Shûsaku Endô et Françoise Pastre Extrait
de lettre de Françoise Pastre à sa sur Geneviève
Pastre à propos de Shûsaku Endô Depuis
mon retour de Tokyô je me suis mise sérieusement à
la traduction du dernier roman de Paul il me l'avait proposé
depuis l'été dernier. J'ai tergiversé, puis décidé
envers et contre tous. Le pire, c'est lorsque, heurtant ce problème, je lui en ai parlé franchement (à notre façon à toutes les deux !) ; j'ai déterminé un drame : il a été blessé dans son orgueil (et ça, on peut dire que l'orgueil est, chez lui, une verrue monumentale à la japonaise, à la Fellini japonaise, c'est-à-dire avec de moins tendres nuances). Son milieu, sa femme, ses amis, incapables de le juger, ni de l'aider sainement, l'ont entretenu dans une constante adoration de soi-même. Ses disciples lui sont dévoués à la féodale. Alors tu imagines, moi qui arrive là-dessus ! Je me demande d'ailleurs si j'ai le droit de troubler une sûreté aussi inébranlable. A quoi bon ? Mais me taire serait le mépriser. Quel que soit le nom qu'on puisse mettre sur les rapports qui existent entre nous (et je pense qu'aucune langue n'en donnerait un satisfaisant), s'il n'est pas possible de nous mettre en question mutuellement totalement, ça n'a pas de sens. Je me révolte toujours à l'idée de ne pas traiter quelqu'un en homme. Extrait de lettre de Françoise Pastre à Endô Et c'est pour cela que ton héros Rodriguès m'a dégoûtée vraiment. Persuadé de la mission qui lui est confiée, il ne fait pas un geste quand les paysans sont sacrifiés à sa place et se contente de regarder du haut de son observatoire et d'en appeler à Dieu. Quel salaud ! Est-ce que le Christ aurait laissé un homme mourir à sa place ? sous prétexte d'une mission à accomplir ? Ton héros est préoccupé de lui et pas des autres. C'est un solitaire. Encore heureux qu'à la fin il ne s'entête pas, mais lorsqu'il insiste sur ses propres souffrances, je le trouve odieux. Les souffrances, les difficultés, un chrétien soucieux des hommes les tait. Rodriguès est une femmelette. Lorsque tout au long de la discussion, il dit que Inoué a raison, ce sont toutes ses souffrances qui perdent leur sens. Qu'est-ce que ça peut foutre, c'est le destin de l'homme de voir sa vie... Extrait
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