Angela Carter (1940-1992), écrivain,
journaliste et universitaire anglaise, est lun des auteurs les plus
populaires de la littérature fantastique moderne avec des romans
comme Vénus noire et Le Magasin de jouets magique.
Elle est également lauteur du scénario La compagnie
des loups, adapté au cinéma par Neil Jordan.
En anglais : Angela Carter :
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Angela CARTER (1940-1992)
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Nos
24 cotes d'amour parisiennes et bretonnes
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Ambiance
à feu et à sang ! On est très divisé.es
! |
Ambiance
avec les couvertures !
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L'ordre des nouvelles est différent
en français et en anglais
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Le
cabinet sanglant La compagnie des loups Le loup-garou Louve-Alice M. Lyon fait sa cour La jeune épouse du tigre Le chat botté Le Roi des Aulnes L'enfant de la neige La dame de la maison d'amour |
The
Bloody Chamber The Courtship of Mr Lyon The Tiger's Bride Puss-in-Boots The Erl-King The Snow Child The Lady of the House of Love The Werewolf The Company of Wolves Wolf-Alice |
Nous avons pu
visionner le film
La compagnie
des loups
de Neil Jordan, scénario
de Neil Jordan et Angela Carter, adapté en 1984 de son
propre livre : en
vf ici en entier.
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Voici
les 15 cotes d'amour du groupe parisien
réuni le 17 décembre 2021 : |
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Annick L Denis Fanny Jacqueline Manuel Entre et Annick A Etienne |
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Toujours
notre triple formule inaugurée en septembre 2021 :
après avoir lu les réactions transmises, notre tour
de table concerne les présents et les simultanément
à l'écran.
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Manuel(avis
transmis)
Jétais enthousiaste à lidée de lire ces
contes bourrés de références que nous connaissons
dans le groupe, avec nos lectures communes : Huysmans,
Baudelaire,
Carmilla
Jai trouvé parfois une certaine classe à ces contes
revisités, mais jai vite déchanté. Je nai
pas marché à cet humour un peu lourd. Jai calé
p. 80 : "Bourrez
dail un cadavre, bah il nen salivera que mieux : dépouille
à la provençale". Trop cest trop.
Jaurais aimé avoir un plaisir de lecture mais non. Je louvre
¼ pour la revisite de "Barbe bleue", du "Petit Chaperon
rouge" ou de la rencontre entre Dracula et le loup-garou.
Monique L(avis
transmis)
Ce livre est original. Les dix nouvelles qui le composent revisitent principalement
des contes classiques de notre enfance d'une manière très
surprenante. Certains d'entre eux donnent lieu à plusieurs nouvelles
comme autant de variations.
C'est bien écrit et conserve les codes littéraires des contes,
leur lexique et certaines tournures de phrases. Comme dans les contes
revisités, il est question d'amour, de sexe, de mort, de la découverte
de soi et des pièges que peut tendre la vie, mais dans un registre
beaucoup plus sombre, cruel et sensuel.
Ces nouvelles sont très diverses par leur ton et leur contenu.
Certaines sont plus érotiques et grivoises, d'autres sont dans
le registre de la comédie. La constante est dans le rôle
donné aux femmes.
L'auteure leur redonne une consistance qu'elles n'avaient pas au départ.
Des jeunes filles enlevées, mises aux mains des bourreaux, prennent
le pouvoir à leur tour dans une tension érotique évidente.
Elles ne sont plus des proies. Elles affirment leur féminité
en assumant leur nature, en prenant conscience de leur charme, de leur
séduction, leurs premières menstrues sont une révélation.
Personnellement j'ai préféré "Le cabinet sanglant".
La jeune épouse comprend vite dans quel mariage elle s'engage.
Elle n'est pas dupe. Si elle succombe à l'appel du fameux cabinet,
c'est qu'elle veut comprendre qui est vraiment son conjoint. La délivrance
par sa mère est un peu grand-guignolesque, mais bien amenée
depuis le début par sa propre histoire et par sa relation à
sa fille. J'ai également bien aimé dans l'ordre "Louve
Alice" et "la compagnie des loups".
Tous ces textes sont riches avec plusieurs niveaux de lecture. C'est une
belle découverte. C'est une version pour adulte de ces contes.
J'ouvre le livre aux ¾.
Denis(avis
transmis)
J'ai d'abord été très séduit par la première
nouvelle, "Le cabinet sanglant". Sans avoir lu quoi que ce soit
sur l'autrice, j'ai aimé l'originalité du point de vue de
la jeune épousée. J'ai vite compris qu'il s'agissait de
"Barbe-Bleue", présenté sous un jour charmeur
et imposant. J'ai ensuite été surpris par la soumission
de la victime, qui m'a fait penser à tous les phénomènes
d'emprise dont on parle beaucoup actuellement. Cela m'a aussi rappelé
des lectures anciennes où il est question de soumission volontaire
(Sacher-Masoch ?).
J'ai donc bien aimé cette nouvelle mais je n'ai pas réussi
à embrayer sur la suite. Peut-être qu'une seule m'a suffi ?
En même temps, je n'ai pas aimé le style d'écriture :
trop de mots, trop de bavardage. Une fois compris le procédé
narratif d'inverser un conte bien connu, l'effet de surprise a disparu.
J'ai évidemment pensé aux variations sur "Le Petit
Chaperon rouge" dans les dessins de Reiser ou d'autres, qui s'en
sont donnés à cur joie (et de façon drôlement
grivoise). Je me suis aussi rappelé un texte de Robert Walser sur
Blanche-Neige,
contrainte de cohabiter avec sa belle-mère, mais après la
tentative d'empoisonnement. C'était autrement prenant que les présentes
histoires. J'ouvre au ¼.
Nathalie(avis
transmis)
Mais quelle émotion ! Quelle émotion !
Tout d'abord, révulsée par les deux premiers récits,
j'ai tout de suite eu envie de lâcher le livre et j'ai pesté
contre ce choix qui ne me semblait pas correspondre à une envie
personnelle de douceur et de calme pour une dernière séance
proche de Noël. Pourtant, comme je me connais relativement bien,
je sais que souvent quand je sur-réagis, c'est que cela me touche
quelque part au plus profond de moi. J'ai donc poursuivi en me répétant
ce que j'avais dit lors de mon dernier passage : dans certains cas, comme
celui-ci, il faut quand même aller au bout du texte pour pouvoir
justifier fermement qu'on le ferme.
Mais pourtant très vite, j'ai complètement adhéré
à cette idée de peur et de rejet, de fascination et de dégoût.
Une excitation s'est emparée de moi et avide, j'ai dégusté
le reste des récits.
Quelle joie de découvrir une autrice aussi talentueuse, et dans
le fond, et dans la forme.
Quel plaisir à suivre les méandres de sa pensée,
son humour discret, sa capacité à nous faire croire quelque
chose pour nous déstabiliser un peu plus tard.
J'ai été absolument éblouie et fascinée par
la réécriture de "La Belle et la Bête".
Un conte sur les simulacres, les fausses apparences, l'intelligence, la
conscience des choses et la notion d'humanité. Comme dit le laquais
"rien d'humain ne vit ici" p. 117
(Je l'ai imprimé en six exemplaires ! et je l'ai posté
à plusieurs lectrices, j'ai acheté aussi Vénus
noire pour poursuivre mon plaisir de lecture).
Ce texte est magnifique et la chute en est magistrale. J'ai dû la
relire deux fois pour être certaine d'avoir bien compris et c'était
incroyable - génial, innovant et bien que cela puisse paraître
un paradoxe, totalement humain. Ainsi parfois, la relation avec l'autre
nous permet-elle de nous découvrir nous-mêmes et d'entrer
dans une autre dimension. J'ai relu également plusieurs fois le
récit en son intégralité et j'ai trouvé que
cela fonctionnait à chaque fois : c'est tout le plaisir du conte
efficace et au plaisir sans cesse renouvelé. L'écriture
est très imagée, très travaillée, les ambiances
qu'elle crée sont soignées, précises, très
visuelles.
J'ai beaucoup de mal à imaginer que ces textes aient pu être
transcrits - tout en conservant leur force et leur qualité -
à l'écran et je n'ai pas du tout envie de voir l'adaptation.
En effet, les récits me semblent enrichis par les réflexions
rapportées en point de vue interne et/ou par l'insertion des commentaires
du narrateur. Qu'en est-il dans le film ? Ce sont les pensées
les plus intimes auxquelles nous avons accès et ce sont celles-ci,
moi, qui me fascinent.
La langue est très précieuse avec des tournures, des expressions
très particulières. C'est une écriture d'orfèvre
et je n'ai jamais eu l'impression d'avoir sous les yeux une traduction !
Si les contes ont vocation à nous faire réfléchir
tout en nous effrayant, celui-ci en particulier est vraiment réussi
parce que plein de délicatesse, de tension et de mise à
distance. Je me demande d'ailleurs qui prend en charge une phrase comme
celle-ci p. 105 "J'assistais
au spectacle avec le cynisme furibond qui caractérise les femmes
que les circonstances contraignent à assister en silence à
quelque folie".
Nous sommes loin de récits sirupeux et si le roman est aussi promu
sous l'idée de récit "érotique gothique",
il me semble qu'ils sont beaucoup plus que ça. Tout est taillé
dans le vif.
J'ai également beaucoup souri à la lecture du "Chat
Botté".
Et je pense que son talent m'a vraiment permis de dépasser mes
a priori sur les contes plus "trash" comme les deux premiers
et celui très dérangeant de "L'enfant de la Neige".
Pas question de morale ici, elle me paraît être détournée
ou mise en sourdine, il me semble qu'on peut les apprécier si on
les prend pour ce qu'ils sont : des contes et juste des contes.
Il me tarde de vous lire pour savoir comment vous avez réceptionné
cette lecture. En tous les cas, merci à celle ou celui qui l'aura
proposée. Je pense que je vais poursuivre et m'empresser de découvrir
l'ensemble de son uvre.
J'ouvre en grand.
Fanny
Je n'ai pas lu le même livre que Nathalie. J'étais enthousiaste
comme Manuel et comme lui, j'ai déchanté.
Je n'ai pas aimé du tout le style, lourd : "Et
nous roulâmes vers le déploiement de l'aube qui s'étalait
maintenant sur une moitié du ciel en un bouquet hiémal ou
l'incarnat des roses côtoyait l'organe des lis tigrés, comme
si mon époux m'avait commandé un ciel chez le fleuriste."
(p. 16). Je ne suis pas touchée et
j'ai été vite énervée. J'ai trouvé
cela lourd, ampoulé. Je suis donc passée complètement
à côté.
"Le Chaperon rouge" ne m'a pas fait rire. Pour ce qui est du
côté subversif, Tex
Avery est plus rigolo.
Les "attributs masculins" sont nommés tels quels :
or le conte traditionnel suggère, pour parler à l'inconscient,
et là, tout est dit ; cela bloque la dimension imaginaire, les
associations conscientes ou non. Page 95, "Demoiselle
Agnelle, immaculée, sacrificielle"
: : la
nuit de noces, on a compris.
C'est "Louve-Alice" que j'ai préféré, car
je l'ai trouvé un peu plus suggestif et j'ai bien aimé cette
image : "est assez jeune
encore pour faire le bruit de la graisse qui frit dans une poêle"
(p. 77).
Je viens de terminer "Le chat botté", j'ai bien aimé
le rythme, avec ce côté décalé entre des phrases
grandiloquentes et le vocabulaire courant, j'ai trouvé le style
tressautant et cela m'a effectivement fait penser aux chats. En lisant
les phrases, je voyais le mien tantôt ronronnant, tantôt sautant
d'une pièce à l'autre. Mais l'histoire ne m'a pas intéressée.
J'ouvre ¼ et je vais essayer de finir. Je n'ai pas vu le film,
peut-être que le côté visuel rend bien l'ambiance et
qu'il n'y a pas ce côté du style que j'ai trouvé lourd
à la lecture.
Jacqueline
(qui
s'est surpassée avec un sapin de la forêt enchantée)
Je l'ai lu en entier, mais je n'ai pas réussi à être
intéressée.
La langue précieuse m'a agacée dans les descriptions. Pourtant
j'adore les contes.
J'ouvre ¼ pour l'avoir lu jusqu'au bout.
Françoise
Tu t'attribues ce ¼
Jacqueline
Peut-être n'ai-je pas compris. Perrault peut s'interpréter
de 100 façons, mais là, je n'ai pas compris.
J'ai essayé de lire Love,
j'ai été jusqu'à la page 7... et j'ai laissé
tomber.
Le film, c'est pire...
J'étais persuadée que la grand-mère finissait par
être un loup.
Catherine
Tu vois, le film t'a apporté un éclairage...
Françoise(qui
a lu en vo)
C'est une découverte. J'ai été enchantée par
le détournement des contes. C'est subversif et drôle. La
dimension sexuelle m'a plu. Oui, elle met les points sur les "i"
et les pieds dans le plat. J'aime l'écriture descriptive et pas
allusive, c'est très plaisant, voire carrément jouissif
à certains moments.
J'ai lu "Barbe bleue", "Le Petit Chaperon rouge" et
"Louve-Alice". "Barbe bleue" est mon préféré
; la jeune n'est pas si naïve, elle comprend vite et ne se laisse
pas faire comme une pauvre victime... ; et j'aime quand ça finit
bien ! J'ouvre aux ¾.
Rozenn
J'ai dévoré ce livre. Je l'ai dégusté. Je
l'ai adoré.
J'ai toujours aimé les contes. J'ai aimé les lire, les relire
encore plus, j'ai aimé les raconter à ma fille, et j'aime
les raconter à ma petite-fille. Mais, j'hésite souvent,
je me demande jusqu'où je peux aller dans le terrible. Parfois
elle se bouche les oreilles... D'après Bettelheim,
il serait bon qu'elle ait peur. Peut-être. Mais jusqu'à quel
point ? On fait du théâtre-forum avec la trame du "Petit
Chaperon rouge". Ce qui me gêne encore plus que la brutalité,
c'est le machisme des contes : je n'ai pas envie de lui apprendre
la passivité, de lui faire croire qu'elle est une princesse dont
le seul avenir est de rencontrer un prince - charmant... bien sûr !
Pour vivre heureux longtemps et avoir beaucoup d'enfants. Mais elle ne
m'a pas attendue pour ça : je n'y peux rien, elle le croit déjà.
J'ai cherché des contes détournés ; mais un
jour elle est arrivée avec une version différente de "La
Belle au bois dormant" dans chaque main, en disant qu'elle préférait
celle où la princesse se marie. Au moins nous lui apprenons, ses
parents et moi, que le prince doit s'assurer que la belle est consentante
avant de l'embrasser. Un peu difficile sur le plan logique...
Revenons au livre : il fait délicieusement frissonner. Il est à
la limite de la crudité, du côté de l'érotisme.
Ce qui sauve le conte de la banalité et de la mièvrerie.
D'autant que le plus souvent il reste ambigu, elliptique, mais les filles
y sont hardies et désirantes.
J'y trouve à la fois le plaisir de la répétition
et de l'inattendu. Familier et surprenant. Quelques anachronismes apportent
de l'humour.
L'écriture est magique, luxuriante. C'est encore plus évident
après avoir vu le film.
Comparons les deux fins de La compagnie des loups : celle du film
et celle de la nouvelle.
Claire
Quand on a regardé le film ensemble, on a lu dans une
interview ce qu'Angela Carter, scénariste, dit à ce
sujet : elle s'est très bien entendue avec Neil Jordan le réalisateur,
mais... elle était en Australie quand il a tourné la fin.
Il lui a dit qu'elle "différait
quelque peu du scénario. Quand je suis allée à la
projection, je me suis assise avec Neil, j'ai beaucoup apprécié
le film et j'ai pensé qu'il lavait bien tourné, comme
je l'avais espéré. Jusqu'à la fin que je n'arrivais
pas à croire j'étais tellement bouleversée
que j'ai dit : 'Tu
las gâché.'
Il s'est excusé"...
Rozenn
Et après le film j'ai relu avec délices la nouvelle. Le
film n'a pas réussi à la gâcher. Même si quelques
images intéressantes en restent. L'écriture est surchargée
d'images, mais à la lecture on peut choisir celles qu'on retient
alors que le film les impose.
J'ai lu la préface de Christine Jordis et je ne pourrais que redire
moins bien qu'elle tout ce qu'elle écrit. J'ai longtemps gardé
sous la main De
petits enfers variés : plus qu'un super guide.
Annick L
Je trouve cette idée de Laura très sympa, j'adore lire des
contes et leurs adaptations.
J'ai trouvé le premier,"Barbe bleue", pas mal, le personnage
féminin est intéressant.
Et j'ai tout lu, par bribes, mais j'ai vite senti un effet de saturation,
entre autre avec ce thème redondant de l'animalité (chez
les monstres et chez les humains).
Je n'ai pas aimé le style, alourdi par les descriptions trop précises
(un peu d'implicite ne fait pas de mal !). Le côté fleuri,
baroque, m'a insupportée. Sans compter les changements de narrateur
: par exemple p. 158, où l'on passe d'un narrateur extérieur
à un je très personnalisé. Au début
j'ai apprécié ces effets de surprise, mais trop c'est trop.
Et surtout cet imaginaire-là ne me touche pas. Je n'y ai d'ailleurs
pas trouvé la portée féministe annoncée.
J'ai cependant bien aimé le dernier conte, "La dame de la
maison d'amour" : la fin est belle et romantique.
Globalement, je suis restée à côté. C'est une
espèce de salade bizarre avec des épices tellement mélangés
que je ne sais pas quoi en retenir.
J'ouvre ¼ pour la découverte de cette auteure pas banale,
pour le "Barbe bleue" et le dernier conte.
Annick A entreet
Quand je commence un livre, je ne veux rien en savoir. Je n'avais même
pas vu que c'étaient des nouvelles
J'ai beaucoup aimé "Barbe bleue" et son érotisme,
la finesse du récit. Je me suis laissée prendre, j'ai eu
l'impression d'être une enfant, j'ai eu peur.
Je me suis arrêtée au "Chat botté" qui m'a
ennuyée.
J'ai trouvé qu'il y a une dimension féministe, notamment
dans "Barbe bleue" et avec de l'humour. Il y a une place laissée
aux femmes qui trouvent du plaisir dans l'érotisme : ainsi,
dans l'histoire du tigre, elle fait en sorte que le déshabillage
soit partagé, c'est assez fin et habile.
J'ai lu "L'enfant de la neige" que j'ai détesté
et trouvé extrêmement pervers.
L'écriture ne m'a pas emballée. J'ouvre entre ¼ et
½.
J'ai bien aimé le film, drôle et dans l'outrance, on y était
un peu perdu entre rêve et réalité.
Catherine
J'ai beaucoup aimé, c'est très drôle.
J'ai aimé le rôle des femmes qui ne sont pas passives.
J'ai adoré "Barbe bleue", ça finit en apothéose.
J'ai aimé le style, fleuri, et assorti de chutes - justement ce
que tu n'as pas aimé Fanny ("commander
un ciel chez le fleuriste").
J'ai beaucoup aimé la femme tigre qui choisit de rester. J'ai aimé
l'atmosphère. Le chat botté ressemble plus au figaro.
C'est cependant inégal avec un côté en effet répétitif
sur le thème de l'animalité. Il me manque les deux derniers
contes.
Mais c'est plein de talent, de subversion et d'humour, et j'ouvre aux
¾.
Etienne
Je suis dans l'équipe qui a trouvé ça un peu lourd.
J'étais intrigué et avec un a priori positif avec la quatrième
de couverture.
J'en suis à la moitié, je vais finir. Mais je ne suis pas
emballé.
Le style ne m'a pas dérangé. Mais il y a une profusion de
symboles trop appuyés (par exemple la couleur rouge et la virginité
p. 64 "le
châle rouge qui brille aujourd'hui, non sans implications menaçantes,
comme du sang sur la neige (...) ses joues sont d'un blanc taché
d'écarlate héraldique et elle vient de saigner son premier
sang de femme"). Je m'attendais à quelque chose
de plus fin.
Je trouve sympa que les héroïnes soient mise en avant de manière
positive. J'ouvre à ½.
Danièle
(à l'écran)
Je dois tout d'abord préciser que je n'ai pu lire que les trois
premiers contes du recueil, livré la veille au soir de notre rendez-vous
lecture - la faute à mon libraire, ou plutôt sans doute
aux délais de livraisons actuels. Mais, pour ces trois contes,
quel plaisir de se plonger dans cette langue poétique et voluptueuse,
dans cette ambiance orgiaque de l'écriture et macabre par le contenu,
avec son sens hitchcockien de la narration basé sur le pressentiment,
le symbolisme érotique dans un environnement gothique, fantastique
et à la limite du sado-masochisme. Les descriptions sont pour moi
de la poésie pure, sans pied ni rime. On a affaire aux contes de
notre enfance mais totalement revisités, "Barbe bleue",
"Le Petit Chaperon rouge", etc.
Je voudrais justement rebondir sur les propos de Fanny, qui, nostalgique
des contes qui nous sont familiers, regrette ici un certain manque de
suggestivité. Ce qui me plaît au contraire, c'est la profusion
des images descriptives de la nature dans tout ce qu'elle recèle
d'étrange et finalement de symbolique. Elle ne veut ni suggérer,
ni théoriser - comme par exemple Bruno
Bettelheim le fait, en psychanalyste -, elle veut visualiser,
par des descriptions très précises et savoureuses. L'arrière-plan
psychanalytique est mis ici en évidence ou plutôt mis en
scène de façon très visuelle dans toute son étrangeté.
Je n'ai pas vu le film, mais je m'imagine une avalanche d'images gothiques
à la Nosferatu.
On ne peut aussi s'empêcher de penser aux affaires actuelles de
violence sexuelle et de consentement problématique. L'héroïne
de "Barbe bleue" n'a que 17 ans. Ici, clairement, la peur et
l'envie s'entremêlent, pour finalement laisser la place à
une action décidée et même futée, contre les
violences sexuelles. Ouf, on peut agir contre ça !
L'intervention deus ex machina de la mère dans "Le cabinet
sanglant" (Barbe bleue) ou la fin inattendue de "La dame de
la maison d'amour" (Nosferatu) permettent à mon avis de respirer
et restent typiques des contes.
Donc j'ouvrirai en grand, pour ce que j'ai lu. Peut-être ai-je évité
la saturation que certains d'entre vous semblent avoir connue. J'ai simplement
ressenti une certaine satiété à la fin du troisième
conte, mais n'ai pas hésité après coup à lire
le dernier, "Nosferatu", qui semblait avoir recueilli une bonne
partie des suffrages. Ce que je n'ai pas regretté.
Claire
Je me situe dans la même équipe... J'ai aimé la découverte.
Et d'abord l'écriture. Le côté appuyé dénoncé
par certains me plaît, car j'y vois une forme, non pas d'humour,
non pas de second degré, mais des clins d'il, une complicité
avec le lecteur - enfin... certains. L'écriture est également
raffinée, avec ces décalages qui ont été évoqués,
ces mélanges, ces ruptures, cet inattendu en fin de phrase.
J'aime bien le mot orgiaque de Danièle ; j'ajouterai pour
ma part le mot jubilation pour tout ce qui est cru, par exemple
dans la même page 60, on a, d'abord mignons, de "petits
fromages rances et couverts d'asticots", un peu moins
soft "les ogres qui
grillent des nourrissons sur des grils de fer" et surtout
l'effet macaroni quant à l'effroi dû aux loups : "Il
n'est pas une nuit d'hiver
pendant laquelle l'habitant des chaumines ne craigne d'apercevoir un long
museau famélique et gris glisser sous sa porte, et une femme fut
ainsi mordue dans sa propre cuisine tandis que qu'elle égouttait
des macaronis dans une passoire."
J'ai été frappée par l'aspect non conventionnel ;
"L'enfant de la neige" qu'a détesté Annick A m'a
semblé le sommet : en à peine deux pages, on a inceste,
nécrophilie, une cruauté d'une pureté poétique...
: magnifique !
J'ai cependant moi aussi éprouvé une forme de saturation,
de lassitude. Peut-être est-ce comme pour un recueil de poèmes,
il faut en lire un de temps en temps...
Pour certaines grandes scènes, j'ai eu le sentiment que l'auteure
avait des visions qu'elle nous faisait partager. Et que le film ne rend
pas, même si, pour d'autres raisons, je l'ai apprécié.
J'ai préféré les nouvelles à la première
personne, car la voix de ces jeunes filles - l'énonciation - me
semble vertigineuse.
Je suis allée me promener dans deux autres livres d'Angela Carter
: Vénus
noire dont j'ai trouvé la première nouvelle (en
ligne ici) en référence à Baudelaire et sa Jeanne
Duval vraiment brillante. J'ai feuilleté un roman, La
Passion de l'Ève nouvelle, dont le héros, tel Orlando,
change de sexe. J'ai regretté que l'essai La
femme sadienne soit introuvable, car j'aurais bien voulu comprendre
comment elle présentait en référence à Sade
son goût SM qu'on sent bien dans les contes. Ses héroïnes
dans le livre qu'on a lu sont des fortes personnalités, aussi séduisantes
que le loup...
Laura, qui avait proposé le livre (à
l'écran)
J'étais un peu stressée face aux réactions, mais
je suis contente car je ne m'attendais pas à des avis aussi divisés.
Je l'ai lu en anglais et je ne sais pas, en entendant des citations, si
l'écriture française m'aurait plu. La lecture en anglais,
en comprenant un mot sur cinq, m'a aidée à être davantage
dans la suggestion
À la première lecture, j'ai trouvé ça extraordinaire,
choquant. À la deuxième nouvelle relue, l'enthousiasme est
retombé. J'ai aimé "Barbe bleue", sauf la fin.
J'ai découvert le livre dans un cours de littérature anglaise,
et avec l'analyse, TOUT devient intéressant.
J'ai trouvé "Le loup-garou" poétique, rythmée,
en anglais j'ai été transportée par l'écriture.
Les jeunes filles sont très jeunes, je me suis demandé s'il
n'y avait pas une dimension autobiographique.
Françoise
C'est plutôt le contraire. L'auteure aimait les petits jeunes...
Laura
J'aime l'ambiance générale, baroque, gothique et dans les
aspects les plus précis.
Dans "Barbe bleue", il y a l'opposition entre l'aspect aérien
et l'entrée dans la cage, ainsi que le souterrain.
Comme je suis un peu déçue à la relecture, je n'ouvre
qu'aux ¾.
Quelques autres livres cruels cités,
pendant ou après notre soirée : |
Synthèse
rédigée par Chantal des 9 avis du groupe breton
réuni le 16 décembre suivie d'avis individuels
|
Brigitte
T Laurence
|
D'abord, le style, l'écriture : certaines n'ont pas aimé.
Des descriptions très, trop, longues voire interminables. Au regret
de l'absence de construction conforme aux contes, fouillis parfois, s'est
ajouté une remise en cause de la traduction !
D'autres ont apprécié le style "rétro",
19e siècle, la profusion d'expressions originales, des passages
poétiques parfois.
Le thème du féminisme a agacé les unes, enchanté
les autres et suscité de sacrées discussions !
Certaines ont aimé ces contes revisités par l'auteure et
d'autres se sont demandé le pourquoi de cette "revisite",
son utilité... Des lectures anciennes de ces contes revisités
ont été évoquées : Bettelheim
bien sûr,
Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés.
Plusieurs ont reproché à ces contes trop de cruauté,
trop de sang, les ont trouvés trop gore, en ont été
pour certaines jusqu'à en être angoissées...
Certaines sont entrées dans cette lecture avec recul, voire rejet,
d'autres avec a priori positif, et même le plaisir des contes d'enfance...
Ces contes ont renvoyé chacune à son passé :
- religieux : la peur du diable toujours déguisé en beau
jeune homme séducteur...
- militant : féministe des années 70
- enchanteur : les contes enchantés de l'enfance...
En fin de séance, d'âpres discussions ont concerné
le féminisme (outrancier ?) actuel..., la place de l'homme actuellement...
Et enfin, le thème difficile, mais de plus en plus présent
chez les jeunes générations, du GENRE, et là les
questions sont restées largement sans réponse...
Brigitte
Bien qu'avertie par une lecture attentive de la préface
de Christine Jordis, je n'ai pas pris un plaisir constant à la
lecture de ces dix contes d'Angela Carter.
L'originalité de l'uvre tient à sa relecture de contes
européens où je retrouve une alliance entre les contes de
Perrault et de Mme de Beaumont de mon enfance savamment mêlés
à une inspiration du mouvement gothique avec la Bête, le
démon, le vampire et à une inspiration du romantisme avec
la femme fatale, le sentimental dans un univers de châteaux, de
maisons et d'endroits abandonnées. Les décors sont toujours
soigneusement décrits et l'atmosphère nous imprègne
pour nous emporter au cur de l'histoire. Des références
à des drames historiques s'y mêlent comme la découverte
de l'enfant sauvage dans l'Aveyron en 1800 : "Louve-Alice".
Je retiendrai "Le chat botté". Récit d'un chat
drôle, réaliste, complice de son maître au jeu et en
amour. Mais aussi, "La jeune épouse du tigre" : belle
description de la Bête, le miroir est magique, les cartes trahissent,
les terreurs enfantines sont présentes avec la peur de la dévoration.
Mais pour moi, la peur et la violence sont exacerbées et dérangeantes
comme dans "Le cabinet sanglant" et "La compagnie des loups".
Je retrouve le loup-Garou habitant des forêts, lycanthrope mangeur
d'hommes, être maléfique à la force colossale. La
sexualité féminine et le sang sont largement présents
et le macabre sous-jacent dans les différents contes. Parfois trop
pour me transporter et trouver ce que j'attends à la lecture d'un
conte. Peu de princes charmants ! Où sont les rêves
? Où sont les fées ?
Chantal
J'ai lu le premier conte que j'ai adoré et relu une deuxième
fois. J'ai survolé les autres, où ces transformations en
loups, en bêtes, m'ont repoussée : pas envie de retrouver
l'actualité !
Ce premier conte, je l'ai aimé. Le style rétro, 19e siècle,
voulu par l'auteure, m'a enchantée, avec un vocabulaire fouillé,
précieux, les termes chthonien, hiémal, arder... waouh.
Les références aux artistes peintres fin 19e - Gustave Moreau,
Ensor, Gauguin, Fragonard - m'ont incitée à aller regarder
leurs uvres, avec plaisir. Et j'ai pensé aussi aux superbes
arums de Georgia O'keeffe :
Son
style, son écriture, sensuels, concernent tous les sens : la vue
(la chambre aux miroirs, les arums, les paysages), l'odorat (cuir épicé
du mari, les arums), le toucher (la chemise de soie qui glisse sur les
seins, les cuisses), le goût (dîner mexicain , crevettes
),
l'ouïe (respiration du mari, bruit des vagues, piano).
Et la subtilité de Carter consiste à installer, à
dose homéopathique, dès le début, la crainte, la
peur ; le lecteur peu à peu sent, puis sait, que le danger est
là.
Toujours la subtilité pour décrire les sentiments ambigus
de la jeune fille (petite fille pauvre enchantée par cette débauche
de richesses, attirance et dégoût pour ce mari au visage
d'arum), du mari (monstre sanguinaire, désespéré
de ce qu'il "doit " commettre). Je pourrais continuer encore
et encore... Enfin, c'est un conte, la jeune ingénue, le monstre
séducteur, le danger mortel, la "sauveuse" la mère,
le jeune innocent et la happy end (ils vécurent heureux...)
Les autres contes trop actuels. Non, tous les hommes ne sont pas loups,
à tuer ou à mater. Je l'ouvre donc à ½.
Marie-Odile
Ma lecture fut très incomplète et très superficielle.
La biographie d'Angela Carter m'avait de façon stupide donné
un a priori négatif. J'ai donc abordé le texte avec réticence.
J'ai commencé par "La compagnie des loups". Après
la longue introduction anti-loup, je me suis amusée de détails
triviaux tendant vers la parodie. Puis le conte traditionnel se trouve
revisité de façon un peu troublante : là où
est le danger se trouve aussi la jouissance...
J'ai noté par ailleurs les descriptions extrêmement fouillées
et parfois pesantes de la nature, les comparaisons et métaphores
inattendues.
J'ai eu l'impression d'un texte improvisé au fil de la plume, avec
une progression parfois étrange et je n'ai pas eu envie de m'immerger
dans cet univers ni de regarder le film.
J'ouvre ¼.
Édith
Première lecture
premier avis : il y a quelques jours, j'ouvrais... ¼.
J'ai acheté le livre avec la conviction que j'aurai plaisir à
découvrir cette "Angela" si excentrique et engagée
:
c'est ce que j'avais retenu lors du choix du livre. Grande déception
Je me suis "acharnée" à lire ces nouvelles, malgré
l'attrait d'autres livres qui me faisaient signe ; la "rencontre
avec la compagnie des loups" n'a pas eu lieu. Dommage ! J'attends
du groupe l'enthousiasme ?
Je lis alors dans le silence absolu car j'ai vite ressenti la nécessité
de me concentrer. Peu convaincue par le sauvetage de la belle curieuse
par sa mère ; je préfère l'horreur de l'original !
(Barbe Bleue/ Le cabinet sanglant).
Problème de traduction ? Phrases hachées, surabondance de
mots, ponctuation brève, j'ai dû relire souvent pour saisir
le récit. Je relis la préface : des clés pour le
projet d'écriture d'Angela ?
Et puis, après cet agacement de plusieurs jours, d'obstination,
comme dans un conte "merveilleux" je relis une ultime fois "La
compagnie des loups" puis "Louve-Alice", puis "Le
roi des Aulnes" puis la très courte nouvelle 'L'enfant et
la neige", je retourne a la chambre sanglante avec la voix chuchotée
et une grande concentration et
(voilà que j'ai raconté
au groupe que je "rajeunis" de 40 ans !) et les thèmes
abordés et transformés par Angela Carter me sont familiers.
Familiers non pas de la connaissance des contes lus dans mon enfance,
mais totalement inclus dans 40 ans de lecture "féministes"
mais aussi lacanienne ("Louve-Alice" et l'usage du miroir humanisant),
freudienne (sexe et filiation père et mère), de Georges
Bataille (érotisme et mort) de Huysmans (le mal et sa séduction),
de Baudelaire (l'horreur transcendée), les peintres et illustrateurs
(Ensor, Moreau), les symbolistes (j'aime Edgard Poe et Villiers de L'Isle-Adam),
bref les contes malgré leur noirceur, la dévoration, le
sang, la forêt dangereuse et surtout les LOUPS sous toutes leur
forme, me délivrent leurs messages, m'apportent un grand plaisir
de texte, un contentement
, comme si les petits cailloux semés
par Angela Carter me conduisaient vers un autre horizon
Pourquoi
n'avais-je pas ressenti ce plaisir de texte dans les premières
lectures ?
Une hypothèse : rebutée par ce que je dénonçais
de la forme littéraire dans mon introduction, j'avais pris une
position de fainéantise et de renoncement.
Un texte qui résiste, laissé de côté (rien
ne m'oblige à persister), vaut parfois la peine de s'y accrocher.
Pour autant que la présentation d'Angela Carter et de son féminisme
années 70 (mes années) me concernait, la relecture de la
préface et les références culturelles présentes,
l'auteure et sa biographie, maïs aussi le désir d'échange
à venir
tout cela, plus la magie du sommeil la nuit qui,
parfois organise le jour, et ouvre alors à la sensibilité
du texte ?
Finalement ce sera GRAND OUVERT !!! Me perdre dans la forêt sans
avoir eu peur du loup sous ses formes multiples et surtout insister égalent,
cette fois-ci, le frisson lié au texte ouvrant la clef
des
songes ?
Yolaine(avis
transmis)
Il me reste encore une vingtaine de pages pour terminer la lecture de
ce roman d'Angela Carter, qui me fait un peu l'effet de la cuillerée
d'huile de foie de morue qu'on administrait aux petits malades à
une époque déjà lointaine. Loin de l'effet enchanteur
des contes de fées qui m'apportaient tant de réconfort dans
les tourments de ma prime jeunesse, et que j'ai éprouvé
tant de plaisir à retrouver avec mes enfants, puis mes petits enfants.
J'adore les contes, ceux de Perrault mais aussi ceux de tous les pays,
j'en ferais volontiers collection. Tous ces récits qui nous viennent
plus ou moins du fond des âges parlent de la vraie vie, de ses vrais
enjeux, la naissance, la traversée initiatique à travers
tous les dangers, mais aussi toutes les merveilleuses rencontres qui jalonnent
notre chemin, et la mort. Ils nous disent que la vie est un miracle, et
que tout est possible, à condition de savoir rêver. L'existence
limitée à sa réalité matérielle n'est
qu'un cauchemar.
Alors l'idée de lire une version contemporaine de ces histoires
m'enthousiasmait.
J'imaginais une expérience de lecture jouissive, un peu comme les
romans d'Haruki Murakami, qui à mon sens réenchantent notre
monde contemporain.
Déception intense, frustration, colère, incompréhension,
voilà ce que je ressens devant cette entreprise inverse de désenchantement.
On laisse les monstres, et on enlève les fées. Non !
Le féminisme simpliste qui enrobe ce texte délirant ne m'intéresse
guère, mais peut-être n'ai-je rien compris. S'agit-il de
se transformer en tigresse pour prendre sa revanche sur la sexualité
violente du masculin ? Enfin c'est pas mon truc. J'admets que le
sujet est central, parce que la sexualité est au cur de la
vie, et de sa magie, mais je n'ai pas vu de piste permettant de régler
ce problème qui oppose les hommes et les femmes depuis des millénaires.
J'ai trouvé le narcissisme, avec lequel sont traitées ces
drôles d'histoires, étouffant et nauséabond. Je me
demande quel traumatisme a inspiré à l'auteure ces visions
cauchemardesques.
Le style est plutôt brillant ; les décors sont bizarres,
on se déplace à la fois en train, en voiture et à
cheval, dans des décors anachroniques de carton pâte. Je
me suis beaucoup ennuyée.
Je l'ouvre au quart, pour la qualité des descriptions.
Publications Parcours de l'auteure Traductions Radio-Théâtre-Opéra-Cinéma Articles, études et interviews Sites |
Romans (9)
- 1966 : La
Danse des ombres (Shadow
Dance, aux USA Honeybuzzard), trad. Jean Guiloineau, Christian Bourgois,
1998
-1967 : Le
magasin de jouets magique (The
Magic Toyshop), trad. Isabelle Delord-Philippe, Bourgois, 1999 ; poche
coll. Titres, 2018
- 1968 : Le
Théâtre des perceptions (Several
Perceptions), trad. Michel Doury, Bourgois, 1998 ; 10/18, 2003
- 1969 : Heroes and Villains,
non traduit
- 1971 : Love
(Love), Christian Bourgois,
trad. Anouk Neuhoff, Bourgois, 1997 ; coll. Titres, 2018
-1972 : Les machines à désir infernales du Docteur Hoffman
(The Infernal Desire
Machines of Doctor Hoffman), trad. Maxime Berrée, éd.
de l'Ogre, 2016 puis Inculte,
2016
- 1977 : La Passion de l'Ève
nouvelle (The Passion
of New Eve), trad. Philippe Mikriammos, Seuil, ill. Magritte, 1982
- 1984 : Des nuits au
cirque (Nights
at the Circus), trad. Jean Guiloineau, Seuil, 1988
- 1991 : Bien
malin qui connaît son père (Wise
Children), trad. Michel Doury, Christian Bourgois, 1997 ; coll. Titres,
2018
Recueils
de nouvelles
- 1974 :
Feux dartifice (Fireworks:
Nine Profane Pieces), nouvelles, trad. Françoise Cartano, Presses
de la Renaissance, 1989 ; Bourgois, 1999
- 1979 : La
Compagnie des loups (The
Bloody Chamber), trad. Jacqueline Huet, Seuil, 1985 ; Points,
1997 ; rééd. 2016 - En ligne en
anglais ici
- 1985 : Vénus
noire (Black Venus,
aux USA Saints and Strangers), nouvelles, trad. Isabelle Delord-Philippe,
Bourgois, 2000 ; coll. Titres, 2018. La première nouvelle,
très inspirée de Baudelaire lu lors de notre séance
précédente est en ligne
ici.
Non
fiction
- 1979 : La femme
sadienne (The Sadeian
Woman: An Exercise in Cultural History), essai, trad. Françoise
Cartano, éd. Henri Veyrier, 1979
- 1982 : Nothing
Sacred, écrits autobiographiques, non traduit.
Elle est écrivain (romans, nouvelles, essais,
livres pour la jeunesse, poèmes, pièces pour la radio, scénarios),
journaliste et traductrice. Et elle a enseigné l'écriture.
Une
enfance originale, pas de tout repos...
- 1940 : onze ans après un premier enfant, Hughie, qui deviendra
musicien, Angela naît en pleine guerre à Eastbourne sur la
côte Sud de l'Angleterre. Le couple se réfugie avec le bébé
chez la grand-mère maternelle d'Angela ; ils vivent jusqu'à
la fin de la guerre dans sa maison de mineur avec elle.
- 1945-1959 : la mère est assez névrosée, en tout
cas étroite d'esprit - elle éteint la télévision
si un acteur divorcé apparaît à l'écran - son
père Hugh est rédacteur de nuit de la London's
Press Association : il lui ramène des rouleaux de papier blanc
du bureau où elle écrit des histoires. Elle est gâtée
de tant de friandises que lorsqu'elle quitte l'école primaire,
elle est en surpoids (ce qui n'est pas facile à réaliser
ces années où viande, sucre, chocolat, beurre, fromage,
sont strictement rationnés...). Dorlotage et surprotection sont
effarantes : sa mère place un mouchoir derrière sa tête
quand elle s'assoit dans un lieu public, frotte si fréquemment
de la pommade Zam-Buk sur sa poitrine qu'elle est en permanence tachée
de vert ; à 10 ans, Angela n'a pas le droit d'aller seule aux toilettes
; elle est obligée de se laver avec la porte de la salle de bain
ouverte jusqu'à son adolescence, sa mère craignant qu'une
catastrophe ne lui arrive si elle la perdait de vue : glisser, se blesser
ou se noyer dans la baignoire...
Tu
me lâches maman !
- À 17 ans, devenue obèse, avec un léger bégaiement,
elle prend les choses en main avec un régime rigoureux (elle perd
38 kilos en six mois) qui virera à l'anorexie, se met à
jurer et à fumer, ce qui consterne ses parents, choisit des vêtements
noirs moulants signe alors "de dépravation"...
- À l'issue de ses études secondaires, grâce à
son père elle travaille (brièvement) au (londonien) Croydon
Advertiser ; elle dira plus tard que ses progrès furent
limités, en raison d'une "inexactitude démoniaque
en ce qui concerne les faits" ; elle rédige entre autres
des critiques musicales. Elle rencontre Paul Carter, chimiste industriel
de profession, qui travaillait au noir en tant que producteur et vendeur
de disques folk ; il jouait de plusieurs instruments, chantait ; grâce
à lui, elle s'est impliquée dans le renouveau folk anglais
(elle a écrit des notes de pochette sur plusieurs de ses disques,
joué avec lui et même brièvement dirigé un
club folk avec lui) et s'est par ailleurs engagée dans la campagne
pour le désarmement nucléaire.
- 1960 : Paul Carter rencontré à 19 ans représente
clairement une échappatoire de la maison parentale et elle l'épouse
(le mariage vacillera rapidement ; elle divorcera 12 ans plus tard). Elle
déménage à Bristol où elle s'inscrit à
l'université et étudie la littérature anglaise. Elle
a également beaucoup lu - Nabokov et Borges étaient ses
deux auteurs contemporains préférés. Frustré
par les travaux ménagers et la dépression de son mari, elle
commence à écrire aussi voracement qu'elle lit. Elle a soif
d'idées et les trouve chez Ludwig Wittgenstein, Theodor Adorno,
Claude Lévi-Strauss. Elle découvre Freud, les surréalistes.
Comment
abandonner son mari grâce à un prix littéraire
- 1966 : publication de son premier roman assez noir, La
Danse des ombres, qui se déroule dans le quartier bohème
de Clifton à Bristol.
- 1967 : Le
magasin de jouets magiques, un roman gothique qui met en scène
les desseins incestueux d'un marionnettiste.
- 1968 : Le
Théâtre des perceptions, à l'ambiance psychédélique,
s'appuie sur l'étude de RD Laing sur la schizophrénie ;
ce livre remporte le prix Somerset Maugham, dont la règle établie
par Maugham lui-même stipule que l'argent doit être dépensé
pour des voyages à l'étranger.
- 1969 : "mon mari et moi avons traversé les États-Unis
dans un bus Greyhound. Nous sommes allés de New York à San
Francisco, en passant par la Nouvelle-Orléans parce que nous étions
tous les deux passionnés par le jazz de là-bas. Nous sommes
allés au sud jusqu'à El Paso, puis à travers le désert
jusqu'en Californie. L'ensemble du voyage n'a duré que six jours
mais c'était toute une expérience."
- 1970-1972 : elle part au Japon, sans son mari bien sûr (elle jettera
son alliance dans un cendrier à l'aéroport de Tokyo) ; elle
rencontre un Japonais qui espérait devenir romancier. Après
avoir rompu avec Paul par lettre (elle dira de lui "Paul est un
cochon égoïste, nul au lit et scandaleusement insensible"),
elle vit avec Sozo Araki presque un an (celui-ci publiera les Souvenirs
des jours passés avec Angela Carter...), puis rencontre
un Coréen de 19 ans, Mansu Ko, qu'elle soulage de sa virginité
: "il m'apporta une boîte d'ananas comme cadeau parce que
je l'avais séduit" ; ils emménagent immédiatement,
il fait la cuisine et le ménage, elle travaille pendant une période
dans un bar à hôtesses. Les deux années qu'elle a
passées au Japon ont été une période charnière,
donnant naissance à Love
(1971) Les
machines à désir infernales du Docteur Hoffman (1972)
et Feux
dartifice : son nouveau sentiment d'indépendance
personnelle inspirera une nouvelle liberté littéraire. Au
Japon, elle sera frappée par la situation terrible des femmes.
Elle découvrira l'uvre du marquis de Sade dans une librairie
d'occasion. Roland Barthes, qui relate son expérience dans L'Empire
des signes (1970), s'est trouvé au Japon en même
temps qu'elle. En 1971, elle prend le Transsibérien et traverse
l'URSS, etc.
Une
nouvelle vie
- 1972 : retour du Japon ; elle divorce ; elle a publié cinq romans
et n'a que 32 ans. Elle vit à Londres (louant pendant un temps
la chambre d'amis de la poétesse Fleur
Adcock) et s'intéresse de plus en plus au mouvement naissant
de libération des femmes. Elle a une série d'histoires d'amour
désastreuses et au moins un avortement ; après une relation
particulièrement tumultueuse, elle quitte Londres pour Bath où
son père lui prête de l'argent pour s'acheter une petite
maison.
- 1974 : Un de ses robinets éclate ; elle court chercher un ouvrier
dans le chantier d'en face : Mark Pearce, 19 ans (elle en a 34) dont elle
dira : "Il est entré et n'est jamais parti." Elle
est à nouveau le soutien de famille et le laisse s'occuper des
travaux domestiques. Elle a 44 ans quand leur fils naît. ("Avez-vous
toujours voulu avoir un enfant ? Non, jamais. Ils ont dû me traîner,
à coups de pied et de cris, dans la salle de travail. Je n'arrêtais
pas d'insister sur le fait qu'il était trop tard, que j'étais
trop vieille pour de telles choses"...). Mark s'occupe de leur
fils Alex ; son implication dans la vie familiale a facilité le
développement tardif d'une carrière d'enseignante à
l'Université d'East Anglia : leur union semble avoir été
très heureuse.
Activités de journaliste, écrivaine,
enseignante
- Elle devient dès 1973 collaboratrice de Spare
Rib, le magazine emblématique du féminisme radical
britannique, et a rapidement été cooptée au comité
éditorial de Virago,
par sa fondatrice, Carmen Callil. Simultanément, elle écrivait
pour les magazines de soft porn Men Only et Club International
et a défendu le marquis de Sade en tant que "démystificateur
de la chair" et "pornographe moral" ; elle publiera en
1979 La femme
sadienne (The Sadeian
Woman: An Exercise in Cultural History).
Elle a été une collaboratrice importante, et sur la durée,
de New
Society, l'hebdomadaire anglais d'actualité et de culture
- Elle accepte en 1976 une commande pour traduire les contes de Charles
Perrault. Une fois la traduction publiée, elle se lance dans "La
chambre sanglante" que nous lisons. Et poursuit la publication d'autres
livres.
- Elle est écrivaine résidente dans diverses
universités américaines (Austin au Texas, Iowa City, Albany
à New York) et australiennes (Adélaïde), professeure
invitée d'écriture créative à l'Université
Brown, Rhode Island : l'écrivain Rick
Moody, un de ses étudiants témoigne de son enseignement
ICI,
c'est pas triste.
Elle occupe un poste d'enseignante en écriture
créative à l'Université d'East Anglia à
Norwich, en Grande-Bretagne de 1978 à 1988 : le futur prix
Nobel, Ishiguro, est son étudiant... "Ils sont passés
d'une relation enseignant-élève à celle d'amis. Elle
l'a incroyablement soutenu dès le début", a déclaré
Gordon son biographe. Elle lui a enseigné la structure, "les
écrous et les boulons", et comment gérer le suspense
dans son premier roman. Angela Carter l'a encouragé à ne
pas se soucier des tendances littéraires. "Ils ont certainement
beaucoup parlé du Japon, de la littérature et du cinéma
japonais. Ils étaient tous les deux de grands cinéphiles."
Ishiguro la mentionnera dans son discours
du Prix Nobel.
Sa maison | |
Angela Carter a vécu à Londres 107 The Chase, de 1976 à 1992 : elle y a écrit plusieurs livres dont La compagnie des loups. Elle y donna des conseils à Kazuo Ishiguro, devenu depuis prix Nobel, et y reçut Salman Rushdie, Ian McEwan, etc. | |
C'était une maison bohème, avec de la vaisselle sale empilée dans l'évier, mais où on aimait recevoir. Salman Rushdie a dit à son biographe Gordon que, lorsqu'il se cachait, après que l'ayatollah Khomeini eut émis la fatwa contre lui, ses gardes du corps appréciaient toujours quand il allait rendre visite à Angela Carter, parce qu'elle avait invariablement un bon repas pour eux et qu'ils pouvaient regarder la télévision... |
Et
la France ?
Elle connaissait les écrits de Roland Barthes, aimait Colette (voir
"Angela
Carter lectrice de Colette, ou les affinités électives",
Martine Hennard Dutheil de la Rochère, Études de lettres,
n° 312, 2020).
Voici des auteurs français qu'on retrouve dans
ses livres
- le marquis de Sade avec son essai La Femme sadienne (1975)
- Villiers de l'Isle-Adam dans La
Passion de l'Ève nouvelle (1977)
- Charles Baudelaire dans la nouvelle Vénus
noire (1985)
- les contes de Perrault avec La
Compagnie des loups (1979).
Et
politiquement ?
Elle votait travailliste et détestait Margaret
Thatcher, mais lorsqu'elle a assisté à une réunion
d'écrivains et d'intellectuels de gauche en 1988, elle s'est sentie
mal à sa place et a à peine dit un mot.
Elle a refusé l'identification avec n'importe quel mouvement et
a résisté aux tentatives d'absorber son travail dans n'importe
quel genre (elle a toujours nié relever du réalisme magique,
par exemple, arguant que l'expression n'avait aucun sens lorsqu'elle était
utilisée en dehors du contexte spécifique de la littérature
latino-américaine).
Tout
a une fin
En 1992 : fumeuse invétérée, elle décède
d'un cancer du poumon en à l'âge de 51 ans. Au moment de
sa mort, elle avait commencé à travailler sur une suite
de Jane Eyre (de Charlotte Brontë) basé sur la vie
ultérieure de la belle-fille de Jane...
Margaret Atwood la décrit ainsi dans la notice
nécrologique de l'Observer : " Elle était
tout sauf sectaire. Rien, pour elle, n'avait de couleur tranchée
: elle voulait savoir tout sur tout le monde, chaque endroit et chaque
mot. Elle savourait la vie et le langage passionnément, et se délectait
de la diversité. "
Salman Rushdie, qui était son ami, écrit peu après sa mort : "Après nous avoir montré comment écrire, après nous avoir aidés à voir comment vivre, elle nous a montré comment mourir" ("Angela Carter, 1940-92: A Very Good Wizard, a Very Dear Friend", The New York Times, 8 mars 1992)
Susannah Clapp, qui est exécuteur testamentaire d'Angela Carter, commente des cartes postales personnelles : "A Card From Angela Carter", The Guardian, 22 janv 2012.
Il n'existe pas de biographie d'Angela Carter en français. La référence est celle d'Edmund Gordon, maître de conférences en création littéraire au King's College de Londres : The Invention of Angela Carter : A Biography, Penguin, 2016.
En 2008, The Times la classa dixième des 50 meilleurs écrivains britanniques de l'après-guerre.
TRADUCTIONS |
Traducteurs
d'Angela Carter
On peut remarquer à quel point ils sont nombreux...
- Jacqueline Huet : La
Compagnie des loups, 1979
- Françoise Cartano : La
femme sadienne 1979, Feux
dartifice 1989
- Philippe Mikriammos :
La Passion de l'Ève nouvelle 1982
- Jean Guiloineau : Des
nuits au cirque 1988, La
Danse des ombres, 1998
- Anouk Neuhoff : Love
1997
- Michel Doury : Bien
malin qui connaît son père 1997, Le
Théâtre des perceptions 1998
- Isabelle Delord-Philippe : Le
magasin de jouets magiques 1999, Vénus
noire 2000
- Maxime Berrée, Les
machines à désir infernales du Docteur Hoffman,
2016.
Même l'unique album pour la jeunesse traduit
(parmi les trois parus en anglais) l'est par un nième traducteur :
Drôles de chats
(Comic and Curious Cats),
ill. Martin Leman, trad. Claude Lauriot-Prévost, Centurion, 1979.
Angela
Carter traductrice
En 1972-1973, au retour
du Japon, elle a un contrat pour traduire le livre de sa contemporaine
Xavière Gauthier, Surréalisme
et sexualité, passe du temps sur ce projet, mais attendra
une année pour apprendre que l'éditeur américain
avait jugé sa traduction pas assez bonne ; le livre n'a toujours
pas été traduit en anglais... (à propos de Breton
qui a d'abord attiré Angela Carter, son machisme a fini par l'énerver :
la façon dont il a dirigé le mouvement et expulsé
des gens, par exemple, parce qu'ils étaient homosexuels, ou son
attitude envers les femmes l'a rebutée ; elle était vraiment
agacée par la façon dont il traitait Nadja, la femme au
centre de son roman-à-clef du même nom que
nous avons lu : il l'utilise comme muse, la parfaite muse irrationnelle,
mais quand elle est devenue un peu trop irrationnelle, il l'a abandonnée
dans un hôpital psychiatrique - Angela partage ainsi les réactions
de plusieurs d'entre nous...)
Elle traduit en 1977 Les Contes de fées de
Charles Perrault (The Fairy
Tales of Charles Perrault) avec des illustrations de Martin Ware.
Martine Hennard Dutheil de la Rochère, professeure
de littérature comparée à l'Université de
Lausanne, analyse son rapport au texte original dans deux articles :
- "Actualiser
les politiques de l'expérience : traduction par Angela Carter du
'Petit Chaperon rouge' de Charles Perrault", Palimpsestes,
n° 22, 2009
- "Le
jeu du texte et de l'image des Contes de Charles Perrault d'Angela
Carter (1977) à La compagnie des loups (1979)",
Journal de la nouvelle en anglais, n° 56, printemps 2011
RADIO -THÉÂTRE - OPÉRA - CINÉMA |
Rien à se mettre sous la dent à la radio française, rien à la télé ou en vidéo française : incroyable, non ?! France Culture, France Inter, l'INA... totalement muets.
En 1979, l'Opéra de Glyndebourne lui demande d'écrire un livret pour un opéra, jamais achevé, à partir du roman Orlando de Virginia Woolf que nous avons lu.
Carter a adapté "La compagnie des loups" et "Le chat botté" en pièces radiophoniques diffusées sur BBC Radio 3 en 1980 et 1982.
À la radio, à la télévision,
au théâtre, ses textes ont été adaptés
et notamment les histoires de The Bloody Chamber, mais jamais en
France apparemment.
Neil Jordan a adapté La compagnie des loups au cinéma
en
1984, le scénario
étant de Neil Jordan et Angela Carter.
Dans une interview, Angela Carter évoque
son plaisir de la collaboration, sauf pour la fin du film (entretien avec
Rosemary Carroll, Bomb
Magazine, automne 1986
ARTICLES, ÉTUDES ET INTERVIEWS |
Quelques articles français sur
20 ans
- "Le
père n'est jamais sûr", Claire Devarrieux, Libération,
29 mai 1997
- "Retrouver
Angela Carter", Josyane Savigneau, Le Monde, 27 juin 1997
- "Une belle mécanique",
Béatrice Pire, Les Inrocks, 20 août 1997
- "L'ogre
et les pantins", Christine Jordis, Le Monde, 30 juillet
1999
- "Angela
Carter, Sussex machine", François Angelier, Le Monde,
25 février 2016
- "Les
bizarreries picaresques et surréalistes dAngela Carter",
Sophie Ehrsam, En attendant Nadeau, 4 mai 2016
- "Redécouvrir
le féminisme gothique dAngela Carter", Nelly Kaprièlian,
Les Inrocks, 18 mai 2018
- "Love
d'Angela Carter", Télérama (TTT),
20 juin 2018
Des études universitaires françaises
Des articles :
- "La métafiction
et les nouvelles d'Angela Carter", Michelle Ryan-Sautour, Métatextualité
et métafiction : théorie et analyses, Presses
universitaires de Rennes, 2003
- "'La magie
des voix dans la nuit' : 'transcréation' des contes de Perrault
chez Angela Carter", Martine Hennard Dutheil de la Rochère,
Études de lettres, n° 3, 2016
- "Angela
Carter lectrice de Colette, ou les affinités électives",
Martine Hennard Dutheil de la Rochère, Études de lettres,
n° 312, 2020.
Et des thèses, pas très récentes : Esthétiques du "roman-théâtre" chez Angela Carter (2006), Subversion sexuelle et textuelle dans les nouvelles d'Angela Carter (2006), La subversion des discours d'autorité dans l'uvre d'Angela Carter (2005), Le sujet à l'uvre : écriture et lecture chez Angela Carter (2001), L'allégorie dans l'uvre de Margaret Atwood et d'Angela Carter" (1997), Double je et jeux du double dans les romans d'Angela Carter (1999),
Interviews en anglais
- Angela Carter talks to Lisa Appignanesi, 1985, vidéo 7 min
: elles discutent de Freud, du travail, de la politique, de La Compagnie
des loups, de la maternité et de Sade, y compris le socialisme
de Carter, qui, selon elle, fonctionne en tandem avec sa sensibilité
fabuliste.
- Un très intéressant entretien avec le biographe Edmund
Gordon,
5 janvier 2017, avec Caleb Sivyer, sur
son site ici (il est l'auteur de The
Invention of Angela Carter : A Biography).
SITES |
Contribuant chacun à sa manière à
la promotion de l'uvre d'Angela Carter :
- angelacarter.co.uk :
site officiel, dont est responsable Susannah Clapp, exécuteur testamentaire
d'Angela Carter
- Angela Carter Online,
site indépendant, créé par Caleb Sivyer en 2016,
qui a fait sa thèse sur Virginia Woolf et Angela Carter
- Angela Carter Society, société
savante d'universitaires, créée en 2017.
Pour le 75e anniversaire de sa naissance
(1940),
une édition Penguin
de luxe du livre le plus célèbre de son auteure
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert |
beaucoup
¾ ouvert |
moyennement
à moitié |
un
peu
ouvert ¼ |
pas
du tout
fermé ! |
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