Quatrième
de couverture :
Si vous le lisez avec lespoir de trouver
dans Jirai cracher sur vos tombes quelque chose capable de
mettre vos sens en feu, vous allez drôlement être déçu.
Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian, vous ly
trouverez. Il ny a pas beaucoup décrits de Vian dont
il ne suffise de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite :
«Tiens, cest du Vian !» Ils ne sont pas nombreux, les
écrivains dont on puisse en dire autant. Ce sont généralement
ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus fidèles,
les plus passionnés, parce que, en les lisant, on les entend parler.
Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de Flaubert, cest
vraiment être avec eux. Ils ne truquent pas, ils ne se déguisent
pas. Ils sont tout entiers dans ce quils écrivent. Ça
ne se pardonne pas, ça. Vian a été condamné.
Flaubert a été condamné
Delfeil de Ton.
Quatrième
de couverture :
Voilà un coin de campagne où
l'on a de drôles de façons
La foire aux vieux, par
exemple. Curieuse institution ! On sait bien aussi que tous les enfants
peuvent voler comme des oiseaux dès qu'ils étendent leurs
bras- mais est-ce une raison suffisante pour les enfermer derrière
des murs de plus en plus hauts, de plus en plus clos ? Le psychiatre Jacquemort
se le demande - puis ne se le demande plus, car il a trop à faire
avec la honte des autres, qui s'écoule dans un bien sale ruisseau.
Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit
simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied
de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous
entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque
amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et
les femmes de murailles.
Avant-propos
de Raymond Queneau.
Présentation
de Gilbert Pestureau
Quatrième
de couverture :
Dans son style étonnant qui mêle la fantaisie
et l'absurde avec l'émotion la plus poignante, Boris Vian nous
raconte dans L'Herbe rouge les aventures d'un savant qui a inventé
une machine pouvant lui faire revivre son passé et ses angoisses.
Sous le travesti de l'humour noir, ce sont ses propres inquiétudes
que met en scène Boris Vian, avec la frénésie d'invention
burlesque qui l'a rendu célèbre.
|
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Boris Vian (1920-1959)
J'irai cracher sur vos tombes (1946)
sous le pseudonyme de Vernon Sullivan
Le groupe
de Tenerife, avec qui nous sommes en lien, a lu ce livre en décembre
2020. Ana,
Nieves, Lourdes et José
Luis ont transmis leur avis.
Nous
avions lu L'Herbe rouge en 1993 (nous n'avions pas encore de site).
Nous avons lu 20
ans... plus tard L'arrache-cur en 2013, sans garder de notes,
car la lecture avait pour objectif de se "mettre dans le bain",
avant une visite (privée) passionnante de la maison
de Boris Vian, Cité Véron près du Moulin rouge
à Paris, avec Christelle Gonzalo qui a contribué à
l'édition
de la Pléiade des uvres de Boris Vian.
Ana
Cela fait très longtemps que j'ai découvert Boris Vian en
lisant L'Écume
des jours, L'herbe
rouge et d'autres romans que j'ai beaucoup aimés. Je dois
dire qu'avec J'irai cracher sur vos tombes, je n'ai pas retrouvé
la magie des lectures précédentes. Bien que le titre annonce
déjà une tragédie, le réalisme brutal du récit
a surpassé tout ce que j'aurais pu imaginer.
Dès le début, une histoire de vengeance commence à
se dérouler, augmentant au fur et à mesure jusqu'aux derniers
chapitres. Le protagoniste n'a qu'une pensée qui l'habite, celle
de venger la mort de son frère. Donc, il prépare son coup
et choisit ses proies parmi les filles qu'il soumet sexuellement.
J'ai eu du mal à supporter le comportement machiste et violent
de ce Noir à la peau blanche. Ainsi que l'atmosphère de
cruauté, les scènes de violence extrême de dépravation
sexuelle qui se succèdent tout au long du roman.
Malheureusement, racisme et violence continuent à se manifester
dans notre société. Il arrivera un jour peut-être
où la tolérance et le respect s'imposeront.
J'avoue ne pas avoir trouvé ce récit intéressant,
ni même avoir su l'apprécier.
Nieves
J'avais lu il y a très longtemps d'autres romans de Boris Vian
comme L'arrache-cur,
Vercoquin et le plancton, L'herbe
rouge et j'en garde un souvenir très flou mais plutôt
agréable. Je crois les avoir aimés car c'était une
écriture humoristique, différente, avec des éléments
surréalistes, qui semblait comme un jeu. Or, cette fois-ci j'ai
failli m'essouffler en parcourant les pages de ce roman. Oui, c'est un
texte dur, acide, frappant, visant à blesser la sensibilité
du lecteur.
L'action est tout de suite dévoilée : on connaît
immédiatement que ce personnage, Lee, apparemment un paisible chargé
de librairie, veut venger la mort du "gosse" et pour le faire
tuera deux filles. C'est vrai qu'au départ ça s'arrête
aux jeux sexuels arrosés par l'alcool avec les jeunes du village
(filles et garçons) qu'il manipule très bien. Après,
avec l'approche de la grande bourgeoisie, grâce à sa relation
avec Dexter, arrivent les invitations à des partys où il
fait connaissance de deux victimes. À partir de là, le rythme
s'accélère et on s'attend déjà au dénouement,
un vrai gâchis, une véritable monstruosité où
le rituel de la mort de deux surs ne se passe pas comme Lee l'avait
planifié, mais d'une manière improvisée, cruelle,
effroyable, de même que sa propre mort lorsque, poursuivi par la
police, il s'enfuit à toute allure, complètement ébranlé.
L'arrière-plan de ce récit dénonce l'oppression des
Noirs par les Blancs et leur impuissance à s'en sortir. Si, dans
le roman, la vengeance se mène au bout, c'est parce que Lee est
un Noir de peau blanche et il peut s'introduire dans la vie des Blancs
sans éveiller des soupçons. Les deux mondes sont bien différenciés :
Lee et sa famille, les jeunes du village, les enfants prostituées
et abusées par le jeune milliardaire, en opposition à Dexter,
Jean, Lou, ses parents et ses amis plongés dans le gaspillage et
le luxe.
Bref, un récit poignant et très actuel en ce moment où
le racisme revient avec force aux États-Unis, où on vient
d'assister à des tas de manifestations des protestations dues aux
comportements inadmissibles des membres de la police américaine,
ainsi qu'à l'abandon où vit la plupart de la population
noire, situation accentuée par l'irruption brutale de la pandémie
du covid 19.
Lourdes
J'avoue n'avoir éprouvé aucun plaisir à la lecture
du roman de Boris Vian. Nous sommes en effet en présence d'un récit
au style direct (le personnage central raconte les faits à la première
personne du singulier) et froid, sans fioriture. Les faits rapportés
sont des plus désagréables : scènes pornographiques
aux détails crus, atmosphère de débauche, le tout
arrosé d'alcool et de violence.
Le récit est une histoire de vengeance centrée au sud des
États-Unis à une époque où le racisme contre
les Noirs est en toute vigueur.
Le motif de la vengeance se révèle petit à petit
:
- Le protagoniste qui abandonne son village natal trouve un travail dans
une librairie.
- Celui-ci parle du "gosse" à plusieurs reprises mais
on ne sait pas de qui il s'agit.
- Il se mêle avec des jeunes du coin et connais deux jeunes surs
qu'il séduit.
- On découvre que le gosse est le frère du protagoniste.
- Le protagoniste est un beau mulâtre, blond et à la peau
blanche qui parle des jeunes filles avec rage, et mépris et les
traite sans aucune délicatesse.
- Il trame sa vengeance comme une araignée tisse sa toile sans
que le lecteur connaisse le but de ses actes.
- Ce n'est qu'à la fin qu'est révélé le propos
du récit.
Le protagoniste narrateur rapporte les paroles adressées à
l'une des jeunes filles qu'il prétend tuer :
"Alors je lui ai tout
raconté ; enfin toute l´histoire du gosse, comment il était
tombé amoureux d'une fille et comment le père et le frère
s'étaient occupés de lui ensuite ; je lui ai expliqué
ce que j'avais voulu faire avec Lou et elle, en faire payer deux pour
un."
José Luis
Pour commémorer le centième anniversaire de la naissance
de Boris Vian, il aurait mieux fallu choisir un autre de ses textes au
lieu de ce compendium sadien bien moins bien écrit, d'ailleurs,
que les livres sulfureux du célèbre Marquis. C'est notre
ignorance - ou nos oublis - de l'uvre de Boris Vian, et
la promesse fantasmée du titre du roman, qui nous ont conduits
à faire ce choix, décevant pour tous, s'il faut tenir compte
des jugements entendus lors des différentes prises de parole au
sein du groupe de lecture. Personnellement, c'est en tant que trompettiste
de jazz et auteur de chansons que je connaissais Vian, et que le l'appréciais,
même si, concernant ces dernières, j'ai toujours préféré
d'autres interprètes que lui - Reggiani ou Gréco, par
exemple - pour entendre ses compositions. Quant à la lecture
de son roman J'irai cracher sur vos tombes, je me suis mortellement
ennuyé. Il se peut que lors de sa parution il ait pu intéresser
par son côté alors scandaleux, voire pornographique, et,
en conséquence, sa puissance d'excitation sexuelle, mais aujourd'hui
cela ne cause, en tout cas ne m'a causé, à moi, que de profonds
et longs bâillements. Ce n'est que vers la fin, quand le roman se
précipite vers sa fin, dans cet haletant et inattendu voyage vers
une vengeance aveugle et aveuglante longtemps mûrie, que l'envie
d'avancer à travers les pages m'est venue. Et la conclusion reste
à la hauteur de ce sursaut entraînant, plus encore, elle
sauve, d'une certaine manière, et le héros du roman et son
auteur : cette fuite folle et impossible vers la liberté et
la vie, au volant de la voiture, qui ne peut aboutir qu'à la mort,
transforme le hideux protagoniste en héros romantique et tragique
et permet à Vian d'écrire une des plus belles conclusions
- l'excipit compris, quand son incipit est à oublier - de
roman.
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