LE
CONTEXTE IRANIEN, notamment pour les femmes
La
révolution iranienne,
également appelée révolution islamique ou révolution
de 1979, a transformé l'Iran en république islamique, renversant
l'État impérial d'Iran. L'ayatollah Khomeiny, après
son exil de Neauphle-le-Château, revient à Téhéran
prendre le pouvoir.
La guerre Iran-Irak (1980-1988) a fait environ 800 000 morts et a
énormément marqué la vie iranienne.
Pour
ce qui est de la situation des femmes, les
lois qui étaient alors favorables à leur émancipation
ont été remises en question dès l'avènement
de la Révolution de 1979.
Linterdiction
de la mixité est conjuguée à l'obligation
du port du voile (dès l'entrée à l'école
primaire)
Il est à noter qu'avec autoritarisme le
dévoilement des femmes avait été rendu
obligatoire en 1936 ; les agents en charge des lois étaient appeler
à déchirer le voile des femmes. Dans les deux cas, la liberté
des femmes n'existe pas. Actuellement les obligations sont les suivantes
: toutes les parties du corps doivent être couvertes à lexception
du visage, des mains et des pieds ; pratiquement dans la rue, les femmes
ne sont pas obligées de porter tchador, burqua, niquab, hidjab,
mais un voile donnant lieu en ville à une véritable élégance
(voir
ici). En revanche dans les administrations, la contrainte est bien
plus grande : le maghnaeh noir ou tchador doit être porté.
Une modification de la loi abaisse lâge légal du
mariage de 18 ans à lâge
de la puberté : 9 ans
pour les filles et 15 ans pour les garçons.
Le mariage est
la seule union légitime en Iran, toute autre union entre homme
et femme est interdite et passible d'une peine.
Selon la charia, l'homme a le droit d'épouser quatre
femmes. La religion chiite permet également à l'homme
musulman chiite de pratiquer le mariage temporaire (quelques heures, quelques
jours, quelques mois...) avec une ou plusieurs compagnes provisoires tout
en épousant quatre femmes.
L'adultère est un crime qui condamne à la lapidation
: il doit être avoué par les accusés ou approuvé
par le témoignage de quatre hommes juste (ou trois hommes et deux
femmes justes...) qui ont vu clairement l'acte sexuel - ce qui rend la
lapidation assez rare mais suscite la terreur.
Le divorce dépend de l'accord de l'époux.
Cependant, des mesures efficaces sont prises dès 1988-1989 concernant
le contrôle des naissances (distribution gratuite de préservatifs,
sensibilisation sur les moyens de contraception
féminine et masculine), permettant aux femmes d'être
très actives dans les domaines qui leur sont permis.
Un système d'éducation
nationale ne faisant aucune distinction entre garçons et filles
avait été organisé en 1936 où les premières
femmes faisaient leur entrée à l'université de Téhéran.
Le droit d'éligibilité et de vote leur fut accordé
en 1963. Actuellement les femmes ont un niveau déducation
égal à celui des hommes les universités iraniennes
accueillent autant de filles que de garçons, c'est à souligner
, mais elles nont pas accès au marché du travail
à parité avec les hommes.
Une émission de radio récente est éclairante : Négocier
lémancipation : une lutte sans fin, Quid des femmes ?,
France Culture, "Iran : 40 ans de révolution" (3/4),
6 février 2019, 58 min. La vie quotidienne
des Iraniens apparaît tiraillée entre loi islamique et envies
de modernité ; de la rue à lespace intime,
les espaces de liberté se négocient..., avec Fariba Adelkhah,
anthropologue franco-iranienne, directrice de recherche à Sciences po,
et Leyla Fouladvind, sociologue.
Changer
de sexe en Iran est tout à fait possible... :
le
travestissement est interdit, mais les hommes et les femmes qui désirent
changer de sexe sont paradoxalement autorisés à subir une
intervention chirurgicale. Ils peuvent alors demander un certificat de
naissance révisé, indiquant leur nouvelle identité,
avec laquelle ils peuvent se marier. La Fondation de l'Imam Khomeini (!)
accorde des prêts à ceux qui en ont besoin. Un religieux,
Hodjatoleslam Karimian, a proposé que le changement de sexe soit
"un droit humain"...
Pour ce qui est de l'homosexualité,
le Code pénal iranien fait froid dans le dos, comme le montrent
ces articles :
Article
110- La sodomie est punie de la peine capitale ; le juge religieux choisira
les modalités de la mise à mort.
Art. 121- (Pour les hommes) Les relations sexuelles sans pénétration
sont punies de 100 coups de fouet pour chacun. (Si le partenaire
actif est un non musulman et le partenaire passif un musulman, le premier
sera condamné à mort.)
Art. 129- (Pour les femmes) Chacune des partenaires sera condamnée
à 100 coups de fouet.
Art. 131- Si les coupables récidivent et sont châtiées
à trois reprises, elles seront condamnées à mort
après la quatrième récidive.
Quelques
femmes iraniennes marquantes
Avant d'évoquer les "femmes de lettres",
n'oublions pas :
- Shirin Ebadi,
née en 1947, reçoit le prix Nobel de la paix en 2003. Avocate
féministe défendant les droits de lhomme, elle permet
ainsi aux militantes iraniennes du droit des femmes de faire davantage
entendre leur message en Occident. Ancienne juge et présidente
du tribunal de Téhéran sous le Shah, aujourdhui avocate
au Barreau de Téhéran, Shirin Ebadi défend des prisonniers
politiques et des enfants. Elle est également à lorigine
de la célébration en Iran de la journée internationale
de la femme et elle crée la Société pour la protection
des droits de lenfant.
- Tahmineh Milani,
née en 1960, est une réalisatrice iranienne, auteure d'une
dizaine de films.
- Faegheh Atashin,
née en 1950, mieux connue sous son nom de scène Googoosh,
est une célèbre chanteuse pop interdite de représentation
publique depuis la révolution islamique, comme toutes les chanteuses.
Au sujet des femmes chanteuses qui ne peuvent chanter en public, voici
deux films de 2020 très intéressants en ligne : The
Female Voice of Iran de Andreas Rochholl (1h 17) et Hidden
de Jafar Panahi (18 min).
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