Extrait du site wikimedia :
A Berlin
(extrait du site wikimedia) :

Texte en ligne
(traduction 1938) : ICI


Quatrième de couverture : Est-il si important d’avoir une ombre? Le jeune Peter Schlemihl, désargenté, n’hésite pas à vendre la sienne à un singulier personnage en habit gris en échange d’une bourse magique inépuisable. Tout à son nouveau statut d’homme fortuné, l’ingénu ne tarde pas à se rendre compte qu’il a scellé un pacte avec le Diable.

Vendre son âme au Diable… un des thèmes fondateurs du romantisme allemand, à découvrir dans ce texte pétillant d’une étonnante modernité.

 

Adelbert Von CHAMISSO
L'étrange histoire de Peter Schlemihl ou l'homme qui a vendu son ombre

Nous avons lu ce livre, dans le cadre de notre quatrième Semaine Lecture en Bretagne, le 30 juin 2016.

Il s'agit d'un "classique" non sans rapport avec un mythe :
c'est pourquoi nous avons ce jour-là visité un site gallo-romain, à Locuon, guidés par Jean-Paul Éludut, président de l'Association d'archéologie de Bretagne centrale.
Il s'agit aussi d'un univers merveilleux où la magie agit :
c'est pourquoi c'est ce jour-là que Jean-Paul Éludut, également sourcier, nous a initiés à la "sourcellerie" ; à des niveaux divers, selon qu'il s'est agi d'utiliser pendule, baguettes de bois ou de métal, la réussite à été de 100% !
Schumann a mis en musique des poèmes de Chamisso : les textes des deux lieder que nous avons écoutés, chantés pour nous : ICI

Des éléments documentaires sur Chamisso et son livre figurent en bas de cette page.
Fanny (avis transmis de Paris)
Ce livre est pour moi une belle découverte, d'autant plus qu'il ne s'agissait pas de mon premier choix parmi la sélection de la semaine. Le thème est classique mais traité je trouve avec subtilité et profondeur. L'évocation de l'ombre est propice à une dimension métaphorique de la lecture, les interprétations sont multiples. L'ombre est-ce l'âme, la part d'humanité, le psychisme, la spiritualité... ? Les descriptions qui jouent sur clair-obscur, en particulier lors des rencontres amoureuses du narrateur, viennent soutenir le contenu du roman (par exemple au chapitre 4 p. 36 en Folio : "devant la portière de la voiture apparut, vêtu de blanc, un chœur de jeunes filles d'une rare beauté, mais dont l'une éclipsait les autres comme le soleil éclipse les astres de la nuit").
Le narrateur résiste à la tentation de céder son âme au diable au prix de renoncer à vivre parmi les hommes. Il se retrouve alors en harmonie avec la nature à travers une vision assez romantique qui m'a rappelé les lectures de Rousseau au lycée. Ce roman a, je trouve, également une dimension fantastique, avec dès le début la description de la figure du diable comme un homme mystérieux qui tire tellement d'objets de ses poches, ou encore l'évocation des bottes de sept lieues sur la fin du récit.
J'ai également beaucoup apprécié le style d'écriture et le rythme de ce roman : il est bref et ferait presque penser au format d'une nouvelle, ce qui aurait pu empêcher l'auteur de développer les thématiques ; mais je trouve au contraire que cette densité donne de la puissance au texte. J'ai été sensible à la composition des phrases, longues et avec une certaine emphase qui accompagnent les pérégrinations du narrateur. J'ai trouvé également inventif que le narrateur s'adresse à l'auteur. A relire ? J'ouvre en grand !
Lil
Le thème est connu (le mal), comme ce genre de bouquin. L'ombre qui est roulée, c'est joli. Mais la métaphore ne tient pas la route. L'écriture m'a retenue, et quelques trouvailles : le nid par exemple. J'ouvre ¼ pour l'écriture.

Françoise G
Je l'ai lu à moitié, et avec beaucoup de plaisir, j'aime beaucoup l'écriture. J'irai jusqu'au bout car j'aime bien ce délire. (Voir la suite deux mois plus tard.)

Manon
C'est du vu et du revu ailleurs. Ca reprend les clichés, avec en plus les bottes de sept lieues, avec donc deux histoires : quel lien entre elles ?! Il perd son ombre et trouve le savoir. J'ai pensé au mythe de la caverne : sous terre, on trouve le savoir. Il réfléchit et hop part sur une découverte. Il y a deux livres en un. La confusion est originale ; mais ça m'ennuie, la lecture est pénible.
Annick L
J'ai fait des études d'allemand et j'avais l'impression mais seulement l'impression de connaître cette histoire. Je suis désolée mais l'ombre c'est original et non rerevu lorsque le livre a été publié. J'ai été heureuse de lire cette histoire connue et je suis partie pleine de bonne volonté. J'aime beaucoup l'écriture datée, fleurie. L'ombre est traitée de façon concrète, coupée, roulée. Et il y a ce romantisme avec Mina dont Fanny parle bien. Ca commençait bien, jusqu'à ce que commence une nouvelle histoire et j'ai alors décroché. C'est n'importe quoi cette construction, en termes narratifs ! Qu'est-ce qui lui a pris ! Quant au fait que Chamisso ait été nommé au lycée de Pontivy, c'est incroyable.
Jane
J'ai trouvé le livre agréable à lire, très bien écrit, fluide, avec de beaux thèmes : amour, trahison, loyauté. Et dans la deuxième partie : l'expiation. Mais je n'aime pas les histoires qui servent de leçon morale. Du plaisir mais pas trop.
Manuel
Je me suis forcé, c'est pourquoi je n'étais pas avec vous (à l'initiation à la sourcellerie…). Je n'ai pas compris certaines choses (le nid par exemple). J'ai pensé à des tableaux et à Faust dont l'auteur est d'ailleurs cité (sur le sofa "gisaient un volume de Goethe et L'Anneau magique") qui est son contemporain ; chez Faust, le héros cède son âme contrairement à Peter Schlemihl. Manon éclaire ma lecture avec le mythe de la caverne. Chamisso fut aussi herboriste, comme le narrateur qui le devient. C'est un livre mal foutu, chiant parfois, il faut s'accrocher. C'est en fait une variation de Carmilla que nous avions lu lors de la Semaine lecture précédente et qui se passe en Pologne (Schlemihl porte une kourtka, vêtement polonais...) L'ombre, c'est une belle invention.
Jacqueline
J'avais beaucoup de préjugés en ouvrant ce livre, relatifs au romantisme allemand, à un gars qui a perdu son ombre… Et finalement c'est une belle découverte. J'y trouve plein d'ironie, de distance, par rapport aux histoires romantiques de cette époque. Je me suis arrêtée aux 5 éléments magiques. Il y a un côté loufoque et on se demande : qu'est-ce que ça va faire là ? J'ai découvert ce livre avec plaisir.
Muriel
J'ai été très séduite par le thème, son originalité pour l'époque. J'ai compati au sort de Peter Schlemihl. Comment se fait-il que les autres remarquent son ombre ? Par rapport à Bendel, ce sont larmiches permanentes ! Mais Rousseau pleure volontiers aussi... J'ai aimé le moment où il s'agit de vendre son âme et puis finalement… non ; mais cette deuxième partie ne m'a pas plu. De façon sérieuse le livre parle de quelque chose de fou : mais il n'y a pas de logique de l'absurde, c'est un manque. Et les histoires avec Fanny et Mina... : bof.

Claire
Le début j'ai trouvé ça merveilleux avec les objets qui sortent sans fin des poches de l'homme en gris. J'ai été captée au début. Mais après je me suis demandée ce que devenait la démarche de recommandation à Thomas John et… pas de suite. La deuxième partie j'ai décroché... comment il trouve des bottes de sept lieues ?

Plusieurs
Il les achète dans une boutique.
Claire
Une boutique et puis quoi encore !... Le périple m'a barbée. Les chaussures-frein, c'est rigolo comme un objet de Carelman. J'ai eu l'impression de visiter ce livre comme on le fait d'un monument, contente de le connaître. Contente de voir ainsi de quoi parlent Balzac, Thomas Mann, Chateaubriand, Barrès, Hoffmann, Mme de Staël… quand ils le citent. Quant à la vie de Chamisso elle-même, elle est super romanesque. Enfin, j'ai trouvé magnifique le film que nous avons regardé, très réussi, sans paroles, onirique.
Séverine
Le livre m'a rappelé l'université, parce que c'est un classique. Mais je me suis laissé emporter, je me suis laissé prendre. Pour moi, les deux parties sont complémentaires. Il s'agit d'opposer le paraître (l'ombre dans la première partie) et l'être (dans la deuxième partie où le personnage se trouve). Il brillait par l'argent, mais n'a pas accepté de vendre son âme. C'est un conte philosophique plaisant et je suis contente d'avoir lu cet incontournable.
Fanfan
Pour moi aussi c'est un conte philosophique, donc je n'ai pas cherché si ça tenait debout, à comprendre le nid, etc. C'est quoi cette ombre ? Une partie de son âme ? J'adore qu'on la roule parfois, elle est comme un personnage. La deuxième partie pour moi ce n'est pas une rédemption, il se recueille, il s'accorde avec lui-même. Le style est ringard et daté.
Nancy
J'ai bien aimé le style ringard et daté, je m'y suis bien plu. J'ai été sensible au conte philosophique et fantastique où je ne me pose pas de question. C'est parfois très drôle. Pour moi aussi l'opposition être/paraître y est en jeu. Il y a également une notion de handicap qui conduit à se cacher. La deuxième partie ne m'a pas déçue. C'est intéressant qu'il ne vende pas son âme.
Chantal
J'aime aussi le style daté et ringard, surtout par rapport aux auteurs contemporains qui ont 140 mots de vocabulaire… Dans ce conte fantastique, je me suis interrogée sur l'ombre : l'ombre ne serait-ce pas la partie non avouable de la personnalité ? Au contraire, on pourrait s'en débarrasser. La deuxième partie c'est délirant, il a pris sa nicotiane… Je compte sur vous pour m'éclairer sur l'ombre.
Marie Odile
Je répéterais volontiers ce qu'ont dit Annick L, Manon, Fanfan. Pour ma part, je me suis refusée à interpréter. Ce conte fantastique ne donne pas la trouille, avec cette ombre pourtant inutile qu'on coupe. Les allusions très concrètes à l'ombre m'ont beaucoup plu. Le récit s'enlise, par exemple avec le roi de Prusse. Ca n'avance pas. Chamisso ne savait pas comment finir. Peter Schlemihl va partout, il n'y a qu'à Langoëlan qu'il ne vient pas... Je vois ce livre comme un album magnifique pour enfants.
Annick A
J'ai eux deux lectures et j'ai bien aimé. Ça m'a fait penser à Edgar Poe. Avec la question qu'est-ce que cette ombre ? le conte est philosophique, presque moral. L'argent donne amour, puissance… mais ne rend pas heureux. Et puis vient l'accord entre la réalité et l'idéal, c'est le bonheur. Ma deuxième lecture, l'ombre ce n'est pas l'âme : chez Lacan, avec le stade du miroir, l'image de son corps passe par celle imaginée dans le regard de l'autre et c'est ce qui se passe avec l'ombre.
Marie Thé
La vie du personnage de Chamisso se situe entre Humboldt et Faust. Il faut vivre dans l'ombre avant de briller. Il a répété son rôle dans l'ombre. Comme son personnage, l'auteur a aussi un parcours. Les nouvelles de Borges font peur, mais là non : en cela ce n'est pas fantastique.
Françoise D
Pour moi, c'est un conte naïf, avec un style désuet et ampoulé, très daté.
La première partie on peut marcher, mais la deuxième, c'est too much : les chaussures-frein…, les bottes de 7 lieues... ça n'en finit pas. A la fin j'ai compris que le l'auteur se projette, c'est son rêve. Ça se lit facilement mais j'ai été agacée.
Lisa
Je me sens inculte et le romantisme allemand je ne connaissais pas. J'ai trouvé sympa l'ombre. Que représente-t-elle ? Peut-être sa part d'humanité. Quel est l'intérêt des bottes ? Il s'éloigne. Le pouvoir de l'argent est étonnant ! Il intéresse maintenant la belle Fanny : "car maintenant j'avais de l'esprit et du jugement" (p. 32). Le style, les tournures, c'est daté.

Claire
Daté-daté-daté... vous répétez daté ! Daté de 1813 quand il a été écrit !
Édith
J'adhère à ce qu'a dit Annick sur le stade du miroir. J'aime Poe, à la fin du 19e. Et la référence à la caverne. J'ai éclaté de rire p. 78 quand il décide de ne pas vendre son âme et qu'il dit "Je ne savais comment cela finirait". J'ai lu avec plaisir les pâmoisons, l'amour romantique, les belles formules... C'est de lui dont parle Chamisso, de son parcours. Dans la peinture, ne trouve-t-on pas aussi le motif des ombres ?

Claire
De Chirico ?

Édith
J'ai perçu aussi une pointe d'humour tout du long.
Rozenn
Je me suis emmerdée-emmerdée-emmerdée-emmerdée... Admettons le style, bon. Mais c'est mal fait, mal fini, incohérent. Mais en vous écoutant, c'est passionnant. Le personnage ne s'intéresse pas du tout aux autres ; quand il voyage, il cherche du savoir ; il est dans le perfectionnement de soi par soi. Il y a deux sortes d'ombres : l'ombre propre et l'ombre portée.
Christophe
J'ouvre à moitié car j'ai lu à moitié. Mais cela me donne envie de lire. La lettre de recommandation disparaît. J'ai pensé au Voyage en orient d'Herman Hesse. Je vais continuer. Par rapport à la nomination au lycée de Pontivy, c'est moins surprenant quand on sait qu'il n'y avait que 5 lycées impériaux en France.
Nicole
J'ai beaucoup aimé. J'aime bien cette période. J'aime l'écriture, savoureuse. Et le thème paraître/être. Je suis d'accord avec Séverine, Fanfan, Nancy. Le diable était gris à cette époque. J'aime bien les bottes de sept lieues, mais c'est long. Au début le personnage est plutôt un pauvre type et il devient quelqu'un, de positif. Le personnage du valet est intéressant : intelligent, il a transformé l'argent en quelque chose de positif, ce n'est pas invraisemblable.

Françoise G (deux mois après la semaine lecture)
J'ai fini le livre de Chamisso uniquement pour le plaisir... J'ai souvent pensé à la chanson de Brassens "les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux" en lisant ce livre. Comme il n'a pas d'ombre, il est différent donc méfiance... J'ai aimé ses "délires", sa fantaisie et aussi son humour, des petites pointes d'ironie notamment sur les riches (le personnage très riche et odieux au début du livre qui le reçoit parce qu'il est recommandé par un de ses amis, mais qui l'ignore parce qu'il est en apparence insignifiant) et aussi la cupidité, l'obséquiosité de ce personnage qui veut marier sa fille (mais quand il se rend compte qu'il est différent, il préfère la marier à un autre riche peu recommandable). Le style d'écriture "daté" :-) m'a plu, ainsi que son originalité et son humour sous-jacent.
Rolande (avis transmis de Lansargues en Carmague)
Je viens de finir Peter Schlemihl…. Belle morale, poésie et philosophie. Pour ma part ¾ ouvert. J'ai plus que bien aimé.

À PROPOS DE CHAMISSO ET SON LIVRE
Préfaces :
- une PRÉFACE approfondie à l'édition bilingue (Folio, 1992) par le traducteur Bernard Lortholary : ICI (8 p.) Plusieurs d'entre nous ont pris connaissance de cette préface après avoir lu le livre et l'ont trouvée passionnante car elle donne toute une série d'éclairages sans fournir UNE vérité.
- dans les deux préfaces rédigées par l'auteur lui-même, celui-ci tient à marquer d'emblée ce qui est plusieurs fois rappelé au cours du récit : Schlemihl a "réellement" existé et lui a confié son autobiographie dont il ne serait que l'éditeur, comme l'est par exemple Goethe pour les lettres de Werther. Ces préfaces (ICI, 2 p.) ne figurent pas dans l'édition Folio.

Traductions : une comparaison de deux traductions (à partir du tout début et de la toute fin du roman) : ICI (2 p.)
- traduction du texte (écrit en 1813) par Hippolyte de Chamisso, son frère, autorisée et reprise par Aldebert et publiée en 1838
- traduction d'Albert Lortholary de 1934 revue par son fils Bernard Lortholary en 1992.

Deux adaptations à visionner :
- L'homme qui a perdu son ombre, adaptation théâtrale filmée producteur du film Claude Santelli (1966), avec Catherine Hiegel, Danièle Lebrun…: extrait archive INA : ICI
- L'homme sans ombre, très beau film d'animation de 9 min, du Canadien Georges Schwizgebel (2004) : ICI

Deux articles spécialisés :
- Sabine Parmentier, "Œuvre et vie d'Adelbert Von Chamisso", Figures de la psychanalyse, n°7, 2002 : ICI (20 p.)
- Vannina Lari, "La réutilisation du conte populaire en littérature à travers L'étrange histoire de Peter Schlemihl de A. de Chamisso", Loxias, Loxias 22, septembre 2008 : ICI
(11 p.)


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

à la folie, beaucoup, moyennement, un peu, pas du tout

 

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