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Cheikh Hamidou Kane
Laventure ambiguë
Nous avons lu ce livre en juin 2013.
Geneviève (avis transmis)
J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir. Le contexte a beaucoup joué :
je l'ai lu dans les montagnes du Maroc et la confrontation entre mysticisme,
fatalisme africain et volontarisme occidental faisait écho !
Je suis extrêmement sensible à la thématique du livre
et la question des rapports entre école et acculturation. J'ai
trouvé parfois le lyrisme mystique un peu envahissant et les portraits
des bobos quartier latin un peu datés mais le reste est très
actuel. Pour moi, donc, une bonne expérience de lecture même
si je me rends compte qu'il m'en reste plus une tonalité globale
et une thématique que des personnages.
Françoise
Ça ma fait chier, mais jai été quand
même jusqu'au bout. Jen ai marre de la religion. Opposer l'école
des blancs et l'école coranique, je trouve que ça na
pas de sens. On ne peut pas les comparer. Je nai pas aimé
le livre, ni le style. Je comprends quil sagit dun conflit
de cultures mais pour moi cest totalement indigeste. Jai donné
le livre à Circul livre.
Jacqueline
Je nai pas pris le livre comme un livre de religion, mais comme
une introduction dans une culture différente de la mienne. La première
partie ma beaucoup intéressée surtout le fait de se
placer du point de vue de l'enfant qui adhère à ce mode
denseignement. Je minterroge sur limportance dapprendre
par cur peu présente aujourdhui dans notre
éducation mais il est vrai quil sagit de
quelque chose que lenfant ne comprend pas. Cela fait partie intégrante
de la société où il vit. Le portrait du maître
est extraordinaire. Il nest plus maître de son corps et il
laccepte. Lhistoire du fou est aussi séduisante. Il
a fait la guerre (dIndochine) avec les blancs. Jai beaucoup
aimé le passage où le fou raconte son arrivée à
Paris, c'est très bien rendu. Je nai pas compris du tout
que c'était un affrontement entre deux cultures, cest plutôt
du choix quun pays vaincu fera pour lavenir. Son pays choisit
de faire de lui un passeur qui aidera son pays à entrer dans la
culture nouvelle. La deuxième partie, je nai pas du tout
compris, ça ma un peu plombée. Ça rappelle
Romain Rolland où les personnages sont comme des porte-paroles
didées, ça ne me plaît pas les échanges
sur Pascal ou Descartes, ça ne mintéresse pas. Jai
été surprise par la fin. Je mimaginais que le héros
se poserait des problèmes de choix et quil se suiciderait.
En fait, il est assassiné par le fou car il ne veut pas prier.
Ce fou, c'est un fondamentaliste ! Pour la première partie
« jouvre en grand », pour la seconde partie,
beaucoup moins. Jai lu aussi Les Gardiens du temple, autre
livre du même auteur. Les personnages aussi sont symboliques. Il
est question de la façon de mener lindépendance. Cest
la même écriture que celle de la deuxième partie de
LAventure ambiguë dont je recommanderais la lecture.
Brigitte
Je voulais venir vous voir donc j'ai lu le livre. J'ai cru que j'avais
lu le livre mais en vous entendant je n'avais pas compris que le fou était
allé en Indochine. Cest un beau projet, mais tout est plaqué.
Je ne suis pas arrivée à y entrer. Cest un essai qui
ne dit pas son nom. C'est artificiel. C'est dommage car le projet est
intéressant. La seule chose que j'en ai retirée cest
ce quest une rue. La rencontre avec Jacques Louis est aussi artificielle.
Ce nest pas un vrai romancier.
Monique S
Je suis rentrée dans le livre et jétais contente d'entrer
dans la littérature africaine. Le début raconte des choses
d'enfance à l'école coranique. Je ne supporte pas le fait
que l'enfant entre dans l'admiration de son maître qui le maltraite.
Quelques personnages sont très forts, le maître, la Grande
Royale, ils montrent le fonctionnement de cette société
de l'intérieur. Mais je ne réussis pas à visualiser,
par exemple à situer l'action quand il va dans sa nouvelle école,
pourtant il est dans l'école où on attache le bois avec
le bois. De même quand il est à Paris cest la même
chose, tout est plaqué.
A la fin le héros meurt, là, je nai rien compris.
Jai tout le temps attendu lambiguïté annoncée,
mais tout est stéréotypé. On ne sent pas le héros
déchiré. Les discussions sont incompréhensibles.
Par exemple pages 152 et 131. Il n'y a pas de transitions dans ce livre,
dont on ne comprend pas toujours tout. Le personnage du maître se
retrouve aussi dans les livres dAmadou Hampâté Bâ :
Thierno Bokar.
Mireille
Je suis venue pour écouter le groupe. Je nai pas accroché,
jai fait de gros efforts mais sans y arriver. Aucun plaisir de lecture,
lécriture ne me dit rien. Je ne comprends pas le rapport
du maître à lenfant. Ça mest insupportable !
Annick L
Le livre mest tombé des mains ! Jen avais beaucoup
entendu parler, mais c'est absolument inintéressant. Je ne comprends
pas le mysticisme, ça mest totalement étranger. Les
seuls qui apportent une expérience physique sont le maître
et le fou. C'est mal écrit, ni un roman ni un essai. Je nai
pas de culpabilité en tant quoccidentale à ne pas
entrer dans ce livre. Je lai lu jusquau bout. Un personnage
est remarquable : la grande Royale. La fin nest pas cohérente,
le personnage (Samba) devrait se suicider...
Henri
Jai lu le livre dans de très mauvaises conditions. Sur le
plan littéraire on ne voit pas l'aventure, elle est ambiguë
car elle n'est pas bien racontée ! Jai été
emporté par le début. Ce n'est pas pour moi un livre religieux
c'est un problème philosophique. Il y a quelque chose dirréductible
dans lAfrique que les occidentaux narrivent pas à comprendre.
Il ma fait penser au livre de Philippe Descola Par delà
nature et culture, qui ma passionné. Le livre distingue
quatre grilles de lecture du monde complétement différentes :
le totémisme, l'analogisme, lanimisme, et le naturalisme
auquel nous autres occidentaux appartenons. Seuls les occidentaux transforment
la nature, en considérant que chaque chose est utilitaire. Nous
sommes des individualistes forcenés, alors que Samba fait partie
dun grand tout. Son refus de prier ne correspond pas à la
perte de la foi, mais au contraire à une conviction encore plus
profonde.
Claire
Je lai lu en vacances il y a cinq semaines, je ne me souvenais de
rien de rien sauf de l'impression qui mest restée, davoir
été sous le charme. C'est comme un voyage ensorcelant mais
jen en ai oublié le contenu. En me renseignant sur Cheikh
Hamidou Kane, jai vu que ce livre a eu un succès extraordinaire
en Afrique et que lauteur, agronome et homme politique, dit « Je
ne suis un écrivain quà titre accessoire ».
Il dit aussi : « Si jai fait mourir le héros,
Samba Diallo, à la fin du livre, cétait pour mettre
en garde ceux qui, comme lui, allaient sengager sur cette voie tendant
à aller à la rencontre de lautre. Les mettre en garde
pour leur dire quil y avait des dangers. Ce chemin ne pouvait aboutir
à un déni de soi - c'est-à-dire que lon
considère que nous, nos valeurs sont faillies puisquelles
ont été défaites par lautre, quil faut
donc abdiquer et juste sassimiler à lautre. Cest
un danger. De même, un autre danger serait de dire, à la
manière dont ils nous ont traité, et au spectacle des guerres
qui se sont développées en Occident, entre Occidentaux,
de dire à ce spectacle, il vaut mieux se détourner deux,
senfermer sur soi-même, sur son identité, se crisper
sur ses valeurs... Là aussi, cétait impossible. Alors,
jai fait mourir Samba Diallo pour prévenir : à
côté de ceux qui allaient acquiescer à cette rencontre
avec lautre, il risquait dapparaître des gens qui refuseraient
cette rencontre, et ce serait tous ceux qui se crisperaient sur leurs
valeurs identitaires ou sur leurs croyances religieuses. Jappelais
lattention sur le danger. Déjà, quand jécrivais
ce livre, jétais conscient de ce qui pouvait apparaître,
ce qui aujourdhui existe sous le nom dintégrisme, aussi
bien culturel refus de lautre que religieux,
musulman ou chrétien ou autre. »
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