Quatrième de couverture :
Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera
sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud,
toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit
de s'occuper des enfants mais pas d'utiliser les toilettes de la maison.
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Kathryn Stockett
La Couleur des sentiments
Nous avons lu ce livre en janvier 2013.
Rozenn
Encore pas possible de me déplacer jusquà vous. Quest-ce
que jaurais à dire dessentiel (!) sur le livre ?
Il ma à la fois intéressée et agacée.
Le personnage de lauteur est sympathique. Tout est mis
en place pour bien faire comprendre quelle ne construit pas sa carrière
sur le dos de son terrain. Je suppose que ce livre a surtout
une vertu pédagogique : pour mettre laccent sur ce qui
subsistait comme injustice encore à cette époque et qui
nous paraît inconcevable. Le film est pire. Et curieusement, comme
toute adaptation au ciné, il doit réduire, mais là
il aplatit le personnage de la mère, qui mintéressait.
Et la fille de la domestique qui fait scandale nest plus blanche
(?). Cest bizarre jétais plus enthousiaste en le lisant.
Et en y repensant je me souviens de subtilités dans les peintures,
pourtant à lemporte pièce, des différentes
familles. Jaurais bien aimé vous entendre.
Mireille
Pour son premier roman Kathryn Stockett possède une technique très
maîtrisée pour raconter une histoire, créer une ambiance
et construire un roman qui tient en halaine. Le thème, lépoque
faisaient écho chez moi, les personnages sont bien plantés
et efficaces. Elle sait les mettre en scène de façon très
imagée. Dun côté les gentils personnages féminins
noirs malmenés, tendres et attachants et dun autre les personnages
féminins blancs redoutables que sont les patronnes affirmant un
racisme cynique et actif et une lâcheté désopilante
face à Hilly la meneuse. Et entre les deux, Skeeter le personnage
féminin blanc. Animée du souvenir de sa bonne Constantine
et de sa rage décrire elle va, telle le Don Quichotte des
causes perdues, réaliser un projet salutaire - concerté
secrètement avec les bonnes noires - en transcrivant dans
un livre leurs conditions de travail. Et permettre ainsi aux opprimés
dexister autrement. Le livre offre une succession de moments émouvants
et tendres et souvent drôles.
Jai lu quelque part que lauteur remplissait sa mission de
berceuse à lecteurs, cest ce que jai éprouvé
vers la fin du livre trop "sucrée" à mon goût.
Cela dit cest un roman que je nai pas lâché,
je lai lu comme un feuilleton que jétais contente de
retrouver après chaque interruption.
Jacqueline
Pour être honnête, je lai lu dune traite, relativement
agréablement. Peut-être ai-je des préjugés ?
Javais un très bon souvenir de La Case de loncle
Tom, aujourdhui décrié. Cela influence mon jugement
sur ce livre. Mireille a raison de dire que cest un livre rose.
À quoi sert aujourdhui ce livre? À part être
publié. Un livre plein de bons sentiments. Pendant ce temps on
ne lit pas de livres sur cette période tels que Home de
Toni Morisson ou encore Train, un policier dont je ne me rappelle
plus lauteur qui a une autre force. Je sais bien que ce quelle
raconte est vrai. Mais cest raconté comment ? Tout est
relativement prévisible. Tous les avortements de Celia, je ne pensais
pas que cétait un accident et cest invraisemblable
que Minny ne se rende pas compte de la réalité. Le personnage
de lauteur, Skeeter, est léger. Jen veux à lauteur
davoir du succès avec ce livre... Ce nest pas avec
ça quon fait de la littérature.
Philippe
Cela me fait penser à Lhomme sans qualité de
Robert Musil, un livre très difficile, qui est extraordinaire ;
le plaisir nest pas là demblée. Javoue
que je nai pas eu le temps daller loin dans La Couleur
des sentiments. Mon impression est favorable, ça se lit très
facilement. Cest un livre bien fait. Le sujet mintéresse.
Je naurais pas lu ce livre par moi-même. Je continuerai pour
men faire une idée. Jai pensé à Coetzee
Vers
lâge dhomme, un livre très beau.
Denise
Je lai lu facilement. Jai bien aimé que chacun sexprime,
cest fluide. Pour répondre à la question de Jacqueline,
elle (lauteure) la écrit pour elle-même. Je lai
lu facilement mais sans grand plaisir. Minny est paradoxale : elle
se rebelle contre ses patronnes et pas contre son mari.
Françoise et Monique en chur
Cest classique !
Denise
Il y a de beaux portraits de femmes qui mont un peu touchée.
Mais je ne lai pas dévoré dune traite.
Annick A
Cest pensé pour avoir du succès. Ça marche
et jai eu du plaisir. Je lai dévoré dune
traite avec plaisir. Dans un deuxième temps je me suis dit quest-ce
que je vais en dire ? Quest-ce quil ma appris ?
Ce livre est bien ficelé. Quest-ce qui me reste ?...
Quant à la relation de Skeeter avec son amant, elle ne tient pas
la route. Les Noirs sont tous gentils, les Blancs sont des horreurs. Cest
très schématique. Mais on se laisse prendre. Comme Jacqueline,
je pense quil y a des livres qui apportent davantage.
Monique
Cest moi qui ai proposé ce livre
Un libraire que jestime
à Laval me la conseillé. Ça ma rappelé
un livre de Lewis, sociologique, sur les comportements avec les Noirs.
Dans le 15ème arrondissement, on voit que le livre a une certaine
actualité, les poussettes sont poussées par des Noires.
Les problèmes avec les Noirs aux USA ne sont pas réglés.
Ce qui est très bien fait et ce qui mirrite, cest le
côté bien fait, lisse, avec les changements de points de
vue, les atmosphères, les portraits efficaces. Tous les Noirs sont
gentils, les Blancs abominables. À la fin, les Blanches réagissent
différemment. Cest typiquement américain, avec une
technique de feuilleton. Rien ne vous heurte cest parfait. Des livres
comme cela, je nen lis jamais. Je suis bien embêtée...
Cest pas littéraire.
Françoise D
Je louvre en grand et je te remercie de lavoir proposé.
Cest mon côté midinette. Je vous trouve sévères.
En filigrane, on voit des nuances, côté blanc, côté
noir. On le compare avec Loiseau
moqueur. Jai appris des choses avec ce livre : lhistoire
des chiottes par exemple. Jai vécu au Texas deux ans, mais
les Noirs étaient dans un ghetto, je nai jamais vu de Noirs.
Je vous trouve encore une fois sévères. Jai été
prise par lhistoire, jai tremblé pour eux. Je nai
pas marché avec la fille blanche (de la bonne noire) et le fait
que la mère décide quelle ne meurt plus... Le mystère
de la fille de Constantine, jy ai cru. Je préfère
ce plaisir de lecture à la chierie de Clarice
Lispector ! Je lai lu en anglais (les différences
langagières entre Noirs et Blancs sont plus prononcées que
dans la traduction française).
Henri
Jai bien aimé le titre "La Couleur de sentiments"
(NOTA BENE en anglais The help) et la couverture.
Puis en louvrant je me suis dit aïe, aïe, aïe, il
va falloir ce taper tout cela ! Cest bien torché, comme
on la dit, mais cest un peu comme lire un Fantômette,
surtout le personnage de Skeeter qui me fait penser à la grande
Ficelle. Je lai lu jusquà la moitié, et je me
suis dit que cela allait devenir intéressant, que lauteur
allait montrer comment même Skeeter en position de dénoncer
et de défendre la cause des Noirs, quelle allait se faire
rattraper par des attitudes raciste, soit en raison de son éducation,
soit du fait quon peut les uns et les autres se laisser aller à
des formes de racisme rampant. Mais, daprès vos dires, ça
va continuer de manière lisse. Je ne pense pas que je vais en continuer
la lecture. On ma prêté un livre de Doris Lessing The
grass is singing qui traite des mêmes rapports entre Noirs et
Blancs dans les années soixante en Afrique du Sud. Cest dune
autre teneur. Ce livre a peut-être une vertu pédagogique,
par exemples pour des ados. Ça me rappelle Au pays du dauphin
vert dElisabeth Goudge, que jai lu étant très
jeune et qui ma pour la première fois fait accéder
à lidée dune "condition féminine".
On pourrait réécrire ce livre en le situant dans le 15e
arrondissement ? Pas de reproches à lui faire : est-ce
que le fait quil soit facile à lire le disqualifie ?
Claire
Je lai lu dune traite (entre Paris et Hanoï...). A travers
vos propos, je me pose de nouveau la question : quest-ce quun
livre (à proposer) pour le groupe de lecture ? Celui-ci, cest
un peu le cas des livres quon se refile entre nous (sous le manteau),
comme un plaisir "bas". Si facile ça veut dire qui ne
demande pas deffort, on se rapproche du plaisir relatif, mais dun
plaisir qui nest pas noble. Ce serait le plaisir dun monde
simple, les gentils et les méchants, qui rappelle le monde de lenfance,
celui des contes qui font peur. Un plaisir, lâchons le mot, "bestial",
non cultivé, basique. Tu as dit "midinette", Françoise.
La comparaison, à une autre occasion où nous avions eu ce
type de plaisir, avait été faite avec le plaisir de la passe,
cest-à-dire, sans lendemain : ce nest pas celui-là
quon veut ici, dans ce groupe, jen suis daccord. Si
je lavais lu avec le plaisir que jai eu, je ne laurais
pas pour autant proposé. Pour le groupe de lecture, nous préférons
des livres qui vont susciter des lectures et des points de vue variés.
Jai vu le film et lai beaucoup aimé aussi. Cest
encore plus "lisse" à limage : les Blanches
sont vraiment abominables ; et il y a en plus un plaisir documentaire :
maisons, voitures, décors des années soixante. Cest
comme une sucrerie. Ça ma rappelé le livre Inconnu
à cette adresse.
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