai été bouleversée
par lhistoire de cette femme, par les portraits des Juifs quelle
accueille : justesse, sans indulgence, férocité, mais
elle est complètement solidaire. Les difficultés de la vie,
la petite fille cachée à 30 km de là car elle est
à moitié juive. La mère de B. Beck était protestante.
Mais jai quand même des réserves sur cet aspect très
catholique.
Jai lu Lenfant chat, cest un vrai délice,
la description de la nature. Cest une écriture très
personnelle. Jai été touchée par la vieille
dame, jai été séduite, sous le charme. Puis
jai commencé Confidences de gargouilles que je nai
pas fini. Cest une conversation avec une journaliste, et jai
eu limpression de parler avec lauteure. Jai trouvé
des réponses aux questions que je métais posées
en lisant Léon Morin. B. Beck explique comment elle organise
son travail décrivain, elle travaille beaucoup, mais lécriture
est très facile. On peut rencontrer la vérité, mais
cest une vérité à soi, dans le rapport auteur/narrateur.
Elle explique dans Gargouilles quelle était accrochée
à léglise, mais à lextérieur ;
elle était mystique, mais pas croyante. De La petite Italie
(son dernier livre) jai lu la première nouvelle, cest
un point de vue sur une famille italienne qui vit à Grenoble dans
la misère.
Jai été contente de découvrir cette auteure
et la justesse de son point de vue.
Muriel
Javais vu Beatrix Beck à Apostrophes et je lavais
trouvée très sympathique. Jai vu aussi des bribes
du film. Je trouve lhistoire intéressante, le prêtre
est très bien, intelligent, humain : cette relation est intéressante,
bien que le prêtre ne cède pas. Lhéroïne
est mystique, elle ressent un appel très fort. Je comprends que
des gens se sentent tout à coup attirés. Il y a de lhumour,
ce nest jamais pesant. Lenfant chat, cest très
bien, sauf quand il parle et quil va à lécole...
Françoise D
Javais vu le film. Comparé au livre, il est beaucoup plus
lourd, compassé, alors quand jai abordé le livre...
quelle bonne surprise ! Jai été bluffée
par lhumour, la liberté de ton, le langage du prêtre,
très libre, le recul qua la narratrice par rapport aux situations
dans ce contexte tragique. Ce livre est toujours actuel, étonnamment
moderne, il na pas pris une ride. Je lai recommandé
à tout le monde autour de moi, et jai bien sûr soutenu
ce choix pour le groupe. Ensuite, je nai pas lu Lenfant
chat mais Une mort irrégulière qui raconte la
mort de son mari et qui chronologiquement se situe avant Léon Morin ;
jai aimé aussi, et jen recommande aussi la lecture :
le ton est déjà là ; mais Léon Morin
est plus abouti, plus écrit, plus consistant. Jai lu aussi
Une lilliputienne qui fait partie de sa deuxième période,
cest-à-dire qui nest plus autobiographique, mais purement
romanesque. Mais là, javoue que jai été
moins intéressée, il ne men reste pas grand-chose.
Claire
Je mattendais à un livre ennuyeux et jai été
abasourdie par Léon Morin Prêtre. Ce personnage de
prêtre, cette rencontre, sont jubilatoires dans un arrière-plan
tragique. Jaurais voulu connaître le père Morin ;
cest un personnage sensationnel. La narratrice et lui sont « de
grands personnages ». Je lai même lu une deuxième
fois, toujours avec la même délectation. Quant à Lenfant
chat, elle y joue beaucoup avec la langue (Minuit crétins)
et, comme remarquait Monique, on glisse tout à coup vers une grande
profondeur ; un exemple : « le conseil municipal
lui octroie un panier garni pour éviter de linviter au déjeuner
du troisième âge (elle doit en être au cinquième).
Triste façon de fragmenter la vie, un peu comme la pornographie
qui parcellise lêtre. » Après la guerre
la joie avait goût de pléonasme. Lécriture est
très travaillée, sans gras. Les descriptions, les perceptions,
sont très fines ; par exemple, pour les amis des bêtes,
le chat qui dort forme un rond « qui na plus ni queue
ni tête ».
Annick
Je suis allée de surprise en surprise. Javais vu le film
Léon Morin prêtre il y a très longtemps et
nen avais quun souvenir vague. Jai été
happée, saisie par le regard abrupt porté sur les autres,
sans concessions, ni nuances, la situation tragique de cette jeune femme
et sa fille. Cest travaillé pour être lu de façon
directe, simple, juste. Cette histoire de grâce qui lui vient, ça
me fascine (car personnellement je nai jamais rien ressenti de tel).
Javais peur que ce soit ennuyeux, en fait cest remarquable,
cest dû à la personnalité des protagonistes.
Les questions qui se posent concernent tout un chacun sur la vie, la mort,
et dépassent largement le cadre dune religion. Cest
peut être autobiographique, mais il y a une vraie distance, et ce
nest pas gênant. Jai été très intéressée,
et je vais lire dautres livres de B. Beck.
Jacqueline
Elle dit dans ses entretiens quelle ne pouvait écrire que
sur ce quelle connaissait.
Annick
Cétait une vraie rencontre. Le film est plus formel. Morin
est un personnage exceptionnel, on ne tombe pas dans la bluette. Je me
pose beaucoup de questions sur cette expérience mystique.
Manuel (qui nétait pas présent et dont lavis
tranche)
Léon Morin m'a surtout intéressé pour le contexte
historique car, sans avoir lu le premier volume de la série des
Barny, on a l'impression de prendre une situation en cours. J'ai trouvé
le début laborieux avec toutes les saynètes mis bout à
bout... Le livre ne m'a pas paru être un tout cohérent et
a quand même vieilli.
RÉACTIONS DU GROUPE BRETON
Léon Morin, prêtre n'a pas vraiment séduit tou(te)s
les paroissien(ne)s présent(e)s : de l'être exceptionnel,
moderne, intègre, communiste, à l'individu qui profite de
la situation pour s'aliéner de pauvres femmes en manque de compagnonnage
masculin, il s'est prêté à tous les rôles. Certains
ont loué la pertinence des dialogues, une autre les a trouvés
fastidieux. Tous ont reconnu le talent de la narratrice (de l'auteure)
pour camper la vie quotidienne sous l'occupation, banale et cruelle, avec
détachement et humour. Des portraits au scalpel : la nature
humaine dans tous ses états ! Livre daté.
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
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grand
ouvert
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¾
ouvert
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ouvert
à moitié
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ouvert ¼
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fermé
!
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passionnément
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beaucoup
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moyennement
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un
peu
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pas du tout
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