Topor par Stefan
Moses à Münich (1988)
Topor par
Bruno de Monès (1978)
Extrait de Wikipedia
(la bio ci-contre en est aussi inspirée)
Edition Libretto
Quatrième de couverture :
« Le nouveau venu est timide. Ses
voisins pourtant le prennent en grippe et, sans motifs apparents, sacharnent
sans quil ne puisse jamais les voir. Des rideaux sécartent,
on cogne à sa porte, les injures volent derrière les murs.
Le propriétaire lui-même fait état de plaintes et
le moindre bruit domestique déclenche lhystérie. Folie
de limmeuble ? Paranoïa ? Les scènes effarantes
vues dans la cour intérieure existent-elles réellement ?
Lancienne locataire, elle, cest une certitude, a essayé
den finir en se jetant par une fenêtre
Dans ce roman où le quotidien alimente le cauchemar, lauteur
dépeint un monde étouffant où le grotesque côtoie
le drame. La description faite du piège réel ou non
destiné à conduire un homme à sa perte convie
à une vision "panique" de lunivers. »
Le timbre
dessiné par Topor
pour Amnesty International
L'affiche
de l'exposition de la BNF
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Roland Topor (1938-1997)
Le locataire chimérique (1964)
Nous avons lu ce livre pour le 29 septembre
2017. Le groupe breton le
lit pour le 12 octobre.
L'exposition à la BNF "Le
monde selon Topor" nous a donné envie de programmer cet
auteur. C'est l'occasion aussi de visionner le film adapté du livre
par Polanski, Le
Locataire (présenté au Festival de Cannes en 1976).
A propos de Topor et son parcours, voir
en
bas de page :
- Quelques repères biographiques
- Des détails sur son uvre
foisonnante
- Comment concilier écriture et dessin
?
- Ce que Topor pense du film adapté
du Locataire chimérique
Lisa
Avant qu'on le programme, je ne connaissais pas Roland Topor. En voyant
l'expo de la BNF, j'ai été complètement emballée
par ce que j'ai vu : quelle imagination ! J'adore.
Quand j'ai commencé Le locataire je me suis dit : enfin
un roman ! J'en avais un peu marre de l'autofiction, des biographies
et des biographies romancée (j'ai l'impression qu'il n'y a que
ça en ce moment). Donc enfin un roman, inventée de toutes
pièces !
J'ai beaucoup aimé Le locataire chimérique :
j'ai trouvé que le délire était bien rendu, chaque
page arrive à traduire son angoisse. Je suis très rationnelle
donc le côté fantastique me dérangeait un peu au début,
je cherchais une explication puis je me suis dit de l'accepter et de me
laisser porter par la lecture, c'est ce que j'ai fais et ça m'a
plu.
Petit bémol, la fin. Je ne voyais pas comment l'auteur allait pouvoir
conclure et d'ailleurs je n'ai pas vraiment compris la fin, si quelqu'un
peut m'éclairer !
Suite à l'expo j'avais également acheté Mémoires
d'un vieux con. Dans ce livre très drôle qui se lit
rapidement, Topor se moque du name dropping, il a rencontré tout
le monde, il a tout vu, tout fait. Le cubisme de Picasso ? C'est
lui qui l'a inspiré. Le surréalisme ? Pareil. Très
drôle !
J'ai hâte de lire vos avis !
Nathalie R
Je ne connaissais Topor que de nom et j'ai entamé cette lecture
de façon très naïve. J'ai lu le livre en deux jours
et j'ai renâclé à terminer les dernières pages
parce que je redoutais la fin. Donc, pour me calmer, je suis allée
vérifier si ce que j'attendais advenait et je suis revenue tranquillement
reprendre ma lecture. J'ai beaucoup souri en lisant la plus grosse partie
du roman. J'ai souri parce que j'aimais bien ce personnage foutraque,
pas très cohérent et livré à notre observation.
J'ai même ri parfois quand le narrateur reprend tous les clichés
auxquels nous sommes habitués pour mieux les démonter. Par
exemple dans les rapports entre le personnage et les femmes et les passages
assez détonants comme quand ils ont des rapports amoureux (p. 85).
La réception a dû en être parfois scandaleuse ?
Pour la folie, j'ai tout de suite pensé à Maupassant et
son personnage de La Horla et pour la folie-furieuse loufoque (comme par
exemple, les visages qui sortent des murs), j'ai également pensé
aux surréalistes et par exemple à Boris Vian et son Écume
des jours. La fantaisie et l'aspect étouffant ne m'ont pas
gênée outre mesure et j'aurais bien du mal à dire
pour quelle raison j'ai ainsi tourné les pages aussi vite. Je crois
que j'ai lu ce livre en projetant en permanence des images mentales dans
mon cerveau. Je le trouve très visuel et je crains de ne pas avoir
envie une fois de plus de voir une adaptation cinématographique.
J'ai pourtant du mal à y voir autre chose qu'une simple narration
complètement déjantée car je crois que personnellement
je n'y vois rien d'allégorique tel que cela est mentionné
sur la quatrième de couverture et l'affirmation de vision panique
de l'univers me dérange. Je pense qu'on peut lire l'uvre
comme le reflet d'une mesquinerie et l'acceptation asservissante de cette
dernière. Quand j'ai réalisé qu'il ne s'en sortirait
pas, j'ai abandonné toute affection pour le personnage mais déjà
le narrateur me l'avait montré tout à tour lui-même
bourreau et victime, cohérent et incohérent. Je suis incapable
de dire à qui je pourrais prêter ce livre qui me semble très
vieilli. Je l'ouvre à la moitié, à cause de cette
limitation.
Henri
Je ne serai pas des vôtres ce soir
Mille regrets.
Comme je l'ai exprimé
la dernière fois, je rêve d'une écriture qui échapperait
à toute possibilité de transposition au cinéma. Autant
dire que j'évite les cumuls - livre et film - c'est l'un
ou l'autre. J'ai été mal servi cette fois, mais qu'importe.
En effet, j'ai vu le film de Polanski peu après sa sortie, c'est-à-dire
dans ma lointaine jeunesse [voix chevrotante], époque où
je n'avais pas encore le cuir désabusé. La projection me
fit grand effet. L'épisode de la dent extirpée d'un trou
mural de derrière une armoire poussiéreuse n'a jamais quitté
ma mémoire, ni l'impression morbide qui s'en dégageait,
pas plus que le souvenir d'être rentré chez moi en me retournant
tous les dix mètres pour voir si je n'étais pas suivi. J'ai
donc débuté la lecture en sachant de quoi il en retournait,
avec un relatif désintérêt. Pure présomption !
Rapidement la succession des chapitres, aux intitulés implacables,
comme une nasse se refermant sur le locataire, m'a hameçonné.
La construction est simple mais diablement efficace : tant en terme
de progression dramatique que du fait que les réflexions introspectives
de Trelkovsky (ou encore les rencontres avec ses amis qui ponctuent le
récit) ont pour effet de réaffirmer l'ancrage du personnage
dans la "normalité", de nous le rendre proche et familier,
au point de partager avec lui quelques unes des "subtiles répulsions"
inhérentes à la sexualité, la virilité, la
bestialité et que sais-je encore. Ainsi, le "réel"
des scènes bizarres et des événements dont est témoin
Trelkovsky tient jusqu'au chapitre "La maladie", où là,
ça bascule dans l'hallucinatoire, ébranlant notre conviction
dans la réalité des faits (j'ai beaucoup aimé la
démultiplication sans dessus dessous des escaliers, comme métaphore
de la perte de sens : sens-direction vs sens-signification). Le chapitre
"La révélation" enfonce le clou dont on ne sait
s'il s'avère paranoïaque ou satanique. L'épilogue,
en forme d'énigme récursive Trekolsky est Simone
Choule qui n'est autre que Trekolsky
et ceci, à l'infini
(au gré des canines qui se substituent aux incisives)
achève cet imbroglio entre l'intériorité et l'extériorité
pour nous convier à une vision "panique" de l'univers
(dixit la 4ème de couverture).
Le style précis et sans fioriture de Topor est à l'image
de ses dessins : contours nets mais désordre congénital,
comme celui de couverture, où les oreilles saturées de plaintes
et de coups frappés aux murs par le voisinage se mutent en un regard
aussi expressif qu'un batracien coiffé d'un melon.
Plus encore que la construction j'ai apprécié certaines
particularités du style, par exemple, les ellipses dans la narration :
comment se retrouve-t-il fardé sur son lit ? (Chapitre XI :
ici, l'on veut croire qu'il s'est maquillé durant sa maladie).
Comment se retrouve-t-il habillé en femme, après avoir perdu
connaissance dans sa lutte avec une femme vulgaire (p. 130) ?
Alors, là ? Joker ! Ou encore, les petits détails
des désordres intimes : "une
goutte de bière qui s'échappe", "des
bas qui donnent une couleur de bretzel" (p. 82), "un petit
poil brun qui émergeait d'un pore" (p. 90), "un
peu de matière jaunâtre s'était agglutinée
entre ses yeux" (p. 141).
J'ouvre aux ¾, et je regrette de ne participer à la discussion
pour tirer bénéfice de la désormais fameuse
vision kaléidoscopique du groupe, voire du "décodage
psychanalytique" de nos réactions à cette lecture.
Séverine(qui
avait proposé le livre)
Je n'ai pas pu le relire pour l'occasion, mais je l'ai déjà
lu deux fois. Je ne me lasse pas de cette lecture. J'aime dans ce livre
tout ou presque : le style d'écriture, la structure, la façon
dont Topor nous mène en bateau, son univers étrange, ce
côté absurde
Je trouve d'ailleurs que son écriture
est très visuelle, et on a facilement des images qui viennent à
l'esprit et ayant vu le film, j'ai à chaque lecture Polanski à
l'esprit : je trouve qu'il a magnifiquement incarné le (la)
locataire. Je trouve aussi que son écriture est visuelle probablement
aussi parce qu'il était dessinateur à côté
(j'adore ses dessins !) et que son style sobre, son texte bien construit,
clair correspond à son trait de dessin.
Je pense, par ailleurs, que cette histoire nous parle, à un premier
degré car on a tous vécu des histoires de voisinage, à
un degré plus corsé avec du harcèlement, de la stigmatisation
dont on a pu être victime ou témoin. En voyant l'exposition
de la BNF et en apprenant que sa famille avait été pendant
la Guerre dénoncée par une de leurs voisins à Paris,
on comprend mieux le livre et le fort sentiment de persécution
qui le traverse. Enfin, j'aime ce côté transfert de personnalités
et d'assimilation entre le nouveau locataire et l'ancienne locataire :
la transformation est très bien amenée et on frôle
la science-fiction !
Bref, vous l'aurez compris, je suis fan ! Je l'ouvre en grand !
Et dès que je peux, je lis les autres ouvrages de Topor qui sont
dans une de mes nombreuses piles de livres
Monique S
J'avais lu ce livre, dans les années 80 peut-être. Mais en
le relisant, j'ai pris à nouveau plaisir à ce grand déménagement
loufoque, burlesque, "jusqu'au-boutiste".
C'était juste avant 68 ; les gens aspiraient à sortir
d'un carcan de bien-pensance, de faux-semblants. C'était une époque,
où l'on aimait affoler le bourgeois, lui couper l'herbe sous le
pied avec l'incongru, l'irraisonnable.
Ce livre (comme l'expo de la BNF) me dérange néanmoins un
peu par ses thèmes qui tournent trop autour du scatologique (les
cabinets, la diarrhée) et du thème de "l'angoisse de
la castration", avec les coupures, blessures, l'amputation..., mais
il me fait aussi sourire par le portrait au vitriol qu'il donne d'une
société refermée sur des valeurs révolues
et mortifères, où les pulsions trop refoulées peuvent
provoquer des catastrophes dramatiques, dans les vies individuelles comme
le suicide, et dans la vie sociale, comme le nazisme et la volonté
de détruire l'autre, le "différent".
Par l'engrenage des idées noires, qu'on en peut ni contenir, ni
maîtriser comme dans un cauchemar, on pense bien évidemment
à Kafka.
J'ouvre le livre aux ¾.
J'ai adoré le film de Polanski, des longueurs certes, car difficile
de mettre en image toute la vie intérieure du personnage principal,
mais des choix de réalisation : d'ambiance, maquillages, de
décor, extraordinaires. Polanski est un créateur. Il a une
patte bien à lui, dérangeante certes, mais émouvante
aussi, et souvent hilarante. Et quelle drôlerie de retrouver tout
le décor des années soixante-dix et la belle équipe
des comédiens du Café de la Gare.
Manon
J'aurais tellement aimé être parmi vous ce soir ! J'aurais
vraiment aimé être là afin d'entendre vos avis et
de pouvoir, peut-être, enfin, me forger le mien...
J'ai lu ce livre dès lors qu'il a été proposé
et je m'étais dit, en le terminant, que je le relirai juste avant
le club tant je suis restée perplexe. Malheureusement ou
heureusement une lecture en entraînant une autre, je
ne l'ai pas du tout relu...
À défaut de pouvoir exprimer un avis, je peux donc exprimer
un sentiment : ma lecture a été tout du long teintée
de brouillard et maintenant que j'y repense à tête
reposée le brouillard reste toujours aussi présent...
éclairez-moi de vos avis je vous en prie !
Manuel
Il y a une tension à la première lecture. Je connaissais
la fin, ayant vu le film, et cela m'a perturbé. C'est un livre
qui fait du bien, même s'il est daté. J'ai aimé les
moments de doute, de flottement quant au genre (suis-je un homme ?
suis-je une femme ?) La fin est énigmatique. J'ai pensé
à Rosemary's
Baby de Polanski, à Psychose
avec des questions d'identité aussi, Anthony Perkins se prenant
pour sa mère. C'est une vraie création. C'est un peu trop
scatologique. Topor, c'est aussi Téléchat,
Merci
Bernard, Palace.
J'ouvre aux ¾.
Danièle
C'est un livre facile à dire, très visuel. J'ai beaucoup
pensé à Kafka ; les lieux sont minutieusement décrits,
le banal devient cauchemardesque, tout est décrit de la même
manière. C'est un sentiment d'impuissance qui se développe
en paranoïa, avec les caractéristiques du réel. Au
début c'est un personnage normal et banal et, peu à peu,
l'évolution progresse. J'ai été frappée par
le rôle joué par les WC, un lieu de l'intime, où l'on
voit sans être vu. Le personnage est obsédé par les
déchets (de toutes sortes). Dans l'escalier du mystère,
il y a une montée de la culpabilité. L'intériorité,
la perte de la personnalité s'ajoutent à la paranoïa.
Je n'ai pas eu peur en lisant, bien que ce soit cauchemardesque. J'ouvre
aux ¾.
Jacqueline
C'est un livre qui me laisse très perplexe. C'est très artificiel
(avec la boucle du temps), je n'y crois pas trop, je ne trouve pas de
sens. Je pense à Borges où on trouve une unité qui
donne le sens ; ici il n'y a pas de sens. La lecture est très
prenante, on retrouve les détails du dessinateur Topor et, derrière,
l'univers effrayant de la folie (j'ai eu une cousine malade mentale qui
vivait un peu comme ça dans la suspicion de son voisinage). J'ai
lu vite, jusqu'au bout : ça se lit très bien, mais
je n'étais pas complètement prise. J'ai revu le film de
Polanski qui m'a semblé très fidèle, mais on reste
à l'extérieur alors que, dans le livre, on est constamment
dans la tête du protagoniste. J'ouvre à moitié.
Annick LJ
Tu as passé ton temps à résister...
Rozenn
J'ai lu avec plaisir. J'avais vu le film autrefois. Ça ressemble
à Kafka, mais pourquoi ce n'est pas Kafka ? Qu'est-ce qui
manque ? J'ai eu beaucoup de plaisir, beaucoup d'intérêt
à la lecture mais gâchée par les souvenirs
du film, surtout en ce qui concerne les couleurs : gris, kaki
Ce film est vraiment du Polanski, plus que du Topor. Finalement pour moi,
le livre sera du Polanski. Comment j'ouvre ? Je ne sais pas, pas
en grand. Je ne le relirai pas, ne le conseillerai pas, mais je suis contente
de l'avoir lu.
Fanny
Moi aussi j'évoquerai Kafka, c'est angoissant. Et également
Le
maître et Marguerite de Boulgakov.
Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce livre : sur la maladie
mentale, la métaphore de l'emprise, de l'oppression de la société
sur l'individu. À la fin, on retrouve la phrase du début
("un gémissement
monta de la bouche, étouffé d'abord, puis s'enflant pour
finir en un cri insupportable"). Il y a un rapport au
temps, au délire : qui est le personnage ? Le locataire,
est-ce Simone Choule ? Y a-t-il complot ? Les détails
scatologiques ne m'ont pas gênée. L'oppression se joue sur
le rapport au corps, très réaliste, très visuelle.
P. 88 "Les oiseaux
ne chantent pas, ils crient." : cette phrase énigmatique
est un emblème du livre. J'ouvre en grand.
Annick LJ
J'ai vu le film de Polanski autrefois. Sans savoir qu'il s'inspirait d'un
livre de Topor. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt, c'est une
vraie découverte, une lecture facile, une machine narrative bien
faite. Je suis perplexe sur ce que je peux en dire. L'intérêt
est de rester sur le doute : folie ou réelle conspiration ?
J'ai pensé au Horla
aussi, pour la perte d'identité, et à Kafka pour La
métamorphose, mais Kafka c'est beaucoup plus fort. Le côté
grand-guignol de Topor m'a un peu gonflée. J'ouvre à moitié.
C'est intéressant quand même, mais je ne suis pas sensible
à cela. J'ai pensé à Bosch que j'aime moyennement,
c'est l'excès, c'était trop.
Denis
J'ai vu le film dans les années 70. Ma lecture du livre est polluée
par le souvenir du film. Je suis un ancien lecteur de Hara-Kiri,
on adorait les dessins de Topor, j'en portais un au dos de ma blouse en
classe prépa...
Claire
Tu n'as pas gardé ta blouse ?...
Denis
Je ne connaissais pas toute l'activité de Topor, par exemple Téléchat.
La prose de Topor est d'une concision et d'une précision extraordinaires,
comme son style de dessin. Il n'y a rien en trop. Je me souviens d'autres
films de Polanski avec Deneuve, Répulsion
par exemple, avec
les mains qui sortent du mur, Rosemary's Baby avec l'intervention
du démon. Le film Le locataire est très impressionnant,
par exemple avec le hurlement et le
trou de la bouche... J'ai beaucoup aimé le livre. J'ouvre aux
¾.
Monique L
Cela m'a rappelé les brochures des années 70 et les dessins
de Topor. J'ai retrouvé le même malaise. J'ai beaucoup apprécié
la progression de la paranoïa, la progression de son angoisse, de
son délire. La tyrannie du silence (ne pas faire de bruit), c'est
aussi un engrenage. Les voisins qui sont les oppresseurs sont assez invisibles.
Les modifications avec la fièvre sont très convaincantes.
Certaines parties ne sont pas vraiment à leur place, en particulier
les WC, on ne voit pas ce que ça apporte, donc j'ai raté
des trucs. Le travestissement, quel rôle joue cela joue-t-il ?
Cela permet d'attendre la fin... J'ai été intéressée
par la progression de la paranoïa, le reste me semble coller. J'ai
plus aimé le livre que le film. Je voyais tout beaucoup plus sordide
que ce que montre le film. J'ouvre à moitié.
Claire
À part des dessins très connus comme
pour Amnesty, j'ignorais tout de Topor. Je l'ai découvert par
l'exposition
de la BNF, éberluée par sa créativité
tous azimuts, avec en même temps un léger malaise. Vous citez
Kafka mais, en France, à quel autre livre ce livre peut-il ressembler ?
Il est vraiment original. Comme Lisa, j'ai plaisir à cette imagination,
couplée à une construction d'une implacable mécanique.
J'aime quand il renouvelle des façons de voir : j'avais moi
aussi retenu ce passage sur les oiseaux qui ne chantent pas mais crient.
Ou quand il cherche à entrer en contact avec Stella entourée
d'un groupe, et énumère toutes les façons de faire
en les critiquant (p. 81). Ou quand il donne
la méthode pour ne pas se laisser surprendre par le destin
(p. 140). Il y a des expressions très fortes : "La
peur, devenue trop grande pour lui, débordait par le goulot"
(p. 118). La description au plus près
du corps et des vêtements de Stella (p. 82)
est je trouve extraordinaire. On pense aussi à Escher
et ses escaliers : "du
grand escalier, d'innombrables petits escaliers divergèrent"
(p. 103). J'aime aussi quand il cherche à
se définir : "qu'est-ce
qui est lui, uniquement lui ?" (p.
123) ; à cette page, on a une petite clé psychologique
sur le personnage, concernant son passé traumatique (violences,
honte). Si la folie guette tout le temps, il y a des moments drôles
(on rit jaune), par exemple quand il frappe l'enfant qui sourit trop vite
après avoir pleuré ; ou bien, allant très mal,
et pour s'accrocher "à
la raison comme à une corde", il se récite
des fables de La Fontaine et brosse à haute voix "un
tableau complet de la situation politique en Europe au début du
XIXe siècle"... J'ai beaucoup aimé le livre.
J'ouvre aux ¾.
Brigitte
A travers la lecture de ce livre, je découvre Roland Topor. Sur
le fond du récit, j'ai peu de choses à dire, si ce n'est
que j'y retrouve le mode de vie des Parisiens des années 50, qui
paraît déjà lointain aux Parisiens d'aujourd'hui.
C'est vraiment passionnant de découvrir un écrivain. Sous
l'apparence d'un style totalement objectif, avec un narrateur très
distant, on a affaire à un texte totalement subjectif, avec un
héros qui vit dans la confusion mentale sans jamais réussir
à prendre la moindre distance avec ce qui lui arrive, et qui se
trouve finalement totalement confondu avec le personnage de la précédente
locataire. J'ai relevé un passage savoureux, lorsque pour nous
donner une description plus ou moins érotique du corps de Stella,
le narrateur précise que "sa
peau devait être pleine d'empreintes digitales !"
(p. 82). J'apprécie vraiment la performance
littéraire, avec une fausse objectivité. On pense à
Kafka, oui, La métamorphose.
Danièle
Le
procès aussi.
Annick LJ
Dans Topor comme dans Kafka, les personnages ne savent pas de quoi ils
sont coupables.
Brigitteà
Je me demande si je n'ai pas vu le film. Comment j'ouvre ? Entre
la moitié et trois quarts.
Claire
J'ai aimé le film que nous avons regardé hier en parlant
tout le long du film
, passionnée par les choix de l'adaptation,
par exemple : comment transposer les scènes de la cour à
la Bosch ? Résultat : une très belle scène de
cauchemar dans la cour où toutes les fenêtres de l'immeuble
sont comme des loges d'opéra, des personnages très réussis,
la Lolita handicapée par exemple.
Le magazine Gala
C'est Eva Ionesco, c'était son
premier rôle.
Claire
L'aspect scato est moins présent dans le film que dans le livre,
et dans l'un comme dans l'autre, cela ne me semble pas puéril comme
j'en avais eu l'impression à l'exposition, et c'est tout au contraire
inquiétant. Dans le film, j'ai senti nettement des longueurs, trop
de lenteur, et l'impossibilité d'être à l'image dans
la conscience du personnage, ce qui amène à un artifice :
le faire parler seul à haute voix de temps en temps. Dans le film
il y a une coloration égyptienne qu'il n'y a pas dans le livre,
un aspect secte.
Nosferatu
Il y a un lien avec les momies.
Claire
C'est vrai, Simone Choule est complètement emmaillotée...
Émilie
(du nouveau groupe parisien dont les avis suivent)
Je veux bien parler la première car ce sera assez rapide dans la
mesure où je n'ai pas vraiment aimé ce livre. Sur la forme,
je trouve qu'il y a une progression originale intéressante car
chacun peut se trouver dans une situation similaire, avec des problèmes
de voisinage, des relations conflictuelles
Mais si la première partie est assez facile à lire, la suite
devient rapidement trash (les problèmes de dents et tout le reste
)
et du coup, l'intérêt, pour moi, réside surtout dans
le fait
que ce livre était court ! Bref, je trouve qu'il
y a quelque chose d'intéressant dans la progression mais bon, c'est
quand même assez répugnant. Je pense que c'est peut-être
ce mélange, cette proximité du quotidien mêlée
aux aspects répugnants qui rend le livre désagréable.
Et dans un sens, cela a bien fonctionné, puisque je me suis sentie
agressée alors que j'ai pourtant déjà lu pas mal
de livres dans ce genre-là, mais là, c'est le côté
très nu qui m'a paru désagréable. En plus j'habite
rue des Pyrénées, alors ça se passait dans ma rue !
(Rires
) Ce type qui est fou
Quelqu'un
Ce n'est pas lui qui est fou !
Émilie
Oui, enfin, on peut se demander s'il est parano parce que quand même
tout ce qui lui arrive
Est-ce que ça lui arrive ou pas ?
Ana-Cristina
Moi, ça m'est égal de savoir s'il est parano ou non, je
trouve que ce n'est pas la question.
Anne
C'est comme un délire schizophrène.
Nathalie B
J'ai lu des éléments biographiques dans lesquels il apparaît
qu'il a connu des angoisses durant toute sa vie, notamment pour des raisons
liées à l'histoire de sa famille (camps de concentration
en particulier).
Ana-Cristina
C'est un élément intéressant qui explique ses angoisses
et sa sévérité car je trouve qu'il est très
sévère. Cela peut expliquer l'univers qu'il a créé
dans ce livre.
Valérie
Si on extrapole, c'est peut-être tout simplement son univers à
lui
Ana-Cristina
Moi, j'ai été agréablement surprise car je n'ai pas
retenu les aspects malsains, ce n'est vraiment pas cela qui m'est resté
en mémoire mais plutôt le style, le choix du vocabulaire
que j'ai trouvé très adaptés. J'ai adoré l'intrusion
du bizarre et je ne me suis pas posé la question de savoir si c'était
le personnage principal qui délirait ou si c'était la réalité
autour de lui qui devenait fantastique. Et je n'ai absolument pas été
gênée par le trivial, les dents, les scènes aux toilettes,
tout cela fait partie de son univers et j'ai trouvé que cela allait
bien avec l'ensemble. J'ai apprécié le sens du détail.
J'ai trouvé intéressant le fait que l'auteur s'attache à
des parties spécifiques du corps qui prennent une importance démesurée
jusqu'à occuper pour un moment tout le devant de la scène.
Ce sont ces épisodes qui sortent le récit de l'ornière
de l'ordinaire car cette focalisation sur une partie du corps contribue
à créer l'étrangeté, par exemple lorsqu'on
ne voit, de Simone Choule à l'hôpital, que son il et
sa dent manquante. C'est tout un monde qui se trouve, comme ça,
généré par l'angoisse et qui est offert à
la perception du lecteur au moyen d'une hypertrophie sensorielle qui éclaire
la manière dont des gens très ordinaires peuvent devenir
nuisibles en proportion de leur laideur morale intérieure, cachée.
Valérie
Ne sont-ils pas plus machiavéliques que nuisibles ?
Ana-Cristina
puis
Non, pour moi, ils sont nuisibles car je trouve que c'est un terme encore
plus fort que machiavélique. "Machiavélique" me
paraît être un terme trop sophistiqué pour Topor, je
ne pense que Topor soit un auteur machiavélique. Les voisins représentent
une entité malfaisante, une hydre, un monstre à mille têtes,
alors que Trelkovsky est un être un peu fragile qui se trouve lentement,
progressivement rongé par cette hydre. Il est comme une bête
en proie à la peur. J'ouvre aux ¾ (jugement qui
sera réévalué à 4/4 dans la suite de la discussion)
Nathalie B
J'ai retrouvé la référence d'un poème
écrit par Topor qui éclaire un peu son cheminement et
sa proximité avec cet univers glauque. (Nathalie lit le début
du poème.)
"Je suis né
à l'Hôpital
Saint-Louis proche du Canal
Saint-Martin en trente-huit
Aussitôt j'ai pris la fuite
Avec tous les flics aux fesses
Allemands nazis SS
Les Français cousins germains
Leur donnaient un coup de main
En l'honneur du Maréchal
Pour la Solution Finale
Bref je me suis retrouvé
En Savoie chez les Suavet
Caché près de Saint-Offenge
En attendant que ça change
Je n'avais qu'un seul souci
Celui de rester en vie
"
Moi, j'ai eu envie de lire ce livre tout simplement parce que les angoisses
de voisinage occupent une place importante dans mon univers professionnel
et que je comprends, pour l'avoir approché, combien le fait de
ne plus se sentir chez soi, alors même que l'on est chez soi, peut
finir par grignoter l'individu. Et peu à peu Trelkovsky, qui subit
cela, finit par ne plus savoir du tout qui il est : il subit. J'ai
trouvé que c'était très bien montré, dans
un style épuré, simple, en parfait accord avec les aspects
psychologiques mis en avant dans le roman. Psychologiques et même
psychanalytiques : l'importance du corps, les hésitations
autour de l'identité sexuelle, la question du désir, le
fait que Trelkovsky ne sait jamais comment se comporter, en particulier
avec les femmes. Il n'est pas très agréable, finalement,
ce locataire : il est agressif et en même temps timoré,
il se sent lui-même agressé et réagit donc de façon
agressive, il est seul, perdu dans un monde qui ne lui facilite pas la
vie, avec pour seule compagnie des amis qui se moquent de lui et qui se
fichent complètement de ses angoisses. J'ai trouvé tout
cela très bien décrit
C'est intéressant aussi
de voir comment les animosités se nourrissent l'une l'autre
Après, il est vrai que le récit tourne au fantastique malsain.
Ça m'a fait un peu penser aux tableaux de Jérôme Bosch
ou au film de Polanski Rosemary's Baby, à Boris Vian aussi
pour les voisins intrusifs, L'Écume
des jours notamment pour la scène de l'appartement qui
rétrécit et de façon générale à
cette forme de surréalisme que l'on retrouve souvent dans les dessins
de Topor. En somme, j'ai apprécié de découvrir cet
auteur, même si le fantastique et la scatologie ne sont pas mon
truc et j'ai trouvé l'ensemble quand même très fin,
très bien observé
Je n'ouvre qu'à moitié
parce que ce n'est pas vraiment mon truc mais c'était intéressant.
Flavia
Je me reconnais bien dans tout ce qui a été dit. Je ne connaissais
pas cet auteur et je suis très contente de le découvrir
grâce au groupe car je n'aurais jamais acheté ce roman. J'ai
trouvé agréable de lire un texte assez court et j'ouvre
complètement ce livre car je l'ai vraiment beaucoup aimé.
J'ai été complètement happée par l'histoire
et j'ai vraiment eu peur en lisant le livre car je l'ai prise d'un bout
à l'autre au premier degré en prenant "pour de vrai"
tous les épisodes et tous les rebondissements. Les voisins chiants
et agressifs qui tombent dans la folie et le complot, tout cela m'a paru
très vrai et très bien écrit. Je trouve que l'auteur
développe de grandes qualités d'écriture. Et en fait,
ce n'est que tout à fait à la fin que je me suis demandé
si le personnage principal était ou non parano. Mais je suis d'accord
pour dire que ce n'est pas la question. Ce qui me semble intéressant,
a posteriori, c'est de savoir pourquoi cela m'a fait si peur. En fait,
je crois que le récit concentre toutes les peurs, toutes les angoisses,
les phobies que tout le monde, n'importe qui, chacun d'entre nous peut
avoir et que tout cela se rassemble en une seule personne dans le personnage
de Trelkovsky. Pour moi, c'est ça qui fait la force du livre.
Nathalie B
Il est certain qu'il y a une lecture psychanalytique du livre : le
rapport à la mère, le désir, l'absence du père
Flavia
Oui, il y a beaucoup de choses en relation avec des troubles psychologiques.
Par exemple, le fait de ne pas se sentir en sécurité chez
soi est quelque chose de terrorisant. Quel enfant n'a pas eu peur des
bruits nocturnes ? Or là, c'est la seule connaissance qu'il
a de ses voisins. Cela fait référence à la maison
hantée qui est souvent présente dans l'imaginaire des enfants.
Même chose pour la dent qui est une occasion pour Simone Choule
de faire référence à l'enfance et qui est bien présente
dans le catalogue des peurs infantiles. Et aussi le fait que Trelkovsky
se fait moquer de lui par tout le monde, c'est aussi une peur d'enfant
que d'être mis à l'écart, d'être isolé
de la communauté en tant que celui qui ne se conforme pas ou qui
n'arrive pas à se conformer aux règles
Sa liberté
est complètement entravée : il ne peut même pas
inviter des copains chez lui ! Et puis il y a aussi la question du
suicide : le fait d'avoir quasiment assisté au suicide de
Simone Choule a provoqué un ébranlement chez lui et a donné
naissance à une espèce de contagion du désir suicidaire.
Et puis il y a les scènes de travestissement, cette transformation
en femme qui traduit la peur de perdre sa virilité et tout ce rapport
malsain au corps, la scène des cabinets qui montre la peur de voir
et de se faire voir dans cette intimité, avec tous les détails
notamment sonores : le bruit du papier, le bruit de la chasse d'eau,
etc. Je trouve que c'est hyper intéressant et j'ouvre vraiment
en grand, sans réserve.
Valérie
J'ai lu ce livre il y a déjà plusieurs mois et en écoutant
Flavia, je me souviens que ce que j'ai le plus apprécié,
c'est l'ambiance de l'appartement. Cela m'a fait penser à un livre
de Tatiana de Rosnay qui a pour titre L'appartement
témoin et qui raconte aussi l'histoire d'un personnage
qui arrive dans un appartement dont le précédent occupant
s'est suicidé, lui aussi. Dans le livre de Topor, on comprend très
vite que l'histoire va se replier sur elle-même. J'ai trouvé
que le personnage de Trelkovsky était attachant (j'ai beaucoup
aimé son nom), jusque dans sa solitude. Lorsqu'il va voir M. Zy
(quel nom !) pour discuter du prix, on arrive bien à comprendre
ce qu'il ressent, pour moi cela évoque l'image d'une tour et de
la solitude qui s'en dégage. J'ai pensé à la chanson
de Ferrat dans le film Au
fil d'Ariane.
Nathalie B
Dans l'étude psychanalytique dont je parlais tout à l'heure,
M. Zy est présenté comme une moitié dont le
nom complet serait M. Zy-Zy
Valérie
Finalement, la seule chose qui existe pour Trelkovsky, c'est le bruit
que font ses voisins. Parce qu'il y a aussi Stella avec qui il a une relation
intéressante, mais c'est l'amie de la suicidée, alors on
comprend qu'il va se passer quelque chose, mais pas une histoire d'amour.
En fait, le rapport avec son entourage est choquant : il n'a pas
d'amis, pas d'amour, des voisins horribles, un appartement pourri et pour
seul avenir le spectacle d'ouvriers qui le regardent en réparant
la verrière sur laquelle il va tomber. Je trouve que le rapport
entre l'homme et l'uvre est très fort, c'est le rapport de
l'homme au monde qui rappelle que Topor a été caché
un temps dans un appartement. On peut devenir fou à la suite d'un
épisode comme celui-ci. Cela m'a fait penser à l'appartement
d'Anne Franck. Alors la question de savoir si, dans le livre, ce sont
ses voisins qui le transforment ou bien s'il ne fait que devenir lui-même,
je ne me la suis pas vraiment posée. Pour moi, c'est le récit
d'un complot et comme c'est le récit d'un complot, j'ai été
émue par la résistance du personnage. Et puis j'ai bien
aimé le titre, je trouve que le mot "chimérique"
donne envie de lire le livre. J'ouvre en grand.
Flavia
Pour le cinéma, le titre est devenu Le locataire, parce
que le public n'aurait, paraît-il, pas compris le titre complet.
Valérie
Oui, mais le film n'a pas grand rapport avec le livre. Il se concentre
uniquement sur l'angoisse et gomme les aspects les plus fantastiques
Flavia
Moi, le livre m'a fait penser au film de Pasolini Les
120 journées de Sodome, cette fascination pour tous les
vices humains.
Ana-Cristina
Je reviens sur la notion de tour, mais pour moi, il n'est pas dans une
tour car il connaît ses voisins.
Valérie
Mais il n'identifie pas ses voisins, à part quelques-uns, c'est
angoissant
Quelqu'un
Il y a du Kafka là-dedans (opinion plus ou moins partagée
dans l'assistance).
Françoise H
Je n'ai lu le livre que de façon hachée et encore pas complètement.
Outre le fait que cela m'a assez peu intéressée, au regard
de ce qui a été dit jusqu'ici, il m'en reste surtout deux
impressions : d'une part qu'il s'agit d'un assez bon documentaire
sur le mal logement dans les années 60, d'autre part que c'est
un témoignage assez intéressant sur la frustration sexuelle.
J'en veux pour preuve les relations du personnage principal avec Stella,
que ce soit, par exemple, au cinéma ou au café, il la décrit
toujours avec des propos d'obsédé frustré, en s'attachant
à sa bretelle de soutien-gorge ou à d'autres détails
qui montrent effectivement que les rapports entre les hommes et les femmes
n'étaient pas du tout les mêmes dans les années 60
que ce qu'ils sont aujourd'hui.
Ana-Cristina
Oui, on a l'impression qu'il considère la femme comme une poupée
ou un mannequin.
Nathalie B
D'ailleurs, il y a une scène dans laquelle un mannequin est traîné
dans la cour.
(S'ensuit une discussion sur les raisons supposées pour lesquelles
l'auteur a choisi le prénom Stella pour son personnage féminin,
peut-être une contre-référence à Calderón
dans
La vie est un songe ou bien une allusion au film Un
tramway nommé désir d'Elia Kazan
)
Julius
Moi je n'ai pas trouvé beaucoup d'intérêt à
la lecture de ce livre, d'une part parce que j'ai trouvé l'intrigue
très convenue dans la mesure où on devine très vite
comment cela va se terminer, tandis que le reste n'est qu'une succession
d'anecdotes qui ne font qu'assez peu progresser la tension, d'autre part
parce que j'ai été désagréablement gêné
par le mélange des genres entre récit psychologique et récit
fantastique. J'ai trouvé l'ensemble très inégal après
avoir pourtant bien apprécié le début, cette angoisse
qui monte, cette façon de réduire le personnage dans un
espace physique et psychologique de plus en plus contraignant, inconfortable,
aliénant et finalement mortifère. Mais ensuite j'ai trouvé
que les moments paroxystiques étaient gâchés par les
scènes fantastiques et scatologiques qui font basculer la tension
dans la bouffonnerie et se révèlent finalement contre-productives.
En somme le locataire est chimérique, mais le livre l'est aussi
et c'est une des raisons pour lesquelles je ne l'ai pas aimé. Pour
rester malgré tout sur une note positive, je dirai que j'ai quand
même apprécié certaines trouvailles assez intéressantes,
comme par exemple cet anonymat des voisins, sans nom et sans visage, allié
à leur nombre dont on a l'impression qu'il croît sans cesse
jusqu'à figurer une foule compacte, homogène, écrasante
et plus il y a de voisins, plus ils sont anonymes et, finalement, on se
rend compte que Trelkovsky voit des voisins partout, jusque dans le chauffeur
de la voiture qui le renverse, jusque dans Stella
: le monde
entier le persécute et le monde entier est un voisin (et moi, et
moi, et moi
) Le questionnement sur l'identité m'a aussi intéressé
(p. 123). Qui suis-je ? Qu'est-ce qui constitue
mon identité ? Mais cela aurait pu être beaucoup plus
développé. J'ai trouvé des réminiscences de
Gogol aussi.
En revanche, je vois dans cette histoire une portée philosophique
sur le devenir humain car, pour moi, c'est l'histoire d'un éternel
recommencement : il y a eu, avant Trelkovsky et Simone Choule, une
infinité de Trelkovsky qui se sont transformés en Simone
Choule et qui ont ensuite sauté sur la verrière et il y
en aura une infinité d'autres dans l'avenir. Tous les Trelkovsky
du monde se transforment en Simone Choule et sautent ensuite sur la verrière
et nous sommes tous des Trelkovsky, il suffit d'attendre notre tour. De
même que nous sommes tous des M. Zy et des ouvriers qui réparent
la verrière avant de devenir des Trelkovsky. C'est la roue qui
tourne et c'est l'absurdité qui est cause de panique, une panique
silencieuse qui bat dans nos veines, qui nous emprisonne et nous empêche
de nous libérer du destin.
Mais dans l'ensemble et hormis quelques passages, j'ai trouvé le
livre assez ennuyeux et même franchement repoussant par sa complaisance
envers les situations malsaines
J'ouvre tout juste à ¼.
Anne
Après Romain Gary, pas facile m'a été d'aborder Topor,
un tout autre genre.
Mon sentiment pour Le locataire chimérique n'est pas d'avoir
aimé ou pas aimé. Je l'ai parfois trouvé étonnant
et parfois détestable. Les côtés scatologiques m'ont
semblé gluants, une provocation d'adolescent vis-à-vis du
bourgeois, cela affaiblit considérablement la qualité du
livre. J'aurais admiré Topor s'il avait pu nous le faire entrevoir
sans tomber dans le grand-guignol. C'est dommage car il écrit très
bien et j'ai été conduite dans les chemins obscurs de la
confusion avec plaisir. Il a su provoquer des images que j'ai trouvées
très belles et fortes, comme l'arrivée du cavalier dans
la cour (p. 132). Sur un plan psychologique,
il perçoit avec acuité l'expérience du délire
et de la persécution. Je me suis demandé s'il en avait fait
l'expérience. L'entrée dans la maladie, avec les pertes
de repères spatiaux et les troubles de dépersonnalisation
est impressionnante. La façon dont il pense que les voisins le
transforment en Simone Choule (p. 108) en
est exemplaire. Il décrit très bien l'entrée dans
la psychose avec les premiers symptômes de l'hypocondrie et des
manies (p. 90). Il décrit avec grande
habileté une réalité psychique malade et son talent
est d'en faire une remarquable fiction. Avec tout cela il parvient à
créer une forme de poésie onirique et surréaliste.
L'évolution de l'histoire est impressionnante, elle part de l'anodin,
ne pas faire de bruit, pour évoluer vers l'horreur et l'angoisse,
c'est un thriller qui n'en est pas moins parsemé d'humour. Comme
quand il achète un pistolet qui n'est qu'un jouet avec des plombs
minuscules. Cet humour permet dès le début une très
heureuse distance d'avec un récit macabre. Topor est un prestidigitateur,
un faiseur de tours de passe-passe littéraire, notamment la façon
dont Trelkovsky devient femme. C'est très impressionnant la façon
dont la fin rejoint le début, et encore la façon dont ce
qui commence ne finit jamais et cela ne finit jamais que comme cela a
commencé. C'est tortueux et implacable. D'un pied-de-nez Topor
tord le cou à la résilience (Cyrulnik). La vie ne doit pas
être. Pas de différence des sexes, qui est niée et
anéantie après avoir tout de même vaguement existé
sous la forme d'un désir mou pour Stella qui n'est son étoile
que lorsqu'il va se réfugier chez elle. Les limites du corps sont
anéanties, ce qui est dedans vient du dehors (la persécution),
ce qui est dehors est peut être dedans, les murs de la chambre rétrécissent
et cèdent sous l'intrusion du voisinage, la verrière vole
en éclat, tout s'écroule. Une bouche avec son énorme
trou peut être un anus puisqu'il en est tout le temps question.
Rien n'est en place, rien ne tient. Ce qui renforce les aspects absurdes
et grotesques de la fiction. Il y a un parfum de Jérôme Bosch
parfois.
Tout en appréciant la qualité de ce récit, je n'ai
pas pu m'empêcher de ressentir la nostalgie des Racines
du ciel, lu la dernière fois. Romain m'a manqué,
avec le Tchad, avec ses paysages, avec ses personnages d'envergure, ses
conflits humains, ses éléphants, son intuition du drame
écologique ! Ce locataire m'a installée dans un immense
manque. Avec Topor, le romantisme est situé au royaume de l'analité.
Les waters, les descriptions de déjections, l'analité délirante
et crue sont dominants. Certes tout cela a une cohérence dans ce
récit burlesque qui parle de nos sentiments refoulés en
face de l'invasion d'autrui. C'est très bien fait, mais me retrouver
au Tchad avec l'ami Morel allumant sa cigarette debout contre le ciel
rougeoyant, c'était pas mal ! Non, l'amitié, la loyauté,
la tendresse ne sont pas au rendez-vous avec Topor. La problématique
identitaire y est radicalement différente de celle de notre Kacew/Gary/Ajar
et quelques autres bien inspirés
L'impuissance, l'horreur,
le sadisme archaïque, sont de la fête dans le locataire chimérique,
c'est un genre, c'est un talent, mais toutefois par goût, plutôt
que par critique, je n'ouvre ce livre qu'à moitié.
SYNTHÈSE DES AVIS
DU GROUPE BRETON (Annie, Claude, Édith,
Marie-Claire, Mariethé, Yolaine)
:
Édith ½
: Marie-Claire, Annie, Yolaine : Marithé
Nous nétions pas très nombreuses et ne pouvons donc
tirer denseignement général des avis émis lors
de cette séance, mais nous avons quand même majoritairement
ressenti un malaise devant le caractère cauchemardesque et oppressant
de ce roman.
Le décor bizarre, parfaitement glauque et même scatologique
(pièces sans fenêtres, vue principale centrée sur
les toilettes, bruits lugubres, regards hostiles des voisins), le sentiment
denfermement du héros qui sombre progressivement dans la
paranoïa et effectue inéluctablement une véritable
descente aux enfers, ont rendu la lecture dérangeante, angoissante
et même fastidieuse pour certaines dentre nous.
En même temps, nous avons toutes apprécié la qualité
décriture de ce récit, le suspense diabolique qui
accompagne la progressive désintégration de Trelkovsky dévoré
par son angoisse, les portraits truculents, pleins dhumour et dune
grande finesse psychologique des différents personnages, le passage
subtil de la réalité (qui na vécu des situations
difficiles avec certains voisin ?) au fantastique, qui a imposé
la comparaison avec Kafka (La
métamorphose) et Edgar Poe.
Livre sur le mal, sur la victimisation, la déshumanisation et destruction
de lêtre humain, sur la honte, la culpabilité, lobsession
de la mort, du cadavre, de la décomposition et des ordures :
on ne peut sempêcher dy voir symbolisé le destin
des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, auquel nous ramène
aussi le nom polonais de notre héros.
Ainsi, bien que certaines aient éprouvé du dégoût
pour cette histoire terrifiante alors que dautres sen sont
"délectées" (carrément), que nous nayons
pas forcément éprouvé de lempathie pour Trelkovsky,
nous nous accordons sur le fait quil sagit dun livre
intéressant, et même "extraordinaire" pour plusieurs
dentre nous.
Marithé
Je ferme ce livre.
Je ferme ce livre que je trouve pourtant extraordinaire. Si je le ferme,
c'est surtout parce que je l'ai trouvé oppressant, étouffant,
inquiétant, diabolique, maléfique, sinistre, lugubre, etc.
Je n'en pouvais plus avec ce locataire chimérique avançant
inexorablement vers son destin (?). Je n'avais qu'une hâte, c'était
de sortir de ce monde "insensé", de respirer, d'être
soulagée, apaisée. Ouf ! Quand j'ai tourné la
dernière page menant quand même au fond du gouffre...
Livre sur le mal. J'ai beaucoup pensé à l'univers de Michael
Haneke. Ici le mal est partout. Ou encore à Rosemary's baby
porté aussi à l'écran par Roman Polanski, tout comme
Le
Dieu du carnage. A Kafka aussi.
Livre extraordinaire donc, pour ce que j'ai dit, pour le ressenti, l'atmosphère
restituée, pour l'écriture aussi bien sûr. Imagination
remarquable de Roland Topor dans la création d'un monde fantastique.
Je note d'importantes allusions à des moments de l'enfance du locataire,
p. 123 le séjour prolongé aux waters de l'enfant et
les paroles de la maîtresse : "vous
n'êtes donc pas tombé dans le trou ! ! (...)
Cela suffisait-il à
le définir ? Il se souvenait de sa peine et de sa honte. Mais
il n'en comprenait plus très bien les raisons"
(psychanalyse...). Par ailleurs, les persécutions infligées
au peuple juif sont là, sous les mots. Les chrétiens sont
aussi montrés du doigt : "Qui
aime le sang? Quoi? Personne? ... Vous appréciez aussi le sang
du Seigneur, non ?"(p. 162)
Enfin, je reste intriguée par la couverture : Topor dans tous
ses états dessiné, et le titre : "Locataire"
avec une majuscule, mais "chimérique"... C'est...
fantastique...
J'oubliais, Topor a dit : "Dans
le livre, un type devient fou à l'intérieur d'un monde hostile.
Polanski a enlevé l'aspect de conspiration. A mon avis il a eu
tort parce qu'on se projette plus facilement sur la victime d'un complot
que sur un fou..." (lu dans La
revue du cinéma d'avril 1986, on trouve de ces choses en
faisant du tri...)
DOCUMENTATION concernant
TOPOR
QUELQUES REPÈRES
BIOGRAPHIQUES
- Né en 1938, fils du peintre
et sculpteur Abram Topor, il passe ses premières années
à Paris, dans le 10e, puis en Savoie où ses parents, immigrés
juifs polonais, se cachent de l'occupant nazi entre 1941 et 1945.
- Études aux Beaux-Arts de Paris.
- Dessins, couvertures de revues, livre de dessins, nouvelles ; à
partir de 1961 Topor collabore au journal Hara-Kiri, mais aussi
au magazine Elle. En 1962, avec Fernando Arrabal et Alexandro Jodorowsky,
il crée le mouvement "Panique".
- Attiré par le cinéma d'animation, il collabore avec René
Laloux. Après plusieurs courts métrages, le long métrage
La Planète sauvage obtient en 1973 le prix spécial
du jury à Cannes.
- Comme acteur, il tient quelques seconds rôles et joue dans le
film de Werner Herzog, Nosferatu, fantôme de la nuit, avec
Isabelle Adjani et de Klaus Kinski.
- Il réalise aussi beaucoup d'affiches : Le
Tambour
de Volker Schlöndorff, L'Empire
de la passion de Oshima, L'Ibis
rouge de Jean-Pierre Mocky...
- Il collabore avec Federico Fellini pour son Casanova, dessinant
les images projetées pendant la séquence de la " lanterne
magique ".
- À la radio, Topor est l'un des protagonistes de l'émission
Des Papous dans la tête de France Culture.
- Au théâtre, il travaille avec Jean-Michel Ribes sur de
nombreux projets, avec Jérôme Savary. Il signe en 1992 à
la fois la mise en scène, les décors et les costumes
de Ubu roi au Théâtre national de Chaillot.
- A la télévision, la série pour enfants (démarrée
en 1983) Téléchat connaît un succès
immédiat : 234 épisodes sont tournés.
LE DÉTAIL
DE SON UVRE FOISONNANTE
Romans
- 1964 : Le Locataire chimérique
- 1967 : La Princesse Angine
- 1968 : Erika
- 1969 : Joko fête son anniversaire (roman et théâtre),
prix des Deux Magots 1970
- 1969 : Un amour de téléphone (sous le pseudonyme
d'Élisabeth Nerval)
- 1970 : Pop Rose (sous le pseudonyme de Maud Morel)
- 1971 : Épreuve par neuf (sous le pseudonyme de Laurent
Taupor)
- 1975 : Mémoires d'un vieux con, nouvelle édition
2011, éd. Wombat
- 1978 : Portrait en pied de Suzanne
- 1996 : Jachère Party
Recueils de nouvelles
- 1967 : Four roses for Lucienne
- 1982 : Café Panique
- 1986 : La Plus Belle Paire de seins du monde
- 1988 : Taxi Stories
- 1989 : Journal in time
- 1989 : Les Combles Parisiens
- 1997 : Made in Taïwan, copyright in Mexico
- 2011 : Vaches noires, éd. Wombat. 33 nouvelles inédites,
recueil composé par l'auteur de son vivant
Théâtre, opéra
- 1972 : Les derniers jours de solitude de Robinson Crusoé,
20 ans d'aventures et d'amour
- 1972 : Le Bébé de Monsieur Laurent
- 1975 : De Moïse à Mao, 5000 ans d'aventures
- 1983 : Batailles, avec Jean-Michel Ribes
- 1989 : Joko fête son anniversaire
- 1989 : Vinci avait raison
- 1989 : Fatidik et Opéra
- 1994 : L'Hiver sous la table
- 1996 : L'Ambigu
Recueil de dessins
- 1960 : Les Masochistes
- 1961 : Topor, Anthologie
- 1965 : Panic
- 1965 : Dessins Panique
- 1972 : Un Monsieur tout esquinté
- 1974 : L'Epikon
- 1974 : Une vie à la gomme
- 1977 : Toporland
- 1985 : Topor (catalogue de l'Exposition de Munich)
- 1996 : Le Trésor des Dames
- 2008 : Mai 68, collectif, Michel Lafon
- 2010 : Rebonjour (chez United Dead Artists)
Divers
- Les deux caprices, ill. Sabine Monirys, Grasset Jeunesse, 1974
- En 1976, il réalise une illustration pour une campagne dAmnesty
International contre la torture des prisonniers politiques :
-
Marcel Aymé, uvres romanesques, 6 tomes, illustrations de
Roland Topor, Flammarion, 1977
- Palace, avec Jean-Michel Ribes (sketches télé)
- Merci Bernard, avec Jean-Michel Ribes (sketches)
- Le Sacré Livre de Prouto (récit)
- Courts termes, avec Eddy Devolder (entretiens)
- L'Équation du bonheur, avec Henri Rubinstein (entretiens)
- À rebrousse-poil, avec Henri Xhonneux (échanges)
- La Cuisine cannibale (recettes)
- Rumsteak Morceaux choisis (poèmes et chansons)
- Vous savez, moi, sans mes lunettes, éd. Jannink, coll.
"L'art en écrit", 1992
- Pense-bêtes (phrases, poèmes et dessins), Le Cherche
midi, coll. "Les pensées", 1992
Discographie
- Les derniers jours de solitude de Robinson Crusoë (bande
originale par Le Grand Magic Circus avec trois textes de chansons Topor
en 1973)
- Zozo Lala (chanson sur un 45T de Megumi Satsu en 1980)
- Je m'aime (album de Megumi Satsu avec huit textes de chansons
de Topor) et Scato (chanson enregistrée en public par Megumi
Sats) en 1980
- Sous mes draps (chanson sur l'album Heureux en amour ? de
Robert Charlebois en 1981)
- François détexte Topor (album de François
Hadji-Lazaro sur des textes de Topor en 1996)
- Chantons z'enfants (album de Max Rongier pour lequel Topor a
donné des textes et des illustrations en 1997)
- Les points sur les i (album auto-produit par le groupe TOPOR
d'attache en 2000 ; 17 textes de Topor chantés par le comédien-chanteur
Pasquale d'Inca)
- Bloody Mary (mini-album de Sarah Olivier avec plusieurs textes
de Topor en 2003)
- Joséphine et les ombres (conte lyrique pour enfants, musique
de Reinhardt Wagner, en 2004)
- Zabawy Toporem na Zywo Z (DVD vidéo par le groupe Sublokator,
enregistrement en public, une partie des chansons a été
traduite en polonais par Marcin Pawlik le bassiste du groupe, en 2012)
- Bloody Mary (chanson sur l'album Pink Galina de Sarah Olivier
mise en musique par Babx, en 2013)
Cinéma et télévision,
en tant que scénariste et concepteur des décors/personnages
- 1965 : Les Temps Morts, dessin animé avec René
Laloux
- 1966 : Les Escargots, dessin animé avec René Laloux
- 1967 : Le Lapin de Noël, scénario avec Georges Dumoulin
(émission TV Dim, Dam, Dom)
- 1971 : Les Malheurs d'Alfred, scénario avec André
Ruellan et Pierre Richard
- 1973 : La
Planète sauvage, réalisation René Laloux
- 1975 : La Fille du garde-barrière, avec Jérôme
Savary
- 1976 : Le Casanova de Fellini ; Topor y est créateur
de la séquence de la "lanterne magique"
- 1977 : L'Entreprise, court métrage pour le CNPF
- 1978 : La Maladie de Hambourg, scénario du film de Peter
Fleischmann
- 1982 : The Lucky Star, scénario du film de Max Fisher
- 1983 : Téléchat, série télévisée
franco-belge en 234 épisodes de 5 minutes, créée
par Roland Topor et Henri Xhonneux.
- 1988 : Marquis,
coréalisation Henri Xhonneux
- 1996 : Le Poète, sa muse, écriture d'une dizaine
de pilotes d'une minute chacun pour la télévision, réalisation
Marc Carpentier
- 2010 : L'Orpheline avec en plus un bras en moins, scénario
coécrit avec le réalisateur Jacques Richard.
Radio
(Outre Des Papous dans la tête)
- 1967 : En Suisse, dramatique
- 1972 : L'Auberge des colonels, pièce de théâtre
- 1975-1976 : Mémoires d'un vieux con, adaptation du roman
éponyme pour l'émission Allegro
COMMENT
CONCILIER ÉCRITURE ET DESSIN ?
"- J'ai commencé par la peinture,
que je préférais à tout. Maintenant, j'aime mieux
le dessin, que je crois sentir plus proche de l'idée. Écrire ?
C'est un autre besoin. Tellement différent que je n'ai pas voulu
illustrer, par exemple, mon roman le Locataire chimérique.
Et puis, être écrivain, c'est tout de même plus prestigieux,
non ?
- Pourquoi renoncer à la peinture ?
- Un peu parce que les "peintures" sont faites pour finir dans
les salles à manger des gens qui souvent me plaisent le moins."
(Le
Monde, 3 janvier 1968)
CE QUE TOPOR
PENSE DU FILM
Topor évoque en avril 1989 l'adaptation du Locataire
chimérique par Roman POLANSKI (site de l'INA, 2 min 13 : ICI)
Ardisson Il y a Le Locataire chimérique
qui a été adapté par Polanski.
Topor Tu as remarqué, au cinéma, on a laissé
tomber le "chimérique" parce que "les
gens comprendraient pas".
Ardisson Ouais. Mais quest-ce que tu penses de ladaptation
de Polanski ?
Topor Jaime beaucoup.
Ardisson Ouais ?
Topor Parce quil la adapté deux ans plus tard
et
un film, cest jamais un livre, mais je laime beaucoup,
et je laime beaucoup comme acteur. Or, à lépoque,
je me rappelle que les gens
Ardisson
restaient dubitatifs.
Topor
dubitatifs, ils disaient : "oh, caurait
été mieux sil navait pas joué".
Or, je lai revu y a pas très longtemps. Je le trouve génial
dans ce film. Cest lun de ses films que je préfère.
Ardisson Alors par contre
Topor Et lui il laime pas parce que cest un bide.
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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