Quatrième de couverture : Victoire Élodie Quidal est une cuisinière au savoir-faire inoubliable. Sa virtuosité et son excellence sont recherchées par la bonne société guadeloupéenne. Connaîtra-t-elle enfin son heure de gloire ? C'est avec une affection toute particulière que Maryse Condé brosse le portrait attachant de cette femme qui fut aussi sa grand-mère.
Maryse Condé
Victoire, les saveurs et les mots

Nous avons lu ce livre en février 2013.
Le groupe de Tenerife a lu en mai 2024 En attendant la montée des eaux.


Jacqueline entre et
Je l’ai lu très vite. Il ne m’en reste pas grand-chose. C’est une lecture facile, mais je ne me suis jamais sentie intéressée par les personnages. Je n’ai pas accroché. Le parallèle entre la cuisine et la littérature est manqué, c’est dommage. La seconde partie de la vie de Victoire (elle ne cuisine plus) rappelle quand Maryse Condé écrit ce livre, ce n’est plus au niveau... C’est un livre plein de bonnes intentions.

Henri
Comme Jacqueline, les "histoires" ne m’intéressent pas. Le parallèle entre cuisine et écriture n’est pas convaincant. Il y a beaucoup de poncifs dans l’écriture. Le langage créole, je suis passé à côté. Les nombreuses adresses au lecteur ne sont pas subtiles. Je me suis forcé à aller jusqu’au bout. Le personnage de Victoire est attachant, de même que le couple à trois avec les blancs pays. J’ai manqué de références pour décrypter la vie politique aux Antilles. Je n’ai jamais rencontré de jouissance liée au style. Les sentiments sont du style Harlequin. C’est trop narratif, d’une écriture factuelle. Je me suis ennuyé.
Monique
Je suis d’accord avec Jacqueline et Henri : pas de style, une écriture et une narration traditionnelles. Je n’aime pas les commentaires de l’auteur. Il doit y avoir du plaisir dans la lecture ! Je n’ai pas d’émerveillement sur le style, sauf les portraits de famille. J’ai confondu les personnages. J’ai aimé beaucoup le personnage de Victoire, pas celui de Jeanne. Victoire, malgré ses échecs, conserve une certaine liberté. C’est intéressant sur ce qui est dit de la relation mère fille entre Victoire et Jeanne dans une optique de bouleversement historique. L’île n’est pas abordée d’un point de vue politique ou littéraire. Le côté cuisine est plaisant.
Ségou
J’ai beaucoup aimé. J’ai déjà donné mon exemplaire. Après l’avoir lu, j’ai pris un billet pour la Guadeloupe. Il y a une histoire et j’aime les histoires. Il y a du style. J’aime les apostrophes au lecteur. J’ai lu d’autres livres de Maryse Condé, dont Ségou. J’en redemande.

Mireille
J’ai été accrochée par l’histoire de la photo remplacée par des mots. J’aime les histoires, j’aime la recherche d’une grand-mère pour la remettre à sa place. Les tensions sociales m’ont intéressée. Le livre se lit facilement, mais il ne m’a pas transportée. Peut-être est-ce trop explicatif ? Sans mystère ? Le personnage de Victoire est intéressant, et cette amitié sur le banc et ce goût pour la musique... Pour Jeanne, tout est tellement expliqué, l’auteur nous donne trop de clefs. J’ai aimé la sexualité de Victoire. Mais le mélange cuisine, sexualité, musique ne m’a rien apporté.
Françoise D
J’avais lu Moi, Tituba la sorcière. J’aime bien les histoires. Ici l’histoire est intéressante, la démarche l’est aussi. Je suis intéressée par la relation mère/fille, la grand-mère énigmatique. La relation Victoire/Jeanne est très curieuse : attirance/répulsion. Victoire a une vie "pas si désagréable", pour ce qui était sa condition ; la relation de Victoire avec ses patrons est peu banale. Mais il faut se rappeler que Victoire était presque blanche. L’écriture n’est pas extraordinaire, c’est très narratif en effet. Je m’attendais à plus de développement de côté de la cuisine, de la saveur et des mots : cet aspect est un peu superficiel.

Claire
Je l’ai lu après La Couleur des sentiments, j’ai tout compris... À mon avis, nous n’avons pas choisi le meilleur livre de Maryse Condé. C’est un livre un peu décalé dans son œuvre ; le projet est intéressant : mais le lien entre cuisine et écriture, artificiel, est raté. Le personnage de Victoire est extraordinaire, j’aime le rôle de l’école. Le point de vue de la narratrice est original, pas du tout conventionnel, notamment quand elle reconstitue les relations amoureuses de sa grand-mère. On attend la mère de la narratrice, quand donc Maryse va-t-elle naître ! J’ai lu La vie sans fards, autobiographie de Maryse Condé pour la partie de sa vie vécue en Afrique. Pour elle l’école est toujours très importante. Le récit de ses amours, de ses aventures en Afrique, très près des futurs puissants, la naissance de l’écriture, son évolution vis-à-vis de la négritude, son regard sans concession, y compris sur elle-même, sont passionnants. Je l’ai écoutée lors d’une rencontre dans une libraire, je l’ai trouvée extraordinaire. Elle parle comme un livre et a un discours décapant. J’ai quand même été déçue par le livre choisi.

Geneviève
Je l’ai lu très vite et très facilement, très agréablement. Je suis exaspérée par la mode de la cuisine. Ici les noms de plats sont plaqués, un peu répétitifs. Jeanne est trop monolithique, on a du mal à croire à son non-amour pour sa mère. L’écriture n’est pas à la hauteur de la description des sentiments. C’est intéressant cette époque où les Blancs perdent le pouvoir et où les Noirs prennent leur place. J’aime le personnage de Victoire, leur relation à trois. Le positionnement de la narratrice est intéressant. Victoire dans le lit du patron, c’est bien vu et bien réussi. Le livre est intéressant du point de vue documentaire. En dehors de Victoire, les autres personnages manquent de relief. Une lecture agréable.

Brigitte
Moi aussi la mode de la cuisine m’exaspère. L’aspect relation nourriture/écriture est intéressant, mais évoqué seulement, plaqué. Donc... éliminé ! Les plats ne donnent pas envie. Le personnage de Victoire est attachant. J’ai lu sans difficulté, alors que je me demandais comment aller au bout de ce livre. Le ménage à trois donne lieu à l’apparition de l’intelligence des situations : Victoire concilie l’inconciliable, vit de façon vivable l’impossible. La relation Victoire/Jeanne est étonnante. Elle me rappelle que nous avons lu ici Mère/fille : le ravage (les sœurs Papin, etc.) Je n’ai rien à dire sur l’écriture. Elle parle d’un mémoire d’EHESS un court-circuit : entre deux mondes ! Dans ce livre, il y a des occasions manquées.

Annick
C’est moi qui ai proposé le livre. J’ai lu Ségou. J’ai rencontré aussi Maryse Condé au festival des Étonnants Voyageurs : j’ai été fascinée par cette femme. Du coup, j’ai lu plusieurs de ses livres. Je suis allée à la Guadeloupe, ce qui a comblé pour moi ce qui a peut-manqué aux autres lecteurs.

Henri
Moi aussi je suis allé à la Guadeloupe !

Claire
Moi aussi.

Annick
C’est un beau projet de reconstruire la figure de sa grand-mère. Elle-même a un rapport très ambivalent avec sa mère Jeanne. J’aime la brutalité de la langue de Maryse Condé. Les choses sont "posées", avec un regard très objectivé. Peut-être son écriture prend-elle sens quand on la voit. À part cette façon d’écrire, Maryse Condé est presque brutale vis-à-vis du lecteur. Cette histoire de filiation, ce comportement mère-fille, m’ont beaucoup touchée. On est sur un fond d’ascension sociale.

Les réactions du groupe de Tenerife
réuni le 21 mai 2024

autour de En
attendant la montée des eaux

avec les avis de •Lourdes Nieves José Luis


Nieves donne la note d'ambiance. Il y avait pas mal d'absents, mais on a bien parlé à 4 sur le livre de Maryse Condé. On n'en a pas raffolé mais, dans l'ensemble, on a bien apprécié malgré une structure narrative un peu déroutante qui faisait perdre le fil de temps en temps.
Ci-dessous mon avis et celui de Lourdes, qui n'a pas pu être là mais qui nous a envoyé le sien.

Lourdes
En ce qui concerne la lecture, j'avoue avoir eu du mal à suivre le récit au début mais par la suite celui-ci m'a beaucoup intéressée.
Il m'a permis de connaître la réalité des trois pays nommés, à savoir, Guadeloupe, Mali, et surtout un pays qui a connu les pires événements politiques, sociaux, naturels : Haïti.
Et tout à travers des personnages d'une existence émotionnelle très intense, des personnages recherchant une place dans un monde d'une extrême complexité.
J'avoue m'être émue à plusieurs moments.
Auparavant j'ai lu aussi Victoire, les saveurs et les mots, l'histoire de la grand-mère de Maryse Condé, récit très émouvant qui m'a attrapée.

Nieves
Je peux dire sur ce livre que j'ai apprécié la façon dont l'écrivaine est capable de parler des pires atrocités sur un ton franc et direct, donnant ainsi plus de force à la réalité qu'elle nous décrit. Cela dit, j'aimerais souligner quelques aspects qui me semblent intéressants :
- D'abord, on a affaire à trois personnages très différents : Babakar, né au Mali de mère guadeloupéenne, Movar, haïtien analphabète qui ne parle que créole, mais qui a un cœur infini, et Fouad, un Palestinien à l'abri d'un Libanais. Tous les trois déracinés, rejetés dans leur pays d'origine et dans leur entourage immédiat, car ils ne suivent pas les croyances et les coutumes de cet entourage, parce qu'ils sont différents et à un moment donné ils deviennent dérangeants, gênants pour le milieu où ils habitent. Pour eux, l'identité, l'appartenance à un lieu n'a aucune valeur. Babakar le dit : "Je ne tirai nul orgueil de mes origines (...) j'étais un Malien puisque j'étais né au Mali" Il se considère un être "sans foi ni toit, nomade sans patrie d'appartenance (...) Et par conséquent, coupable désigné pour ceux qui veulent une détermination". C'est le rejet du différent, qu'on observe dans tous les personnages de cette histoire, y compris les femmes comme Thécla, la mère de Babakar, pas acceptée parce qu'elle a les yeux bleus et que son comportement diffère de celui des autres femmes : par conséquent, elle sera considérée une sorcière.
- D'autre part, les trois pays où se développe la vie des différents personnages sont une horreur de dévastation où règnent les crimes et les assassinats arbitraires. Au Mali, les luttes entre Nordistes et Sudistes en sont un bon exemple : "avec Hassan, l'ami de Babakar, le pays connut (…) une vague de répressions dont nous découvrions l'horreur en lisant les journaux étrangers." Hassan, ce jeune formé à l'étranger et parlant plusieurs langues, arrivé au plus haut du pouvoir agit comme le pire des dictateurs. Babakar se dit "Hassan : mon ami, mon frère était devenu un assassin". D'habitude, on n'est pas très conscient des guerres civiles qui anéantissent les pays africains, car on a tendance à les percevoir comme quelque qui ne nous concerne pas. Souvent dans notre imaginaire, les pays africains sont des taches sur une carte avec un nom, et pourtant, des milliers de jeunes Africains veulent imiter notre façon de vivre perdant leur vie pour y arriver.
- Et cela s'entend car les populations de ces territoires se déchirent dans des luttes pour le pouvoir, la seule chose qui les pousse à réagir, car ce que nous appelons le Tiers Monde qui est une victime du premier, bien entendu, mais il est aussi victime de différentes factions de leurs propres pays guidées, si l'on veut, par des pouvoirs externes, mais également, par des factions internes : "L'Afrique est loin d'être cette-mère-pour-tous-au-sein-généreux que chacun vante. Aucune terre n'est plus inégalitaire et sans pitié pour les faibles".
- Ce n'est qu'à la fin du récit qu'on trouve une lueur d'espoir lorsque Babakar, suivi de son ami Fouad, étant à l'aéroport d'Haïti sur le point de quitter le pays, choisit de rester pour s'occuper des gens anéantis par un séisme qui a ravagé le pays. C'est alors qu'on peut se dire : l'humanité existe, or, ce sont les "différents" qui offrent l'aide humanitaire.

En conclusion, j'ai trouvé intéressante la manière d'organiser le récit où les personnages font leur récit à eux, donnant ainsi beaucoup plus de charge émotionnelle à leurs différentes réalités. Donc, je recommanderai cette lecture car elle nous fait plonger d'immédiat dans la réalité de la planète à l'heure actuelle, ce que je trouve nécessaire vu la fuite en avant d'une grande partie de la société dans les soi-disant pays riches où on a l'impression de vouloir tourner la tête et laisser tomber les gros problèmes politiques, écologiques, économiques et culturels dans les mains de l'extrême droite.

José Luis (qui écrira à propos d'un autre livre)
Si j'ai gardé silence au sujet de En attendant la montée des eaux, de Maryse Condé, c'est que je n'avais rien à dire, et si je n'avais rien à dire c'est que je n'y avais rien compris, l'incompréhension étant sans doute de ma faute, point celle de l'autrice. Tout simplement je ne me suis senti concerné à aucun moment par ce roman : ni par son écriture ni par l'histoire qu'il raconte. J'ai eu, un instant, l'intention de le relire, pour voir si le problème était que je n'y avais pas prêté suffisamment attention, mais je ne m'y suis pas décidé. J'ai par contre pas mal de choses à dire concernant Dans les forêts de Sibérie, de l'écrivain voyageur Sylvain Tesson.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !


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