J.M. Machado de Assis
L’Aliéniste

Nous avons lu ce livre en décembre 2013.


Séverine
Par surcharge de travail, je ne pourrai être là ce soir. J’en suis d’autant plus désolée que c’est le club de lecture de Noël (je ne pourrai pas goûter les cacahuètes de luxe...) et que L’Aliéniste est le premier livre du club que j’ai adoré ! Ce texte est à la fois jubilatoire, absurde et philosophique. Nous sommes tous le fou de quelqu’un ! C’est gouleyant, attrayant à lire : on en redemande ! Moi qui ne suis pas très adepte du format court, j’ai apprécié ce conte. Et je n’ai qu’une hâte : découvrir d’autres ouvrages de cet auteur.

Mireille
Vive l'humour ! Après le concepteur de la séparation des corps, sous le regard d’un tiers, pour la survie d’une passion jusqu’à en perdre la raison, après La faim qui accable un homme exalté par le vertige de sa propre déchéance et de la folie je me suis amusée avec les expériences de L’Aliéniste pour soigner déséquilibre et équilibre. Je me suis souvenue de Michel Foucault et de toutes mes années passées à l’hôpital Sainte-Anne (côté soignants) où la description et la classification des symptômes du patient prenaient trop souvent le pas sur leur sens. J’ai beaucoup aimé le livre.

Renée
Je me suis profondément ennuyée. Je l’ai repris plusieurs fois et j’ai réussi à le finir, et à la fin le récit a commencé à me plaire.

Claire
C’est un livre de la fin du XIX° siècle, mais la langue n’est pas datée. J’ai lu le début et la préface après que j’ai trouvée obscure, pédante, lourde. Le conte est très original, mais j’ai été gênée par des questions de vraisemblance qu’on ne devrait pas se poser dans un conte. Dans cette maison verte il n’y a pas de personnel. Je me suis intéressée aux femmes, l’épouse de l’aliéniste, celle de l’apothicaire, et aussi au prêtre. C’est un écrivain très célèbre que je ne connaissais pas... et je suis contente de l’avoir découvert.

Françoise
Moi non plus je n’ai pas lu la préface, trop fastidieux. J’ai aimé ce récit, est-ce un conte ? Je l’ai pris comme une satire sociale, écrite par un visionnaire car on retrouve des résonances avec les questions sur l’enfermement d’après 68, Foucault, l’anti-psychiatrie, Ville-Evrard, etc. Il y a beaucoup d’humour. Mais on ne connaît rien des méthodes de l’aliéniste (a-t-il un nom ?) ni du mode de fonctionnement de l’asile. Comme Claire je me suis posé des questions de vraisemblance, mais Patricia qui a proposé ce livre nous dit qu’il y avait les esclaves pour ça et ça allait tellement de soi qu’il était inutile d’en parler. D’où on peut se poser des questions sur la position de l’auteur à cet égard. J’ai trouvé ce récit agréable à lire, l’écriture coule bien, n’est pas datée.

Annick A
J’ai beaucoup aimé, ça m’a beaucoup amusée. J’ai lu les 20 pages d’intro après. Il est contemporain de Charcot, avant Freud. Il pose de vraies questions. C’est une satire de la psychologie et de la politique, très actuelle pour la psychiatrie, du fait du DSM : la définition des troubles mentaux par les Américains : on créé des maladies mentales, par exemple l’hyperactivité, les troubles de l’humeur, la bipolarité... Ce qui est de l’ordre du normal, on en fait des maladies. Les personnages sont drôles. L’aliéniste cherche vraiment : qu’est-ce que la folie ? Où est le clivage entre les fous et les sains d’esprit ? Il n’y a pas la possibilité d’être un peu des deux. C’est un très bon livre, la préface est très intéressante ; c’est une façon de parler de la maladie mentale à travers le roman.

Manon
Dès la première page, on annonce la mort de l’aliéniste. Dommage. Ça ressemble à tout sauf à un conte. C’est très réaliste. J’aurais aimé plus d’explications sur les personnages qui sont enfermés. C’est une écriture moderne, il y a des passages drôles, mais le livre n’est pas assez développé pour moi.

Brigitte
J’avais lu un polar au même titre. Ce mot d’aliéniste, on ne l’emploie plus. J’ai craint de retomber sur le même livre ; j’ai lu la préface, un peu difficile. J’ai trouvé intéressant que l’un (le récit) soit super et l’autre chiant (la préface). C’est l’écriture qui m’a plu, je m’en fiche de la folie, l’intérêt c’est dans la manière de raconter, je ne cherche pas à m’informer sur la folie, c’est un conte très réussi, la concision du style m’a plu, un style retenu, ça m’a rappelé Vol au-dessus d’un nid de coucou.

Manu
Je suis passé à côté de ce livre. J'ai pensé que c'était surtout une satire sociale et que le folie prétendue n'était qu'un prétexte pour enfermer le village. Par quel mécanisme on permet d’enfermer les gens. L’écriture est un peu vieillotte, c’est une écriture de conte. Je n’ai pas ri, j’ai eu du mal à aller jusqu’au bout.

Monique
J’ai passé un bon moment de lecture, bien que j’aie du mal à lire des récits en ce moment. Je l’ai lu d’une traite. Je me demande s’il n’est pas d’avant Charcot. La position sur la folie est extraordinairement moderne ; on parle souvent de monomanie. Cela me rappelle au Louvre une toile des anormaux de Géricault. A cette époque il y avait une volonté de comprendre les maladies. Je trouve des ressemblances avec Tristram Shandy. C’est aussi un livre intelligent. On voit que le discours scientifique rationnel ne tient pas la route. Il y a de l’ironie. L’auteur pointe du doigt le poids du despotisme, des postures scientifiques considérées comme des vérités. Je fais le rapprochement avec tous les rapports publiés : il n’y a pas de vérité donnée une fois pour toutes.

Geneviève
Ce qui m’a intéressée, ce n’est pas la question de la folie, mais la question de la science. C’est le Penser classer de Perec. Le XIXème siècle est la période des grands systèmes de classification. C’est une fable parodique. La classification de l’aliéniste est fondée sur un esthétisme, un équilibre idéal (voir p. 89). Les gens trop bien rompent l’équilibre. Il ne s’agit pas de la maladie, mais de la protection de la société. Le rapport lui fait peur avec sa femme qui n’est pas belle mais en bonne santé... lui qui ne sait pas ce que c’est qu’un sentiment.
Le livre m’a fait penser aux Bienveillantes. C’est un livre intéressant, facile à lire, bien écrit, ironique. J’ai bien aimé pour ma part la préface.

Patricia (brésilienne, qui nous a proposé ce livre "pour Noël")
C’est le rapport entre le soin et la réalité. A l’époque décrite dans le livre, le Brésil n’avait pas d’imprimerie, tout venait du Portugal. Machado fait une parodie de ce qui se passait dans la réalité. C’est l’époque où le médecin entre dans les mœurs comme concurrent du prêtre. Au Brésil on lit ce livre à l’école. Machado est un très bon conteur, on pourrait le comparer à Flaubert, ses romans sont réalistes et ironiques, mais il y a aussi du surréalisme. Mon livre préféré de Machado de Assis, c’est Don Casmurro qui fait penser aux Affinités électives de Goethe. L’aliéniste vient de Coimbra avec son savoir qui n’a rien à voir avec la réalité.


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Au Brésil, Simon Bacamarte, aliéniste, s'installe dans une petite ville. Il tente des expériences scientifiques, s'occupe des lunatiques, et voit son emprise sur la population s'accroître.