Au début du XXe siècle, des jeunes Japonaises embarquent par
dizaines pour la Californie afin dy rencontrer leurs futurs maris.
Au bout de léprouvante traversée, un homme, un pays,
une langue inconnus
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Julie Otsuka
Certaines n'avaient jamais vu la mer
Nous avons lu ce livre en janvier 2014.
Manon
Jai beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé ce récit poétique,
original, par lequel on se sent concerné alors quon ne lest
pas. Je me suis sentie journaliste comme si jinterviewais ces femmes.
Mireille
Jai beaucoup aimé. Je lai donné à lire
à mon frère. Le nous est très original. Cest
comme un lamento répétitif dune grande force. Ce nous
est envoutant. Il met en relief une collectivité de femmes aux
destins individualisés. Lauteure est très discrète
sur lhistoire ce qui ma amené à minformer
sur ce qui sest passé entre lAmérique et le
Japon. Ces femmes ne manquent pas de courage pour affronter le bateau,
leur mariage avec des hommes qui ne correspondaient pas à ce qui
leur avait été dit et enfin leur exil. Les hommes sont absents.
On ne sait pratiquement rien deux. La fin est très belle
avec la parole donnée à lentourage. Quand les familles
japonaises quittent en hâte leur maison, les voisins, les enfants
pensent à eux, les évoquent pour finalement les oublier.
Brigitte
Le titre est bizarre sur ce titre là je naurais
jamais acheté le livre... Cest une situation que je ne connaissais
pas ; jai beaucoup aimé lécriture. Lauteure
a trouvé un moyen, une écriture pas du tout habituelle ;
on a toutes les facettes comme un kaléidoscope. Jai moins
aimé la fin, le souffle est moins fort, le début est très
bien, la deuxième partie un peu moins bien. Ces femmes étaient
dans la grande pauvreté. Je ne sais pas si leur vie était
meilleure au Japon. Elles ont eu un rêve - déçu
pour la plupart - mais elles ont réussi à sintégrer.
Annick A
On ne sait pas lesquelles.
Patricia
Il y a une ascension sociale.
Brigitte
Je ne suis pas aussi pessimiste que Mireille car les Japonaises sintègrent
bien. Ce qui est terrible cest la rumeur à la fin. Je pense
que Julie Otsuka avait dans sa famille cette histoire. On oublie cest
cela qui est impressionnant (avec lhistoire du pull). Cest
un très bon livre.
Monique S
Je nai pas été jusquau bout du livre. Dans lensemble,
jai aimé mais ne suis pas absolument emballée. La
partie du voyage est un parallèle avec les voyages négriers.
La déception par rapport aux rêves, les petits boulots, jai
bien aimé. Quand elles deviennent domestiques dans les familles,
on voit la misère affective de certaines Américaines riches.
Je nai pas réussi à suivre différentes personnes,
nai pas eu démotion pour chaque cas. Le chapitre des
naissances ma semblé comme un « catalogue ».
Lauteur a-t-elle trouvé cela dans les archives ? Les
accouchements cest la limite de son usage du nous, la limite de
la méthode. Lémotion nest pas au rendez-vous
car cest trop mélangé. Cela évoque beaucoup
de choses quon voit encore en ce moment. Lhistoire des camps
et de la peur quand il y a eu guerre entre Américains et Japonais
ma rappelé que ce fut la même chose pendant la guerre
de 1940 en Mayenne. Des Juifs ont été pris pour des Allemands
à cette époque ; cela me rappelle les gens du voyage.
Jai été gênée par les stéréotypes.
Je ne suis pas daccord, le travail des champs ce nest pas
le fin du fin. Les maris sont des Japonais qui ont émigré
précédemment. Mais ce nest pas évident pour
le lecteur.
Patricia
A la fin ils ont acquis un meilleur niveau de vie.
Monique D
Jai beaucoup aimé. Jai un peu décroché
concernant les traîtres. Ce nous cest comme une mélopée,
jai beaucoup apprécié. Cela évoque bien les
problèmes des gens déplacés. A la fin "les Japonais
ont disparu de notre ville" : ils sont partis en camp. On ne
sait pas grand-chose de leurs conditions de vie dans ces camps. Lécriture
est très belle, avec des phrases courtes. Jai été
prise par le livre mais jai un peu décroché à
la fin. Le début ma beaucoup plu : le bateau, la découverte
de la situation et de leur nouvelle vie. Tout est dur, pas seulement le
travail des champs. Cest un déracinement, la confrontation
avec une culture, une langue. Elles sont courageuses, elles sy mettent.
Annick A
Jaurais aimé dire que jai aimé. Mais je nai
pas vraiment aimé. Le nous vire très vite au catalogue.
Dans la vidéo que Claire a indiquée, lauteur dit quelle
a utilisé ce nous pour parler de tout le monde. Mais du
tout, on ne suit pas lhistoire de chacune. Elles sont dans une grande
histoire, mais pas dhistoire individuelle, elles sont dépersonnalisées.
Ce qui est raconté, je ne le connaissais pas et cest un sujet
très intéressant. Cette écriture permet-elle de bien
savoir ce que ces femmes ont vécu ? Elles sont très
courageuses mais elles ne se révoltent pas, elles subissent. Elles
considèrent avec éloge cette soumission. Est-ce culturel
cette soumission ? Est-elle typiquement japonaise ?
Manu
Aux USA lhomme et la femme marchent côte à côte
alors que chez les Japonaises cest différent.
Annick A
Ce choix du nous appauvrit la connaissance de ces femmes. Cest
très impersonnel. Cest un bon livre.
Mireille
A propos de la soumission ce que tu dis mévoque la prostitution,
cette non révolte des femmes prostituées.
Françoise D
Daccord avec ce qui a été dit par beaucoup :
je suis partagée pour ce livre, intéressée par cette
forme de narration. Ça va bien sur le bateau, car elles sont une
masse. Le but est de raconter lhistoire de ces femmes dans leur
globalité. Jai dabord cru quelles allaient rejoindre
des époux américains. Jai vite compris quil
sagissait de Japonais. Mais assez vite le procédé
a des limites. Toutes ont des destins différents. Le passage sur
la domesticité ma évoqué le livre La couleur
des sentiments. On arrive à lépisode des camps pour
Japonais aux USA, mais ce nest pas le propos premier de lauteur.
Le livre ma plu mais avec ces limites. Heureusement ce nest
pas un gros livre. Je suis contente de lavoir lu.
Annick A
Jai été intéressée par la réaction
des gens au moment du départ des Japonais. Quand ils sont partis,
une conscience se met en place. On aurait pu faire quelque chose mais
on ne la pas fait !
Séverine
Je suis partie avec un a priori très positif. Je pensais que cétait
pendant la guerre de 1940. Je rejoins beaucoup ce qui a été
dit. On est happé par lexercice stylistique qui peu à
peu sépuise. Je nai pu mapproprier aucune histoire,
ça na créé aucune émotion pour moi.
Je ne réussis pas à resituer dans la grande histoire. Donc
jai eu du mal à accrocher. Je suis un peu déçue.
Le début est bon, très poétique mais ne tient pas
sur la longueur. Jaurais aimé des cas plus personnels. Je
ne suis pas emballée.
Patricia
Jai beaucoup aimé le livre. Javais lu un livre sur
des orphelins portugais (vers 1600) se mariant au Brésil. Ces deux
récits se ressemblent. Le livre brésilien est écrit
au "je". Le nous ici est très original mais il faut un
livre court. Jai beaucoup aimé le chapitre sur la première
nuit. Les accouchements, cest beaucoup moins réussi. Les
deux premiers chapitres sont les meilleurs. Il ny a pas que des
choses horribles. Ces femmes acceptent leur situation, elles ne veulent
pas rentrer au pays. Elles sont plus soumises au travail quau mari.
On ne réussit pas à retracer des parcours, cela créé
une distance. Il y a un processus de ghetto. Les enfants deviennent américains.
Ils sen sortent et vivent en ghetto. Cest très intéressant
avec des inégalités.
Manu
Jai été passionné par ce livre. Mes parents
sont immigrés. Mon père est arrivé en France, puis
mère, puis les enfants. Toutes ces femmes dans le livre ont la
nostalgie de leur pays. Les ancêtres sont restés au Japon.
La fin ma passionné : quand ils pensent être intégrés
eh bien non ! Cest la limite de limmigration. On passe
alors du "nous" des japonaises au "ils" des Américains.
Mais il y a trop d'histoires : "qui trop embrasse mal étreint".
Heureusement que le roman est court.
Claire
Cest moi qui ai pris le risque de proposer ce livre. Jai aimé,
beaucoup aimé. Je préfère quelle ait tenu ce
choix de narration. Je nai pas été gênée
de ne pas suivre une destinée. Quel est le sens des italiques ?
Des citations ? Des paroles de femmes ? Personne na parlé
de la distance de la narration. On nentre jamais dans la conscience
des femmes. Cela évite le pathos. Jai lu lautre livre
que Julie Otsuka a écrit : Quand l'empereur était
un dieu. On est dans une famille, il y a la rumeur, le père
est emmené, puis la femme et les enfants doivent partir :
la femme détruit ce qui vient du Japon et part dans les camps.
On retrouve dans cet autre livre la même distance. Cest aussi
un récit de faits. On suit les enfants. Longtemps après
ils reviennent, retrouvent la maison saccagée. Ils attendent le
père qui revient "lombre de lui-même". Il
y a eu un échange de lettres. Ces femmes nexpriment jamais
dapitoiement. Personne ne craque jamais. Lauteur a un site
assez sobre. Sur le plan littéraire le plus fort est la distance.
On est tenu à distance sans atténuer la dureté. Je
regrette quon nait pas conservé le titre américain
en français : "Le bouddha dans le grenier".
Terrible aussi est le processus dimmigration quand les enfants rejettent
leur famille pour mieux sintégrer.
Patricia
Lenfant renvoie à ses parents le fait quils pratiquent
moins bien la langue. Cest mon cas, je suis brésilienne et
mon enfant est français. Il connaît des expressions que je
découvre.
Séverine
Il ny a pas dapitoiement mais cest typiquement japonais.
Ils sont très pudiques. Ils sont fatalistes comme pour Fukushima.
Claire
Dans les remerciements à la fin du livre, elle ne cite que des
ressources bibliographiques, elle ne parle pas de sa famille ni des témoignages
quelle a reçus après son premier livre (puisque cest
le deuxième). Un article de Newsweek
présente quelques photos de sa famille arrivant, il y a aussi une
photo de camp, cest poignant. Dans unea vidéo
où elle parle de ce livre, elle mentionne des témoignages
reçus.
Manon
Chaque fois quil est question des Chinois, lauteure explique
quils sont moins bien que les Japonais.
Patricia
Ils ne se mélangent pas avec les autres, cest le cas des
communautés asiatiques.
Sandrine
Ce roman a été également sélectionné
par un autre groupe de lecture dont je fais partie et sincèrement
je ne comprends pas lengouement pour ce livre. Mis à part
le thème qui est passionnant et que nous fait découvrir
lhistoire et la vie de ces Japonaises installées sur la côte
ouest des Etats-Unis, le style ma semblé décousu et
le sujet effleuré et non évoqué en profondeur comme
il mériterait de lêtre. Jai lu ce livre en diagonale
et il ne men reste que quelques impressions éparses et sans
grande consistance.
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