Victoire Élodie Quidal est une cuisinière au savoir-faire inoubliable. Sa virtuosité et son excellence sont recherchées par la bonne société guadeloupéenne. Connaîtra-t-elle enfin son heure de gloire ? C'est avec une affection toute particulière que Maryse Condé brosse le portrait attachant de cette femme qui fut aussi sa grand-mère.
Maryse Condé
Victoire, les saveurs et les mots

Nous avons lu ce livre en février 2013.


Jacqueline entre et
Je l’ai lu très vite. Il ne m’en reste pas grand-chose. C’est une lecture facile, mais je ne me suis jamais sentie intéressée par les personnages. Je n’ai pas accroché. Le parallèle entre la cuisine et la littérature est manqué, c’est dommage. La seconde partie de la vie de Victoire (elle ne cuisine plus) rappelle quand Maryse Condé écrit ce livre, ce n’est plus au niveau... C’est un livre plein de bonnes intentions.

Henri
Comme Jacqueline, les "histoires" ne m’intéressent pas. Le parallèle entre cuisine et écriture n’est pas convaincant. Il y a beaucoup de poncifs dans l’écriture. Le langage créole, je suis passé à côté. Les nombreuses adresses au lecteur ne sont pas subtiles. Je me suis forcé à aller jusqu’au bout. Le personnage de Victoire est attachant, de même que le couple à trois avec les blancs pays. J’ai manqué de références pour décrypter la vie politique aux Antilles. Je n’ai jamais rencontré de jouissance liée au style. Les sentiments sont du style Harlequin. C’est trop narratif, d’une écriture factuelle. Je me suis ennuyé.
Monique
Je suis d’accord avec Jacqueline et Henri : pas de style, une écriture et une narration traditionnelles. Je n’aime pas les commentaires de l’auteur. Il doit y avoir du plaisir dans la lecture ! Je n’ai pas d’émerveillement sur le style, sauf les portraits de famille. J’ai confondu les personnages. J’ai aimé beaucoup le personnage de Victoire, pas celui de Jeanne. Victoire, malgré ses échecs, conserve une certaine liberté. C’est intéressant sur ce qui est dit de la relation mère fille entre Victoire et Jeanne dans une optique de bouleversement historique. L’île n’est pas abordée d’un point de vue politique ou littéraire. Le côté cuisine est plaisant.
Ségou
J’ai beaucoup aimé. J’ai déjà donné mon exemplaire. Après l’avoir lu, j’ai pris un billet pour la Guadeloupe. Il y a une histoire et j’aime les histoires. Il y a du style. J’aime les apostrophes au lecteur. J’ai lu d’autres livres de Maryse Condé, dont Ségou. J’en redemande.

Mireille
J’ai été accrochée par l’histoire de la photo remplacée par des mots. J’aime les histoires, j’aime la recherche d’une grand-mère pour la remettre à sa place. Les tensions sociales m’ont intéressée. Le livre se lit facilement, mais il ne m’a pas transportée. Peut-être est-ce trop explicatif ? Sans mystère ? Le personnage de Victoire est intéressant, et cette amitié sur le banc et ce goût pour la musique... Pour Jeanne, tout est tellement expliqué, l’auteur nous donne trop de clefs. J’ai aimé la sexualité de Victoire. Mais le mélange cuisine, sexualité, musique ne m’a rien apporté.
Françoise D
J’avais lu Moi, Tituba la sorcière. J’aime bien les histoires. Ici l’histoire est intéressante, la démarche l’est aussi. Je suis intéressée par la relation mère/fille, la grand-mère énigmatique. La relation Victoire/Jeanne est très curieuse : attirance/répulsion. Victoire a une vie "pas si désagréable", pour ce qui était sa condition ; la relation de Victoire avec ses patrons est peu banale. Mais il faut se rappeler que Victoire était presque blanche. L’écriture n’est pas extraordinaire, c’est très narratif en effet. Je m’attendais à plus de développement de côté de la cuisine, de la saveur et des mots : cet aspect est un peu superficiel.

Claire
Je l’ai lu après La Couleur des sentiments, j’ai tout compris... À mon avis, nous n’avons pas choisi le meilleur livre de Maryse Condé. C’est un livre un peu décalé dans son œuvre ; le projet est intéressant : mais le lien entre cuisine et écriture, artificiel, est raté. Le personnage de Victoire est extraordinaire, j’aime le rôle de l’école. Le point de vue de la narratrice est original, pas du tout conventionnel, notamment quand elle reconstitue les relations amoureuses de sa grand-mère. On attend la mère de la narratrice, quand donc Maryse va-t-elle naître ! J’ai lu La vie sans fards, autobiographie de Maryse Condé pour la partie de sa vie vécue en Afrique. Pour elle l’école est toujours très importante. Le récit de ses amours, de ses aventures en Afrique, très près des futurs puissants, la naissance de l’écriture, son évolution vis-à-vis de la négritude, son regard sans concession, y compris sur elle-même, sont passionnants. Je l’ai écoutée lors d’une rencontre dans une libraire, je l’ai trouvée extraordinaire. Elle parle comme un livre et a un discours décapant. J’ai quand même été déçue par le livre choisi.

Geneviève
Je l’ai lu très vite et très facilement, très agréablement. Je suis exaspérée par la mode de la cuisine. Ici les noms de plats sont plaqués, un peu répétitifs. Jeanne est trop monolithique, on a du mal à croire à son non-amour pour sa mère. L’écriture n’est pas à la hauteur de la description des sentiments. C’est intéressant cette époque où les Blancs perdent le pouvoir et où les Noirs prennent leur place. J’aime le personnage de Victoire, leur relation à trois. Le positionnement de la narratrice est intéressant. Victoire dans le lit du patron, c’est bien vu et bien réussi. Le livre est intéressant du point de vue documentaire. En dehors de Victoire, les autres personnages manquent de relief. Une lecture agréable.

Brigitte
Moi aussi la mode de la cuisine m’exaspère. L’aspect relation nourriture/écriture est intéressant, mais évoqué seulement, plaqué. Donc... éliminé ! Les plats ne donnent pas envie. Le personnage de Victoire est attachant. J’ai lu sans difficulté, alors que je me demandais comment aller au bout de ce livre. Le ménage à trois donne lieu à l’apparition de l’intelligence des situations : Victoire concilie l’inconciliable, vit de façon vivable l’impossible. La relation Victoire/Jeanne est étonnante. Elle me rappelle que nous avons lu ici Mère/fille : le ravage (les sœurs Papin, etc.) Je n’ai rien à dire sur l’écriture. Elle parle d’un mémoire d’EHESS un court-circuit : entre deux mondes ! Dans ce livre, il y a des occasions manquées.

Annick
C’est moi qui ai proposé le livre. J’ai lu Ségou. J’ai rencontré aussi Maryse Condé au festival des Étonnants Voyageurs : j’ai été fascinée par cette femme. Du coup, j’ai lu plusieurs de ses livres. Je suis allée à la Guadeloupe, ce qui a comblé pour moi ce qui a peut-manqué aux autres lecteurs.

Henri
Moi aussi je suis allé à la Guadeloupe !

Claire
Moi aussi.

Annick
C’est un beau projet de reconstruire la figure de sa grand-mère. Elle-même a un rapport très ambivalent avec sa mère Jeanne. J’aime la brutalité de la langue de Maryse Condé. Les choses sont "posées", avec un regard très objectivé. Peut-être son écriture prend-elle sens quand on la voit. À part cette façon d’écrire, Maryse Condé est presque brutale vis-à-vis du lecteur. Cette histoire de filiation, ce comportement mère-fille, m’ont beaucoup touchée. On est sur un fond d’ascension sociale.



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