"De la baie d'Helsinki au delta de l'Orénoque, le narrateur croisera quatre fois la silouhette de l'Alcyon, un vieux tramp steamer crasseux et démantibulé qui possède pourtant la dignité sereine des grands vaincus. A ce rafiot rouillé qui navigue avec une lenteur de saurien est liée une somptueuse histoire d'amour que le narrateur recueille de la bouche même du capitaine du bateau au cours d'une cinquième et ultime rencontre qui marquera le naufrage du tramp steamer. Maqroll el Gaviero est là, bien sûr, ainsi que son compère Abdul Bashur, mais ils se sont faits ombres discètes pour laisser le devant de la scène à Jon Iturri et sa passion pour Warda, une des surs d'Abdul Trad. Chantal Mairot |
Alvaro MUTIS
(1923-2013)
|
Édith,
Françoise, Manuel
Suzanne, Jacqueline, Chantal, Marie-Odile Nathalie, Fanny, Catherine Fanfan, Séverine, Claire, Denis, Monique S Rozenn, Muriel |
Monique S (à Paris)
Le début du livre m'a captée, voire fascinée ;
ces apparitions fugitives et répétées du vieux bateau
fantomatique dans différents coins du monde, sous des climats extrêmement
différents, ébranlent l'imagination. On s'attend à
une histoire incroyable... au moins à la hauteur du Vaisseau
fantôme de l'opéra de Wagner...
Mais ensuite, quelle déception ! Tout ça pour ça :
des personnages en carton-pâte, dans des rôles à peine
dessinés. J'ai trouvé lourd le style (souvent je devais
relire les phrases pour les comprendre). Lourd aussi le récit rapporté
en deuxième main ; parfois on ne sait plus trop qui parle,
et quand on revient au voyage sur le bateau, on ne sait plus toujours
lequel...
La liste des nombreux ports ("un peu mode baroudeur"), et le
sujet à la mode du jour (l'émancipation des femmes du monde
musulman), je ressens dans tout cela non pas une profonde implication,
mais plutôt des outils à succès.
J'ouvre un quart, pour l'attente suscitée par le début.
Marie-Odile (dans les Pyrénées)
J'ai aimé la composition et le contenu de ce texte, le caractère
énigmatique des apparitions successives de l'Alcyon, puis l'étrange
coïncidence de la rencontre entre celui qui a vu et celui qui a vécu,
entre le narrateur et Jon Iturri qui se transforme en Schéhérazade
pour raconter chaque nuit un moment de son histoire. Les deux points de
vue m'ont intéressée, le premier par ses descriptions magnifiques,
le second par la force du ressenti de Jon. Cependant, l'histoire d'amour,
annoncée dès le début, m'a, lorsqu'elle est arrivée,
paru plus banale que le reste du récit, et la conclusion que les
êtres humains sont les mêmes partout et qu'il n'existe qu'une
seule histoire d'amour qui se répète à l'infini m'a
effleurée bien avant les dernières pages. Pour moi ce qui
fait la force de ce texte c'est la rencontre entre les deux hommes et
l'évocation du Tramp Steamer qui semble avoir sa vie propre et
mêler son destin à celui des humains. Le pulvis eris
de la p. 21, le contraste entre le bateau et la ville de Saint-Pétersbourg,
soulignent d'emblée la fragilité du bateau mais aussi de
l'homme, "comme une sorte de témoignage de notre destin
sur la terre".
L'écriture m'a paru uniformément grave et belle du début
à la fin, y compris dans les dialogues, si bien que le charme n'est
jamais rompu. Les voix des deux narrateurs se mêlent, préservant
toujours la fluidité du récit.
J'ai apprécié le mélange des origines et la succession
des univers (Orient/Occident, Nord/Sud, Europe/Amérique). Je me
suis laissé entraîner d'un bout du monde à l'autre
au gré des navigations. L'abondance des noms propres et des descriptions
m'ont plongée dans l'atmosphère des villes et des paysages
parcourus. Ce livre est aussi un voyage. Je l'ouvre aux ¾.
Nathalie (à Vars comme ceux qui suivent)
Je pensais l'avoir lu avant en partie, mais j'avais tout lu, et très
avant. J'ai trouvé très poétique, et notamment cet
anthropomorphisme par rapport au bateau. Les nombreuses références
sont téléphonées ; par exemple Madame Chauchat dans
La
montagne magique de Thomas Mann. Et il y a une vision du Noir
raciste ; même chose par rapport à l'Algérien.
Des phrases sont absconses. C'est ce qui est maritime qui me plaît
(mon mari travaille sur un bateau
). Le rapport entre l'homme de
50 ans et de 24 ans, c'est un peu facile. J'ai partagé un roman
d'aventure, qui fait rêver. J'ouvre à moitié pour
l'exotisme.
Fanny
Ça partait mal pour moi. C'est pédant, ça sonne faux.
Je me suis endormie dessus. La construction est intéressante. Dans
la deuxième partie, l'histoire d'amour m'a touchée, ainsi
que l'amitié entre les deux hommes, et le parallèle avec
le bateau : c'est très riche. L'apparition de la femme m'a
fait penser à L'Éducation
sentimentale. J'ai aimé quand ils prennent le bateau la
dernière fois. La fin, l'avant-dernière phrase semblable
au début, c'est plat. J'ouvre à moitié, j'ai été
agacée et j'ai eu du plaisir.
Édith
J'ouvre en grand. J'ai aimé l'histoire (de midinette). C'est assez
méprisant vis-à-vis des femmes... à travers l'histoire
d'amour, et quant aux "races". J'ai aimé la construction.
Au début je me suis dit ouille ouille ouille... J'aime bien des
personnages avec une situation qui se noue et se dénoue. Moi aussi
j'ai eu un marin... avec la nostalgie des vieux bateaux. Le bateau est
un personnage. L'écriture est belle. Je l'ai chuchotée
Françoise
Je l'avais déjà lu. Je l'ai reparcouru. Ce qui reste, c'est
ce qui compte. En l'occurrence, peu de l'histoire d'amour. Ce qui reste,
et qui m'a subjuguée, c'est l'histoire de bateaux. Conrad, Lord
Jim, on y est ! Rien que pour ça, je suis séduite.
L'histoire d'amour est pour moi peu importante. Quand il remonte l'Orénoque,
c'est fantastique ! Je suis emballée. En espagnol, il y a
une musique qui m'a portée. J'ouvre en grand quand même,
globalement, car il y a des faiblesses dans les histoires d'amour.
Suzanne
Je peux être sentimentale, quoique de moins en moins fleur bleue,
pour ce qui est de l'histoire d'amour. Je rejoins Françoise. Ce
qui m'a beaucoup plu, ce sont les traces du destin, ici les apparitions
du bateau. C'est assez subtil, elles sont bien mises en scène,
on voit les coupoles de Saint-Pétersbourg. Dans Novocento
de Baricco que j'avais proposé, il y a un bateau, avec une apothéose,
qu'on n'a pas ici. C'est l'histoire du bateau, comme un frère,
qui a retenu mon attention. Le hasard est abusif, indéchiffrable,
suspect. J'ouvre aux trois quarts.
Jacqueline
Le début m'a beaucoup plu. Je me suis laissé embarquer.
Je suis partie dans les bateaux. J'ai fait les voyages avec l'écrivain,
dans les ports. La métaphore du bateau représente la vie
à bout de force ; il transporte des marchandises. Et il y
a cette histoire d'amour. La construction avec l'auteur différent
du narrateur se retrouve dans différents livres qu'on lit cette
semaine. Au début d'histoire d'amour m'a agacée ; les
descriptions de la femme, bof ; je ne comprenais pas bien. Mais finalement,
c'est une belle histoire d'amour de cet homme qui n'a pas connu d'amour.
J'ouvre aux trois quarts.
Rozenn
Je ne l'ouvre pas. J'ai été énervée !
C'est pédant, artificiel. Je pense le contraire de Marie-Odile.
Muriel m'a suggéré de lire à partir de la p. 63,
c'était une bonne idée. Il est raciste, macho ; il
y a des stéréotypes, c'est odieux. Dans l'histoire d'amour,
la femme n'existe pas ; la Libanaise s'émancipe quelques années
avant de rentrer : "c'est
là, lui expliqua-t-elle avec un sérieux presque doctoral,
toute la clé de mon problème et, en général,
de celui de beaucoup de musulmans : une soumission superficielle à
des préceptes avec lesquels nous nous habituons à composer,
et l'oublie de certains vérités essentielles."
(p. 107). Le pauvre mec ne connaît rien aux
femmes. Je trouve odieux que le narrateur fasse passer ça pour
une histoire d'amour. Je déteste l'histoire, les personnages. Réécrit
par moi, ce serait bien.
Catherine
J'ai beaucoup aimé le début, le bateau, les cargos (je rêve
de faire un voyage en cargo), le delta
Je suis rentrée dans
le livre et j'ai aimé la construction. L'histoire d'amour est nulle,
convenue, avec des stéréotypes sur les femmes (p. 85 :
il "était surpris
par la façon dont Wanda parlait d'elle-même, avec une intelligence
et une objectivité non seulement peu féminines"
),
c'est gratiné ; et il en va de même pour le Basque, le Levantin.
J'ouvre à moitié car j'ai énormément aimé
le bateau, et sa mort.
Fanfan
Je suis partagée. La première partie, non ! J'ai adoré
l'histoire avec le personnage qu'est le bateau. Le seul, les autres sont
des stéréotypes. C'est macho, raciste, concernant tous les
rapports sociaux. Il y a des stéréotypes, y compris sur
les marins. L'histoire d'amour est pouf pouf. La façon dont elle
se traîne est banale. J'ouvre un quart pour le bateau et le rapport
entre les deux hommes.
Muriel
Ce livre m'a beaucoup ennuyée et je le ferme. L'histoire du bateau
ne m'a pas touchée. Je n'aime pas Wagner, sauf un peu son Vaisseau
fantôme, pourtant. L'histoire d'amour est invraisemblable, je
n'y ai pas cru. Je ne suis pas sensible à la musique de l'écriture
et pourtant je l'ai lu en espagnol.
Chantal
J'ai commencé dans la lecture collective et donc les commentaires
à voix haute
. Ça me gonfle, il étale ses références.
Je me suis endormie avec la presqu'île de Finlande et Saint-Pétersbourg.
Au matin, trop de références. Je partirais en voyage avec
lui si le récit était oral. Suzanne m'a lu oralement une
partie. D'accord il travaille dans le pétrole, mais c'est invraisemblable.
Il y a cependant de l'humour, par exemple au sujet du brouillon du rapport
qu'il fait. Le "bateau frère" m'a plu. La fille est une
"garce", qui le balade. J'ouvre quand même aux trois quarts
pour le plaisir oral.
Séverine
Je serai très rapide car je fais partie du club des extrémistes.
A la rigueur s'il n'y avait que l'histoire du bateau... et surtout une
nouvelle, car il s'est trop étendu. Un seul truc p. 121 m'a
retenue quand le tramp steamer se brise. A la rigueur, j'ouvre ¼.
Claire
Annick L avait proposé ce livre à la dernière semaine
lecture sans qu'il soit "passé" cette fois-là
et en avait parlé avec enthousiasme. Hélas, je suis tout
de suite tombée dans un puits sans fond d'ennui. P. 63, je
me suis mise à frémir, l'apparition de Warda m'a réveillée.
J'ai beaucoup aimé Warda, contrairement à Rozenn.
Le narrateur est écrivain, l'artifice est constant, les références
sont agaçantes. Je rejoins sans hésiter le club des négatifs.
Il n'y a que l'histoire d'amour qui m'ait intéressée, mais
je suis bien la seule apparemment, avec Édith, à être
suffisamment midinette. Ce livre fait partie d'une "série"
de 7 romans autour du personnage, Maqroll le Gabier, sympathique, mais
barbant dans ce livre. J'ouvre un quart pour Wanda.
Denis
J'avais un a priori favorable. J'avais lu La
neige de l'amiral que j'ai aimé (j'ai la collection). Ouh
la la, quelle déception ! L'écriture est ampoulée,
détestable. Et l'histoire d'amour, bof. J'ai cherché quelque
chose d'intéressant. Qu'est-ce qui reste à écrire,
demandait Dürrenmatt ? Le hasard c'est la rencontre de deux
séries causales indépendantes, disait Cournot. Ici c'est
le cas, j'ai cherché le hasard, il y a plusieurs points de rencontre
avec le bateau. D'ailleurs peu mises en valeur. L'ennui est épouvantable.
Pulvis eris (poussière tu es, tu reviendras)... La déesse
du hasard, c'est Fortuna. Dürrenmatt éclaire ce livre. J'ouvre
¼. Mais le bateau n'arrive pas à la cheville de Conrad....
Manuel
J'ai adoré. J'ai adoré la description raciste des Basques.
Ça tient tout à fait par rapport à Conrad. Les descriptions
de la mangrove par exemple. J'ai aimé Helsinki, Saint-Pétersbourg.
C'est tiré par les cheveux quand il la voit aussi comme un bateau,
mais j'ai été embarqué. Il y a beaucoup d'humour.
J'ai cru à l'histoire d'amour. Et il y a une seule femme alors
qu'on dit que les marins ont une femme dans chaque port
C'est plausible
que le bateau meure comme ça. J'ai été transportée.
J'ai été marin
Le narrateur est très pédant,
prétentieux, mais j'ouvre en grand.
Enfance
- 1923 : né à Bogota, mort en 2013 à Mexico, Álvaro
Mutis est fils d'un diplomate colombien qui est nommé à
Bruxelles quand il a deux ans ; il est élevé dans la langue
française, passe son enfance en Belgique jusqu'à la mort
de son père en 1932.
- 1932 : il retourne alors en Colombie, où
il vit avec sa mère et son frère dans une hacienda à
Coello, à 140 km de la capitale.
Vie professionnelle
- Il n'a pas fait pas d'études. Après s'être marié
à 18 ans (il se mariera trois fois), il se lance très jeune
dans une série de métiers "improbables" (un mot
récurrent sous sa plume) qui participeront à sa légende
et nourriront ses personnages.
- Mutis travaille à la radio comme présentateur
de journaux et anime une émission littéraire. Au cours des
années 1940, il commence une carrière de rédacteur
publicitaire et de responsable des relations publiques pour diverses entreprises
(assurances, compagnies d'aviation, compagnies pétrolières
dont Standard Oil, studios de cinéma). Cette vie de représentant
de compagnies internationales transparaît dans son uvre, notamment
dans les romans où il se met en scène comme narrateur voyageant
pour affaires, colloques ou visites d'exploitations pétrolières.
- En 1956, il s'installe à Mexico, car des malversations financières
portant sur des fonds de la Standard Oil l'obligent à quitter la
Colombie. Il travaille dans la publicité et dans les milieux de
la télévision, tout en nouant des relations avec les milieux
littéraires de la capitale mexicaine. Retrouvé et arrêté
par Interpol pour détournement de fonds, il est incarcéré
quinze mois à la prison de Lecumberri, séjour dont il tirera
son premier roman, publié en 1960 (traduit bien plus tard dans
Les
carnets du palais noir :
journal de la prison de Lecumberri, Grasset, 2015). Il travaille
longtemps pour des compagnies de cinéma américaines, vendant
des séries B de par le monde, dont il fait le tour plusieurs fois.
Vie littéraire
- De retour chez lui, à Mexico, il retrouve son ami et voisin "Gabo",
qui teste sur lui chaque chapitre de Cent ans de solitude avant
de le remettre à son éditeur, et qui écrira en 1995,
dans Le Journal du dimanche : "Il y a une part importante
d'Alvaro dans presque tous mes livres". Il dédiera Cent
ans de solitude à Carmen et Alvaro Mutis (Seuil,
1968).
- Le voyage est au cur de l'uvre littéraire
d'Alvaro Mutis, marquée par ses lectures de Walt Whitman, Pablo
Neruda et Henri Michaux pour la poésie, et pour le roman par celles
de Jules Verne, Conrad, Melville et Céline, dont il est un admirateur
passionné.
- Il est d'abord poète (il publie son premier livre de poèmes
en 1947) puis il développe à partir de 1985 une série
de sept romans autour d'un personnage, Maqroll le Gabier, aventurier toujours
au bord de la misère et marin partout sur le globe, sur les fleuves
et les mers.
Sa poésie (où l'on trouve déjà
le personnage de Maqroll le Gabier dans Les
éléments du désastre paru en 1953) lui a
obtenu, dès ses débuts, la reconnaissance d'illustres aînés
comme le poète mexicain Octavio Paz ; mais ce sont ses romans qui
seront, après la France, traduits dans de nombreux pays, qui lui
donnent une notoriété à travers tout le monde hispanophone
et au-delà.
Maqroll sera rejoint par Abdul Bashur, "le rêveur de navires",
et ses trafics en tous genres. Tous les deux sont aussi des images de
Mutis, décrit ainsi en 1996 par son traducteur français
François Maspero : "Beaucoup de superbe, un rien de canaille,
quelque chose entre l'hidalgo et le bourlingueur" ("Alvaro
Mutis, ou le désespoir optimiste", François Maspero,
Le Monde, 23 février 1998).
Les 7 romans :
La neige de l'amiral (1986)
Ilona
arrive avec la pluie (1988)
Un
bel morir
(1989)
La
dernière escale du Tramp Steamer (1988)
Écoute-moi,
Armirbar (1990)
Abdul
Bashur, rêveur de navires (1990)
Le
rendez-vous de Bergen (1993)
- Mutis recevra de nombreux et importants prix
littéraires : Prix littéraire national de Colombie 1974,
prix Médicis étranger 1989, prix Prince des Asturies 1997,
Prix
Cervantes 2001, point d'orgue de sa carrière.
Engagement ?
Raphaëlle Leyris raconte qu'épicurien
ne manquant jamais une occasion de glisser une recette de cocktail dans
ses romans, cet homme élégant plaçait la littérature
et l'amitié par-dessus tout, mais il était aussi jaloux
de son indépendance intellectuelle et politique, ne se revendiquant
d'aucune école esthétique ni d'aucun parti à
peine se disait-il vaguement "royaliste".
A rebours de son ami "Gabo", farouchement engagé à
gauche, Alvaro Mutis se vantait de n'avoir jamais signé un manifeste
de sa vie "et Dieu sait que les écrivains colombiens
adorent ça !" ("Alvaro
Mutis, écrivain colombien, chantre de la mer et du voyage",
Le Monde, 26 septembre 2013).
Les publications d'Alvaro Mutis traduites
en français
(avec la date de première publication en espagnol)
- 1953 : Les
éléments du désastre (poésie), Grasset,
1993
- 1960 : Les
carnets du palais noir : journal de la prison de Lecumberri
suivi des Lettres à Elena Poniatowska, Grasset, 2015
- 1973 : Et
comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie Gallimard, 2008
- 1986 : La Neige de l'amiral, Sylvie Messinger, 1989, prix Médicis
étranger 89 ; puis Grasset 1992, puis
coll. "Les Cahiers rouges", 2011 : c'est le journal
rédigé par Maqroll au cours de son voyage sur un fleuve
tropical vers une mystérieuse scierie.
- 1987 : Ilona vient avec la pluie, Sylvie Messinger, 1989 ;
puis Grasset, 1992, puis coll.
"Cahiers rouges", 2002 ; adapté au cinéma
: Maqroll monte avec son amie et amante, la belle Llona Gabrowska, une
maison de passe à Panama.
- 1989 : Un bel morir, Grasset, 1991, puis coll.
"Les Cahiers rouges", 2012 : série d'aventures sur
fond de guérillas et de répression militaire.
- 1989 : La Dernière Escale du Tramp Steamer, Grasset, 1992,
puis coll.
"Les Cahiers rouges", 2012
- 1990 : Le Dernier Visage (nouvelles), Grasset, 1991 ; puis
LGF poche 1994 ; puis Grasset coll.
"Les Cahiers rouges", 2012
- 1990 : Écoute-moi, Amirbar, Grasset,
1992 ; Points,
2014 : incursions du gabier dans l'effervescence des mines d'or
des montagnes colombiennes.
- 1991 : Abdul Bashur, le rêveur de navires, Grasset, 1994
; Librairie générale française , 1996 ; coll.
"Les Cahiers rouges", 2012 : expériences de Maqroll
qui ont révélé les recoins les plus insoupçonnés
de son âme...
- 1993 : Le rendez-vous de Bergen, Grasset, 1995 ; Librairie générale
française, 1997 ; coll.
"Les Cahiers rouges", 2012
- 1993 : les 7 romans sont réunis en un seul volume, Les
tribulations de Maqroll le Gabier, Grasset, coll. " Les Cahiers
rouges ", 2003.
Vidéos
- Entretien avec Bernard Pivot, Apostrophes, INA,
21 mars 1989 (13 min) à l'occasion de la sortie de La neige
de l'amiral
- Entretien avec Alvaro Mutis à l'occasion
de la sortie de son livre Un Bel morir. Il parle de la vieillesse
abordée dans son livre, de la vie, du personnage principal, de
la nostalgie, INA,
23 février 1991 (7 min)
- Rencontre au Festival Étonnants Voyageurs 1994 entre Alvaro Mutis
et Hugo Pratt, à l'occasion de la sortie de son livre Abdul
Bashur, le rêveur de navires, Café littéraire
animé par Maëtte Chantrel et Christian Rolland (vidéo
à la fin de cette
page, 27 min).
Articles et interviews
- "Alvaro Mutis
écrivain universel", Le Quotidien de Paris, 11
octobre 1989 (sur trois romans : Ilona vient avec la pluie, La
Neige de l'amiral, La Dernière Escale du Tramp Steamer)
- "Alvaro
Mutis et son double", Pierre Maury, Le Magazine littéraire,
1er novembre 1989 (sur deux romans publiés en même temps
: Ilona vient avec la pluie, La Dernière Escale du Tramp Steamer)
- "Le Colombien
masqué", Geneviève Brisac, Le Monde, 17
novembre 1989
- "La
face cachée d'Alvaro Mutis", propos recueillis par Pierre
Maury, Le Magazine littéraire, 1er février 1991 (une
longue interview)
- "Je n'aime pas
l'époque dans laquelle je vis", propos recueillis par
Laurence Vidal, Le Figaro, 20 novembre 1992
- "Les vaisseaux",
Catherine David, Nouvel Obs, 23 juin 1994
- "Destination
Cap de la bonne désespérance", propos recueillis
par Arnould Liedekerke, Magazine littéraire, 1er juin 1995
- "Alvaro Mutis,
ou le désespoir optimiste", François Maspero, Le
Monde, 23 février 1998
- "Alvaro Mutis,
écrivain colombien, chantre de la mer et du voyage", Raphaëlle
Leyris, Le Monde, 26 septembre 2013
Mutis était-il un délinquant
?
"En tant que chef des relations publiques de la Standard Oil en Colombie,
j'avais la gestion d'un budget compliqué et j'ai détourné
pas mal de fonds destinés aux dames patronnesses et autres institutions
charitables. C'était le seul moyen d'aider mes amis aux prises
avec la dictature militaire. Un jour, j'ai été sincèrement
étonné d'apprendre que j'avais commis un délit très
grave. Un ami avocat m'a conseillé de m'enfuir : "Si tu
n'es pas parti dans les vingt-quatre heures, tu vas te retrouver en prison."
Je me suis envolé pour Mexico, où mes amis Octavio Paz et
Carlos Fuentes m'ont accueilli. Mais le gouvernement militaire a demandé
mon extradition et je me suis retrouvé derrière les barreaux
du Palais-Noir de Lecumberri à Mexico. Puis le gouvernement militaire
colombien est tombé ; j'avais des amis dans le nouveau gouvernement
; ils ont annulé le procès.
La prison m'a permis de donner à Maqroll une présence humaine.
Au début, c'était un alter ego avec plus d'expérience.
Il était plus âgé que moi. J'écrivais une poésie
d'un amer désespoir. Je ne crois toujours pas en l'espoir, d'ailleurs.
C'est l'espoir qui fait souffrir. Ce séjour de quinze mois fut
important mais non décisif. A 33 ans, j'avais déjà
une philosophie personnelle de la vie. En prison, j'ai fait une psychanalyse
qui a certainement marqué mon uvre. En prison, comme à
la guerre, tout mensonge et toute illusion finissent. La vérité
éclate. Je suis de bonne famille, cultivé, riche, que sais-je
encore. Mais ce qui arrive est réel, la boue des tranchées,
les obus qui pleuvent, et ma carte de visite n'y change rien si j'ai encore
plus peur que le paysan d'à côté. Je ne suis pas un
héros. J'ai gaspillé de l'argent, souvent. Je n'ai même
pas fini mes études. J'ai passé mon bachot entre le billard
et la poésie. Je suis né dans une famille de planteurs de
café. Dans ce milieu, on vivait millionnaire et on mourait pauvre.
Mes parents voyageaient en Europe, en Belgique, en France. A 12 ans, je
faisais naviguer mon voilier sur le bassin du Luxembourg. Je connais beaucoup
de villes, mais Paris, c'est autre chose, Paris est inimitable, n'est-ce-pas...
?" (propos recueillis par Catherine David, "Les
vaisseaux", Nouvel Obs, 23 juin 1994)
Nos cotes d'amour
pour le livre, de l'enthousiasme au rejet :
|
||||
à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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