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Selma Lagerlöf
Le cocher
Nous avons lu ce livre en décembre
2014.
Le groupe parisien n'a lu que Le cocher, les groupes
bretons ont lu aussi La légende de Gösta Berling.
Monique S
J'ai lu Le cocher jusqu'au bout, c'est bien écrit, mais
cela m'a ennuyée. C'est édifiant, moralisateur, avec le
côté que je n'aime pas dans la religion, avec la femme qui
doit sauver son mari qui boit et qui a commis un péché en
le quittant. Cela évoque Victor Hugo, Dickens. Il n'y a pas de
surprise qui nous emmène ailleurs. J'ai apprécié
la description fantastique de la mort, la vieille sur la route qui voit
cet attelage bizarre. Le film m'a évoqué Murnau.
Monique D
Je n'aime pas les contes et les légendes. Pourtant, malgré
les difficultés des premières pages, je me suis laissé
emportée par la très belle écriture de l'auteure
et l'imaginaire que cela a évoqué pour moi, notamment à
partir de la figure du cocher qui s'empare des défunts. J'ai pu
lire ce roman jusqu'au bout car j'attendais toujours autre chose, un mystère.
Malgré tout, je trouve ce conte très noir et angoissant
et son côté trop chrétien m'embarrasse
Manuel
Comme Monique, je souligne le côté moralisateur et chrétien.
Mais le livre bien mené m'a tenu en haleine. J'ai aimé le
côté fantastique, le passage ou la mort croise la vieille
femme et ne la prend pas. J'aime les contes fantastiques. Cela m'évoque
La vie est belle de Capra où au contraire le héros
est aimé de tout le monde. J'ai aimé la description de la
nuit éternelle, le temps n'a pas la même durée. Et
la tuberculose qui arrive comme une punition divine.
Maureen
Je l'ai lu il y a déjà longtemps. Il y a une visée
moralisatrice autour de la repentance. J'ai trouvé cela largement
ennuyeux, il n'y a pas assez de péripéties et cette mort
d'Édit qui n'en finit pas... Rencontre du frère avec Bernard,
rencontre avec la vieille dans la tentative de suicide sont les moments
phares, mais avec un manque de détails. Il y a de belles expressions
: la grande liberté inaliénable, les pensées lentes
et les yeux fermés, ainsi que la prière de nouvel an du
cocher.
Manon
C'est un livre petit mais long, long, long. Je l'ai lu car c'était
pour le groupe. Je n'ai pas accroché au style plat, aux personnages
plats. La rédemption, cela ne me parle pas. Il y a de jolis moments,
mais le petit handicapé c'est trop facile. Quelques excuses en
raison de la date (1912), mais justement c'est daté
C'est
un conte qui ne fait même pas peur.
Claire entre et
J'ai aimé le fantastique, avec même ce côté
amusant : les personnages sont invisibles en présence des
vivants. J'ai regardé dans le film de 1921 juste comment était
rendu cette présence des personnages de la mort - c'est très
beau avec l'impression de transparence. Il y a du suspense et j'ai lu
le livre sans aucun ennui ; mais l'aspect moral m'a semblé
pompant. L'écriture a une force je trouve qui s'impose. Oui à
la formule finale : "puisse mon âme arriver à maturité
avant qu'elle ne soit moissonnée". J'ai aimé le discours
de Selma Lagerlöf pour le Nobel
Monique S
cohérent avec son uvre
Claire
où elle cite tes tas de noms qu'on ne connaît pas
qui ont contribué à sa formation
Monique L
... j'ai suivi les liens que tu avais mis et c'est vrai qu'on ne les connaît
pas
Claire
Cependant je me demande si ce livre est bien choisi dans l'uvre
de cet auteur.
Françoise
C'est ce que je pense.
Claire
J'aurais aimé lire Le merveilleux voyage de Nils Holgersson
à travers la Suède, une commande à S.Lagerlöf
pour faire découvrir leur pays aux petits Suédois, ce qui
m'aurait permis de le découvrir, mais le livre est énorme.
Les groupes bretons ont opté au choix pour Le Cocher ou
Gösta Berling : c'est un livre très différent,
très enlevé ; il se trouve que j'avais ce livre "dans
ma chambre d'enfant" sur une étagère de profil face
à mon lit et donc l'image de cette couverture-là :
s'est imprimée en moi
Danielle
Prise par le temps, je n'ai pas été jusqu'au bout. J'aurais
aimé davantage de poésie. J'ai pensé à Andersen
avec La Petite fille aux allumettes et la tuberculose rappelle
La Dame aux camélias. Le style ne me plaît pas, mais
j'ai aimé les images. Celles de la mort sont bien trouvées
mais un peu ampoulées.
Rozenn
J'ai eu du mal à trouver le livre, le libraire voulait me vendre
les uvres complètes... Mais finalement je l'ai lu et je l'ai
adoré. J'aime les contes et là, la religieuse qui aime le
mauvais garçon... j'adore ! Et ce n'est pas édulcoré.
J'ai aimé les images de la mort. Ce qui m'a frappée, c'est
comment le film substitue des images aux images personnelles, avec les
cartons en suédois. J'ai beaucoup aimé le style, le film
ne rend pas toute la subtilité de l'écriture. C'est extraordinaire,
audacieux. Je veux en lire d'autres et je regrette de n'avoir pas cédé
au libraire
Mireille
Je n'aime pas le thème de la rédemption et je n'ai pas aimé
le style ; l'écriture est classique. J'ai regardé le
film que j'ai beaucoup aimé - j'aime beaucoup les films
en noir et blanc, muets (j'ai vu le film avec des cartons en français).
Du coup, j'ai du mal à distinguer le film et le livre. Dans le
film on voit tout de suite qu'Édit est amoureuse de David Holm
contrairement au livre, qui est daté ; ce n'est pas le genre
que j'aime, mais le metteur en scène s'est saisi admirablement
de son contenu, c'est vraiment un film magnifique qui rachète le
livre d'une certaine manière.
Françoise D
Je n'ai pas du tout accroché, c'est daté, lourd, chiant,
ça se traîne comme la charrette... Je vous fais remarquer
qu'Édit n'est pas religieuse, il s'agit de l'Armée du Salut
et je trouve qu'au contraire il y a une critique dans le livre : les pauvres
sont méprisés et l'auteur a du recul par rapport à
ceci. J'ai aimé le passage de la vieille qui veut monter dans la
charrette
mais non ! Le reste, on n'y croit pas. La rédemption
finale ne me plaît pas. Tout est traité de manière
poussive. Et il y a des maladresses de traduction. J'aurais aimé
qu'on lise Nils Holgersson. Ce n'est pas un livre pour le groupe
de lecture de Noël, mais c'est une découverte.
Lisa
J'ai adoré. En principe, je n'aime pas le fantastique. Oui, il
y a de la morale, mais cela ne me gêne pas. J'ai aimé, sans
savoir pourquoi. J'ai aimé aussi son discours du Nobel. J'ai aimé
la fin "puisse mon âme arriver à maturité
avant qu'elle ne soit moissonnée".
Monique L
J'ai été gênée par le coté moral et
très chrétien. J'ai aimé être à la limite
du fantastique et du surnaturel. J'aime moi aussi ces vieux films et j'avais
vu le film de 1921 dans ma jeunesse dans un ciné club. Je mélange
ma lecture et le film et suis incapable de parler uniquement du livre.
J'ai été surprise par la rédemption finale. Le livre
a vieilli, mais ce n'est pas gênant. La description de la Suède
populaire du début du siècle m'a intéressée.
C'est une lecture facile.
Brigitte ou
J'avais lu Nils Holgersson il y a extrêmement longtemps.
J'ai aimé ce que Katell en avait dit dans un
mél au groupe. J'avais vu le film, mais sans traduction française.
J'ai lu le livre, puis ce jour j'ai regardé le film avec les cartons :
j'avais oublié la fin, je suis revenue au livre. Ce n'est pas le
même texte - mais Jacqueline a l'explication, il y a deux traductions,
celle que nous avons et l'autre, antérieure. Pour ma part j'ai
fait du bénévolat et je me souviens d'une session d'un jour
avec l'Armée du Salut - il y avait une commandante aussi et je
me rappelle le repas, très minimaliste... : ce n'était
pas comme l'appartement du secrétaire général de
la CGT
C'est vrai que ça a vieilli, à la Dickens ;
on peut ne pas aimer le gars qui va cracher sa tuberculose sur ses enfants...
On peut penser aussi que le livre a justement pour thème les motivations
du bénévolat. Elles passent la nuit à recoudre la
veste, puis il la déchire.
Rozenn (en furie)
Elles prétendent savoir ce qui est bon pour l'épouse !
Brigitte
Laisse-moi parler !
Rozenn
Elles prétendent savoir ce qui est bon pour l'épouse
Brigitte
Elles croient en effet qu'elles savent ce qui bon pour les autres et espèrent
le changer. C'est justement moderne d'analyser les motivations du bénévolat
et l'analyse est d'une grande finesse : en cela je trouve le livre
intéressant. Je n'aime pas le fantastique, mais ici c'est bien
et cela aurait pu même être développé. Et la
scène avec les trois types au cimetière ! J'aurais
aimé me promener dans cette charrette pendant 100 ans. J'ai moins
d'appréhension de la mort après la lecture du cocher.
Jacqueline
: pour
l'ancienne traduction,
pour la plus récente
J'ai emprunté le livre dans une bibliothèque, l'ai trouvé
un peu long, mais très très intéressant. Il m'a renvoyé
tout le temps à la morale scolaire, par exemple sur l'alcoolisme :
Cette morale scolaire que je trouve révoltante m'apparaît
ici amusante. En fait, ce n'est pas si moralisateur que ça, de
même en ce qui concerne la rédemption : ce n'est pas
une rédemption religieuse. J'ai été surprise par
la fin, je ne m'attendais pas à ce que David revive, retravaille,
ne boive plus
J'étais mitigée, mais c'est un vrai
conte de Noël. J'ai prêté mon livre à Monique
S et j'ai alors trouvé un exemplaire plus ancien qui s'appelle
Le charretier et la mort : dont la traduction est bien meilleure.
Claire
Tu peux nous donner un exemple ?
Jacqueline
Voici les premières
lignes :
Denis
C'est un document. J'ai été accroché par la temporalité
très particulière dans le monde des morts : le cocher est
toujours là à temps, sans se dépêcher. Je n'ai
pas regardé le film pour pouvoir profiter des images personnelles
certains éléments sont irreprésentables par l'image :
par exemple les grincements intolérables de la charrette. J'ai
appris qu'en 1921 les Suédois étaient à la pointe
du cinéma à cette époque et dans ce film avec l'utilisation
du procédé de la "surimpression". J'ai aimé
la révélation progressive de l'amour d'Édit pour
David Holm. J'ai aimé les monologues de David Holm. J'ai eu un
souci avec la cohérence de sa condition : est-il attaché
ou suit-il de son plein gré ? J'ai feuilleté Gösta
Berling qui est effectivement très différent, loin du
puritanisme du Cocher et avec beaucoup de rythme.
Annick A
J'ai beaucoup aimé ce livre. D'une part j'avais l'impression d'avoir
7 ans et qu'on me racontait une histoire. Mais la traduction et très
mauvaise, certains passages sont à peine du bon français.
Je n'ai pas été gênée par ce qui est présenté
de la religion. Je suis tout à fait d'accord avec Brigitte, c'est
une critique de la charité, du bénévolat. J'ai aimé
le personnage de David Holm qui est mauvais et qui cherche le mal pour
le mal. Édit a le désir de sauver le monde, y compris de
rattraper David Holm : c'est le pire des hommes qu'elle aime ; elle
le remet en ménage avec sa femme qui avait réussi à
se libérer de lui : la bénévole remet ainsi
le mari en situation de martyriser sa femme ! J'ai aimé la
dimension du conte et suis un peu déçue par la fin.
AVIS sur Le cocher DU GROUPE "VOIX
AU CHAPITRE PONTIVY"
réuni le 10 décembre 2014
(Laurence, Nancy, Édith, Françoise, Nicole, Sophie et Lil)
Cotes d'amour :
1 avis:
2 avis:3
avis:entre
et
1 avis:1 avis:
Ce que nous avons aimé
- l'écriture : un grand plaisir de lecture ;
- l'imagination débordante de S. Lagerlöf, un suspense maintenu ;
- le genre : conte qui n'est pas sans rappeler l'ankou
(personnage breton qui personnifie la mort) ;
- la peinture sociale de l'époque (le regard critique de l'auteure
féministe ?), un récit qui résonne encore aujourd'hui ;
- les portraits, caricatures drôles ;
- les personnages de plus en plus intéressants au fil des chapitres
(identification à Sur Édit pour l'une des lectrices
qui a apprécié la morale de ce conte) ;
- de belles réflexions sur la mort.
Ce que nous n'avons pas aimé
- l'ambiance religieuse très prégnante ;
- la morale et les bons sentiments dégoulinants ;
- le va-et-vient du récit qui complique la lecture ;
- le genre, indifférence à l'histoire, aux personnages ;
- le ton désuet.
AVIS sur La légende
de Gösta Berling
des groupes VOIX AU CHAPITRE MORBIHAN et PONTIVY
réunis les 9 et 10 décembre 2014 (Chantal,
Claude, Marie-Odile, Lona, Mone, Mariethé, Marie-Claire, Nicole,
Nancy, Édith, Lil, Laurence, Nancy, Françoise, Sophie)
Cotes d'amour
3 avis:
3 avis:
2 avis:entreet1 avis:
Ce que nous avons aimé
- le genre : légende, conte ou saga (rappel des légendes
bretonnes, de la tradition orale...) ;
- le mélange du réel et de l'imaginaire, le magique, le
merveilleux, le surnaturel : très jouissif !
- le récit très vivant, très joyeux : ses multiples
rebondissements qui maintiennent suspense et intérêt ;
un récit plein de fantaisie et de vérités !
- le style talentueux de S. Lagerlöf qui passe d'un registre à
l'autre avec tant d'aisance ; magnifiques descriptions de la nature, des
objets ; des portraits cocasses et/ou tragiques, des personnages
bien réels, déroutants, attachants, au cur d'histoires
individuelles fortes ; toutes les facettes humaines représentées
: la commandante est une belle figure féminine (toutes ses prophéties
- p.45 - se sont réalisées !) ; des personnages
à la Bruegel ;
- une peinture de la société de la fin 19ème, en
Suède : les diverses classes sociales, la religion omniprésente,
la condition des femmes, les activités, les traditions, les croyances,
les forces invisibles, la lutte entre le bien et le mal et la victoire
édifiante du bien qui illustre les valeurs morales en vigueur ;
l'atmosphère : paysages, faune, flore, climat... ;
- le thème récurrent du pouvoir et de la chute.
Bref, ce pasteur alcoolo, paillard, fêtard et désuvré
en aura séduit plus d'une ! MAIS, la morale est sauve :
au fil des chapitres, l'indigne se sera amendé et rentrera finalement
à sa "juste" place. Tout est bien qui finit bien !
Nous avons, dans l'ensemble, été heureuses d'avoir pu lire
ce livre à cette période de l'année. On peut voir
sur Internet le film muet de 1923 : Gösta
Berling !
Ce que nous avons moins aimé
- un livre à lire chaque soir, chapitre après chapitre :
sa lecture ininterrompue constitue un handicap ;
- récit touffu, dense, confus : une lecture compliquée
; mélange des temps passé, présent ;
- le côté très moralisateur (même s'il appartient
au genre !) : les Cavaliers, entre autres personnages, sont là
pour démontrer que dans "cette" société,
on ne peut faire l'impasse sur l'utile, le prudent et le sage !
- un peu trop de rebondissements... : récit plus court bienvenu !
- l'atmosphère suédoise mal restituée.
Nos cotes d'amour, de
l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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