Un jeune couple de Hongrois, Peter et Marta, passent leur nuit de noces dans une auberge de Transylvanie tenue par d'anciens trapézistes, en compagnie d'artistes de cirque à la retraite et d'animaux rescapés d'anciens numéros.

Les trapézistes et le rat
Alain Fleischer

Nous avons lu ce livre en novembre 2013.


Françoise
Je n’ai pas grand chose à dire car le livre m'est tombé des mains ; j'ai tenu 100 pages, mais les récits érotiques en général ça me gave, c'est trop répétitif et ça m'ennuie.
Je pense que la 2° partie est plus intéressante, mais comme je suis partie sur autre chose, je n'ai pas eu le courage de le reprendre.

Claire
J’ai beaucoup aimé même si je reconnais avoir sauté des passages surtout sur le cirque. J’ai en revanche lu toute la deuxième partie sur Sandor. Je suis fascinée, passionnée par cette histoire d’amour. La nuit au Trocadéro est extraordinaire ! Puis il y a le passage sur l’Italie, alors, là gloups ! Tension extrême. Puis, les lettres de Marta sont formidables. Bien que les trois narrateurs n’aient pas de voix, on a des écritures différentes selon les parties. J’ai été à tout moment prise dans l’histoire. On a affaire à un essai intellectuel sur l’art. Pour moi, ce sont des spécialistes de l’art qui ont créé leur histoire comme une œuvre d’art, ou comme une partie d’échecs. Ce livre est une horlogerie. Un montage très intellectuel.

Séverine
Ce roman me laisse perplexe. Je suis passée par différentes phases. J’ai trouvé le titre original, ce qui m’a plutôt donné un bon a priori. J’ai aimé le style de la première partie mais s’il faut tout de même entrer dans le texte car il y a beaucoup d’énumérations. Puis très vite, je me suis demandé : pourquoi le cirque ? Pourquoi ces vieilles personnes ? On est dans le délire érotique, les fantasmes de l’auteur qui deviennent rapidement un peu longuets. Je suis restée tenue par la volonté de savoir où il voulait en venir. Avec la deuxième partie, j’ai eu le sentiment que l’on revenait dans quelque chose de plus « normal ». Puis à nouveau, ça redevient spécial. Je ne sens pas du tout l’amour, les sentiments. Le frère arrive, des attitudes anormales aussi. Puis la troisième partie, les lettres laissent perplexes. Je n’ai vraiment pas compris ce que l’auteur a voulu faire. Je l’ai lu par obligation morale pour le groupe sinon je n’aurais probablement pas poursuivi.

Monique S.
Je lis beaucoup de poésie et j’ai du mal à me plonger dans un récit. J’ai commencé 80 pages. Ça ne m’a pas du tout plu. Ça m’évoque les Carpates, j’ai pensé à Dracula. J’ai pensé au Bal des vampires de Polanski.

Jacqueline
C’est drôle !

Mireille
Ici, il n’y a pas d’humour.

Monique
Il y a du sexe, du monstrueux comme chez Polanski, des loups garous... La première partie m’a plongée dans cet univers morbide. Ces vieux qui vont vers la mort. Je n’aime pas le fantastique. Je suis allée jusqu’à Esthel et la vieille qui se suicide après avoir joui. Ça ne me branche pas... ça m’a laissée comme indifférente cette partie. Il veut en venir où ? J’ai lu un peu la deuxième partie. Ces corps qui ne changent pas m’ont fait penser à Dorian Gray. Le thème, la façon dont s’est raconté ne me parlent pas. Avec ce début le pari est risqué, car il n’y a pas de pacte avec le lecteur.

Jacqueline
Je suis restée aussi très perplexe. J’ai peu de temps, je suis fatiguée. Je n’ai pas accroché. Le style est épouvantablement vieillot. C’est une langue qui n’est pas notre langue. Je n’ai éprouvé aucun plaisir. Je ne marche pas avec les passages qui se veulent érotiques. Dans la première partie, j’ai sauté des pages, en ayant le sentiment de ne pas comprendre. Je pense que l’on parle d’un monde chaotique en train de disparaître. Avec la deuxième partie, j’étais ravie d’avoir un regard extérieur pour apporter un autre point de vue. Mais non, retour à la version précédente sans le fantastique. Je me suis arrêtée à la rencontre avec la danseuse. Je n’adhère pas non plus aux passages poétiques sur la danse. J’ai l’impression d’une parabole symbolique sur la mort. Je me le dis après coup sans l’avoir ressenti durant la lecture. Et les énumérations ne m’évoquent rien. Alors que chez Foucault, les accumulations sont extraordinaires comme chez Ponge. Mais là, rien.

Mireille
J’ai lu tout le livre. Je suis allée chercher des informations sur Fleischer pour mieux le comprendre. Ces relations sexuelles assez trash m’ont amenée à souvent poser le livre pour respirer. J’avais une impression d’asphyxie, comme si j’étais en apnée, sous l’eau. Trop, c’est trop ! Le roman aurait gagné à être élagué. J’ai eu trop envie de sauter des pages. Ce qui est anormal ! Je ressens quelque chose de mortifère. On est dans des cérémonies funèbres et tous les autres disparaissent. Mais il y a quelques moments assez beaux. Avec la deuxième partie, j’ai moins eu le sentiment d’asphyxie. J’ai bien aimé cette sorte de trio infernal, cette expérience de l’amour et de la séparation. Mais là encore, l’auteur en fait trop. J’ai beaucoup aimé le passage où elle va l’espionner par la fenêtre. Et puis les jumeaux : ce frère qui est le lien, la présence physique de l’absente. Et elle, qui se reproche sa lâcheté. Je ne comprends pas beaucoup ce couple. Les lettres révèlent la fin, l’oncle, lui qui devient fou. En tout cas je n’ai pas trop aimé l’écriture. Et je ne vois pas ce que l’auteur a voulu faire. La première partie étouffe le reste.

Annick A (qui a proposé ce livre)
J’ai lu ce livre il y a une douzaine d’années. Fleischer est juif et ça se ressent dans certains passages du livre. J’aime d’abord sa grande originalité et cette grande histoire d’amour. J’adore l’écriture. Je l’ai relu sans passer une seule ligne. Il a un imaginaire incroyable qui tend vers la folie. On est dans ses fantasmes. La première partie est riche, foisonnante. Ce qui m’intéresse le plus c’est la question de la mort, du vieillissement et la castration par rapport au désir. Peter a à faire avec l’impossible. Il va essayer d’inventer quelque chose, pervers au sens du mécanisme : il sait bien que la femme qu’il aime va vieillir, et il va organiser quelque chose pour ne pas la voir vieillir. Au début, le fait que l’on soit jeune ou vieux c’est pareil, on est hors du temps, il y a beaucoup d’amour par rapport à tous les personnages. Il s’agit aussi de castration : dans la vie il y a des choses impossibles et il faut l’accepter. Peter dénie la castration, l’impossible, le vieillissement, la mort. Elle, elle l’aime et le suit dans sa folie, puis elle va changer de position en voyant le film Casablanca. Elle part au Mexique et décide de ne pas revenir.
Fleischer est aussi un grand artiste photographe.



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