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Jean-Claude Izzo
Total Khéops
Nous avons lu ce livre en mars 2014.
Françoise D
Je nai pas grand-chose à dire, je nai pas beaucoup
aimé. Cest daté, bien que paradoxalement le contexte
puisse sembler toujours dactualité. Jaime beaucoup
les bons polars, cest-à-dire ceux qui membarquent et
qui de plus reproduisent bien le contexte social ou historique du pays
où se passe laction (cf. Les polars scandinaves, mais aussi
certains américains). Mais là, Izzo use et abuse de tous
les poncifs et clichés du polar, le détective seul contre
tous, son rapport avec les femmes, ses conquêtes, mais finalement
toujours seul, etc. Et puis tous ces détails sur la topographie
de Marseille ma lassée, cest très bien pour
qui connaît Marseille, mais les autres... Cest comme Léo
Malet dont chaque bouquin se passe dans un quartier particulier de Paris ;
cest amusant si on connaît, mais sinon ça ne parle
pas au lecteur. Ça se traîne.
Du coup, je signale un bon policier (à mes yeux) : Cadres
noirs, de Pierre Lemaître qui a eu le dernier
Goncourt bien ancré, lui, dans nos problématiques
sociétales actuelles, et haletant.
Claire
Je ne lis pas de polar. Jeune, jai lu Agatha Christie, jai
lu Millenium
qui ma plu, mais un tome m'a suffi ; jai adoré
La
Reine des pommes quon avait lu dans le groupe. Je suis donc
ignorante. Et ces intellectuels qui adorent les polars me sont mystérieux.
Le narrateur est sympathique, un peu post-soixante huitard qui a la nostalgie
des frasques avec ses copains (qui eux ont mal tourné). Je nai
pas capté lintrigue et ça nen finit pas. Cest
vrai que cest actuel avec les mêmes affaires mafieuses. Je
trouve que cest parfois limite par rapport aux filles, au racisme.
Daprès ce que jai lu sur le site de son fils qui entretient
le culte pour son père, il y a une dimension autobiographique.
Jai donc eu un intérêt très relatif...
Jacqueline
Je lavais lu quand il était sorti, c'est-à-dire il
y a longtemps, et je lavais complètement oublié. A
lépoque je passais 15 jours par an à Marseille et
javais aimé lévocation du lieu, mais je nai
aucun souvenir de lintrigue qui me paraissait un peu compliquée.
A la relecture sur le Panier, cétait déjà plus
comme ça il y a 20 ans. Cest "sympa" vis-à-vis
des immigrés mais on ne lit pour trouver un truc sympa...
Liz (australienne, qui vient pour la première fois dans le groupe)
Cest mon premier livre en français et je lai beaucoup
aimé. A Noël jai rencontré un Marseillais ma
dit que je ne devais pas aller à Marseille, que je me ferai attaquer...
Avec ce livre jai découvert un langage différent de
la "langue de Molière", un nouveau vocabulaire. Jai
trouvé intéressantes les relations damitié,
les obligations familiales, la distinction entre amitié et amour.
Pour moi cet esprit "français" est très différent
de ce que jai lu jusquà présent.
Mireille
Je suis retournée en novembre à Marseille que je navais
pas vu depuis 30 ans. Je ne lis pas de romans policiers mais je vois beaucoup
de films policiers. Jai bien aimé. Cest une lecture
facile, avec des personnages ont beaucoup dhumanité, les
"racines" des immigrés, leur enfance. Jai aimé
Lol, sa sensualité, son appartement, et Honorine et ses plats.
Je nai pas compris lintrigue, cest trop compliqué.
Il y a de la nostalgie. Jai aimé cet anti-héros ;
il dit des choses intéressantes sur lamitié, lamour.
Geneviève
Je lavais déjà lu et je lavais aimé.
Quand jétais documentaliste en lycée professionnel
je trouvais ce livre intéressant pour le public issu de limmigration.
Les problèmes étaient déjà là. Sans
connaître Marseille, jai bien suivi les lieux géographiques.
Mais jai été gênée par les types féminins :
la maman, la sur, la putain... Lintrigue est compliquée
mais jai eu plaisir à la relire. Ce nest pas un grand
auteur de polars, mais il est attaché à Marseille, il fait
découvrir sa ville.
(Geneviève fait une très belle défense du polar
en général, comme évocation dun milieu, dune
ville, etc.)
Manon
Je lai lu à Marseille pendant les vacances de Noël et
je suis allée sur les lieux. Je naime pas les polars en général,
mais jai aimé ce livre, mais pas pour les bonnes raisons :
lécriture est peu intéressante et lintrigue
non plus. Lintérêt de ce livre cest Marseille.
Jai lu la trilogie et je suis passionnée par létude
sociologique. Je me sens concernée par les origines des immigrés.
Mais quelle quelles soient, tout le monde se retrouve derrière
lOM. On est marseillais avant dêtre dune origine
ou une autre. Jai adoré Honorine qui parle comme ma grand-mère.
Je suis allée exprès manger une pizza aux soupions... si
un jour je déménage, je retournerai vivre à Marseille.
(Manon nous a apporté des tas de choses à manger et à
boire de Marseille
)
AVIS DES BRETONS (11)
Cotes d'amour :
- 1, ouvert en entier
- 1, ouvert entre 3/4 et entier
- 5, ouvert aux 3/4
- 3, ouvert à moitié
- 1, ouvert au 1/4
CE QUE NOUS AVONS AIMÉ
- un livre militant qui souligne l'engagement politique de l'auteur
(cf. biographie)
- un bouquin d'atmosphère (relation amoureuse entre l'auteur
et la cité phocéenne) : Izzo nous propose une plongée
en profondeur au cur de la ville...
- Marseille, personnage principal de ce livre :
son histoire
son évolution
la description physique, sociale des
différents quartiers, l'analyse de leur évolution (livre
écrit en 1995 !),
l'immigration (difficultés
dintégration), analyse des mécanismes du racisme exacerbé
par la crise, la misère et le désespoir des jeunes sans
avenir... un melting pot qui fut un atout...
la collusion des mafieux (description
du Milieu), de la police et des politiques, le F.N. (la peur entretenue),
la violence, la proximité permanente de la mort, la drogue, l'alcool...
de belles et justes descriptions de
la vie quotidienne des Marseillais (odeurs, couleurs, saveurs, les cabanons,
les calanques, etc.)
- récit rythmé où les différents niveaux
de langage fonctionnent bien
- les titres des chapitres
- les personnages très crédibles, vivants, attachants,
en particulier Fabio Montale (inspiré en grande partie de l'auteur),
son goût pour la cuisine, sa solitude, ses failles relationnelles
avec les femmes, sa fragilité, ses doutes, tous ses problèmes
existentiels, etc.
- un livre noir mais qui traite aussi damour, de tendresse,
d'amitié, de solidarité et d'humour...
- un livre où la poésie, la musique, la littérature
sont très présentes et viennent en contre-point de la violence
extérieure
- de beaux portraits de femmes, même s'ils sont parfois un
peu typés
- la figure du père
- un livre émouvant qui pourrait être plaqué,
aujourd'hui, sur toutes les grandes villes.
CE QUE NOUS AVONS MOINS APPRÉCIE
- un policier "raté", l'intrigue policière
semble être le prétexte pris pour cette présentation
globale de Marseille
- une intrigue bien mince, peu captivante
- la violence, stressante
- la complexité des relations et de l'action
- perte d'intérêt si l'on ne connaît pas Marseille.
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