Pendant
le premier confinement, Le Monde des livres WAJDI
MOUAWAD, METTEUR EN SCÈNE, DRAMATURGE ET PUISQU'IL S'AGIT DE RETROUVER LE SOUFFLE, respirer consiste à voir autre chose que ce qui est prescrit gestes barrières, distanciation et port du masque. Se dresser sur la pointe des pieds pour regarder au-delà du muret. Prendre un chemin de traverse et suivre son cur, trouver le courage de donner suite à la phrase suivante : « Sil nen tenait quà moi, je » Je quoi ? Question obsédante à laquelle Les Enfants Tanner, de Robert Walser (1878-1956), me ramène. La fin du romantisme, dans ce livre qui en porte le deuil, ouvre une plaie pour qui, le lisant aujourdhui, prend conscience de ce que notre monde refuse brutalement doffrir à la jeunesse. Par cet impératif quest devenu le travail, nous la tuons dans les tranchées du labeur. Avec un doux chagrin, ce livre rappelle que le travail, contrairement à ce que lon veut nous faire croire, nest pas une valeur. Le courage, le respect, la bienveillance en sont, le travail nest quune fonction et, pour Simon Tanner, il nest en aucun cas une notion identitaire. « Je ne suis pas ce que je fais, je suis ce que je ressens ! » Il existe dautres manières de vivre. Il peut y avoir dautres clairières, il peut y avoir plusieurs soleils. Pour qui a 20 ans aujourdhui, il est crucial de savoir que le travail, comme sentence, nest pas une fatalité. Wajdi Mouawad Voix
au chapitre a programmé Les enfants Tanner de Robert
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