Impact
des conflits sur BEYROUTH
Pendant
la majeure partie de la guerre
civile libanaise, Beyrouth a été divisée entre
une partie musulmane à l'Ouest et l'Est chrétien séparée
par une ligne de front désignée sous le nom de "Ligne
verte". La basse ville, autrefois centre d'une grande partie
des activités commerciales et culturelles de la ville, est devenue
alors une "terre inhabitée". Beaucoup d'habitants ont
fui vers d'autres pays. Environ 60 000 personnes sont mortes durant les
deux premières années de la guerre (1975-1976),
et une partie importante de la ville a été dévastée.
Une période particulièrement destructrice a été
le siège, en 1978, de l'armée
syrienne contre Achrafieh,
le principal quartier chrétien de Beyrouth. Les troupes syriennes
ont bombardé sans relâche le quartier oriental de la ville.
Les milices chrétiennes ont cependant réussi à repousser
de multiples tentatives des forces syriennes d'occuper la zone stratégique
de la ville, dans une campagne de trois mois connue plus tard sous le
nom de guerre des 100 jours.
Le 16 juillet 1981, des roquettes
palestiniennes tuèrent trois civils israéliens. Le lendemain,
l'aviation israélienne bombarda massivement des bureaux de l'OLP
à Beyrouth, tuant entre 200 et 300 personnes, principalement des
civils libanais, et en blessant plus de 800.
Un autre chapitre destructeur a été l'invasion
israélienne en 1982 pendant
laquelle Beyrouth-Ouest fut assiégée par les troupes israéliennes.
En effet, durant l'été 1982, la ville a été
soumise par l'armée israélienne à un siège
et à un blocus hermétique. L'offensive provoque la mort
de 20 000 civils libanais et palestiniens (voir page 238 dans Les
vies de papier).
Fin août 1982, plus de 10 000 combattants palestiniens, avec à
leur tête Yasser Arafat, leader de lOrganisation de libération
de la Palestine (OLP), évacuent Beyrouth par la mer, sous la protection
dune force multinationale, après trois mois du terrible siège
de larmée israélienne (voir le récit dans L'Orient-Le
jour).
Le massacre
de Sabra et Chatila a été perpétré du
16 au 18 septembre 1982 envers des
Palestiniens du quartier de Sabra et du camp de réfugiés
palestiniens de Chatila situés à Beyrouth-Ouest par les
milices chrétiennes des phalangistes lors de la guerre civile libanaise
et l'intervention israélienne au Liban. Selon les estimations,
le massacre fit entre 460 et 3 500 victimes.
Après
1982, la guerre à Beyrouth prend également une dimension
intestine, via les affrontements à l'intérieur de chaque
secteur entre des milices et des groupes qui luttent pour la suprématie
locale.
Le 23 octobre 1983, les
casernes françaises et américaines subissent des attentats
à la bombe du Hezbollah,
tuant 241 militaires américains, 58 militaires français,
6 civils et les deux "kamikazes".
Des combats très violents se déroulent
entre 1985 et 1987 entre la
milice Amal et les forces palestiniennes : c'est la "guerre des
camps". En 1987, l'armée syrienne est de retour à Beyrouth.
Elle est combattue par le général
Michel Aoun dans la guerre de Libération nationale à
partir de 1989 et les combats frappent durement plusieurs secteurs chrétiens
ainsi que les zones environnant les positions syriennes dans l'agglomération.
Le général Aoun est vaincu le 13 octobre 1990 et se réfugie
en France.
Durant la guerre, les destructions sont très importantes. Plus
de 15 000 immeubles sont détruits ou touchés. Les infrastructures
sont endommagées par les combats ou, faute d'entretien, ne fonctionnent
plus, comme l'électricité qui n'est plus assurée
que six heures par jour à la fin de la guerre.
D'autre part, les déplacements entraînés par les combats
conduisent à une forte extension de l'urbanisation dans les banlieues.
La banlieue Sud se gonfle de réfugiés du Sud-Liban et des
secteurs de Beyrouth-Est vidés par les milices chrétiennes.
Inversement, Beyrouth-Est accueille les réfugiés en provenance
du Chouf ou de Beyrouth-Ouest.
L'agglomération beyrouthine s'étend vers la ville côtière
de Jounieh et vers
les localités de montagne. La disparition de l'autorité
de l'État ou son affaiblissement au détriment des différents
coagulums confessionnels constitutifs du "consensus libanais",
ainsi que le fractionnement politique rendent impossible le contrôle
d'une urbanisation devenue anarchique. La ville et ses banlieues subissent
alors de nombreuses infractions aux règles d'urbanisme et de la
construction, qu'il s'agisse de l'occupation du littoral, des immeubles
des quartiers chics ou moins chics qui ne respectent pas les réglementations
urbaines, ou de secteurs construits illégalement, parfois sur des
terrains squattés, surtout dans la banlieue sud, mais également
dans d'autres zones de l'agglomération.
Depuis la
fin de la guerre en 1990, les Libanais
ont reconstruit Beyrouth, transformant la capitale en un énorme
chantier, dans le but de retrouver un statut de centre touristique, commercial,
culturel et intellectuel au Moyen-Orient. La reconstruction du centre-ville
de Beyrouth a été largement menée par Solidere,
une société de développement créée
en 1994 par le premier ministre Rafik
Hariri. Ce projet ambitieux a été vigoureusement combattu,
de 1991 à 1994, par les ayants
droit expropriés (propriétaires et locataires) ainsi que
par des intellectuels, architectes, sociologues, économistes :
ces critiques ont toutefois eu un résultat très limité
et n'ont pas empêché la mise en uvre du projet. Celui-ci
a conduit à détruire 80 % des parcelles, alors que nombre
de bâtiments pouvaient être restaurés. L'enjeu était,
aux yeux des promoteurs du projet, la modernisation et la densification
du centre-ville. Malgré les réalisations, le centre-ville
ne s'est pas reconstruit aussi vite que prévu et de nombreux appartements
et bureaux sont restés vides.
En
2005,
l'ancien premier ministre libanais Rafik Hariri est assassiné.
Environ un million de personnes se sont rassemblées pour une manifestation
d'opposition à Beyrouth un mois après la mort de Hariri.
À cette époque, la révolution du Cèdre a été
le plus grand rassemblement dans l'histoire du Liban. Les les dernières
troupes syriennes se retirent de Beyrouth (voir les pages 235 à
237 dans Les
vies de papier).
En
2006, commence le conflit
entre Israël et le Liban aussi appelé la Guerre des Trente-trois-jours
: la marine et l'aviation israéliennes, poursuivant des cibles
du Hezbollah, causent des dommages dans de nombreux quartiers de Beyrouth,
détruisant infrastructures et voies d'accès, en particulier
dans Beyrouth-Sud, pauvre et largement chiite, qui est contrôlée
par le Hezbollah. 270 immeubles sont alors détruits, près
de 1 000 sont touchés à des degrés divers et 30 000
personnes doivent temporairement trouver refuge ailleurs.
En
2008, de violents affrontements éclatent à Beyrouth
après que le gouvernement de Fouad Siniora a entrepris de dissoudre
le réseau de communications du Hezbollah, décision qui doit
être annulée par la suite.
Pour accéder à une chronologie des événements
concernant l'ensemble du Liban, depuis sa création en 1943, voir
ici une chronologie dans L'Express ou sur wikipedia.
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