Quatrième
de couverture :
"De tout l'hiver je n'ai écrit
qu'une suite de scènes qui est parfaitement impubliable et sans
grande portée littéraire, mais qui, si on l'exhume dans
quelques centaines d'années, jettera sans doute un jour singulier
sur certains aspects de notre civilisation." ((lettre d'Arthur
Schnitzler à Olga Waissnix du 24 février 1897).
Arthur Schnitzler est né à Vienne en 1862. Après des études de médecine, il se tourne vers le théâtre et connaît la gloire en 1895 avec Liebelei. Parallèlement à son uvre d'auteur dramatique, il écrit de nombreux romans et recueils de nouvelles dont Berthe Garlan, Madame Béate et son fils, La Pénombre des âmes, Mourir et Vienne au crépuscule (tous publiés aux Éditions Stock) sont les plus connus. En 1905, des bruits circulaient à Vienne sur une
uvre "licencieuse" qu'Arthur Schnitzler, l'auteur le plus
à la mode, avait dans ses tiroirs. C'était La Ronde qu'aucun
théâtre n'osa monter et qui fut d'abord imprimé à
compte d'auteur. Il fallut attendre 1921, après le naufrage de
la double monarchie, pour qu'on joue la pièce à Vienne,
et le scandale fut incommensurable...
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Arthur Schnitzler (1862-1931)
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Nos
cotes d'amour |
Les cotes
d'amour du groupe breton
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La
Ronde
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Mademoiselle
Else
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Annick
L
Lire un texte écrit pour le théâtre avant d'avoir
vu une mise en scène est toujours décevant. Je regrette
de ne pas avoir pu vous accompagner l'autre soir.
Concernant La Ronde de Schnitzler j'ai trouvé le dispositif
scénographique original et intéressant. Le film de Max Ophüls
l'exploite d'ailleurs joliment avec le jeu autour du manège. Mais
la lecture des dix scènes m'a vite ennuyée : les personnages
sont de purs stéréotypes sociaux (le mari, l'actrice, la
grisette...), très datés. J'ai même cherché
ce que recouvrait le statut de "la
grisette". Et la mécanique des rencontres et du jeu de
la séduction est toujours la même, avant et après
les points de suspension (censure oblige !). Je veux bien croire que cette
pièce a choqué le bourgeois de l'époque mais aujourd'hui ?
Tout cela m'a laissée de marbre. À part une scène
dont j'ai savouré le dialogue - entre les deux époux - et
qui m'a fait rire (le discours du mari).
Bof ! J'ouvre un quart si la question est posée.
Mais j'étais très contente de la soirée cinéma
: les actrices et acteurs (sacré casting) ont donné de la
chair à ces figures abstraites.
Maëva(avis
transmis du Japon)
J'ai lu la préface de La Ronde avant l'uvre en elle-même
(une pratique controversée dans le groupe), ce qui m'a permis d'avoir
un peu de contexte sur la pièce, notamment sur le cloisonnement
social en place à Vienne au moment de l'écriture et la censure
subie.
Dans un premier temps, je n'ai pas pu refréner un soupçon
de lassitude face à un schéma redondant. Au bout de la troisième
rencontre, j'avais l'impression de pouvoir deviner les autres : on
se tourne autour, on minaude, on passe à l'action, on exprime sa
jalousie, on promet de se revoir et on passe à autre chose. Bref,
la ronde tourne. Il n'y a aucune surprise, le titre vend d'ailleurs assez
vite la mèche sur ce procédé sympathique.
Au fil des pages, les personnages échangent leur rôle et
leurs textes. Peu importe la géographie ou la classe sociale, les
dialogues se répètent en boucle : "si
on sonne dehors", "cinq minutes
Non, pas plus
",
"tu me rappelles quelqu'un", "viens, viens",
"tu m'aimes bien ?"
Malgré tout, je n'ai pas eu envie d'arrêter la lecture que
j'ai vécue comme une balade agréable sans grand frisson.
J'ai trouvé les dialogues inégaux, on reste peu attaché
aux personnages et on ne ressent pas d'empathie puisqu'on les quitte aussi
rapidement qu'on les a rencontrés. Les déclarations passionnées
d'un instant sonnent fausses, les curiosités feintes et les émois
inconsistants. La fièvre du moment est balayée lorsque le
désir est consommé et il ne faut pas plus d'un tiret
pour que l'excitation retombe comme un soufflé.
Sur le papier, ça fonctionne, je comprends l'intérêt
de la forme pour exprimer cette critique sociale, je trouve même
que c'est efficace, mais cela reste du domaine du rationnel. Au niveau
du ressenti, je ne parviens pas à virevolter avec cette ronde.
Si je devais résumer : une lecture agréable, historiquement
et socialement intéressante, mais pas transcendante. J'ouvre à
moitié.
J'ai hâte de découvrir les avis du groupe sur cette pièce
!
Danièle(avis
transmis)
C'est une pièce de théâtre construite de manière
originale, où le fond et la forme font un tout, celui d'une ronde,
puisque tout au long des dix scénettes, les couples se font et
se défont, un personnage laissant la place à une autre personne,
qu'il - ou elle - cherche à séduire, jusqu'à
revenir en boucle au premier personnage.
Ainsi résumé, on pourrait croire que c'est du théâtre
de boulevard. En fait, cela est à mon avis beaucoup plus subtil,
et j'ai souri tout au long de ma lecture. Dans le film
de Max Ophüls, j'ai au contraire beaucoup ri, mais plutôt
pour le jeu des acteurs, qui avaient des manières d'une autre époque-.
C'est donc plutôt une pièce sur la séduction, dans
un sens comme dans l'autre, intention d'ailleurs très bien rendue
dans le film de Max Ophüls, par exemple dans la scène du jeune
maître et de la femme de chambre, qui nous offre une entreprise
de séduction magistrale de la part de la femme de chambre.
Dans presque chaque scénette un couple vient de se former, pour
un soir, et la scène de séduction entraîne la femme,
le plus souvent la jeune fille, à se donner malgré ses réticences
premières. Or ce n'est pas cela qui a choqué l'opinion à
l'époque, ni qui a justifié l'interdiction et le tollé
à la parution de la pièce, mais son obscénité.
Qui verrait aujourd'hui de l'obscénité dans cette pièce
? Toute l'ambiguïté se trouve une fois de plus dans la question
du consentement : les réticences sont-elles jouées ou sincères
? Le tout apparaît plutôt comme un jeu conventionnel et frivole
dont on sait à chaque fois la fin. Le style est léger, enlevé
et se prête bien à une ronde, en effet. De nos jours, nous
pourrions être choqués par le rôle assigné aux
femmes cela pourrait paraître comme le summum de l'abus de pouvoir
masculin, mais pour Schnitzler, la femme comme l'homme, peuvent abuser
de leur pouvoir de séduction (voir le comte et l'actrice). Elles
ont ici l'esprit de répartie, voire de l'humour, ne sont pas dupes,
et le disent. Elles ne sont pas vraiment le stéréotype de
la nunuche qui se laisse abuser. Schnitzler ne fait pas ici une critique
sociale, mais expose plutôt une certaine philosophie de la vie sans
aucune idée moralisatrice. Chacun y trouve son compte, des fois
on gagne, des fois on perd
C'est aussi une étude sur le mensonge, à la base de la séduction,
mais aussi comme garant d'une certaine liberté, à prendre
au second degré, ici plutôt libertinage, c'est bien la même
racine ?
On a au passage des réflexions + ou - philosophiques sur le bonheur,
le temps qui passe, quel sens donner à la vie, le vide de l'existence
L'importance des rideaux ouverts, fermés ou entrouverts,
les lumières allumées ou éteintes, qui donne l'atmosphère
propice aux jeux de l'amour. Amour ? Pas vraiment, seulement le plaisir
de la rencontre. Parfois, on ne sait plus qui est qui, une même
personne en rencontre d'autres dans d'autres conditions, qui lui rappellent
les premières. J'ai eu une impression de ronde infernale, d'anonymat,
même si on finit par savoir leur nom.
Dans le texte allemand, on trouve beaucoup de mots en français
dans le texte. Mais dans un français inusité maintenant.
Exemple : chambre séparée, pour cabinet particulier.
C'était l'époque où la langue française bénéficiait
encore d'une aura. Mais aussi les Français ont/ avaient la réputation
d'être frivoles et l'emploi de mots français évoquent
par leur seule présence une atmosphère frivole voire coquine.
Il y a donc plusieurs angles de lecture de cette pièce, que j'ai
prise plutôt comme un divertissement à prendre au second
degré.
J'ouvre aux ¾.
Sabine(avis
de débordée transmis de Nîmes)
J'ai juste adoré le livre et l'adaptation d'Ophüls.
Catherine entre
et (avis
transmis)
Je n'ai pas été convaincue à la première lecture,
j'ai eu l'impression d'un exercice de style, brillant, très bien
fait mais très daté, patriarcal, avec des rôles caricaturaux
surtout ceux des femmes, soumises au désir masculin dans l'ensemble.
Bien sûr ça dépasse le vaudeville, il y a aussi une
étude des rapports sociaux intéressante et c'était
certainement transgressif pour l'époque. Il y a aussi de l'humour.
La scène avec le mari et sa tirade sur les femmes honnêtes
m'a fait rire, la scène entre la femme mariée et le jeune
homme qui cite Stendhal pour garder la face après une panne, les
deux voilettes...
J'aime beaucoup le film d'Ophüls, sa mise en scène, les costumes,
les acteurs évidemment. Voir la pièce jouée a changé
mon regard sur le texte. Et pour parachever l'ensemble, La (nouvelle)
Ronde avec une réécriture de la pièce qui transpose
notre époque et met en scène des couples de tout genre,
les femmes sont libérées de la caverne où elles étaient
enfermées mais la ronde se poursuit. Ça donne une vraie
actualité au texte.
J'ouvre à moitié le texte, aux ¾ l'ensemble.
Monique L
C'est la forme qu'a donnée Schnitzler à la pièce
qui fait son efficacité et son intérêt. Les personnages
échangent leurs rôles et leurs textes constamment et cela
quelle que soit leur appartenance sociale.
Les personnages reprennent en boucle, les mêmes paroles : "Je
ne suis pas du genre à faire ça", "Est-ce
que tu m'aimes ?", "Mais
oui je t'aime.", "Tu
me rappelles quelqu'un", "Revoyons-nous
très bientôt", etc. Ce sont ces répétitions
et ces échanges de partenaires qui font de cette pièce une
critique sociale, mais elle a en partie perdu de nos jours son efficacité
satirique de l'époque.
L'auteur traque les mécanismes de la séduction, de rapports
de force, de domination, tout autant que ceux de la lâcheté
qui permet à certains protagonistes de trouver une échappatoire
une fois parvenus à leurs fins, ou du désarroi des autres
qui sombrent dans le remords. Il n'est pas question d'amour mais de désir.
Je me suis posé la question du consentement dans un rapport de
domination, mais il me semble que ce n'est pas un sujet pour l'auteur.
Tout cela semble sans conséquence : les deux personnes ne se reverront
plus (à l'exception du couple marié) et passeront à
autre chose.
La géographie imposant la séparation des classes est mise
à mal. Les personnages échangent leurs rôles et leurs
textes constamment, tout en parcourant l'ensemble des quartiers de la
ville, des plus mal famés aux plus riches : le cloisonnement social
parfaitement en place à Vienne en 1896 (date d'écriture
de la pièce) vole en morceaux. La scène la plus jouissive
est celle du discours du mari à sa femme. Qu'est-ce qui fait courir
le monde ? La réponse apparaît non loin de l'oreiller.
Bien que cette pièce ait perdu de son efficacité satirique
de nos jours, elle reste une critique amusante de rapports homme-femme
encore présents de nos jours. J'ouvre aux ¾.
Etienne
entre
et (à
l'écran depuis Rennes)
J'ai beaucoup aimé. J'ai apprécié ce très
bon équilibre entre légèreté et profondeur.
J'ai comparé avec La
maison de poupée que nous avions lu, situé pareillement
dans une époque, avec une satire de la société :
c'est pour moi à mi-chemin entre théâtre de boulevard
et la pièce d'Ibsen
J'ai lu avec plaisir. Ce qui est intéressant c'est que Schnitzler
met en évidence, d'une scène à l'autre, des relations
dominant/dominé, qui inclut une domination sociale, par exemple
dans le duo mari/grisette ou Monsieur Alfred/la bonne.
La question du consentement revient de façon claire à l'heure
post-#MeToo : on voit des personnages plus ou moins consentants, c'est
bien mis en jeu. Et du coup, ce n'est pas si vieilli que ça car
on retrouve une dynamique actuelle à l'uvre.
J'ai bien aimé aussi le film, très drôle, avec par
exemple la manivelle qui fait tourner la ronde et qui se bloque au moment
de la panne.
J'ouvre entre ½ et ¾, je suis content de l'avoir lu, c'est
une belle découverte.
Jacqueline
Au départ, je l'ai lu très très vite, et je n'y ai
pas vu grand intérêt. J'ai eu l'impression d'une espèce
de mécanique, avec des situations de séduction qui se répètent
avec des partenaires différents.
Et puis, j'ai vu la pièce La (nouvelle) Ronde, que j'ai
trouvée extraordinaire, et qui, du coup, ça s'est mis à
me réintéresser au texte. Ce qui se répète,
c'est le désir.
Et puis le film d'Ophüls que j'ai beaucoup beaucoup aimé m'a
fait retrouver le texte de la pièce et ça c'était
bien.
Je n'ai pas tout compris, notamment la scène avec le comte.
Au film de Vadim vu hier soir, j'ai préféré celui
de Max Ophüls, avec cette mécanique grinçante grâce
au maitre du jeu : ce côté très grinçant que
je trouve chez Max Ophüls, chez Vadim est édulcoré.
Peut-être parce que c'est plus moderne ? On est plus en phase.
J'ouvre aux ¾. Ah oui, j'ai pensé à L'éveil
du printemps de Frank Wedekind, plus dramatique. Ici, on ne prend
pas les personnages au sérieux.
Rozenn
(à l'écran)
J'ai été d'abord déçue par rapport au souvenir
adolescent que j'en avais, de garçonnière, de voilettes.
J'ai été saisie par la domination : les femmes n'ont pas
là-dedans une vie très joyeuse
Il y a quand même
la femme mariée qui prend du plaisir
Il y a plus de faux-semblants que de vrais désirs.
Et des thèmes pas abordés en général dans
ce domaine : celui qui ne veut pas le matin, la panne
, ce qui donne
un charme aussi.
Le thème du consentement m'a rappelé une version abominable
de La Belle au bois dormant du XVIIe siècle, de Giambattista
Basile où le héros ne sauve pas la belle endormie mais
la viole.
Dans la pièce, je suis passée très vite sur ce qui
est sordide quant à la situation des femmes.
La dernière scène est étonnante avec le comte qui
a l'air de souhaiter que rien ne se soit passé : là, c'aurait
été une aventure ("C'eût
été beau si je n'avais fait que lui baiser les yeux. Ç'aurait
presque été une aventure
").
Je pensais d'abord ouvrir au ¼
, puis ½..., j'ouvre
aux ¾.
Fanny
Rozenn m'a fait penser à une autre version de La Belle au bois
dormant : La
Belle au bois rêvant où elle préfère
se rendormir
J'ai trouvé frustrant de ne pas voir la pièce.
Le livre se lit vite, et c'est agréable par rapport à notre
lecture précédente
Je rejoins certains points de vue : par exemple, je n'ai pas ressenti
d'empathie, car même si on retrouve certains personnages, on n'a
pas le temps de s'y attacher. Cela me semble très voulu, et c'est
l'originalité de la pièce.
Le scénario est identique, mais c'est pourtant à chaque
fois différent. Il y a à la fois du commun et du singulier
dans chacune des scènes.
La première histoire est terrible, les autres moins. Il y a beaucoup
d'humour et une légèreté sur les rapports homme/femme.
Il s'agit de désir plus que d'amour.
Toutes les femmes ne sont pas ingénues. Il y a une hypocrisie sociale
qui amène à dire non. On pourrait s'y retrouver aujourd'hui.
J'ouvre ¾. Sous la légèreté, c'est subtil.
Muriel
J'ai lu très peu du livre. J'ai vu la pièce et les deux
films qui m'ont plu.
Toutes ces histoires de femmes méprisées, dévalorisés,
c'est un peu dur.
C'est écrit en quelle année ?
Monique
En 1903.
Muriel
Oui, c'est un peu daté
Il y a de l'humour. Mais la condition de la femme est telle qu'à
toutes les époques on couchait avec la bonne, mon père en
premier, mon oncle en second...
J'ouvre ½.
Geneviève
J'ai une lecture avant et une lecture après le film.
J'ai lu facilement, sans intérêt passionné : c'était
intéressant, mais il ne me restait pas grand-chose.
Voir le film d'Ophüls, très agréable, a changé ma
perception : il n'y a pas d'amour, mais des rapports de force, la plus
défavorisée étant la première femme, différemment
de la grisette - elle n'a d'ailleurs même pas de nom. Le comte à
la fin se fait écraser, incarné en plus par Gérard
Philipe, on ne s'attend pas à ça ! Ce qui change les choses.
De même, le mari finalement ne domine pas sa femme.
C'est vieilli ? Oui, il n'y a pas de rapports sexuels. Mais ce n'est pas
le sujet. C'est qui décide. Cette question du rapport homme/femme
dont il s'agit est loin d'être périmée.
Je regrette de n'avoir pas vu le deuxième film. Le rapport film
texte est particulièrement intéressant, car le film m'a
fait ressentir ce qui est intéressant dans le livre. Le maitre
du jeu est très convaincant mais cela ne change pas du texte.
Jacqueline
Ça accentue le côté théâtral.
Geneviève
Ça renforce le fait qu'il s'agit bien de rapports de force.
J'aurais ouvert ½, mais après avoir vu le film, j'ouvre
¾.
Brigitte
entre et(à
l'écran)
J'avais lu Schnitzler avec le groupe, Mademoiselle Else dont j'avais
beaucoup apprécié la subtilité et, d'après
le compte
rendu, Vienne au crépuscule
(que j'avais complètement oublié). J'étais très
contente de lire à nouveau du Schnitzler.
La Ronde, c'est intéressant, mais, après cette lecture,
j'ai eu la même réaction que Lisa : il
est impossible de vraiment s'y intéresser si on en reste là.
Cela pose le problème de la lecture d'une pièce de théâtre.
La lecture seule ne suffit pas, il faut absolument voir un spectacle,
avec le décor, la mise en scène, le jeu des acteurs
C'est pourquoi j'ai apprécié la proposition de Claire de
voir le film
de Max Ophüls (dont j'ai beaucoup aimé le casting).
Le sujet de la pièce est la séduction, le rapport de force
qui s'instaure, comment il se décline en fonction de la classe
sociale, avec un personnage qui change à chaque fois. Et, cela
recommence indéfiniment, c'est une ronde ! Certains dialogues reviennent
à chaque séquence, comme "est-ce que tu m'aimes ?",
alors qu'il est rare qu'il y ait effectivement de l'amour dans ce contexte.
On dit non, mais on se laisse faire, avec un jeu factice assez superficiel.
Rares sont les moments où les personnages sont vraiment sincères,
j'en ai relevé deux, par exemple : "Voilà, maintenant
j'ai eu une femme honnête" (selon les traductions : femme
honnête, femme du monde, femme mariée), et aussi celui
où le mari montre comme il est sûr que sa femme lui est fidèle,
alors que nous savons qu'il se trompe tout à fait. Le statut de
la femme mariée était alors un sujet tabou.
Jamais il n'est question du risque de grossesse ou de MST. Cela confirme
l'idée que l'auteur veut essentiellement traiter des variations
de la séduction, qui suscite des rapports de force d'une classe
à l'autre et leur porosité.
J'ouvre entre ½ et ¾.
Claire
En entendant les réactions et même quand la conclusion était
une cote d'amour faiblotte, je comprenais et étais à la
limite de les partager, sauf une : la phrase d'Annick "Lire un texte
écrit pour le théâtre avant d'avoir vu une mise en
scène est toujours décevant" que je ne comprends pas.
Pour ma part, je n'ai jamais lu de pièce sans la voir après
(jamais lu un livre de poèmes, ni une pièce simplement pour
le plaisir, comme un roman). Par contre, j'aime bien lire une pièce
que je vais ensuite voir mise en scène. Notre expérience
avec La
maison de poupée m'avait beaucoup plu.
J'ai été énervée par le mot "daté"
utilisé plusieurs fois. Roméo et Juliette aussi c'est
daté
Que voulez-vous donc dire par "daté"
? C'est sûrement autre chose que "ça ne se passe pas
à notre époque" !
Rozenn
Si La Ronde était actuelle, on parlerait du sida.
Muriel
Certains aspects ne s'appliquent pas à la société
actuelle.
Claire
Pour moi, c'est aussi peu daté que Le Tartuffe, bien plus
ancien que La Ronde. Les situations de pouvoir homme/femme et de
classes sont universelles et à travers les âges. Je trouve
que #MeToo et la pièce ont tout à fait à voir : droit
de cuissage sur la servante, par exemple, du genre Poivre d'Arvor si tu
veux pas ta carrière est foutue.
Par rapport aux impressions qui ont été ici exprimées
de personnages stéréotypés, justement on les dépasse
: la servante a le pouvoir de séduction et tombe le patron, qui
commet l'adultère ? C'est la femme. Qui a du désir
sans amour, c'est la femme ? La morale au moins est-elle sauve ? Pas du
tout car pas une once de moralisation en pleine Vienne bourgeoise : d'ailleurs
le scandale éclate.
Je reviens à ma découverte elle-même du texte : ce
qui m'a enchantée, c'est la forme, très ludique. Schnitzler
est un Oulipien avant l'heure, avec ses contraintes d'écriture
: dix scènes / un homme et une femme / AB - BC - CD - DE - EF -
FG - GH - HI - IJ -JA / un rapport sexuel au moins par scène
sous forme de pointillés. Et ça marche du tonnerre de dieu
! Il y a de la légèreté aussi, de l'humour et du
deuxième degré. Par là-dessus :
- voir à la scène une réécriture de la pièce
formidable (écriture, mise en scène, jeu), avec un en plus
une forme artistique inhabituelle (des marionnettes) et, non pas des représentants
de classes sociales variées mais, sans pointillés et avec
des actes sexuels sur scène, des sexualités variées,
y compris homosexualité et échangisme, et avec pour finir
un couple trans attendant un enfant...
- voir à 10 un film féérique, celui de Max Ophüls
en noir et blanc, et le lendemain avec les mordues, celui de Vadim, pétant
de couleurs, plus érotique tout en respectant les pointillés,
scénario d'Anouilh s'il vous plaît, films qui tous deux présentent
une débauche... de talents, de stars, de décors, de costumes
(un vrai défilé, ne parlons pas des chapeaux, un feu d'artifice).
Quels plaisirs, n'en jetez plus ! J'ouvre en très grand, une expérience
multiple unique grâce à Voix au chapitre.
Annick (après la séance)
Pour mon avis sur La Ronde ("Lire
un texte écrit pour le théâtre avant d'avoir vu une
mise en scène est toujours décevant."),
tu as raison : tu peux enlever le "toujours" et le remplacer
par "souvent"...
Laura
J'avais eu de bons retours sur La
nouvelle rêvée de Schnitzler, alors je me suis lancée
dans La Ronde comme à la lecture d'un grand auteur, avec
beaucoup d'espoir et quelques étoiles dans les yeux. Quelle n'a
pas été ma déception quand je suis tombée
sur un écrit qui m'a semblé classique, pas spécialement
déstabilisant, pas spécialement profond non plus (ce n'est
qu'après avoir écouté tous les avis que j'ai trouvé
un plus grand intérêt au livre) ! L'enchaînement des
tableaux me présentaient des personnages aussi risibles les uns
que les autres - surtout les hommes, toujours mal aimables après
l'acte - mais plutôt touchants à partir de la situation du
poète avec l'actrice. J'étais dubitative, j'ai donc lu la
préface (chose que je ne fais
jamais). Elle soutient l'aspect féministe de la pièce, le
renversement des codes etc. Il est vrai que l'actrice réagit avec
le poète et le comte un peu à la manière du soldat
avec la femme de chambre ou la fille, les utilisant pour servir son plaisir
et son ego, dans une sorte de répétition inversée
du début de la pièce. J'y vois une sorte de revanche sur
les hommes. Mais ce que je déplore, c'est que les personnages soient
si clichés, et collent à leur nom censé les décrire.
Mais un passage m'a tout de même bien fait rire : lorsque le mari
tente d'expliquer à sa femme ce qu'une femme adultère doit
ressentir, quelle honte elle doit avoir, quel repentir elle doit exprimer
etc., alors qu'elle (1) ressent tout l'inverse, et (2) en sait plus que
lui sur ce sujet. Aujourd'hui on appellerait cette situation une "mecsplication" :
un homme qui explique à une femme ce qu'elle sait déjà,
sans même supposer qu'elle est déjà renseignée
et sait mieux que lui, car c'est aussi son domaine. La situation peut
être gênante, mais ici, c'est plutôt une des scènes
les plus humiliante de la pièce - pour le personnage masculin -
et c'était purement jouissif.
Certains ont noté l'illustration de la lutte des classes. De mon
côté, j'y ai plutôt vu la tentative de mettre en avant
l'intime, ce qui fonctionnait peut-être pour le début du
siècle, peut-être moins aujourd'hui. Tout est tellement public
que seule la vie quotidienne me semble intime. Point qui me semble tout
de même légèrement "daté" aujourd'hui.
J'ouvre ½.
Lisa(qui
arrive en fin de soirée sans avoir entendu la succession des avis).
Je l'ai lu avec plaisir, mais à chaque fois, je me demandais le
but et l'intérêt. "Tout ça pour ça".
Mais je l'ai lu très premier degré. Je pense que je vais
regarder au moins un des films et ensuite relire le livre. Il ne faut
pas que j'oublie de le resituer dans son époque.
Les questions de tromperie et de désir ne sont pas nouvelles, c'est
en cela que j'ai trouvé cela daté.
Je n'apprends rien.
J'ai aussi du mal avec la lecture de pièces - c'est la première
que je lis (hors lectures scolaires bien entendu).
Cela ne me montre ni le désir ni l'amour. Je trouve que les relations
entre les personnages ne sont pas crédibles, cela paraît
froid et faux.
Claire
Un exemple ! Un exemple !
Lisa
Le mari avec sa femme.
Claire
Y a du second degré par l'excès, de l'humour.
Lisa
Je ne l'ai pas ressenti, je suis restée au premier degré.
Je ne comprends pas ce qu'il veut montrer, ce qui est drôle, ce
qui intéressant.
J'ouvre ¼.
Claire (après la séance)
Je suis sûre que si Sabine avait été là, elle
nous aurait placé trois figures de style correspondant à
la structure de la pièce :
Scène 1 : A rencontre B
Scène 2 : B rencontre C
Scène 3 : C rencontre D
Dites avec facilité, le ton chantant : La Ronde ? Ah oui,
cette pièce fondée sur la concaténation, l'anadiplose
et lépanoadiplose - non ce ne sont pas des maladies de peau...
- Concaténation
: figure qui consiste à enchaîner les propositions d'une
période en reprenant un mot de la proposition précédente
- Anadiplose
: figure par laquelle on reprend le dernier mot d'un vers (ou d'une phrase,
ou d'un membre de phrase) au début du vers (ou de la phrase, ou
du membre de phrase) qui suit.
- L'anadiplose
est proche de l'épanadiplose
dont voici un exemple poétique de Joachim du Bellay tiré
des Antiquités
de Rome :
Comme le champ semé en verdure foisonne,
De verdure se hausse en tuyau verdissant,
Du tuyau se hérisse en épi florissant,
Dépi jaunit en grain, que le chaud assaisonne
La
Ronde
|
Mademoiselle
Else
|
Synthèse
rédigée
par Yolaine
(suivie de 4 avis détaillé sur les deux livres) |
Discussion
autour de La Ronde d'Arthur Schnitzler
|
À ce décompte déjà mitigé (Fermé
: Yolaine - ¼ : Chantal, Marie-Odile - ½ : Brigitte, Édith)
pourraient s'ajouter les réticences des absents, qui n'ont pas
voulu lire ce livre, ou qui comme Cindy, n'ont pas réussi à
entrer dans la ronde. Cette donnée n'est certainement pas neutre.
Si les avis sont divergents, un point commun rassemble tout le monde,
l'absence totale au premier abord du plaisir de lecture. Faut-il incriminer
la forme ou le fond ? Celles qui ont eu la curiosité de regarder
les films tirés de cette uvre (Max Ophüls, 1950, et
Roger Vadim, 1964) ont éprouvé une expérience beaucoup
plus positive. Mais notre propos se concentre sur la pièce de Schnitzler,
et peut-être ne faut-il pas se laisser séduire par le talent
des cinéastes qui lui ont succédé. Il en est de même
pour La (nouvelle) ronde créée à Lyon en 2022
en utilisant des marionnettes et en transposant les jeux de l'amour dans
la société contemporaine. Est-ce que l'absence d'adhésion
vient de l'inculture des lecteurs qui n'ont pas l'habitude de lire un
texte en faisant abstraction de la mise en scène ? L'auteur lui-même
ayant qualifié en son temps son uvre d'insignifiante, nous
n'avons pas eu de scrupule à trouver les dialogues pauvres, sans
profondeur psychologique, et même absurdes avec des répliques
qui ne correspondent pas.
Quelle était l'intention de l'auteur en publiant en 1903 cette
comédie humaine réduite à des stéréotypes,
hommes séducteurs et détenteurs du pouvoir social, femmes
victimes, tous se livrant à des jeux érotiques clandestins
dans une recherche effrénée du plaisir en dehors de tout
jugement moral ? Dans une société déboussolée,
où les femmes étaient frappées par une épidémie
de cas d'hystérie, cette description théâtrale de
la sexualité viennoise, avec ses mensonges et ses refoulements,
fait écho aux études de Freud, contemporain, compatriote
et ami de Schnitzler. Faut-il y voir une uvre "datée"
dans le contexte crépusculaire d'une Autriche d'avant la catastrophe
du XXe siècle, les prémices d'un féminisme moderne
revendiquant le droit au plaisir et à disposer de son corps, ou
la dimension éternelle et universelle de la pulsion sexuelle, avec
son lot d'incommunicabilité entre hommes et femmes ?
Le regain d'intérêt pour cette uvre qui se prête
volontiers à des transpositions actuelles témoigne de la
permanence et de la pertinence de son propos, ainsi que des limites de
notre modernité. Elle n'a rien d'universel, elle est datée
et située au cur de l'Europe contemporaine judéo-chrétienne.
Elle révèle l'infinie tristesse de la sexualité occidentale,
source profonde de la violence qui régit les relations entre les
hommes et les femmes, et qui est aussi à la racine du caractère
belliqueux de notre civilisation. Ni universelle, ni éternelle,
ni inéluctable : l'espoir d'un monde meilleur reste toujours permis.
Brigitte(La
Ronde)
J'ouvre La Ronde ½, car même si le texte est à
la fois simple dans la syntaxe et la construction, j'ai eu du mal à
trouver l'accroche. Mais avec du recul, je dirais "intéressant"
car j'ai pris le temps de me documenter pour tenter de comprendre le choix
de ce livre par Voix au chapitre alors qu'après avoir vu
le film j'avais perdu mon enthousiasme pour lire la pièce de théâtre.
En
effet, j'ai tout d'abord regardé le
film de Roger Vadim, film sensuel mais très soft. De belles
femmes ! Rappelons le grand séducteur qu'était ce cinéaste
! À la différence du livre, la femme ne m'apparaît
pas systématiquement comme victime ! Tournage en 1964 sans doute
provocateur avant mai 68.
Revenons au livre. Le style est simple, la pièce courte et la lecture
rapide... trop facile !? Non car je trouve difficile de lire une pièce
de théâtre sans en voir la mise en scène. Je n'y retrouve
pas un vaudeville : il n'y a pas de rebondissements. La redondance m'ennuie.
Aucune empathie pour les personnages.
Faut-il théoriser sur ces jeux de séduction sera une de
mes questions avant et après la lecture de la pièce de théâtre ?
Pourquoi aujourd'hui plusieurs reprises se font de la pièce ?
120 ans après la parution, le fond de la pièce interroge
le spectateur sur quoi ?
Ronde, danse en duo, scènes de séduction, une femme qui
s'ennuie souvent et ce jeu amoureux se termine par l'acte sexuel (suggéré).
On passe de la rue, aux maisons bourgeoises, au théâtre
la femme que j'imagine plutôt jeune, mignonne, agréable à
regarder. Souvent elle attend je ne sais quoi
le désir, le
plaisir, la distraction avant
quoi ? Un départ ? Une autre
vie ? Un remède à l'ennui ? Un élan neuf dans sa
vie de couple ? Les scènes sont stéréotypées
et peuvent me lasser. Quelle est la place de l'amour dans la vie sexuelle
? Quelle est la place de la pulsion sexuelle dans ces rencontres ?
L'homme éternel séducteur et la femme victime. Quel cliché !
Je me transpose autant que faire se peut début du XXe. Schnitzler
: homme de culture, auteur juif (ce livre a été brûlé
par les nazis), médecin ORL de formation, vivant à Vienne
à la fin de l'empire austro-hongrois, ami de Freud. Intéressant
à lire : l'article "Freud
et Schnitzler".
Dans mes recherches je trouve juste ceci : "À chaque époque
son art, et à l'art sa liberté". Cette maxime est
gravée sur le fronton de la Sécession - bâtiment contemporain
de Schnitzler. La Sécession est un groupement artistique à
Vienne. La Ronde sera censurée un an après sa sortie
en 1903
Est-ce que l'auteur veut s'affranchir de la morale et poser
des questions existentialistes en se cachant derrière des scènes
frivoles ?
Pas facile de faire des liens
Lors de cette lecture je me sens bien
trop loin des mouvements féministes actuels, des droits de la femme,
de la reconnaissance et du respect qui s'amorcent concernant les diverses
identités sexuelles. Et
c'est peut-être là une
réponse : la culture participe à l'évolution du droit
à l'amour et au désir, au plaisir dans la différence
et le respect. Sans faire de politique je souhaite que ce soit vrai et
durable
J'ai lu qu'une reprise
récente de la pièce sur les scènes parisiennes
s'est faite par le jeu de marionnettes. Je suis curieuse. Qui est la marionnette
: l'homme ou la femme ? Ou le couple ? Qu'en penserait l'auteur ? Quelle
symbolique y voir ?
Brigitte (Mademoiselle
Else)
Je n'ai pas lu la nouvelle mais regardé
la mise en scène au
théâtre : superbe et émouvant monologue de l'actrice
Alice Dufour
!
Else, altière jeune fille se confie sans pudeur sur son désir
refoulé, découvre sa beauté, son pouvoir de séduction
mais aussi l'humiliation. L'auteur habilement retient le spectateur :
le désir devient mortifère et l'idée d'un suicide
passe et repasse jusqu'à
emporter Else contre sa volonté.
Magique !
Chantal
(La
Ronde)
Je m'y suis reprise à trois fois pour, enfin, en finir avec cette
lecture pénible.
Pourtant une écriture de
allez
de CE 2...
Simple, comme dit l'auteur lui-même "sans grande portée
littéraire", le moins qu'on puisse dire.
Une originalité tout de même, cette ronde qui fait penser
aux cercles circassiens que Marie Odile, grande danseuse bretonne, connaît
bien... : on change de cavalier tout le temps
pour trouver le bon
!
En mise en scène, pièce VUE et non LUE, je pense que ce
doit être bien.
Ce que j'ai détesté, c'est le manque de psychologie dans
ses personnages. L'important, c'est d'arriver le plus vite possible à...
aux points de suspension !! Et hop, c'est fait, on va voir ailleurs.
Et ses personnages de femmes ! Eh bien ! Soumises (fille, femmes de chambre),
nunuches et coupables (femme mariée adultère), gnangnan
(la femme avec son mari). Quels portraits !
Une seule à "osé" se moquer de son amant pitoyable
qui n'y arrive pas, et va chercher Stendhal à son secours ! Là,
j'ai ri !
Mais après notre longue discussion, passionnante, je me suis dit
qu'il a voulu nous montrer son monde, sa société.
Donc je lui accordé ¼ pour cette ronde.
Chantal
(Mademoiselle
Else)
Là, j'ai adoré cette nouvelle !
Une prouesse de l'auteur : dans un temps très très court,
son personnage, jeune fille adolescente, doit prendre une décision
impossible : se montrer nue devant un vieux barbon pour éviter
la prison à son père escroc
- marché imposé
par sa mère !
Et, en moins de 100 pages, on entre littéralement dans l'esprit
d'Else : on ressent son affolement, un tourbillon de pensées l'envahit
! Le choix impossible, l'amour-haine pour son père, idem pour sa
mère qu'elle juge bête et aveugle, le jeune homme "faune"
qu'elle désire, son cousin Paul également, le mont Cimone
si beau au coucher du soleil, ses émois, "je
suis dévergondée, pas une putain", l'admiration
de son propre corps si beau, son dégoût pour l'homme à
qui sa mère lui demande de se vendre... tout lui passe par la tête
! Il nous embarque vraiment dans
cette torture mentale.
Et la chute ! Je n'y croyais pas, et pourtant la seule issue pour cette
gamine.
Cette Mademoiselle Else, je l'ouvre en grand.
Edith
(La
Ronde)
Lecture très rapide du texte La
Ronde,
au même rythme dirait-on que les échanges entre les personnages.
Pas vraiment intéressée par les dialogues et à peine
je souris à certaines situations.
Et
j'arrive à la fin du texte presque essoufflée,
bien que lisant avec les yeux, j'aurais pu lire à haute voix, cela
m'arrive parfois. Contente d'en avoir fini avec ce texte peu engageant
à la réception, ET POURTANT !
Plaisir du texte quasi nul, MAIS je reconnais que ces tableaux de rencontres
du "désir" homme/femme et sous la forme choisie - celle
de vifs et rapides dialogues -, appelleront des commentaires et des analyses.
Il est évident que la femme actuelle (moi) et de mon époque
ne peut que sourire à la forme et plus encore au fond. Manque certainement,
pour en apprécier le tout, le JEU (si important) et la mise en
scène du texte qui fit à son époque scandale comme
précisé. (J'apprécie aussi Feydeau). C'est aussi
la petite excitation de lecture qui m'a séduite dans l'imposition
du choix du livre. Au premier abord, pas trop motivée par le choix,
mais texte dit "scandale" cela motive ! Je vais me contenter
film
de Max Ophüls, film que j'avais vu dans les années
de sa sortie - années 50 (!), à peine croyable, et étonnamment,
je me suis souvenue du thème musical "tournent tournent
mes personnages" !!!! J'en suis ébahie.
Les personnages de femmes sont un peu "datés" dans leurs
fonctions assignées, sociologiquement datées (début
de siècle précèdent) certes, mais je pense vraies
dans les ressorts psychologiques ainsi : la fille (la putain ?), la femme
de chambre (la fausse naïve ?), la jeune femme (la maitresse
"prudente" ?) si peu amoureuse du jeune homme qui s'exclamant
en lui-même "enfin me voilà l'amant d'une femme du
monde !" comédie mondaine
comédie humaine
et qui "roule" jusqu'à la fin de la pièce.
La femme rouée faussement intriguée par les "détours"
de son mari épiloguant sur la femme parfaite - la sienne donc -
cette dernière, faussement jalouse, pour obtenir un rapport amoureux,
etc., comme une ronde, l'un des personnages donnant la main du désir
à l'autre et dans une ronde sans fin. Un manège théâtral
léger et sans conséquence, rien que le plaisir de l'échange
superficiel dans sa forme, mais agent obligatoire pour la "conclusion"
du désir évoqué
mais, si vrais quant à
l'actualité des jeux sociaux et inconscients et par les mouvements
du cur des individus, quelle qu'en soit l'époque et décrits
ici avec perspicacité. En tout cas pour les individus d'Europe
il me faut le préciser (plus universel ? Mutations actuelles ?).
La grisette nom donné aux filles "faciles" et un peu
enfant. Bref tous ces portraits n'ont de légers que la forme. Une
vérité de caractère s'exprime sous les scènes
de "drague" comme on le dirait à présent. La femme
succombe chaque fois sans vraiment être dupe du manège de
l'homme, se fait prier et désirer et cède
sans plaisir
?
L'auteur est contemporain de Freud et d'après les informations
il y eut une correspondance. Curiosité d'y aller voir ? Brève
lecture d'un auteur à découvrir. Spectacles non vus c'est
dommage. Signe d'une actualité toujours présente. Notre
époque n'a plus guère de tabous et c'est tant mieux.
Edith
(Mademoiselle Else)
Je commence Mademoiselle Else : plus de goût pour ce livre.
Terminé Mademoiselle Else que j'ouvre en grand. Moins daté
que La ronde dans la description des personnages ; le portrait
et les mouvements du psychisme de Else sont prodigieusement décrits.
Ravissement de lecture.
Marie-Odile(La
Ronde)
J'ouvre ¼ : je trouve que lorsqu'on connaît le sujet et la
forme du texte, sa lecture n'apporte pas grand-chose. Les dialogues sont
assez insignifiants et de l'avis même de l'auteur "sans grande
portée littéraire".
Les scènes de "séduction" se succèdent
de façon assez répétitive : l'un veut, l'autre pas,
puis les pointillés du passage à l'acte, puis séparation.
Toujours l'hypocrisie, la clandestinité, le mensonge. Rien de valorisant
ni pour les hommes ni pour les femmes.
J'ai remarqué quelques récurrences sans doute insignifiantes
aussi :
- L'un croit voir dans l'autre quelqu'un d'autre, déjà rencontré.
- Les femmes ont souvent une obligation de retour vers la mère,
le mari, la patronne, ce qui est peu fréquent chez les hommes (sauf
soldat).
- Toujours la peur que la porte s'ouvre que quelqu'un vienne.
- Importance du lieu, intérieur ou extérieur. Des remarques
fréquente sur l'ombre, la lumière.
- Peut-être intéressant : les passages du vouvoiement au
tutoiement en fonction du moment plus que de la classe sociale, par exemple
lorsque l'officier enlève son sabre. Parfois on passe du tutoiement
au vouvoiement. Ces hésitations correspondent peut-être à
ces relations irrégulières.
Les femmes ne sont pas bien considérées par les hommes.
Le mari accuse la Grisette de dévoyer un homme marié ! Le
poète dit "C'est si beau quand vous êtes bête".
Il semblerait d'après la préface qu'elles évoluent
cependant au cours de la pièce... Ma lecture n'a pas été
assez attentive pour en juger.
Peut-être que tout cela n'a pas vraiment de sens et que ce qui en
ressort c'est le dérisoire, l'absurde: "Je n'ai aucune
idée du but de ma vie" dit une femme.
Cependant l'auteur semble avoir une idée du but de son uvre
qui "jettera sans doute un jour singulier sur certains aspects
de notre civilisation." On peut y voir la critique d'un monde
qui tourne en rond, sans perspectives, sans évolution véritable,
quelque chose de fermé finalement, de bouclé. Cette critique
de la bourgeoisie me semble quand même audacieuse pour l'époque
en raison de la place faite à la sexualité.
Marie-Odile
(Mademoiselle Else)
Je n'ai pas lu le texte. Mais j'ai beaucoup aimé l'interprétation
de cette
uvre par Alice Dufour. Sa beauté, son jeu, l'expression
de son visage, innocent, intrigué, perplexe, troublé, toujours
subtil, m'a accrochée ainsi que les beaux costumes, les décors,
et les choix musicaux. Seule la fin m'a semblé un peu longue.
Repères chronologiques |
- La vie (1862-1931) et l'uvre
de Schnitzler sont présentées
par la traductrice de La Ronde, Anne Longuet Marx
ICI
Une autre présentation détaillée sur le site
des éditions Sillage, à consulter LÀ
- L'histoire de
la pièce La Ronde (et de ses scandales) en Allemagne
et Autriche, ainsi qu'en France, est également retracée
par la traductrice de La Ronde, à lire ICI.
Voici juste le tout début de l'histoire de la pièce :
en 1896, Schnitzler entame la rédaction
de La Ronde (Reigen)
en 1900, il fait imprimer 200 exemplaires de La Ronde à
compte dauteur
en 1903, La Ronde est publié à 40 000 exemplaires.
La publication de La Ronde à
Vienne et à Leipzig fait scandale.
En 1904 : interdiction de La Ronde
à Berlin.
Karl Zieger analyse en détail ce qui se passera
ensuite à Vienne : "Reigen
(La Ronde) dArthur Schnitzler : chronique d'un scandale
politique",
intervention dans un colloque "Théâtre
et scandale", 2018.
La Ronde au théâtre, au cinéma et à l'opéra |
Au
théâtre
- À Paris en 1922, une première représentation a
lieu à la Galerie de la Licorne, probablement par une troupe damateurs,
dans une mise en scène dune traduction de Sidersky qui na
pas été autorisée par Schnitzler, et ce peu après
l'interdiction en 1921 de La Ronde interdite en Autriche pour trouble
à l'ordre public.
- En 1932, mise en scène de Georges Pitoëff au Théâtre
de lAvenue, pour cent représentations, traduction de Rémon
et Bauer revue par Suzanne Clauser. Ludmilla Pitoëff, épouse
du metteur en scène, joue tous les personnages de femmes ; chacun
des dix dialogues a sa musique précisée :
(tableau publié par Karl
Zielger)
- Nous
avons vu ensemble une adaptation contemporaine
de la pièce, La
(nouvelle) ronde par Johanny Bert et le Théâtre de
Romette, Scène
nationale de Malakoff.
- Certains ont pu voir en
2017 à la Comédie française la mise
en scène d'Anne Kessler de la pièce que nous avons lue.
- Et les plus anciens d'entre nous auraient pu voir la mise
en scène d'Alfredo Arias à l'Odéon en 1987.
- Aucun d'entre nous n'a (encore) vu la pièce
de Werner Schwab,
dramaturge autrichien, au titre intriguant : La
Ravissante Ronde du ravissant Monsieur Arthur Schnitzler, L'Arche,
2000.
Au
cinéma
Evoquons trois adaptations :
- Nous avons visionné La
Ronde, film de Max
Ophüls (1950), adapté de la pièce, avec Anton Walbrook
(le meneur de jeu), Simone Signoret (Léocadie, une prostituée),
Serge Reggiani (Franz, le soldat), Simone Simon (Marie, la femme de chambre),
Daniel Gélin (Alfred, le jeune homme), Danielle Darrieux (Emma
Breitkopf, la femme mariée), Fernand Gravey (Charles Breitkopf,
le mari d'Emma), Odette Joyeux (Anna, la Grisette), Jean-Louis Barrault
(Robert Kuhlenkampf, le poète), Isa Miranda (Charlotte, la comédienne),
Gérard Philipe (le comte).
- Nous avons également visionné
La Ronde,
réalisé par Vadim en 1964, scénario de Jean Anouilh,
avec Marie Dubois, Claude Giraud, Valérie Lagrange, Anna Karina,
Jean-Claude Brialy, Jane Fonda, Bernard Noël, Maurice Ronet, Jean
Sorel, Catherine Spaak.
vod 2,99€
- Dans
360, réalisé en 2011 par
Fernando Meirelles, réalisateur brésilien, il s'agit d'histoires
d'amour entre différentes personnes dans divers pays où
leurs destins se rejoignent à Vienne, Paris, Londres, dans le Colorado,
à Berlin, avec notamment Anthony Hopkins.
A l'opéra
Le compositeur belge Philippe Boesmans
a créé un opéra, Reigen,
à partir de la pièce, sur un livret du metteur en scène
suisse Luc Bondy, créé en 1993 à Bruxelles, jouée
par la suite en France.
Traduction et réception de Schnitzler en France |
Traducteurs
La première :
- uvre narrative de Schnitzler traduite fut Mourir
(Sterben)
dès 1895, par Gaspard Vallette, puis par Alzir
Hella (qui fut très proche de Zweig) et Olivier
Bournac
- uvre théâtrale sera La Compagne (Die
Gefährtin) par Maurice
Vaucaire, lui-même auteur dramatique : une pièce en un
acte, créée à Vienne en 1899 et qui sera jouée
quatre fois en 1902 au Théâtre Antoine.
Les traducteurs sont nombreux : Caroline Alexander, Wilhelm Bauer, Olivier Bournac, Henri Christophe, Robert Dumont, Philippe Forget, Pierre Gallissaires, Alzir Hella, Paule Hofer-Bury, Maurice Rémon, Gérard Rudent, Brigitte Vergne-Cain, Anne Longuet Marx...
Suzanne Clauser et Dominique Auclères méritent
un traitement particulier : tout d'abord parce qu'elles ne font qu'une...
Suzanne Clauser, au moment où elle s'est présentee chez
Schnitzler en 1928 (voir le récit
de sa rencontre) pour lui demander le droit de traduire ses uvres
en français, navait aucune expérience et pour seule
compétence le fait dêtre parfaitement
bilingue. Cest sans doute grâce aux relations professionnelles
de son frère banquier quelle réussira à publier
ses premières traductions de nouvelles de Schnitzler dans lhebdomadaire
à grand tirage Gringoire (huit nouvelles rien quen
1929 et 1930). Par la suite, elle accomplira un travail considérable
pour la connaissance de luvre de lécrivain en
France, même si on peut se demander dans quelle mesure ses traductions
ont contribué à faire de Schnitzler un "écrivain
français". Elle est aujourdhui critiquée pour
ses traductions "ciblistes" qui frôlent parfois ladaptation,
ce qui, à son époque, était fréquent (relate
Karl Zieger dans "Passeurs
et intermédiaires de Schnitzler en France : essai dune typologie
des agents du transfert", Germanica, n° 52, 2013).
Elle fut vraiment très proche de Schnitzler et devint journaliste
au Figaro.
Précisons au passage que les
sourciers prennent
le parti dune traduction littérale, dans le plus total
respect du texte source et original,
parfois au détriment du sens dans la langue cible ; ils sont
aussi définis comme étant littéralistes. Ils
cherchent avant tout à coller au plus près au texte
de base, sans adaptation qui pourrait aider à la compréhension.
Les ciblistes, par opposition, cherchent
à faire primer le sens du texte traduit, le texte cible,
quitte à se démarquer légèrement dune
traduction littérale. Dans le cadre dune traduction,
les ciblistes privilégient la compréhension du texte
produit plutôt que le respect à la lettre du texte
source. |
Enfin, la dernière traduction de La Ronde datant de 2016, a pour auteure une descendante de Karl Marx ! Anne Longuet Marx est l'arrière-arrière-petite-fille de Karl Marx. Elle est également fille d'un couple d'artistes Simone Boisecq et Karl-Jean Longuet. Dans sa préface, dédiée à son père, une note dès la première page signale la sculpture de son père, intitulée... La Ronde, de 1950. Elle est par ailleurs maîtresse de conférences à Paris 13 en littérature comparée.
Voyons la différence entre trois traductions de
la première scène :
Reigen, Wiener Verlag, 1903 |
Die Dirne und
der Soldat. Spät abends. An der Augartenbrücke. SOLDAT kommt pfeifend, will nach Hause. DIRNE. Komm, mein schöner Engel. SOLDAT wendet sich um und geht wieder weiter. DIRNE. Willst du nicht mit mir kommen? SOLDAT. Ah, ich bin der schöne Engel? DIRNE. Freilich, wer denn? Geh, komm zu mir. Ich wohn gleich in der Näh. SOLDAT. Ich hab keine Zeit. Ich muß in die Kasern! DIRNE. In die Kasern kommst immer noch zurecht. Bei mir is besser. |
La ronde, trad. Maurice Rémond, Wilhelm Bauer, révisée par Suzanne Clauser, Stock, 1931 |
Le soldat, la
fille
LE SOLDAT, arrive en sifflant. Il rentre au
quartier. |
La Ronde, trad. Henri Christophe, Actes Sud, 1987 |
La prostituée
et le soldat Tard le soir. Au pont de l'Augarten. Le soldat approche en sifflotant, va regagner ses quartiers. LA PROSTITUÉE. Viens, mon bel ange. (Le soldat se retourne, puis passe son chemin.) Ça ne te dit pas ? LE SOLDAT. Ah, c'est moi le bel ange ? LA PROSTITUÉE. Qui veux-tu que ce soit ? Viens, j'habite tout près. LE SOLDAT. Je n'ai pas le temps. Faut que je rentre à la caserne. LA PROSTITUÉE. Tu y seras toujours assez tôt. Chez moi, c'est mieux. |
La Ronde, trad. Anne Longuet Marx, Folio théâtre, 2016. |
La fille et le
soldat Tard le soir. Au pont d'Augarten. LE SOLDAT, passe en sifflant, veut rentrer chez lui. LA FILLE. Viens, mon bel ange. LE SOLDAT, se retourne et reprend son chemin. LA FILLE. Tu veux pas venir avec moi ? LE SOLDAT. Ah, c'est moi le bel ange alors ? LA FILLE. Pour sûr, qui donc sinon ? Allez, viens chez moi. J'habite tout près d'ici. LE SOLDAT. J'ai pas l'temps. Faut que j'rentre à la caserne ! LA FILLE T'y seras toujours assez tôt, à la caserne. Chez moi, c'est mieux. |
La réception de Schnitzler en France
La diffusion de son uvre en France a varié tout au long du
XXe siècle. Karl Zieger montre dans un ouvrage (en ligne) que son
image sest fixée à des visions superficielles, voire
erronées de son uvre : il est considéré comme
le représentant du mouvement littéraire et artistique "Jeune
Vienne", caricaturé dans sa légèreté,
ou encore comme un "maître de la petite forme", ou un
illustrateur des théories de Freud : des lectures qui négligent
la variété, luniversalité et la modernité
de son uvre.
Voir pour des détails, un très intéressant ouvrage
en ligne : Arthur
Schnitzler et la France 1894-1938 : enquête sur une réception
Presses universitaires du Septentrion, 2012.
Plusieurs éléments ont rééquilibré
cette image réductrice :
- une vague de (re)traductions, après la mort en 1981 de Suzanne
Clauser alias Dominique Auclères, titulaire des droits exclusifs
de la traduction de son uvre de 1930 à 1981
- le succès, en 1986, de lexposition
du Centre Pompidou
"Vienne, 1880 - 1938, la naissance d'un siècle",
qui suscite un enthousiasme nouveau pour cet auteur (titre du catalogue
: Vienne
1880-1938 : lapocalypse joyeuse)
- en 1999, le film Eyes
Wide Shut de Kubrick, adaptation controversée de la Traumnovelle
(voir Audrey Giboux, "De
quelques lectures de Schnitzler dans la critique consacrée à
Eyes Wide Shut", Germanica, n° 52, 2013)
- linscription de La Nouvelle rêvée au programme
de littérature comparée "Fictions de lintime"
de lagrégation de Lettres en 2001-2003... (mention spéciale
pour Sabine).
Les livres de Schnitzler disponibles en français |
Nouvelles
et romans
Un texte célèbre a eu plusieurs traducteurs :
Mademoiselle Else, trad. Clara Katharina Pollaczek, Stock, 1926
Mademoiselle
Else, trad. Dominique Auclères, Stock, 1980
Mademoiselle
Else, trad. Henri Christophe, préface
Roland Jaccard, Livre de poche, 1993
Mademoiselle
Else, trad. Jean-Jacques Pollet, Flammarion, 2011
Mademoiselle
Else, Michèle Harmard, éd. bilingue, Portaparole,
2018
- Vienne
au crépuscule, trad. Robert Dumont, Stock, 2000.
- Madame Béate
et son fils, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, 1928 ;
Madame
Béate et son fils, Stock, 1985.
- Thérèse,
trad. Dominique Auclères, Albin Michel, 1936 ; Livre de poche,
1991.
- La
Pénombre des âmes, trad. Dominique Auclères,
Stock, 1929.
- Berthe Garlan,
trad. Dominique Auclères, Stock, 1981.
- Mourir,
trad. Robert Dumont, Stock, 1986.
- L'étrangère,
trad. Dominique Auclères, Stock, 1993 ; trad. Pierre Gallissaires,
10/18, 1988.
- Les Dernières
Cartes, trad. Brice Germain, éd. Sillage, 2009.
- Le Lieutenant Gustel, trad. Dominique Auclères, Calmann-Lévy,
1983 ; Le Sous-lieutenant
Gustel, trad. Maël Renouard, éd. Sillage, 2009.
- Le
Retour de Casanova, trad. Maurice Rémon, Attinger, Suisse,
1930 ; 10/18, 1987 ; Les Belles Lettres, 2013.
- Gloire
tardive, trad. Bernard Kreiss, Albin
Michel, 2016 ; Livre poche, 2017.
- Traumnovelle est une nouvelle que l'on retrouve sous plusieurs
formes et titres :
elle a inspiré Kubrick pour le film Eyes Wide Shut
: Eyes wide shut
Rien qu'un
rêve, trad. Dominique Auclères, Pocket, 1999 : la
nouvelle est suivie du scénario de Stanley Kubrick et Frédéric
Raphaël
La
Nouvelle rêvée, trad. Philippe Forget, Livre de
poche, 2002
adaptée
en roman graphique : Nouvelle
de rêve, adaptation par Jakob Hinrichs, trad. Jörg
Stickan, suivie du texte intégral de la nouvelle, trad. Pierre
Deshusses, éd. Le Nouvel Attila, 2014.
Double
rêve, trad. de Pierre Deshusses, Rivages, 2010.
Et aussi :
- Romans
et nouvelles : tome 1 (1885-1908), trad. de Maurice Rémon,
Wilhelm Bauer, Suzanne Clauser, Dominique Auclères, Robert Dumont,
Philippe Forget et Pierre Gallissaires, Le Livre de Poche, 1994
- Romans
et nouvelles : tome 2 (1909-1931), trad. de Dominique Auclères,
Henri Christophe, Philippe Forget, Pierre Gallissaires, Alzir Hella, Olivier
Bournac, Paule Hofer-Bury, Maurice Rémon, Brigitte Vergne-Cain
et Gérard Rudent, Le Livre de Poche, 1996.
Pièces
- Anatole,
suivi de La Compagne, trad. de Maurice Rémon et Maurice
Vaucaire, Stock, 1913 (autres traductions : Dominique Auclères,
in Le Théâtre dArthur Schnitzler, Le Livre de poche,
1975 ; Henri Christophe, Actes Sud, 1989).
- LAppel
de la vie, trad. de Frédéric Lohest, Actes Sud,
1999.
- Au
perroquet vert, trad. de Marie-Louise Audiberti et Henri Christophe,
Papiers, 1986.
- Le
Chemin solitaire, trad. de Michel Butel, Actes Sud, 1989.
- Comédie
des mots [contient LHeure des vérités, La
Grande Scène, La Fête de Bacchus], trad. de Gabriel Brennen
et Henri Christophe, Actes Sud, 1989.
- La
comédie des séductions, trad. de Henri Christophe,
Actes Sud, 1995.
- Heures
vives [contient Heures vives, La Femme au poignard, Les Derniers
Masques, Littérature], trad. de Henri Christophe, Actes Sud, 1990.
- Interlude,
trad. de Caroline Alexander et Henri Christophe, Actes Sud, 1991.
- Le
Jeu de lamour et du vent, trad. de Henri Christophe, Actes
Sud, 2005.
- Le
Jeune Médard, trad. de Michel Trémousa, Actes Sud,
1996.
- Les
Journalistes, trad. de Caroline Alexander, Actes Sud, 1991.
- Liebelei,
trad. de Suzanne Clauser, La Petite Illustration, n° 648, 1933 (nouvelle
traduction de Jean-Louis Besson, Actes Sud, 1989).
- Marionnettes
[contient Le Marionnettiste, Cassian le Téméraire, Au Grand
Guignol], trad. de Henri Christophe, Actes Sud, 1992.
- Professeur
Bernhardi, trad. de Henri Christophe, Actes Sud, 1994.
- Terre
étrangère, trad. de Michel Butel et Luc Bondy, Nanterre,
Éditions Nanterre-Amandiers, 1984.
Quatre traductions sont disponibles
actuellement de La Ronde :
- La
Ronde, trad. Maurice Rémond, Wilhelm Bauer, révisée
par Suzanne Clauser, Stock, 2002, rééditon de la
traduction de 1912
- La
Ronde, trad. Henri Christophe, Actes Sud, 1987
- La
Ronde, trad. Élise Arpentinier, l'il du prince, 2010
- La
Ronde, trad. et préface
Anne Longuet Marx, Folio théâtre, 2016.
Aphorismes
- Relations
et solitudes, trad. de Pierre Deshusses, Rivages, 1988.
- La
Transparence impossible, trad. de Pierre Deshusses, Rivages, 1990.
Autobiographie
- Une
jeunesse viennoise, , trad. de Nicole et Henri Roche, Hachette,
1987, rééd. Livre de poche
- Journal
(1923-1926), trad. Philippe Ivernel, Rivages, 2009
Correspondance
- Lettres
aux amis 1886-1901, trad. de Jean-Yves Masson, Rivages, 1991.
-Arthur Schnitzler, Stefan Zweig, Correspondance,
trad. de Gisella Hauer et Didier Plassard, Rivages, 1991.
- Freud, Correspondance.
Freud et Schnitzler |
Ils copinent à distance
rthur Schnitzler est lui aussi de formation médicale, oto-rhino-laryngologiste
comme son père, qui fut célèbre par son invention
du laryngoscope et sa clientèle d'actrices et de chanteuses d'opéra
.
Freud et Schnitzler, bien qu'habitant tous deux Vienne, ne se sont rencontrés
que tardivement, mais ils ont lus leurs publications respectives et se
sont écrits.
On connaît deux lettres écrites par Freud à Schnitzler
:
- l'une de mai 1906 répond aux vux que lui a adressés
Schnitzler pour son cinquantième anniversaire : Freud exprime son
admiration et son étonnement pour "la conformité
profonde de [nos] conceptions" dans les problèmes psychologiques
et érotiques
- dans l'autre lettre
du 14 mai 1922, Freud s'adresse à Schnitzler pour son soixantième
anniversaire : il avoue avoir évité de converser avec lui
"par une sorte de crainte de rencontrer [mon] double"
Après cette lettre, la réponse de remerciements de Schnitzler
sera suivie d'une invitation à dîner, le 16 juin 1922, dans
la famille Freud. L'année précédente, Anna Freud
avait été durant quelques mois la préceptrice de
sa fille, Lili Schnitzler.
Passage à l'acte...
Lors de cette première rencontre, la conversation
porte sur leurs expériences communes à l'hôpital et
pendant le service militaire. Freud lui montre sa bibliothèque,
avec ses propres livres et leurs traductions, ainsi que les essais de
ses étudiants, les différents objets de sa collection d'antiquités,
puis lui offre une belle édition de ses dernières conférences.
En fin de soirée, il raccompagne l'écrivain chez lui, ce
qui représente une bonne marche depuis la Berggasse jusqu'à
l'adresse plus excentrée de Schnitzler : "Notre entretien
devient plus amical et plus personnel ; sur l'âge et la vieillesse",
ajoute Schnitzler dans son Journal, en précisant qu'ils
évoquent ensemble une pièce d'Ibsen, Solness
le constructeur.
Ils se retrouvent en août
au Salzberg où les Freud passent leurs vacances. Bien que Freud
soit un mycologue averti, Schnitzler refuse de goûter aux champignons
cueillis, racontant avec humour dans une lettre à son fils Heini
à Berlin qu'il n'a pas voulu contribuer à une anecdote littéraro-historique
en s'empoisonnant dans la cuisine des Freud !
Leur rencontre suivante aura lieu à Vienne en décembre 1923 :
Freud vient de subir une intervention chirurgicale sur la mâchoire
et son chirurgien n'est autre que le beau-frère de Schnitzler,
Marcus Hajek. Ils se revoient à d'autres reprises, et notamment
en 1926 au sanatorium, où Schnitzler rend deux visites à
Freud convalescent, se disant impressionné par ses souffrances.
Bien qu'il soit plus jeune de six ans, Schnitzler est mort avant Freud,
en 1931.
(D'après l'article "Freud et Schnitzler" où Josiane Rolland évoque leur correspondance et leurs rencontres, Libres cahiers pour la psychanalyse, n° 25, 2012)
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