Portrait de Janie Bussy, fille de Dorothy et Simon Bussy par Angelica Garnett

Janie Bussy, sa nièce [de Lytton Strachey], âgée d’un an ou deux de plus que Julian [demi-frère d'Angelica], était accueillie chaleureusement par tous ; Clive [celui qu'Angelica croyait être son père jusqu'à sa vingtième année], dont les faveurs se gagnaient par le passeport de la beauté, lui fit le compliment de la traiter de jolie-laide*, appréciant tellement son esprit et sa malice qu’il lui pardonnait son apparence. Il est vrai qu’elle avait de très beaux yeux en amande presque noirs qui dévoilaient une intense vitalité secrète, autant Bussy que Strachey. Intelligente et pleine de délicatesse, elle demeurait néanmoins vigilante, observatrice sans merci. Contrairement à la plupart de nos amis, elle était élégante, semblable à ces perruches que son père Simon adorait peindre, et c'était en tant que peintre elle-même et cousine de Duncan qu’elle était accueillie dans l'atelier de Charleston. Avec Vanessa [mère d'Angelica et soeur de Virginia Woolf], qui avait de l’affection pour elle, elle révélait un côté plus tendre de sa personnalité, côté qu’elle dissimulait habituellement sous le badinage spirituel qui, tout en convenant à Charleston, a peut-être caché sa véritable personnalité aux yeux des autres gens. Prête à prendre part à chacune de nos activités, elle était la parfaite cousine retrouvée*, perdue pour nous pendant les six mois qu’elle passait chaque année en France, et nous revenant chaque printemps avec les hirondelles. "Les Bussy sont là" signifiait que non seulement eux mais l’été était arrivé.


* En français dans le texte. (N.d.T.)

Extrait de Trompeuse gentillesse d'Angelica Bell


 

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