Quatrième de couverture :
Partisan de la position allongée, Oblomov ne trouve le bonheur
que dans le sommeil. Ni son ami Stolz, incarnation de l'énergie
et de l'esprit d'entreprise, ni la belle Olga avec qui se nouera l'embryon
d'une idylle, ne parviendront à le tirer de sa léthargie.
Entreprendre et aimer sont décidément choses trop fatigantes.
Grand roman de murs, Oblomov offre une satire mordante des petits
fonctionnaires et des barines russes. La première partie du texte
constitue un véritable morceau de bravoure, irrésistible
de drôlerie, décrivant les multiples tentatives toutes vouées
à l'échec d'Oblomov pour sortir de son lit.
La profondeur du roman et la puissance du personnage n'ont pas échappé
à des philosophes comme Levinas. L'inertie du héros est
moins une abdication que le refus farouche de tout divertissement.
L'humour et la poésie sont au service d'une question que Gontcharov
laisse ouverte : et si la paresse, après tout, était moins
un vice qu'une forme de sagesse ?
À savoir
:
Publié en 1859 en Russie, Oblomov paraît :
- en 1889, chez Perrin, avec une première traduction française
signée P. Artamov et Charles Deulin, excluant des chapitres entiers
du texte original
- en 1926, chez Gallimard, dans une traduction également très
abrégée d'Hélène Iswolsky
- en 1946, aux éditions La Boétie de Bruxelles dans une
première traduction intégrale du roman, par Jean Leclère,
rééditée en 1969, illustrée, par le Cercle
du bibliophile
- en 1959, au Club français du livre, dans une traduction d'Arthur
Adamov, alors considérée comme intégrale ; quand
au début des années 1980, les éditions Gallimard
rééditent cette version tronquée dans Folio, leur
collection de poche, elle est la cible de vives critiques ; en effet,
cette édition ne met en évidence que le côté
paresseux du héros et supprime une bonne partie de la fin du roman :
c'est toujours cette version controversée qui est au catalogue
de Folio
- en 1988, aux éditions L'Âge d'Homme, avec une nouvelle
traduction intégrale de Luba Jurgenson ; cette traduction
est reprise par le Livre de poche, en 1999 :
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Ivan Gontcharov
Oblomov
Nous avons lu ce livre en novembre 2013.
Françoise D
Au début, de lennui. Une impression de théâtre :
unité de lieu, unité de temps. Puis, en définitive,
je me suis habituée. Le rêve avec un défilé
de personnages, cest assez marrant. On retrouve son enfance, le
domaine. Là, on sort de la chambre.
(La pauvre Françoise a acheté sur internet le livre dans
lapplication Kindle sur Amazon. Il ny aurait que la première
partie. Le livre serait tronqué. Remboursez !)
Monique S
Jai proposé ce livre lu il y a 15 ou 20 ans. Cest une
de mes trois grandes lectures russes. Jai été émerveillée
par la typologie du personnage. Jétais avec lui car cest
très bien détaillé. Ce nétait pas lère
de la psychologie... On parlerait peut-être maintenant de dépression.
Le livre montre un aspect important de la vie humaine : je ne suis
pas proche dOblomov, mais chacun a sûrement un petit côté
dOblomov. Cest une étude fouillée du comportement
humain. Cest triste mais aussi très drôle. Jai
oublié les détails. Je me souviens dOlga et jai
cru à cette relation puis Oblomov retombe dans lasthénie.
Françoise
Jai adoré le serviteur.
Monique
Sans ce personnage, Oblomov mourait.
Claire
Je déteste les gros livres. Assez vite, devant les répétitions,
le comique de répétitions, jai eu une espèce
de découragement ; ça va pas durer comme ça
tout le volume ?! Mais jétais sensible à ce jeu
des personnages de Beckett comme dit la préface, on se croirait
en effet dans En attendant Godot avec les sketches tragi-comiques
dOblomov et de son serviteur. Et puis la rencontre avec Olga est
dun romanesque... et là, jai été emportée.
Jai adoré ce livre. Je le retrouvais avec du plaisir. Je
comprends que ce livre soit un classique. Les Russes se sentent encore
plus concernés par ce personnage, paraît-il.
La biographie de lauteur, la préface et la postface sont
passionnantes : un écrin qui met en valeur le texte.
Il y a toute une palette de personnages très divers, Olga est originale.
La femme qui aime Oblomov est aussi un beau personnage. Au milieu des
événements, il y a des réflexions sur les personnages,
fluides, intéressantes. Je suis enthousiaste.
Patricia
Au départ, il y a un aspect ennuyeux comme si le romain se montrait
aussi "paresseux". Le livre est composé comme une sorte
de cercle, de cycle. Oblomov représente la Russie profonde. Les
noms sont particuliers : Stolz : "fier", Oblomov :
"carré, brisé".
Jai beaucoup aimé le livre, très intéressant.
La partie qui ma le plus intéressée est la 4ème
partie, mais je nai pas fini.
Jacqueline
Je nai pas terminé, jai lu aux deux tiers. Au départ,
jétais peu séduite, avec ces descriptions à
la Balzac. Puis jai été gagnée par le sommeil
dOblomov. Le rêve est passionnant. Jaime bien aussi
Stolz. Il y a quand même plein de rebondissements. Je vais poursuivre
car jaime bien.
Manon
Jai craint la longueur. Mais ensuite jai adoré. Cest
mon premier roman russe. Je déteste Stolz qui donne des leçons ;
il se place comme modèle. Il se marie avec Olga la femme quaimait
son ami.
On est tous imparfaits. Et Olga aimait Oblomov comme il était,
en robe de chambre. Je trouve passionnante la complexité dOblomov.
Je me suis beaucoup attachée à lui, plus quà
Olga, plus quà Stolz. Tout le monde lui fait la morale mais
Oblomov vit sa vie, à sa façon ; il est formaté
cependant par son enfance. Cest aussi une satire de la société
de lépoque. Je suis contente de lavoir lu et découvert.
Je ne laurais jamais lu sans le groupe.
Séverine
Jai aussi énormément aimé. Oblomov est un grand
personnage attachant car il ne demande rien. Il vit selon ses idées.
Il nen souffre pas. Cest limage des autres qui le renvoie
à une incapacité. Il ne fait rien. Il ne travaille pas.
Il nest pas soucieux de ce qui lentoure. Même sur le
plan de lhygiène. Jai beaucoup aimé. Aujourdhui
je me demande comment son genre de vie serait accepté.
Mireille
Pour moi, Oblomov ne fait pas rien. Il est dans une jubilation de sa paresse
qui est volontaire, quil défend et explique de façon
passionnante auprès de Stolz (pages 234 à 249). Il pourrait
mourir mais Stolz le bouscule, le réveille, lui présente
Olga. Il est riche dune vie intérieure. Il est le "double"
de ses parents. Le cordon nest pas coupé. Il est "captivant".
Les autres personnages mettent en valeur sa façon de concevoir
sa vie. Je nai pas aimé le badinage dOlga mais qui
permet à Oblomov de se réaffirmer dans sa position oblomovienne.
Jai trouvé la fin très belle avec Agafia qui est intéressante
aussi. Tellement aimante, si simple, si peu intéressée.
Jai énormément aimé le livre dune grande
richesse.
Muriel (qui na pas lu le livre)
Cest quoi "son rien" ?
Oui, jai envie de le lire
Marie Thé
J'ai un peu la flemme (genre Oblomov ?), mais j'y vais. J'ouvre ce
livre à moitié. (J'ai lu un peu plus de 300 p. seulement
faute de temps). Je dirais que c'est un livre qui a tout pour être
ennuyeux et qui pourtant ne l'est pas. J'ai aimé me plonger dans
"cette Russie patriarcale du XIXe siècle", avec ces personnages
"victimes incurables qu'ils sont des formes du passé"
(cf. début préface). Mais on voit poindre la fin d'un monde
ici.
C'est très théâtral, Guillaume Gallienne a d'ailleurs
interprété Oblomov cette année au théâtre.
Claire
Je lai vu ! Cétait formidable !
Marie Thé
J'ai assez aimé le songe d'Oblomov, l'évocation du monde
de l'enfance, cette contrée merveilleuse où tout n'est que
douceur. J'ai pensé à Tolkien, à La Comté,
chez Bilbo le Hobbit. A Oblomovka, la maison et la maisonnée sont
protectrices, il ne faut pas trop s'en éloigner, plus loin, c'est
le monde des ténèbres. Plus tard, Oblomov se réfugie
dans sa chambre, "protégé" de l'extérieur,
inactif dans ce cadre protecteur, un peu comme autrefois les siens à
Oblomovka, souvent victimes de ce "sommeil invincible et tout puissant".
Les histoires racontées par la nourrice à l'enfant occupent
une grande place, même si toute réalité y est évitée.
Plus tard, Oblomov "déplore que le conte ne soit pas la vie
et la vie un conte". A noter le fort pouvoir du conte sur tous et
pour toute leur vie. Plus tard, pour Oblomov, croyance aux fantômes
disparue, mais peur et angoisse indéfinie. J'ai aussi pensé
à Combourg, à Lucile...
Là où je suis arrivée, seule l'amitié fraternelle
de Stolz et l'amour (pour Olga) réussissent à bouger Oblomov.
Stolz, pour qui "il est compliqué et difficile de vivre simplement."
" Les extrêmes opposés, même s'ils ne font pas
naître la sympathie...ne l'empêchent nullement."
Pas le temps de continuer...
AVIS DU GROUPE BRETON "Voix
au chapitre"
Ils étaient 12 chez Marie-Claire, avec vodka;
Cotes d'amour : 1 : entier, 6 : 3/4, 3 : 1/2, 2 : 1/4
et 1 : refus de se prononcer.
Donc, des aficionados, séduits par :
- l'écriture classique, les dialogues alertes
- l'omniprésence d'une nature douce et protectrice
- les personnages complexes, touchants - de très beaux
portraits -, fine description psychologique
- leurs relations : valets et maîtres "à la Molière",
valets entre eux, amoureux /amoureuses
- une peinture de la société russe en plein changement
(chaque classe sociale, avec ses rites, ses contraintes, ses règles
dont les membres restent prisonniers toute leur vie)...
- de l'humour, de la drôlerie (par exemple le monde des fonctionnaires),
pas d'ennui, malgré le peu d'action ; un récit hypnotique
qui maintient en haleine ...
- l'éloge de la lenteur, de la paresse
- les réflexions très actuelles sur la vie, l'investissement
dans cette vie, l'éducation, l'amour, la condition humaine
- l'importance de l'amitié et de l'amour (les deux seuls sentiments
susceptibles de sortir Oblomov de son inertie)
- le portrait des 2 femmes "chargées de mission d'éveil
au désir" auprès d'Oblomov
- la place de l'imaginaire, de l'obscurantisme dans l'éducation
russe (qui formatent l'adulte de demain
Un roman fort et dense.
Des réserves, tout de même !
- une indolence épuisante
- une lenteur gavante
- un "récit tsé-sté" très efficace...
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