Que lire d'Edith Wharton
?
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Le livre Des
Américaines à Paris nous a fait découvrir
son rôle étonnant pendant la Guerre de 14 (voir les
trois chapitres qui lui sont consacrés).
Nous avons alors décidé de la programmer, mais... au choix
: car si elle est connue pour ses romans, elle a aussi écrit des
nouvelles, des poèmes, des essais, une autobiographie, des récits
de voyage, des articles, des reportages sur le front..., n'en jetez plus
!
Que lire alors ? Lirelles avait lu jadis
un de ses grands romans, Le
temps de l'innocence, qui en prime est adapté magnifiquement
à l'écran (Le
temps de l'innocence, film de Martin Scorsese en 1993, avec Michelle
Pfeiffer), roman qui avait suscité une unanimité admirative.
Autre roman célèbre : Chez
les heureux du monde, également adapté au cinéma
(Chez
les heureux du monde, film de Terence Davies
en 2000). Celles tentées par une bande
de New-Yorkaises de 1927 branchées, avec tous les travers de la
branchitude, essaieraient
Les New-Yorkaises.
Et, intriguées, certaines découvriraient
le roman qu'admirait particulièrement Henry James, ami d'Edith
Wharton : Été.
Encore un récit renommé et qui tranche avec ses autres romans,
car il ne se déroule pas dans "l'élite" new-yorkaise
: Ethan
Frome, adapté aussi au cinéma (Ethan
Frome, film de John Madden en 1993).
Mais le choix pouvait être plus large. Voici
une tentative de bibliographie exhaustive des livres traduits et, en lien
vers l'éditeur, les livres qui sont disponibles actuellement.
Les titres sont classés dans l'ordre de leur parution en anglais
et selon ces catégories :
En anglais, de nombreux romans et nouvelles sont disponibles ici
sur gutenberg
Romans
- 1902 The Valley of Decision : Les
amours d'Odon et Fulvia, trad. Jean Pavans, Flammarion, 2016.
- 1905 The House of Mirth : Chez les heureux du monde, trad. Charles
Du Bos, Plon-Nourrit et Cie, 1908 (à lire en
ligne ici).
Rééditions : 1981, Hachette ; 1982, Folio ; 2000,
Chez les heureux du monde, L'Imaginaire ; 2010, Chez
les heureux du monde, Le Livre de poche ; 2017, Chez
les heureux du monde, Archipoche.
=> adapté au cinéma en 1918
: La
maison du brouillard (The House of Mirth), film américain
muet réalisé par Albert Capellani, avec Katherine Corri
Harris, Henry Kolker, Christine Mayo
=> adapté au cinéma en 2000
: Chez
les heureux du monde (The House of Mirth), film américano-franco-germano-britannique
de Terence Davies, avec Clare Higgins, Gillian Anderson, Eric Stoltz.
- 1907 The Fruit of the Tree : Le Fruit de l'arbre, trad. Marthe
Gauthier, Flammarion, 1990. Réédition : 2002, trad. de Marthe
Gauthier, 10/18.
- 1911 Ethan Frome : Sous la neige, trad. Charles Du Bos, Plon-Nourrit
et Cie, 1912 (en
ligne ici).
Rééditions : 1969 sous le titre Ethan Frome, trad.
Pierre Leyris, Mercure de France ; 1982, Ethan
Frome, L'Imaginaire ; 1993, 10/18 ; 2014, Ethan
Frome, trad. Julie Wolkstein, P.O.L. #formatpoche ; 2019,
Archipoche, Ethan
Frome suivi de Été, trad. Charles Du Bos,
préface Catherine Rihoit.
=> adapté au cinéma en 1993
: Ethan
Frome, film américano-britannique réalisé
par John Madden, avec Liam Neeson, Patricia Arquette, Joan Allen et Tate
Donovan.
=> adapté en ballet 2018 : Cathy Marston a adapté le
livre en un ballet en un acte intitulé Snowblind pour le
San Francisco
Ballet.
- 1912 The Reef : L'Écueil, trad. Sabine Porte, Christian
Bourgois, 1986.
Réédition : 1989, 10/18 ; 2022, L'Écueil,
Sillage.
- 1913 The Custom of the Country : Les beaux mariages, trad. Suzanne
Mayoux, Robert Laffont, 1964.
Rééditions : 1983, 10/18 Domaine étranger ; 1994
(même éditeur) ; 2003, Les
beaux mariages, La Découverte, coll. Culte fictions ; 2018,
Les
beaux mariages, Les Belles Lettres.
=> Sofia Coppola a l'intention d'en faire une
mini-série...
- 1917 Summer : Plein été, aucun traducteur mentionné,
Plon-Nourrit et Cie, 1918.
Rééditions : 1985, sous le titre Été,
trad. Louis et Dominique Gillet, 10-18 ; 2006, Été,
La Découverte ; nouvelle édition de de la traduction
de Charles Du Bos, Été,
Sillage, 2018.
- 1920 (prix Pulitzer 1921 - première femme à le recevoir)
The Age of Innoccence : Au temps de l'innocence, Plon-Nourrit et
Cie, trad. Madeleine Saint-Ré Taillandier, 1921 (en ligne ici).
Rééditions : 1985 sous le titre Le
temps de l'innocence, adaptation et préface de Diane de
Margerie, Flammarion ; 1987, Garnier-Flammarion ; 1993, J'ai lu ; 1993,
Garnier-Flammarion ; 2017, Archipoche, Au
temps de l'innocence, trad. (Madeleine Taillandier, préface
Henri de Régnier ; 2019, trad. Sarah Fosse sous le titre L'Âge
de l'innocence,
préface de Sarah Fosse, Les Belles Lettres ; 2022, Le
temps de l'innocence, J'ai lu, trad. Madeleine Taillandier.
=> adapté au cinéma en 1993
: Le
temps de l'innocence (The Age of Innocence), film américain
réalisé par Martin Scorsese, avec Daniel Day-Lewis, Michelle
Pfeiffer, Winona Ryder.
- 1922 The Glimpses of the Moon : La
splendeur des Lansing, trad. Sophie Mayoux, Flammarion, 1921.
Réédition : 2003, J'ai lu.
=> adapté
au cinéma muet en 1923 : Un
nuage passa (The Glimpses of the Moon), film américain
perdu, réalisé par Allan Dwan, avec Nita Naldi.
- 1923 A Son at the Front : Un fils au front, trad. Paul Alfassa,
Plon-Nourrit et Cie, 1924.
Réédition : 2004 sous le titre Un
fils sur le front, trad. Jean Pavans, Flammarion.
- 1925 The Mother's Recompense : Le Bilan, trad. Louis Gillet,
Perrin, 1928 (en ligne ici).
Réédition : 1983 sous le titre La Récompense
d'une mère, Flammarion, préface de Diane de Margerie ;
1986, édition de Viviane Forrester, Garnier-Flammarion ; 2021,
La
Récompense d'une mère,
GF Flammarion.
- 1927 Twilight Sleep : Les New-Yorkaises, trad. Jean Pavans, Flammarion,
1999.
Réédition : 2001, Les
New-Yorkaises, J'ai lu.
- 1928 The Children : Leurs enfants, trad. Louis Gillet, Plon,
1931.
Rééditions : 1983, 10-18 ; 1995, même éditeur.
- 1929 Hudson River Bracketed : Sur les rives de l'Hudson, trad.
Jean Pavans, Flammarion, 1996. Réédition : 1998, Sur
les rives de l'Hudson, J'ai lu.
- 1932 The Gods Arrive : Les Dieux arrivent, trad. Jean Pavans,
Flammarion, 1999. Réédition : 2001, Les
Dieux arrivent, J'ai lu.
- 1938 The Buccaneers, (roman inachevé) : Les boucanières,
trad. Gabrielle Rolin, Plon, 1994. Rééditions : 1998, 10/18
; 2010, Les
boucanières,
Points.
- 1938 Fast and Loose : Libre et légère suivi de
Expiation, trad. Jean Pavans, préface Diane de Margerie, Flammarion,
2002. Réédition : 2006, Libre
et légère
suivi de Expiation, J'ai lu.
Volumes comportant
plusieurs romans
- Cinq romans : La
Splendeur des âmes,
Omnibus, 2012 : Chez les heureux du monde - Les Beaux Mariages - Été
- Le Temps de l'innocence - La Splendeur des Lansing
- Six romans : Libre
et légère, Flammarion, 2012 : Libre et Légère
- Le Temps de l'innocence - Fièvre romaine - La récompense
d'une mère - Ethan Frome - La Vie et moi
Novellas
ou courts romans
- 1900 The Touchstone : La
Pierre d'achoppement, trad. et postface de Jean-Pierre Naugrette,
éd. Circé, 2009
- 1907 Madame de Treymes and others : Madame de Treymes et autres
nouvelles, quatre courts romans, trad. Trad. Frédérique
Daber et Emmanuèle de Lesseps, Christian Bourgois, 1986. Réédition
: 1991, 10/18
- 1924 Old New York, four novellas (False Dawn, The Old Maid,
The Spark, New Year's Day) : Vieux
New York, quatre courts romans (L'Aube mensongère, La
Vieille Fille, L'Etincelle, Jour de l'An), trad. Claire Malroux, édition
de Diane de Margerie, Flammarion, 1989. Réédition : 1993,
Garnier-Flammarion, 1993. The Old Maid est retraduit sous le titre
La
célibataire, trad. Ricardo Abraham, Independently published,
2020, édition curieuse, avec fautes visibles : à se demander
si la traduction n'a pas été réalisée par
un logiciel de traduction...
=> adapté au cinéma : La
Vieille Fille (The Old Maid) est un film américain
réalisé par Edmund Goulding, adapté de la novella
The Old Maid, avec Bette Davis, Miriam Hopkins, George Brent.
En fait, le court roman du recueil Vieux
New York a été adapté sous forme d'une pièce
par Z Atkins, qui obtient le Prix Pulitzer pour sa pièce, et
c'est cette pièce qui est adaptée au cinéma.
Nouvelles
- Les Metteurs en scène, sans nom de traducteur, Plon-Nourrit,
1909 (en
ligne ici : 8 nouvelles, dont la première qui donne
le titre au recueil est écrite en français par Edith Wharton
et "Les Deux Autres", "Échéance", "Lendemain",
"La Tragédie de la Muse", "Le Confessionnal",
"Le Verdict", "L'Ermite et la Femme sauvage"). Traducteurs
: Minnie Bourget, épouse du romancier Paul Bourget, Jane Chalençon,
pseudonyme de Jeanne de Polignac comtesse d'Oilliamson, et Alfred de Saint-André,
tous trois amis d'Edith Wharton.
Rééditions : 1983, 10/18 ; 2001, Michel Houdiard éditeur ;
2009, éd. Ombres.
- 1916 Xingu and Other Stories ("Xingu" en
ligne ici ; "Coming Home"; "Autres Temps...";
"Kerfol"; "The Long Run"; "The Triumph of Night";
"The Choice"; "The Bunner Sisters") : Xingu (sans
les autres nouvelles), trad. Claudine Lesage, Mille
et une nuits, 2000 ; Xingu
ou l'art subtil de l'ignorance, éd. L'Apprentie, bilingue
français-anglais, 2019.
- 1934 Roman Fever : Fièvre romaine, trad. Claire
Malroux, Flammarion, 1988.
Rééditions : J'ai lu, 1989 ; 1994 et 2015, Fièvre
romaine, préface de Diane de Margerie, Garnier-Flammarion,
fait partie de la Bibliothèque idéale des 50 ans de
GF.
- Le Retour à la maison, sans nom de trad. éd. Ombres,
2009, six nouvelles ("Le verre d'eau", "Le bilan",
"Autres temps...", "Le retour à la maison",
"La semence de la foi", "Atrophie") parues dans diverses
revues et jamais réunies jusqu'alors. Traducteurs : Léon
Bélégou, Minnie Bourget, Jane Chalençon, tous trois
amis d'Edith Wharton, ainsi que Marie-Louyse des Garets, traductrice également
de John Keats et de Stevenson, et qui, avant son mariage avec le comte
des Garets devenu plus tard général, était Marie
de Larminat, plusieurs années demoiselle d'honneur auprès
de l'Impératrice Eugénie...
- 1937 Ghosts : trad. Florence Lévy-Paoloni, éd. Terrain
Vague
tome I, 1989. Rééditions : 1993, 10/18 ; 2001, Le
Triomphe de la nuit, Losfeld.
tome II, 1990. Rééditions : 2001, 10/18 ; 1994, Grain
de grenade, Losfeld.
- Le
Miroir, suivi de Miss Mary Pask, Folio 2 euros, 2010, extraits
de Grain de grenade.
- Preuve
d'amour, nouvelles, trad. Jean Pavans, Flammarion, 2005
- Le Fils et autres nouvelles, trad. d'Anne Rolland, Mercure de
France, 1991. Rééditions : 1995, Gallimard ; 2002,
Le
Fils et autres nouvelles, L'Imaginaire (trois nouvelles : "Le
pélican" écrite en 1898, "Les lettres" en
1930, "Le fils" en 1933).
- Les
Lettres, trad. d'Anne Rolland, Folio 2 euros, 2003, extrait du
recueil précédent.
- Les Yeux, trad. et postface Guillaume Villeneuve, Mille et une
nuits, 1997
- Une affaire de charme, trad. Jean Pavans, Flammarion. Réédition
: 2004, Une
affaire de charme, J'ai lu, sept nouvelles.
- Les Entremetteurs et autres nouvelles, trad. de Claire du Parc
et Aude de Mézerac, La Découverte,
2004. Rééditions : 2003 puis 2012, Le
Livre de poche, huit nouvelles ("Les entremetteurs", "Giboulées
de mars" "Sables mouvants", "L'art d'écrire
un récit de guerre", "La guérison", "La
mission de Jane", "La descendance de l'homme", "Les
réfugiés").
- Kerfol
et autres histoires de fantômes, trad. de Jean-Pierre Naugrette,
Le Livre de Poche, 2011
- Beatrice
Palmato : fragment érotique et autres textes, trad. et
présentation Maxime Rovere, Rivages, 2014 (Présentation
du traducteur, "Beatrice Palmato : fragment érotique",
"Fragment impubliable", "[Intrigue]", "Le prétexte",
"L'ermite et la sauvageonne", "Terminus"). On peut
lire une traduction en ligne de 1909 par Alfred de Saint-André,
ami de l'auteure, d'un des textes sous le titre "L'ermite
et la femme sauvage".
- La
Plénitude de la vie, trad. de Maxime Rovere, Rivages poche,
2013, trois nouvelles.
- Lendemain,
trad. Jeanne Chalençon et Jean de Bail, éd. de l'Aube, coll.
Mikrós Classique, 2020, deux nouvelles ("Lendemain",
"Les deux autres").
Reportages pendant
la guerre
"On maccorda lautorisation de parcourir larrière
de la ligne de combat, de Dunkerque à Belfort, et je le fis en
six expéditions, dont certaines me menèrent en fait jusquaux
tranchées du front ; je voulais faire connaître mes
impressions, et je marrangeais pour écrire mes articles entre
mes autres tâches ; ils parurent dans le Scribners magazine
en 1915, et aussitôt après dans un volume intitulé
Fighting France." Ces 6 articles sont successivement "Le
visage de Paris", "En Argonne", "En Lorraine et dans
les Vosges", "Dans le Nord", "En Alsace", "L'âme
de la France". En ligne ici :
- Fighting
France, from Dunkerque to Belfort
- dans la Revue des deux mondes : "Le
visage de Paris", 1er juin 1915 (trad. Madeleine
Rolland, sur de Romain Rolland) ; "I.
En Argonne - En Lorraine et dans les Vosges", 15 mars 1916 ;
"II.
Dans le Nord et en Alsace", 15 avril 1916
- Reportages réunis : Voyages
au front : de Dunkerque à Belfort, Plon-Nourrit et Cie,
1916.
- Nouvelle traduction Caroline Guény, sous le titre La
France en guerre : 1914-1915, préface dAnnette
Becker, éd. Tournon, 2007.
Essais littéraires
- 1925 The Writing of Fiction : Les
Règles de la fiction, trad. Jean Pavans, Viviane Hamy,
2006 : elle distingue trois type principaux de romans : les romans
de personnages, les romans de murs et les romans de situation. Elle
classe dans la catégorie des romans de situation des genres tels
que les récits d'aventure, les fictions historiques...
- 1903 The Vice of Reading (en
ligne ici) :
Le vice de la lecture, trad. de Shaïne Cassim, éd.
Du Sonneur 2009.
Autobiographie
- 1934 A Backward Glance : Les Chemins parcourus, suivie
de La Vie et moi, trad. Jean Pavans, Flammarion, 1995. Rééditions
: 2001, 10/18 ; 2021,
Les Chemins parcourus, Flammarion.
Correspondance
-1989 : The Letters of Edith Wharton :
Lettres, 1900-1915, Seuil, 2000 : correspondance avec Henry James.
- Lettres à l'ami
français, trad. de Claude Lesage, Michel Houdiard éditeur,
2001 : lettre à Léon Bélugou, un de ses grands amis.
Voyages
- La
Croisière du Vanadis, photographies de Jonas Dovydonas,
trad. de Claudine Lesage, Lille, éd. Invenit, 2018 : il s'agit
des carnets de voyage de l'auteur écrits lors de son périple
en Méditerranée en 1888.
- 1904 Italian Villas and Their Gardens :
Villas et Jardins d'Italie, trad. de Michèle Hechter, Salvy,
1995. Réédition : 2009, Tallandier
- 1905 Italian Backgrounds : Paysages
italiens, Rivages, 2012
- 1908 A Motor-Flight Through France :
La France en automobile, trad. Jean Pavans, Mercure de France,
2015. Réédition Folio, 2017.
- 1919 French Ways and Their Meaning : Les
murs françaises et comment les comprendre, trad.
Jean Pavans, Payot, 1999
- 1920 In Morocco : Voyage
au Maroc, trad. Frédéric Monneyron, éd. du
Rocher, 1996. Réédition : 2001, L'Imaginaire.
Poèmes
Ils ne sont pas traduits. On peut en lire en anglais ici.
Les films adaptés
des romans d'Edith Wharton
|
Films muets
- 1918 : La
Maison du brouillard (titre original : The House of Mirth),
film américain réalisé par Albert Capellani, avec
Katherine Corri Harris, Henry Kolker, Christine Mayo, adapté du
roman The House of Mirth (Chez
les heureux du monde), publié en 1905.
- 1923 : Un
nuage passa (The Glimpses of the Moon) est un film américain
perdu, réalisé par Allan Dwan, avec Nita Naldi, adapté
du roman The Glimpses of the Moon (La
Splendeur des Lansing), publié en 1922.
Films parlants
- 1939 : La
Vieille Fille (The Old Maid) est un film américain
réalisé par Edmund Goulding, adapté d'une novella
The Old Maid, publiée en 1924, avec Bette Davis, Miriam
Hopkins, George Brent. En fait, le court roman du recueil Vieux
New York a été adapté sous forme d'une pièce
par Z Atkins, qui obtient le Prix Pulitzer pour sa pièce, et
c'est cette pièce qui est adaptée au cinéma.
- 1993 : Le
Temps de l'innocence (The Age of Innocence), film américain
réalisé par Martin Scorsese, adaptation du roman du même
nom, publié en 1920, avec Daniel Day-Lewis, Michelle Pfeiffer,
Winona Ryder.
- 1993 :
Ethan Frome, film américano-britannique réalisé
par John Madden, adapté du roman du même nom, publié
en 1911, avec Liam Neeson, Patricia Arquette, Joan Allen et Tate Donovan.
- 2000 : Chez
les heureux du monde (The House of Mirth), film américano-franco-germano-britannique
de Terence Davies, adapté du roman, publié en 1905, avec
Clare Higgins, Gillian Anderson, Eric Stoltz.
Pour
les amies des bêtes...
|
Edward
R. (Teddy) Wharton et Edith Wharton, mariés en 1885 et divorcés
en 1913 : que devinrent les chiens ? Affaire à suivre...
Et
voici NOS RÉACTIONS sur le livre
|
Ce
17 décembre 2023, nous étions 16
à exprimer nos impressions à la lecture d'un ou plusieurs
livres d'Edith Wharton :
- en direct (11) : Anne, Brigitte, Claire Bo, Flora, Joëlle
L, Laetitia, Marie-Yasmine, Nelly, Patricia, Stéphanie, Véronique
- en visio (2) : Agnès, Joëlle M.
- par écrit (3) : Aurore, Claire Bi, Sandra
Étaient prises ailleurs (4) : Felina, Muriel, Nathalie, Sophie.
À nous toutes, nous avons lu une ribambelle de livres :
- des romans : Le temps de l'innocence, Ethan Frome, Les New-Yorkaises,
Été, Les beaux mariages
- des recueils de nouvelles : Les Entremetteurs et autres nouvelles,
Kerfol et autres histoires de fantômes, Le fils et autres nouvelles,
Beatrice Palmato : fragment érotique et autres textes, The Early
Short Fiction
- des nouvelles isolées : "Les lettres", "La plénitude
de la vie", "Lendemain", "La sonnette de Madame",
"La célibataire", "Xingu"
- et des uvres de non-fiction : Les murs françaises
et comment les comprendre, La France en automobile, Le vice de la lecture.
Comme à notre habitude, Edith Wharton a
divisé...
très
positives : Anne, Aurore,
Brigitte,
Claire Bi, Claire
Bo,
Flora,
Joëlle L,
Laetitia, Patricia
positives, mais avec un peu de déception : Agnès,
Joëlle M,
Sandra, Véronique
vraiment déçues : Marie-Yasmine, Nelly
attend d'en lire davantage : Stéphanie.
Sandra
(avis
transmis)
Ne connaissant pas cette auteure, j'ai choisi l'ouvrage Les
New-Yorkaises suite à la lecture du résumé
qui paraissait tentant.
L'histoire se déroule dans les années 1920 dans le monde
de la noblesse new-yorkaise, et suit plus spécifiquement la famille
Manford. Si au départ je pensais que l'ouvrage allait entrer dans
les détails de la vie mondaine new-yorkaise, en réalité,
nous suivons plutôt les membres d'une famille, leurs tracas psychologiques,
leur recherche pour trouver du sens à leur vie. C'est donc une
sorte de zoom psychologique, certes intéressant, mais que j'ai
ressenti comme insuffisant parfois : "insuffisant" au sens
où je n'ai pas trouvé qu'il y avait suffisamment de descriptions
de ce monde mondain, de cette vie new-yorkaise, pour visualiser le décor
et les contradictions de ce cercle fermé.
Mais l'auteure nous démontre que les personnes du "Nouveau-Monde"
ont les mêmes préoccupations, codes sociaux et soucis de
représentations que "l'ancienne Europe".
Ainsi, même si j'ai apprécié l'écriture, une
réelle qualité de description des personnages, sans ennui,
je n'ai pas accroché aux péripéties d'adultes qui
tentent de se forger une image auprès de leur "monde".
Nelly
J'ai moi aussi lu Les
New-Yorkaises car le thème m'a attirée.
Je m'attendais à une critique, voire
à une satire. Oui il y a beaucoup de sarcasme, mais ce n'est pas
palpitant, et les descriptions psychologiques sont basées sur des
éléments sans intérêt. Ça pourrait devenir
drôle, mais ce n'est pas assez caricatural et cela se revèle
ennuyeux par la platitude des analyses. Dans ce monde de mondanités
qui se succèdent, certains personnages aspirent à autre
chose, mais leur lassitude ne fait ni rire ni s'émouvoir. L'héroïne
Pauline a ses états d'âme, évidemment elle révèle
ainsi sa superficialité et l'auteure s'en moque.
Une citation : "Le découragement envahit Pauline. À
quoi servaient la gymnastique rythmique, les douches froides, la respiration
mentale en profondeur, et toutes les autres panancées ? Si les
choses continuaient ainsi elle serait obligée de se faire lifter
le visage".
Ou bien, plus loin, on sait que cette femme remplit sa vie d'une suite
d'activités, et tout à coup elle a une heure vide : "c'était
la première fois depuis des années qu'elle avait une heure
entière devant elle, et elle ne savait absolument pas qu'en faire.
C'était quelque chose que personne n'avait songé à
lui apprendre ; et le sentiment d'être soudain entourée de
toutes parts d'un vide pareil, qui n'était jalonné d'aucun
rendez-vous, d'aucune obligation, provoqua en elle une sorte de vertige
intellectuel."
J'ai été déçue par ce type de sarcasme. La
situation aurait pu donner une ouverture vers une réflexion plus
philosophique, mais ce n'est pas le cas. On ne sent pas de distance de
la part d'Edith Wharton. Les personnages sont peu attachants, ils se regardent
vivre, et il n'y a pas d'intrigue qui accroche. C'est ennuyeux, voire
verbeux.
Contrairement à ce qu'on peut retrouver d'intemporel dans certains
classiques, ici c'est un peu dépassé.
Je n'ai lu que le livre I, mais j'ai compris qu'un drame était
annoncé dans le livre II, je me demande qu'elle en sera la nature
dans le monde de Mrs Manford, si éloigné de la réalité
!
Claire
Bo
J'ai
moi aussi lu Les
New-Yorkaises qui m'a donné une impression différente
; j'ai trouvé le style séduisant par son ironie et justement
une distance, par exemple à propos des femmes : "Toutes
étaient inexorablement consciencieuses, universellement bien intentionnées,
et insondablement pures" ou un portrait de mec : "lorsqu'il
ne dansait pas, il ressemblait, avec sa petite tête de serpent et
ses épaules trop carrées, à un mélange de
domestique japonais et de publicité en pleine page pour sous-vêtements
de soie". Le thème principal m'a semblé tout au
contraire de Nelly parfaitement actuel : l'héroïne passe d'une
démarche à la mode à l'autre, ressemblant tout à
fait à des trucs de développement personnel d'aujourd'hui.
Où je rejoins Nelly, c'est dans une forme de lassitude : l'intrigue
tourne un peu en rond. Donc, ce n'est pas ce livre-là d'Edith Wharton
que je recommanderais.
Claire
Bi (avis transmis)
Pour commencer j'aime bien l'idée que chacune lise un livre différent
dans l'uvre de quelqu'un !
Parmi les livres dispo à la librairie j'avais le choix entre des
histoires d'amour dans la haute société new yorkaise et
Ethan
Frome qui se passait dans le Massachusetts en plein hiver. Va
pour le Massachusetts. Les décors de lacs et de collines isolées
enveloppées de neige m'ont plu, la simplicité de l'intrigue
aussi. Le dispositif est classique : le narrateur arrive dans une localité
fictive où un drame a eu lieu il y a plus de vingt ans, laissant
un certain Ethan Frome solitaire et boiteux et les habitants entre
commisération et effroi. Le narrateur échange avec sa vieille
et gentille logeuse qui lui livre quelques clés de compréhension
et à partir du chapitre deux on est ramené vingt ans en
arrière dans un récit à la troisième personne.
On sait d'emblée que ça va finir en un terrible accident
contre le grand orme qui se dresse dans le virage qui mène à
Skartfield. Le récit est court et se concentre sur un trio tragique
: Ethan, sa femme Zeena et Mattie qui vit avec eux depuis quelques mois.
C'est un milieu rude, démuni, isolé du reste du monde. À
vingt-deux ans Ethan a dû s'occuper de la maladie de ses parents,
puis de sa femme souffreteuse et hypocondriaque. Il a vu son horizon se
rétrécir à sa ferme invendable qui dépérit.
Quand ils tombent amoureux avec Mattie, la possibilité d'une vie
pleine et heureuse lui revient, dans des passages pathétiques très
bien rendus, mais très vite la méchanceté de Zeena
les rattrape, les scènes s'enchaînent et nous mènent
à une conclusion... qui n'était pas tout à fait celle
qu'on avait imaginée : elle est encore pire. [attention spoiler
: quand désespérée Mattie lui demande de les jeter
à pleine vitesse sur le grand orme pour mourir ensemble il finit
par céder mais se rate, termine handicapé et Mattie, paralysée
de la mlle épinière, revient vivre chez eux, désormais
aussi acariâtre que Zeena. Leur haine recuite et leurs mesquineries
réciproques sont bien rendues et font froid dans le dos]. Bien
joué !
Edith Wharton revient en introduction sur la difficulté de trouver
la justesse d'écriture quand on met en scène des personnages
rudes et simples. Elle explique que le thème devait être
traité "sobrement et sommairement, à la manière
dont la vie s'était toujours présentée à [ses]
protagonistes". C'est réussi. C'est un fil qui m'intéresse
et qu'on retrouve aussi par exemple chez Lyonel
Trouillot que je lis en ce moment : comment donner un corps et une
voix, y compris une voix intérieure, à des personnages de
milieux populaires sans les trahir, sans en faire trop. Edith dit que
sinon ils viennent vous hanter et faire capoter le roman (entre parenthèses
j'ai découvert et apprécié autant son sérieux
que son humour !). Ces réflexions qu'elle a placées en exergue
m'ont plu et à l'occasion j'irai feuilleter ses reportages.
J'ajoute - car je viens de lire cela sur la page wikipedia
du livre : la critique Elizabeth Ammons fait des parallèles entre
le roman et le conte de Blanche-Neige - un conte où la sorcière,
incarnée par Zeena, l'emporterait à la fin, et où
Blanche-Neige se transformerait en sorcière. Pour elle, le roman
n'est pas du tout dénué de contenu moral, et ce contenu
est un message de critique sociale : "aussi longtemps que les
femmes seront isolées et rendues dépendantes, les Mattie
Silver deviendront des Zeena Frome : les épaves estropiées
et froides d'êtres humains". Bien
vu, je ne l'aurais pas mieux dit !
Patricia
J'ai choisi Ethan
Frome à cause de ses 230 pages seulement et parce qu'il
était présenté comme étant son meilleur livre.
J'ai beaucoup aimé ce petit
roman d'un point de vue littéraire, psychologique et sociétal
de l'époque.
Sur le côté littéraire
Le roman est construit de la façon suivante : il y a un
narrateur et les trois personnages principaux, un homme (Ethan Frome)
et deux femmes, sa femme et Mattie la petite cousine de sa femme qui est
venue les aider car sa femme est malade. C'est mené comme une enquête
et il y a du suspense jusqu'à la dernière page.
Très facile à lire, fluide, j'ai lu le livre jusqu'à
la fin sans m'arrêter (voir résumé
succinct).
Sur le côté psychologique
Selon moi, Edith Wharton dresse le portrait psychologique des trois
personnages principaux, l'homme et les deux femmes (sa femme qu'il ne
supporte plus, et la jeune femme qu'il aime, Mattie). Une guerre psychologique
s'installe entre eux trois, obligés de vivre sous le même
toit et de se supporter.
Ce qui est amusant mais typique de certains psychismes (un peu comme les
hystériques de Freud), c'est sa femme, qui, au départ, était
venue aider Ethan pour soigner la mère d'Ethan très malade.
Elle était à ce moment-là, joyeuse et pleine de vie.
A la mort de la mère d'Ethan, il l'épouse par obligation.
Mais après le mariage, elle dépérit d'une maladie
"imaginaire" et devient dépressive et acariâtre,
alors qu'il essaie de tout faire comme elle le demande, comme il l'a fait
pour son père et sa mère. Il voulait être ingénieur,
elle voulait être quelqu'un. Ils ont tous deux raté leur
vie.
Lui, je le vois comme quelqu'un de faible et loser, tout se détériore
autour de lui, à tel point qu'il rate même son suicide, et
rend la femme qu'il aime Mattie, handicapée.
Sa femme, se sentant utile est tout à coup requinquée (adieu
la maladie imaginaire), une fois qu'Ethan et sa cousine reviennent à
la maison, handicapés tous deux après l'accident. C'est
elle qui porte tout, l'entretien de la maison, et les deux handicapés.
Et ironie de l'histoire, l'histoire se répète avec Mattie
la cousine si belle, joyeuse et enjouée, qui devient aussi laide,
acariâtre et dépressive que sa femme l'était avant
l'accident.
Sur le côté sociétal de l'époque
Un peu comme dans Le temps de l'innocence, il s'agit de l'histoire
d'un homme qui passe à côté de sa vie et du bonheur
qui est à portée de main, par faiblesse et par la culpabilité
liée à l'époque. La différence est qu'Ethan
était pauvre et était dans l'impossibilité de changer
son karma faute d'argent. Il aurait pu être ingénieur s'il
avait eu plus de courage face à sa femme qui ne voulait pas aller
dans un milieu industriel.
Anne
Quand j'ai dû choisir un ouvrage d'Edith Wharton à la librairie,
j'avais le choix entre un livre se passant en plein cur de New-York
ou un livre se passant dans les montagnes du Massachussetts. Je n'ai pas
hésité longtemps, et j'ai choisi celui qui allait parler
de campagne et de vie paysanne. C'était donc le livre traitant
de la vie d'Ethan Frome.
J'ai trouvé la construction du livre intéressante, avec
un narrateur qui collecte des récits provenant de villageois sur
la vie d'Ethan Frome et qui se projettent 25 ans en arrière, pour
détailler des éléments de sa vie passée et
de sa rencontre avec Mattie alors qu'il est déjà marié
à sa femme Zeena, souffreteuse.
J'ai trouvé qu'il y avait de très beaux passages avec des
descriptions des paysages de neige et de montagnes, entremêlés
à des descriptions touchantes d'une histoire d'amour timide, progressive
et en fait impossible.
Cette histoire est tragique, et m'a rappelé à quel point
certains parcours de vie peuvent être piégés dans
des situations particulières et des vies prisonnières de
leur conditions.
J'ai trouvé par ailleurs l'introduction rédigée par
Edith Wharton intéressante. Elle y explique qu'elle a une maison
en Nouvelle Angleterre où elle a localisé Starkfield, la
localité fictive où se situe le roman. Elle connaît
donc très bien la région, d'où j'imagine les belles
descriptions de paysages. Elle explique aussi comment elle a construit
la narration de son livre, pourquoi elle a fait certains choix, ça
m'a donc intéressée de relire l'introduction une fois le
livre terminé.
En conclusion, j'ai bien aimé ce livre et je serais curieuse de
lire des nouvelles d'Edith Wharton.
Laetitia
J'ai lu Ethan
Frome,
encouragée par l'émission de France Culture Le
book club des classiques avec l'auteure d'une nouvelle
traduction, Julie Wolkenstein, et l'écrivain Laurent Mauvignier
dont j'adore Histoires
de la nuit. Ethan Frome, pas très connu en
France par rapport aux romans tels Le
temps de l'innocence, figure dans les programmes scolaires
aux USA. Pour certains, c'est "le chef-d'uvre" - atypique
- d'Edith Wharton.
Comme Anne, j'ai été sensible à l'ambiance : dans
ce milieu rural, on est loin des milieux new-yorkais des autres romans,
avec trois personnages dans un huis clos, une unité de lieu - une
localité fictive - et le temps qui s'étend sur plusieurs
années.
J'ai beaucoup aimé la composition : la structure narrative est
très efficace.
C'est le seul livre d'Edith Wharton où elle fait paraître
une préface. Elle y évoque une nouvelle de Balzac et
un texte
de Browning qui eux aussi recourent à un changement de narrateur.
La chute est inattendue, après un long flashback.
Laurent Mauvignier parle de "perfection formelle" dans
l'émission, qui fait état de trois adjectifs dont les lecteurs
qualifient l'écriture : douce, empathique, pudique.
J'ai aimé cette forme d'enquête que présente le roman
: le narrateur interroge des voisins.
Ethan Frome, assez inclassable dans l'uvre d'Edith Wharton,
donne la parole à ceux qu'on n'entend pas ; elle dit : "Ils
étaient, en vérité, ces personnages, mes affleurements
de granit ; mais seulement à demi déterrés, et à
peine plus éloquents."
C'est un roman plein d'ellipses, que j'ai beaucoup apprécié,
que je recommande.
À noter l'incipit, intéressant : "Je tiens
cette histoire de plusieurs sources, qui m'en ont chacune raconté
un fragment, et, comme il arrive généralement dans ces cas-là,
c'était chaque fois une histoire différente."
Claire
Bo
Incroyable, écoutez la traduction précédente : "J'ai
appris l'histoire, bribe par bribe, de diverses gens, et, comme il arrive
généralement en pareil cas, c'était chaque fois une
autre histoire". Le même sens, mais très différente
!
J'ai retrouvé quelques notes que j'avais prise quand j'ai lu
Ethan Frome en 1990 : le livre m'avait imposé une lecture très
rapide, me laissant un peu sans voix, sans savoir trop quoi dire. Mais
il avait suscité une effervescence d'émotions, un grand
flash, sans lendemain, qui ne résonne pas. J'y avais été
sensible à l'art du non-dit, au fait de dire beaucoup avec peu.
L'écriture m'avait paru absolument splendide à certains
moments, surtout les descriptions de nature, de sentiments, d'élan,
le vide, la sauvagerie.
À la fin, je trouvais la distance très réussie, mais
le début m'avait semblé confus et lent.
J'aurais aimé que le personnage de Zeena soit moins négatif.
Agnès
Pour cette séance consacrée à Edith Wharton, j'ai
lu un roman - Été
- et une nouvelle intitulée "Les
lettres". Les deux textes mettent en scène des jeunes
femmes au destin amoureux très malheureux, l'une enceinte de son
amant, qu'elle aime, finit par se marier avec son vieux tuteur et la seconde
se rend compte, trop tard, avoir été épousée
pour son argent.
J'ai aimé que ces deux histoires soient l'uvre d'une autrice
et qu'elles racontent la vie de deux
femmes. J'ai été assez captivée par le déroulé
des différentes étapes de leur existence. Par ailleurs,
le point de vue que je qualifierais de féministe d'Edith Wharton,
puisqu'il critique la place dévolue aux femmes dans la société
qu'elle dépeint, m'a particulièrement intéressée
(la femme est destinée à l'intérieur du foyer, elle
fournit un travail gratuit, etc.).
J'ai d'ailleurs été surprise par les thèmes abordés
(pour l'époque), tant ils reflètent la vérité
crue de la vie des femmes : la dépendance financière, le
harcèlement sexuel, les grossesses non-désirées et
les avortements, la prostitution quelquefois comme seule issue.
La langue est fluide, descriptive, riche, on sent une grande aisance et
un grand talent d'écriture.
C'est un plaisir de lire une langue si maîtrisée.
Toutefois, même si j'ai aimé ces deux lectures, je n'ai pas
été transportée.
Sans doute parce que les deux héroïnes, qui traversent des
épreuves, ne s'en relèvent pas.
L'identification n'est pas aisée dans ce cas, car on n'a pas envie
de leur ressembler. D'autant plus que leur seule horizon, leur seule occupation,
est l'être aimé, qui leur échappe. Elles n'ont aucune
autre passion, leur monde mental est très restreint. Elles sont
flouées, et se résignent l'une comme l'autre.
Même si ce n'est pas du tout la même époque, je préfère
de loin les héroïnes de Jane Austen, car même si elles
sont également préoccupées par l'amour et le mariage,
elles triomphent à la fin et me paraissent beaucoup plus vivantes.
Véronique
J'ai choisi à la bibliothèque Le
fils et autres nouvelles.
Les trois nouvelles ("Le pélican", "Les lettres",
"Le fils") mettent en scène des personnages sans grande
personnalité.
J'ai aimé la façon dont c'est écrit. Il y a des retournements
de situations, mais on retombe sur une vie de platitude, des situations
banales : l'aspect lamentable de la vie est montré.
Les fins sont inattendues.
Dans la nouvelle "Le Pélican" (je n'ai pas compris pourquoi
ce titre d'ailleurs), la femme fait des conférences pour vivre
: la narratrice l'"assassine" du début à la fin.
Ces nouvelles ne glorifient pas les femmes. Je réagis comme Agnès.
Mais en même temps, elle montre à travers les situations
qu'elle choisit ce qui ne va pas.
Et ça se lit bien, c'est agréable à lire.
Brigitte
Pour cette séance de Lirelles, je suis partie rechercher ce que
j'avais pu lire d'Edith Wharton dans le passé. J'avais le souvenir
d'avoir lu Ethan
Frome et de l'avoir bien aimé (mais, étonnamment,
encore plus le film). En revanche je gardais un souvenir pénible
de The Age of Innocence. Le livre retrouvé
a confirmé qu'il avait dû me tomber des mains : la dernière
marque était au chapitre 26. J'ai relu l'introduction, avec citations
de critiques élogieuses, et me suis remise à la tâche,
mais rien à faire : lu avec application, mais bloquée bien
avant ma première lecture, malgré l'attrait du style ; ces
histoires d'amours triangulaires frustrées m'ennuient profondément.
Donc je
me suis dit que c'était le moment de lire des nouvelles. J'ai acheté
un recueil : The
Early Short Fiction of Edith Wharton. Et là, sentiment
mitigé : immense plaisir à chaque début de récit,
à savourer le style, l'humour décapant avec lequel elle
campe ses personnages. Mais ensuite, le plaisir a souvent fait long feu
car cette brillante entrée en matière me laissait dans un
marais atone, après un développement trop long qui délayait
le fil narratif.
Heureusement j'ai trouvé des exceptions en m'entêtant dans
ma lecture pour Lirelles. Et fini par comprendre que c'était sans
doute volontaire de la part de Wharton de ne pas conclure de manière
conventionnelle par une chute brillante. Il n'empêche que ce sont
les nouvelles les plus courtes, les plus incisives, qui m'ont semblé
les mieux menées.
"Xingu"
est l'exemple de nouvelle qui m'a semblé bien trop longue :
la description des femmes du club de lecture, au début, fait feu
de tout bois, c'est incisif et drôle, et puis on s'ennuie dans les
dialogues au cours de la rencontre avec la romancière invitée,
et la conclusion est banale.
Je sortirai deux nouvelles du lot : "The
Fulness of Life" ("La plénitude de la vie",
1893) et "The
Reckoning" ("Échéance", 1902). La première
commence par la mort du personnage principal, en une page. Mais justement
cette malheureuse femme découvre que la vie continue, et elle est
ravie car libérée du mari insupportable qui claquait les
portes et avait des bottes qui grinçaient
un Esprit providentiel
lui amène l'homme de sa vie qui la cherchait lui aussi
promesse
d'amour, mais finalement, elle regimbe quand il lui propose
un foyer.
Quoi ? Un foyer ? Elle ne peut en fait en concevoir un autre que celui
où son mari faisait claquer les portes et grincer ses bottes
exit toute idée d'amour romantique, on est bien chez Wharton, mais
c'est court et acerbe à plaisir.
L'autre nouvelle a un effet semblable de retournement psychologique inattendu
du personnage central : une autre femme, que l'échec de son deuxième
mariage ramène à son premier mari, qu'elle avait quitté
parce qu'il était notoirement insupportable
mais non pour
revenir vivre avec lui : pour régler ses comptes, comme l'annonce
le titre, mais dans un sens autre que celui qu'on aurait pu attendre.
On a ici tous les ingrédients typiques de Wharton en termes de
style, de thèmes et d'art narratif, mais sans délayage superflu.
C'est un plaisir.
Joëlle
M
J'ai lu moi aussi la nouvelle "La Plénitude
de la vie" et en ai commencé d'autres : "Lendemain"
où une femme mariée rencontre un autre homme qui lorsqu'elle
est libérée ne veut pas l'épouser mais je ne suis
pas arrivée jusqu'à la fin. "La
sonnette de Madame", c'est très court, racontée
par une femme de chambre au service d'une jeune fille de santé
fragile, qui vit dans un trou, dans une maison cosy, avec une ambiance
particulière, une ambiance de thriller, bien décrite. La
maîtresse de maison et le voisin sont unis par les livres, avec
une relation mystérieuse. Diverses relations donnent une atmosphère
plutôt sympa. Je n'ai pas aimé qu'à
la fin on ne nous donne pas toutes
les réponses aux questions qu'on se pose. Mais c'est bien construit
pour nous faire espérer quelque chose : la maîtresse meurt,
on ne sait pas pourquoi ; j'ai aimé cet aspect mystérieux,
tout en déplorant qu'on ne sache pas tout.
J'ai commencé La
célibataire, c'est pas mal.
Flora
J'ai
lu Les
Entremetteurs et autres nouvelles qui comporte huit nouvelles.
C'est très bien écrit.
Dans les nouvelles courtes, on va droit au but. Les personnages sont bien
décrits. On y trouve ironie et sarcasme.
Les thèmes des nouvelles sont très différents, par
exemple : une femme qui souhaite devenir une autrice renommée et
une jeune femme promise à un homme qui se voit repoussée
par sa belle-maman.
C'est vraiment le style que j'affectionne.
C'est une belle découverte qui me donne envie de découvrir
les nouvelles.
Stéphanie
Je
voulais venir, bien que n'ayant rien lu d'Edith Wharton, et Claire m'a
envoyé deux courts textes en anglais, "Xingu"
et "Le
vice de la lecture"
que j'ai lus en diagonale, et pas dans de bonnes conditions de lecture.
Après le premier paragraphe de "Xingu" je n'ai pas eu
envie de livre les descriptions qui s'annonçaient. En revanche,
"Le vice de la lecture", critiquant le fait que lire est considéré
comme une vertu, m'a semblé tout à fait intéressant
: la lecture comme vertu, alors que la musique n'est pas considérée
ainsi.
L'écriture est très chouette, très travaillée.
Mais j'aimerais reprendre la lecture de Wharton correctement...
Claire
J'ai lu ces deux petits livres
que j'ai bien aimés. J'aime la dent dure d'Edith Wharton.
Marie-Yasmine
Je
n'ai pas réussi à finir Le
temps de l'innocence,
parce qu'il m'a beaucoup ennuyée.
Le portrait de la haute société new-yorkaise à la
fin du 19e siècle est réussi, mais ce n'est pas un thème
qui m'a transportée et je ne suis pas parvenue à entrer
dans le livre.
La romance est fade, et le triangle amoureux est un thème facile.
C'est très bien écrit, mais j'y trouve un manque de rebondissements
et de surprise, avec un rythme trop lent.
Peut-être que je donnerai sa chance au précédent roman
Chez les heureux du monde qui serait une version plus cynique
et piquante qu'elle a adoucie dans Le
temps de l'innocence, ou aux nouvelles qui n'auront pas ce défaut
de rythme.
Le manque de recul et de critique sur le milieu qu'elle dépeint
est également ce qui m'a manqué. Je n'ai pas compris ce
qu'elle avait à dire.
Joëlle
L
J'aime beaucoup ce qu'Edith Wharton
écrit et la personne qu'elle était, pour autant qu'on puisse
la connaître. J'aime son rapport à l'art et à la France
que je trouve assez flatteur et ça fait du bien de temps en temps
!
Quelle(s) lecture(s) choisir ? Je voulais lire un roman que je
n'avais encore jamais lu et c'est tombé sur Les beaux mariages.
J'en ai profité pour relire au moins en partie un livre que j'aime
tout particulièrement La France en automobile. Mais je voulais
aussi découvrir une autre facette de sa francophilie et c'est pourquoi
je me suis laissé tenter par ce titre improbable : Les
murs françaises et comment les comprendre. Donc, j'ai
passé un mois en relative immersion dans l'uvre d'Edith Wharton.
Les
murs françaises et comment les comprendre
C'est un opuscule qui rassemble différentes
chroniques, réunies pour servir de guide aux troupes US arrivant
en France en 1917. Amusant, mais m'a laissée perplexe. La présentation
de nos "murs" est d'une francophilie assez exaltée,
parsemée de commentaires sur nos cathédrales, l'organisation
de nos dîners, les soirées à la Comédie française
et je me demande si le malheureux troufion venu du fin fond des USA peut
y trouver quoi que ce soit d'utile. C'est une curiosité plus qu'un
ouvrage de référence ! Elle fait beaucoup de comparaisons
entre la France et les USA/les Anglo-Saxons et j'ai relevé celle-ci
(spécial club du lecture !) :
"Aux Etats-Unis, il y a davantage de gens qui savent lire. Mais
que lisent-ils ? Toute la question est là, si l'on s'en
tient aux vrais critères. Si la capacité de lire ne permet
pas à l'homme moyen de dépasser le bavardage avec ses voisins,
s'il ne réclame des livres et du théâtre rien de plus
enrichissant que ce qu'il peut trouver dans le bar ou le magasin du coin,
alors c'est que la culture, au lieu de l'élever, s'est abaissée
jusqu'à lui."
La
France en automobile
Ce livre est un de mes classiques et je n'ai pas
voulu laisser passer l'occasion de le lire encore une fois. C'est un vrai
bonheur de voyager dans un pays largement disparu (on est bien avant la
guerre de 14) avec pour guide une personne de grande culture qui sait
regarder, analyser et commenter.
Le livre s'organise autour de 3 voyages qui permettent de sillonner à
peu près toute la France.
Les deux premiers voyages passent par Nohant. L'occasion d'exprimer toute
l'admiration qu'elle porte à George Sand, probablement plus à
la personne qu'à l'uvre. Elle visite Nohant et est très
émue d'être guidée par une paysanne qui a travaillé
dans son enfance au côté de George Sand.
Au fil des promenades, elle décrit des paysages aujourd'hui introuvables,
des personnages comme on n'en voit plus, avec une bienveillance et un
enthousiasme permanents, et surtout une grande compétence. C'est
grâce à ce livre que j'ai découvert, par exemple,
Neuvy-Saint-Sépulchre, où se trouve une des rares répliques
de la basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem, édifiée
par des croisés rentrant de Palestine. Partout où elle passe,
elle a l'il et les références.
Les
beaux mariages
Roman de 1913. C'est l'histoire d'Ondine Spragg, une jeune femme, fille
unique et enfant gâtée d'un couple un peu médiocre
mais assez à l'aise financièrement. Ondine veut réussir
socialement, ce qui passe obligatoirement, vu l'époque, par le
mariage. C'est une personne matérialiste, superficielle, très
dépensière et cynique. Elle va aller de mariage en mariage
jusqu'à obtenir (plus ou moins) le statut qu'elle ambitionne.
On suit sur une bonne dizaine d'années une héroïne
pas sympathique, personnage un peu caricatural, mais globalement plausible
si on tient compte de l'époque. Tout pourrait rebuter, mais j'étais
embarquée dans cette histoire qui est construite chronologiquement,
avec bon nombre de personnages secondaires, souvent plus attachants que
l'héroïne.
Les parents d'Ondine et leur entourage (qui se limite à une masseuse
à domicile) contrastent avec les familles de ses deux premiers
maris qui sont riches de cousins, grands-parents, oncles et tantes, amis,
fratrie
bien plus que d'argent. Le troisième mari, celui
qui lui procure l'opulence qu'elle recherchait, n'a quant à lui
aucune famille identifiée dans le roman.
Les nombreux personnages que l'on croise dans le récit sont bien
caractérisés, ils ont chacun une épaisseur, une existence
; ce qui rend la lecture facile et fluide. Globalement, les personnes
riches sont présentées comme des ploucs enrichis, peu recommandables
moralement, tandis que les "gens bien" sont assez désargentés.
Ce qui peut faire sourire puisqu'Edith Wharton était elle-même
une femme très riche.
Les situations sont intéressantes, les nombreux personnages faciles
à suivre et à identifier, et il y a même une forme
de suspense : on se demande comment Ondine va se sortir de situations
financières compliquées (il y a un petit côté
Madame Bovary), comment elle va réussir à divorcer pour
se remarier.
Je pense que la traduction n'est pas toujours formidable, il y a des phrases
qui m'ont paru pas claires du tout et lourdingues, ce qui ne ressemble
pas à la manière d'Edith Wharton, beaucoup plus fine.
Mais au final, c'était une bonne lecture et je recommande.
En bonus, commentaire du Monde des Livres : "Personnage
aussi détestable qu'inoubliable, Ondine Spragg n'incarne pas seulement
le sens des affaires appliqué à la conjugalité. Ni
une certaine vision capitaliste du mariage et du divorce. Sous la plume
irrésistiblement acérée et spirituelle de Wharton,
cette femme renverse les jeux de pouvoir [...]. Et sa spécialité
jusqu'à la toute fin du livre - se focaliser sur ce qu'elle n'a
pas - fait de ce roman un grand traité intemporel du " toujours
plus ", de la méconnaissance de soi et de la frustration."
(Le
Monde, 19 octobre 2018)
Claire
Bo
J'avais lu dans le passé, Ethan
Frome, et avec Lirelles Le
temps de l'innocence que j'avais beaucoup
aimé - ainsi que le film et deux
petits livres Xingu et Le vice de la lecture.
Quand nous avons lu Des Américaines
à Paris, découvrant son rôle pendant la guerre
et le fait qu'elle y avait vécu j'ai lu Les
murs françaises et comment les comprendre et je suis
d'accord avec Joëlle L sur le fait que les considérations
sont éloignées du vulgum pecus qui découvre la France
: "Tout ce qui concerne le dîner revêt une importance
presque sacramentelle en France. La qualité de la nourriture vient
d'bord ; mais, une fois quelle est assurée, le principal souci
de l'hôtesse est que la qualité de la conversation en soit
digne. Pour y parvenir, les invités sont aussi soigneusement choisis
que des boxeurs pour un championnat, leur nombre est strictement limité,
et l'on prend bien soin de ne pas inviter deux champions susceptibles
de s'envoyer mutuellement au tapis par leur propos."
Quand
on en a parlé de programmer un de ses livres, j'ai lu Les
New-Yorkaises qui ne m'a pas semblé judicieux à
programmer. J'ai lu alors
Été,
que j'ai énormément aimé, et comme j'ai eu la bonne
idée de ne prendre aucune note, je ne me souviens plus pourquoi...
J'ai lu alors à propos d'Edith Wharton, son parcours, son uvre
si diverse (que j'ai détaillée ici).
J'ai au passage appris qu'elle avait passé une seule nuit
(catastrophique) avec son mari et avait découvert les plaisirs
de la chair à l'âge de 46 ans, avec William
Morton Fullerton, journaliste déjà marié, bisexuel,
que prisait aussi Henry James, lui écrivant : "vous êtes
éblouissant, mon cher Fullerton, vous êtes beau, vous êtes
plus que délicat, vous êtes tendrement, magiquement tactile"...
J'ai donc lu Beatrice
Palmato : fragment érotique et autres textes, qui comporte
des textes aussi divers que l'uvre d'Edith Wharton et un texte érotique
que j'ai trouvé extraordinaire.
Edith Wharton vaut vraiment la visite et je suis prête à
lire encore d'autres livres. Un jour.
Aurore
(avis
transmis après la séance)
Pour cette séance de décembre, j'ai cherché un petit
livre dans la bibliographie
d'Edith Wharton qui ne présentait pas trop de contraintes car j'ai
du mal à trouver du temps pour lire en ce moment. Mon dévolu
s'est jeté sur Kerfol
et autres histoires de fantômes qui me semblait parfaitement
adapté à cette période. D'une part car il ne présentait
que de courtes nouvelles, d'autre part car il était question de
fantômes...
Ne connaissant pas du tout Edith Wharton (inculture), j'ai décidé
de commencer par la préface du traducteur Jean-Pierre Naugrette.
Loin d'être barbante, elle était passionnante ! Cette introduction
à la vie et à l'univers des fantômes whartonniens
était parfaite. J'ai ensuite commencé à lire les
nouvelles en me demandant si la préface n'avait pas enjolivé
la prose et l'univers de l'autrice... J'ai été conquise
!
La première nouvelle, "Kerfol", nous transporte dans
un manoir proposé à la vente. Un futur acquéreur
se rend sur place, fait le tour du domaine. Il ne croise que des chiens,
des petits chiens et des grands chiens, des chiens de garde, suppose-t-il.
Des chiens de garde qui ne gardent pas grand-chose car ils ne le suivent
pas pour protéger leur domaine. De retour chez l'ami qui l'héberge
et qui lui a conseillé d'aller visiter ce manoir, il apprend les
circonstances de l'apparition de ces chiens... circonstances surprenantes
! Grâce à un récit enchâssé dans le récit
principal, on pense à Sherlock Holmes, à Conan Doyle et
à son Chien
des Baskerville, on pense à Agatha Christie et à
ses énigmes où l'assassin semble être fantomatique
avant la résolution finale... Chez Edith Wharton, la résolution
est beaucoup moins réaliste et néanmoins tout aussi captivante.
Dans "Kerfol" comme dans les autres nouvelles, la prose est
fluide (la traduction de Jean-Pierre Naugrette est parfaite !), l'ironie
toujours présente, tout comme le féminisme, chose que je
n'attendais pas dans des histoires de fantômes du XXe siècle.
Ces nouvelles m'ont permis de voyager entre la Bretagne et l'Amérique
en passant par Rome et les soirées mondaines. L'Amérique
et la Bretagne se confondaient avec les Cornouailles en hiver, sous le
brouillard, la pluie et la grisaille, lorsque les fantômes peuvent
apparaître au coin du feu. J'ai beaucoup aimé la construction
des décors, des ambiances ; ils laissent des interstices pour que
des chiens ou des yeux apparaissent sans surgir. Tout est fin et subtil,
la morale et la chute ne sont jamais violentes et angoissantes. Toutes
les scènes paraissent réelles, le surnaturel ne fait que
s'y glisser. Ces présences ne sont que le reflet des peurs des
personnages (la peur de vieillir, la peur d'être trompé,
la peur d'être malaimé) ; elles sont dépeintes comme
dans les tableaux de Rembrandt, en clair-obscur. Un peu comme dans les
séries de Mike Flanagan The
Haunting of Hill House et The
Haunting of Bly Manor (que je vous conseille, en plus il y a des
lesbiennes (clin d'il)) où les fantômes passent en
arrière-plan. Aucun "jump scare" (saut d'effroi) si classiques
des récits d'horreur ; et pourtant, tout fonctionne. Ça
marche, c'est captivant, c'est intelligent, je vous conseille de découvrir
les histoires des fantômes d'Edith Wharton. J'ai adoré découvrir
ces nouvelles, je ne m'y attendais pas, et j'en suis d'autant plus ravie
! Je vous remercie de m'avoir permis de découvrir ces histoires
et cette autrice.
Américaine ? Oui,
mais qui laisse des traces sur les murs de Paris...
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Plaque
apposée au n° 53 de la rue de Varenne, Paris 7e,
où habita la romancière Edith Wharton (1862-1937) de 1910
à 1920.
Plaque
au n° 3 de la place des États-Unis, Paris 16e. Edith
Wharton est enterrée au cimetière des Gonards, à
Versailles.
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