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Jean-Marie Blas de Roblès
La montagne de minuit
Nous avons lu ce livre en février 2014.
Mireille
J'ai lu La Montagne de minuit : Bastien et Rose mont
mollement attirée. Toutefois leur envol pour le Tibet a réveillé
mon intérêt pour le Tibet occupé. Jai regardé
sur internet, en images et vidéos, leur périple à
Lhassa : le monastère du Drepong, lascension de la montagne
sacrée du Chakpori et des toits du temple du Jokhang avec une vue
grandiose sur le Palais du Potala. Jai lu un article récent
avec photos sur la folie agressive et destructrice chinoise à l'uvre
à Lhassa. Les prosternations répétées et en
souplesse des Tibétains dun âge certain mont
éberluée...
Claire
Mireille ne parle pas du livre...
Françoise
Elle en a profité pour voyager
Jacqueline
Je lai lu très vite dans le train. Jai aimé
la façon dont lauteur dépeint les choses ambiantes
aussi bien à Lyon quà Lhassa : on a limpression
dy être. Je nai pas vraiment accroché à
cette histoire de Tibet, mais jai voyagé avec eux ;
jai un souvenir très fort du Tibet après cette lecture.
Jai aimé les retournements, les mises au point réalité/fiction
autour du Tibet, cest un procédé intéressant.
Manon
Je lai lu il y a assez longtemps. Cest intéressant
à propos du Tibet, mais sans quon ny trouve dinformations
nouvelles. Je me demande même si lauteur y est vraiment allé.
Jai été intéressée par ce qui est dit
sur la guerre de 40, le poids de lhistoire ; cette guerre semble
loin, mais il existe encore des gens qui lont vécue. La place
du mensonge est intéressante : Rose, comme Bastien inventent :
lui quil était SS ; et elle, sa mère : sest-elle
vraiment suicidée ? Par ailleurs il y a trop de détails,
par exemple quand elle rencontre le chercheur, où on ne sait plus
ce qui est vrai ou pas : mais cest trop long, trop détaillé.
Monique
Je lai lu assez vite. Jai été captivée
par le départ, les personnages mystérieux, la rencontre
de Bastien et de Rose avec son petit garçon. Je navais pas
du tout vu venir le coup du voyage au Tibet. A partir du moment où
ils y arrivent, ça ma beaucoup moins plu, cest beaucoup
plus maladroit ; à quoi servent toutes ces descriptions ?
Il y a des coupures dans le récit ; tout à coup ils
sont au Tibet. La mort de Bastien reste, elle, très énigmatique.
Il est allé là-bas pour voir quelque chose et immédiatement
il est mort : cest une sorte de maléfice qui le tue.
Je nai pas aimé la rencontre de Rose avec Tom, cest
très cliché ! Lhistoire de lécole
bouddhiste à Munich a-t-elle existé ? A la fin, on
dit que cest totalement inventé. Rose se demande comment
il est devenu bouddhiste. Rose est partie parce quelle pensait avoir
un cancer du sein, ça pourrait être intéressant et
puis ça fait plouf ! Finalement on ne reparle plus du tout
de cette maladie... Puis le narrateur devient le fils de Rose, je ne sais
pas ce que cela apporte de plus au récit. Y a-t-il ou non une aventure
entre Rose et Tom ? Jai limpression que ce récit
est une sorte de prétexte pour nous raconter quelque chose sur
le Tibet, mais la description du Tibet ma déçue. La
fin déçoit aussi par rapport à ce que faisait miroiter
le début.
Claire G.
Le début était prometteur. La fin est décevante.
En cherchant, jai vu que lauteur a été enseignant
au Tibet. Jai aimé à la fin le dialogue à deux
voix. Le ton est poétiquement léger pour un sujet grave.
Beaucoup de pistes ne sont pas creusées. Les portraits psychologiques
ne sont pas approfondis. Je nai pas vu le problème du cancer
éventuel de Rose. Jai apprécié que lon
parle du Tibet, mais cest plutôt documentaire.
Françoise
Jai aimé lécriture (enlevée, facile à
lire), jai aimé la construction. Le fils écrit, la
mère commente ce quil écrit. Lauteur ouvre effectivement
beaucoup de pistes qui naboutissent pas. La montagne, la mort de
Bastien, le nazisme ? On apprend des choses qui aboutissent à
des culs-de-sac. Lauteur la-t-il voulu ou na-t-il pas
su faire aboutir son récit ? On apprend que lécole
bouddhiste en Allemagne na jamais existé, cest décevant.
Monique
La mort de sa mère, cest peut-être la clef...
Françoise
Avec cet épisode de la mère de Rose qui se suicide quand
sa fille lui révèle que lhomme qui la torturée
sest fait passer pour un résistant. Cest un livre intéressant,
agréable à lire mais inabouti.
Claire B.
Cest un livre objet très agréable à regarder
(la couverture) et ouvrir avec son beau papier et ses caractères
délicats. Je lai lu il y a un bon mois et demi et lai
donc bien oublié... Je lai reparcouru rapidement. Lintérêt
du livre me semble ses mystères. Dans lécriture même,
il y a des décalages : lécriture est tenue, puis
arrive le mot « barbaque » dès la première
page. Le début ma semblé captivant ; jai
vu des changements de narrateur et je me suis mise à noter si le
chapitre était à la troisième personne ou à
la première et dans ce cas qui était le je : mais je
nen ai pas tiré grand-chose... ; la mère qui
sadresse à son fils qui a écrit le ou les chapitres
précédents, ça ma semblé artificiel.
Cest un livre sur la vérité fluctuante qui nous échappe
tout le temps. La construction intellectuelle qui le sous-tend (différents
narrateurs + ce thème) ne me semble pas tenir bien la route. Jétais
contente de la virée au Tibet, mais les détails mont
un peu barbée. Le titre « La montagne de minuit »
fait référence à ce que Bastien dit de la fin de
ses études de bouddhisme avec son maître, mais bof. Le tout
dernier chapitre avec les commentaires dans la marge tombe un peu à
plat, je trouve. Jaimerais savoir ce que lauteur a écrit
dautre, si cest très différent ; il fait
aussi de larchéologie. Je suis daccord sur cet avis
que le livre nest pas accompli.
Yanis
Jai apprécié la qualité de lédition
que jai entre les mains. Jai eu du mal à partir du
moment où ils prennent lavion. Jai bien aimé
lécriture, les images. La relation Rose/Bastien est intéressante.
Le début est original. Cest à la page 25 quon
saperçoit que cest le fils de Rose qui est le narrateur.
La dernière petite note cest « Quest-ce
que je fais avec tout ça ? », cest ce que
je pense... Que faire de tous ces mensonges ? Jai aimé
aussi la relation de Bastien avec lenfant. Le fait que Bastien est
rejeté par tous alors quon ne sait pas pourquoi nest
pas crédible.
Monique
On peut penser que cest pour des raisons de pédophilie, mais
après on voit bien que ce nest pas crédible non plus.
Yanis
Cest très bien écrit, avec de belles tournures.
Jouvre pour le début.
Brigitte
Jai beaucoup oublié... Jaime bien le nom de lauteur,
qui évoque lEspagne. Et dailleurs, on arrive dans un
couvent de Jésuites à Lyon. Le début est intéressant,
bien parti. Jai tout lu, mais lintérêt a baissé.
Le Tibet, jai peu lu à ce sujet dans la littérature ;
je retrouve les temples, comme jai vu en Corée ou au Vietnam.
Quelque chose manque en effet : ce nest pas à nous de
rechercher la cohérence, quelque chose manque même si cest
bien parti. Quaurait-il pu faire pour que ce soit mieux ?...
La Montagne de minuit mévoquait La Montagne magique. Cest
bien sur la vieillesse. Il y a des possibilités, mais... peut mieux
faire...
Jacqueline
Tout est déconstruit au fur et à mesure. Il y a une réflexion
sur la fiction.
Françoise
Il trompe le lecteur.
Claire G.
Il joue avec nous. On doit faire des liens.
Manon
Jaurais aimé que les brigades existent.
Monique.
La mère sest trompée. Que faire avec le suicide de
sa mère ?
Manuel
Le début du livre m'a beaucoup plu: écriture naïve
et personnages attachants. La rencontre avec Mme Sévère
et la relation avec les voisins a un côté très Amelie
Poulain. Le livre se gâte avec le voyage au Tibet. Lla rencontre
avec Tom: qu'est-ce qu'il vient faire là ? Le dialogue avec
le fils m'a paru artificiel : l'auteur avait peur qu'on s'ennuie ?
Je n'ai pas cru un instant à l'histoire du SS et de l'école
tibétaine en Allemagne. J'ai lu ce roman sans déplaisir
mais fichtre que c'est tiré par les cheveux !
Claire lit quelques extraits dune interview :
Après le baroque, le foisonnement stylistique de Là
où les tigres sont chez eux, La Montagne de Minuit semble
extrêmement épuré. Votre écriture semble sadapter
au lieu de votre narration.
Cest le cas. La concision, leffacement maîtrisé
me semblaient nécessaires pour donner tout son poids à cette
fable tibétaine.
Une dizaine dannées décriture pour Là
où les tigres sont chez eux, et un an après La Montagne
de Minuit, avez-vous acquis une facilité décriture,
ou vous sentiez vous plus libre sur le sujet ? Avez-vous acquis une
plus grande discipline décriture ? et si oui, quelles
sont vos habitudes décriture ?
Javais commencé La Montagne de minuit durant la
période où Là où les tigres sont chez eux
ne trouvait pas déditeur. Il sagit dun projet
auquel je pensais depuis plusieurs années, alors même que
je terminais mes Tigres. Lécriture du roman précédent
ma probablement servi, mais je ne sais pas encore de quelle façon.
Pas pour la facilité décriture, en tout cas... Jen
ai retiré sans doute une plus grande conscience des processus narratifs,
et peut-être une meilleure compétence dans le maniement de
la langue. Quant à la discipline décriture, elle est
acquise depuis très longtemps. Lorsque tout est prêt, documentation
et vision claire de ce que je veux raconter, jécris de 5
h du matin jusquau soir sans me préoccuper dun délai
quelconque.
Ici encore, vous mettez en uvre votre prédilection pour
les structures compartimentées, les narrations à plusieurs
voix. Pourquoi ce choix ?
Ce nest pas un choix délibéré. Cela vient peut-être
de mon goût pour les anamorphoses, les reflets, la mosaïque.
De ma méfiance instinctive, même dans la fiction, pour ce
qui pourrait apparaître comme une vérité absolue.
Jai besoin de cette relativisation, semble-t-il, pour conserver
toute sa force au questionnement.
Bastien votre héros, si lon peut dire, est traversé
par une volonté de transcendance, de spiritualité. Pensez
vous que cela est une quête moderne ? Est-ce la vôtre ?
Lécrivain a-t-il vocation à transcender lhumain ?
Doit-il viser une universalité ? Le chemin en est il lintrospection
ou le voyage de préférence ?
Bastien est à la recherche dune sagesse. Il croit lavoir
trouvée et sans doute à raison dans
le bouddhisme tibétain, mais il ne reflète que le délaissement
dans lequel se trouvent nos sociétés occidentales depuis
la « mort des dieux » et la chute des idéologies
qui promettaient, sinon une transcendance, du moins des lendemains nouveaux.
Comme je le fais dire à lun de mes personnages, ce qui est
grave, « ce nest pas que les hommes ne croient plus en
Dieu, cest quils sont prêts désormais à
croire en tout ». Cette quête dune transcendance
de substitution, et comme par défaut, nest certainement pas
la mienne. Elle ouvre grand les portes à la superstition, aux spiritualités
de pacotille voire à lobscurantisme. De mon côté,
je suis profondément athée. La seule universalité
que je reconnaisse à lhomme est dêtre jeté
au monde en dehors de tout projet divin et en sachant quil est mortel.
Cest donc à lui de poser ses propres valeurs, de se construire
en tant quhomme et de faire en sorte dhabiter le monde au
milieu des autres. Ce constat sartrien, qui passe par la démystification
systématique et le refus de la mauvaise foi, continue à
poser, me semble-t-il, les conditions dun véritable humanisme.
Lécrivain fait ce quil peut avec tout ça. Il
se raconte des histoires en essayant de vivre sa propre vie. Il chante,
plus ou moins bien, en alternant les cigarettes et les verres de whisky.
Quels sont vos auteurs de prédilection, vous qui aimez les fables
représentant la réalité ? Avez-vous découvert
dernièrement de jeunes auteurs qui vous passionnent ?
Borges, Flaubert, Lowry, Huysmans, Thomas Mann... Mathias Enard, Arno
Bertina, et toute léquipe de la revue Inculte pour la nouvelle
génération.
Extrait de http://chroniquesdelarentreelitteraire.com
Avis de 13 Bretons
Un voyage moyennement apprécié pour la majorité d'entre
nous. Voici les cotes damour :
- 3, ouvert au quart
- 7, ouvert à la moitié
- 2, ouvert entre moitié et trois quarts
- 1, ouvert aux trois quarts.
Ce que nous avons apprécié :
- les thèmes :
Vérité/mensonge, la vérité fluctuante dans
les récits oraux (confessions, souvenirs...) et les écrits
(le roman, les lettres...)
Les (bonnes) raisons et les bénéfices du mensonge... : « Entre
dire et ne pas dire, il existe toujours une 3ème voie »...
La vérité de nos personnages : les rôles que
nous jouons...
Ce que nous sommes et ce que nous montrons et les préjugés
et jugements qui vont avec : Bastien, gardien et lettré..., le
regard de Rose change lorsqu'elle apprend la vérité...
La culpabilité/le rachat : Rose et sa mère, Bastien
et ses père et frère...
Le Tibet : pays, peuple et philosophie, l'oppression chinoise, la
dénonciation des rumeurs de collaboration Tibet/nazisme, dénonciation
également de l'obscurantisme, de l'eugénisme, des dictatures,
de la consommation...
Le sens de la vie
- la recherche de « la vérité »
dans les relations TIBET/NAZISME (une découverte pour beaucoup
d'entre nous)
- la facture du livre : joli petit ouvrage aux éditions Zulma
- un début réussi, de bon augure....
- livre qui ouvre des portes, incite à des recherches, pose plus
de questions qu'il ne donne de réponses
- le pouvoir de la parole et des mots qui aident ou tuent... des phrases
qui aident à vivre (des bagages de sagesse)
- face à face de l'historien et du romancier (qui inventent la
vérité)
- le travail sur lécriture : se livrer au regard des
autres...
- le conte : sens, symbolisme et objet
- les propos sur la religion, les Jésuites, le parallèle
entre les rites chrétiens et bouddhistes
- certaines descriptions : Lyon (pendant la guerre, la fête
des lumières, Baudelaire dans la ville), la foule bariolée
des Tibétains, leur ferveur, leur résistance « hors
normes », leur dévotion indéfectible au Dalaï
Lama...
La destruction du Tibet par les Chinois signalée petites touches
par petites touches au fil des pages - très réussi -
- la cohérence des personnages, pris individuellement. (Bastien,
le bouddhiste ; Tom, un autre chemin vers léveil, etc.)
- l'explication fort intelligente et drôle du Mandala de Kalachakra,
la symbolique du Mandala, l'impermanence : le Mandala de sable retourne
à la rivière...
- les funérailles célestes (le cheval de Przewalski :
sa présence signalée dans les Monts d'Arrée par Mariethé)
- l'écriture simple, tenue et colorée, une navigation aisée
jusqu'au « Désaveu ».
Les différents niveaux d'écriture utilisés sont significatifs.
- le voyage initiatique
- les pigeons à sifflet : une découverte !
- l'importance des rencontres
- des passages émouvants : Paul, enfant, l'aveugle, Bastien,
l'acceptation du don (parallèle Afrique/Asie)
Ce que nous n'avons pas aimé :
- la platitude du style
- la partie « Désaveu » très indigeste ;
des annotations de Paul incompréhensibles
- la construction du livre (roman dans le roman) ; récit dense
mais très confus qui ne fonctionne pas.
Personnages et événements semblent plaqués: ils ne
sont pas fondus dans le récit.
Livre plein de bonnes intentions mais raté.
- vocabulaire et expressions vulgaires, dialogues basiques
- le nom de Rose SÉVÈRE (un peu facile !)
- personnages sans épaisseur, peu attachants - pas de consistance
- partie romanesque ridicule
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