Quatrième de couverture :

"L'histoire déboussolée de l'Amérique latine dépasse, sous la plume d'Alejo Carpentier, la plus folle des fictions et devient fresque baroque où se pressent les archétypes du Nouveau Monde : généraux, séditieux, intellectuels, rêveurs, politiciens véreux. Parmi eux l'Étudiant, incarnation de l'espoir. Derrière lui, tout un peuple analphabète et haut en couleur dont le romancier cubain décrit, comme nul autre, les fêtes et les défaites. Mais aussi le Dictateur, dont on suit les aventures depuis le début du siècle jusqu'à son expulsion de son propre pays, vers les années vingt, et sa mort à Paris aux alentours de 1930.
L'Amérique hispanique, selon Alejo Carpentier, est le monde anticartésien par essence. Pour la décrire, il faut inventer l'envers du Discours de la méthode. Tel est le sens de ce Recours, des mille péripéties fantastiques du vécu décrites dans une langue dont la perfection éblouit autant que l'humour."

Trad. de l'espagnol (Cuba)
par René L.-F. Durand

Alejo Carpentier
Le recours de la méthode (1974)
Le nouveau groupe parisien a lu ce livre pour le 26 mai 2018. Nous avions lu Le Royaume de ce monde en 1988.

Nathalie
Je n'ai lu qu'un tiers du roman, car j'ai vraiment eu du mal à entrer dedans ; je commence à peine en fait. Notamment en raison du style. On qualifie son style de baroque, mais pour ma part je le trouve plutôt rococo, ce qui n'est pas un style que j'aime beaucoup. Trop de fioritures. C'est trop chargé à mon goût. En comparaison, sur une description de dictateur, puisque c'est de l'histoire d'un dictateur d'un pays imaginaire plutôt situé en Amérique Latine dont il s'agit, je préfère nettement L'automne du patriarche de Gabriel Garcia Marquez, plus sobre et plus dense. Dans le roman de Carpentier, le dictateur est décrit comme un dictateur d'opérette. On pense bien sûr à Offenbach ; d'ailleurs que son bras droit qui se retournera ensuite contre lui s'appelle Hoffman n'est pas un hasard. Impossible de ne pas avoir envie de chantonner "Je suis brésilien, j'ai de l'or…" de La vie Parisienne. On pense aussi au Dictateur de Chaplin. J'avoue que la quantité de noms propres donnés par page était "trop" pour moi. Certes, c'est très cultivé avec toutes ces références de peintres, sculpteurs de l'époque, que je ne connaissais pas pour nombre d'entre eux. J'ai souri de certains clins d'œil à Proust, notamment quand il décrit un tableau d'Elstir (peintre imaginaire personnage proustien). J'ai eu du mal avec les tueries, décrites comme une fantaisie, même si c'est parfaitement juste pour le ton du roman. En revanche côté style, je trouve vraiment pertinent ce glissement de la première à la troisième personne, pour le personnage principal, qui se voit aussi de l'extérieur, puis le glissement à la 3e personne du narrateur. C'est un livre intelligent mais qui me laisse sur le chemin.
Françoise
La première fois que j'ai lu ce roman, il y a 2 ou 3 ans, j'ai été happée par lui. J'étais enthousiasmée devant ce roman que je découvrais car audacieux, virevoltant, gai, audacieux, "fou fou". Je suis preneuse du rococo évoqué par Nathalie pour son style. J'ai bien aimé. Mais à la relecture, j'ai trouvé pas mal de défauts, beaucoup de clins d'œil, un peu pénibles, genre je connais bien la littérature, peinture, musique européenne dont j'abreuve de titres et submerge le lecteur. Du coup, je l'ai trouvé décevant et ai regretté de vous l'avoir proposé. C'est une farce sinistre, un côté opérette agaçant, très différent de L'automne du patriarche de Gabriel Garcia Marquez.
Émilie
Je suis partie avec un bon a priori en lisant la quatrième de couverture. Au final, je suis déçue. Je n'ai pas été intéressée par l'intrigue. Je vois son humour, sa satire. Je l'ai lu en entier, mais par une lecture superficielle, car moi aussi, j'ai eu du mal à entrer dans le récit. Je ne sais pas l'expliquer mais cela m'a rappelée les SAN ANTONIO. On reste à la surface des choses en s'ennuyant et se demandant bien pourquoi il y en a qui crient au chef-d'œuvre.
Valérie
Moi c'est tout le contraire. J'ai beaucoup aimé ce livre alors que je n'étais pas convaincue lors de la proposition de Françoise de lire ce livre, et sur le moment il m'était même difficile de comprendre cet enthousiasme au regard du titre "Le recours de la méthode" qui me rebutait !
Mais j'ai beaucoup aimé ces univers contrastés, d'un côté cet appartement haussmannien, un lieu douillet, intellectuel, plein de livres et de beaux tableaux et, de l'autre, le pays, dans lequel il va régulièrement remettre de l'ordre, qui apparaît aux antipodes du raffinement et de la culture. Pour moi, ce héros a une vie opposée à ce qu'il est : il est raffiné, c'est un second Proust, d'ailleurs c'est un de ses modèles de référence. C'est étrange de dire cela, mais ce dictateur est attachant, il me fait pitié. Jusqu'à sa veillée mortuaire, il reste lucide et profite de son environnement culturel, même si sa fille l'a démoli en partie.
Sa description du bordel Le Chabanais est je crois assez juste, en tout cas nos fantasmes permettent de l'imaginer ainsi.
Ana-Cristina
D'habitude, quand je lis, je prends mon temps, je goûte, le nez en l'air… Mais celui-ci, je l'ai lu comme un TGV. Le livre m'a plu tout de suite. Dès le début, je voyais des guignols d'Amérique du Sud, un genre de Ubu roi. Oui, c'est ça, le dictateur, c'était Ubu. J'assistais à un spectacle de marionnettes extraordinaire.
J'ai bien aimé les citations de Descartes précédent les chapitres. Je revenais dessus après avoir lu le chapitre pour comprendre pourquoi elle était placée là. Cela m'a amusée. Je vous en lis une que j'aime bien (p. 161) : "que vois-je de cette fenêtre sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se meuvent que par des ressorts ? "
Il y a des références aussi à La Boétie sur la légitimité du pouvoir.
J'ai aimé le rythme, le côté théâtral, extravagant, les personnages mis en relief de façon étonnante par rapport à la toile de fond que je ne comprenais pas forcément.
Un chaos très organisé, une belle composition : ce livre qui comporte beaucoup d'envolées lyriques et des expressions drôles est très bien écrit. Il m'a donné une certaine compréhension du monde de l'Amérique Latine.

 

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !


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