Lirelles

Nous avons lu pour le 21 janvier 2024

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LE LIVRE, L'AUTEURE : QUELQUES ÉLÉMENTS


Le livre

Vivre avec nos morts, Grasset, 234 p.
Quatrième de couverture : Être rabbin, c'est vivre avec la mort : celle des autres, celle des siens.
Mais c'est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : "Je me tiens aux côtés de femmes et d'hommes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits".
La tapisserie de ce livre de consolation tresse étroitement trois fils : le conte, l'exégèse et la confession.
La narration d'une vie interrompue, la manière de donner sens à cette mort à travers les textes de la tradition, et l'évocation d'une blessure intime ou la remémoration d'un épisode autobiographique dont elle a réveillé le souvenir enseveli.
Les textes sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts : "Le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte". Et permettre ainsi à chacun de faire la paix avec ses fantômes.
 
           
Le Livre de poche, 2022, 216 p.

Quatrième de couverture de l'édition poche  : Un rabbin est confronté chaque jour au mystère de la mort. Pour accompagner les mourants et réconforter les endeuillés, il tente de transmuer l'inéluctable, d'y trouver du sens : "Je me tiens aux côtés de femmes et d'hommes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits", écrit Delphine Horvilleur. Ce livre de consolation tresse étroitement trois fils - le conte, l'exégèse et la confession : la narration d'une existence interrompue, la manière de donner une signification à cette mort à travers les textes de la tradition, et l'évocation d'une blessure intime ou la remémoration d'un souvenir enfoui.
Les textes sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les défunts, et "le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte", nous invitant ainsi à faire la paix avec nos disparus et avec notre propre histoire

Un essai lumineux et intime. Libération

Une réflexion éblouissante. L’Obs

Un puissant hymne à la vie. Le Monde

PRIX BABELIO NON-FICTION 2021


Présentation

Présentation de Delphine Horvilleur => sur wikipedia

Publications

Ouvrages personnels

Contributions à des ouvrages collectifs

  • 2013 : Un cœur universel : regards croisés sur Etty Hillesum, dir. Cécilia Dutter, éd. Salvator, avec cinq auteurs de confessions et d'horizons différents : Delphine Horvilleur, Alain Delaye, Ghaleb Bencheikh, Jacques Arènes et Emmanuel Jaffelin
  • 2015 : Qui tient promesse ?, dir. Jean Birnbaum, Folio, contributions de Rachid Benzine, Alain Boyer, Philippe Corcuff, Monique Dixsaut, Arnaud Esquerre, Marie Gil, Hervé Guillemain, Delphine Horvilleur, Jean-Luc Marion, Michela Marzano, Jean-Luc Nancy, André Orléan et Véronique Ovaldé
  • 2015 : Le Bouc émissaire : ou la haine de l’autre et l’élimination de sa différence, avec Michel Maffesoli, Ivan Levaï et Pascal Perrineau, Conform éditions
  • 2019 : Suis-je le gardien de mon frère ?, présentation Jean-Philippe Pierron, éd. Presses universitaires de Lyon, Souleymane Bachir Diagne, Jean-Marie Gueullette, Delphine Horvilleur, Jean-Philippe Pierron, Frédéric Worms.
  • 2021 : Sur les chemins du paradis, catalogue de l'exposition "Sur les chemins du paradis", éd. Hazan, Philippe Augier, Jacqueline Chabbi, Gilles Chazal, Jean-François Colosimo, Eégis Debray, Claire Decomps, Lynda Frenois, Thierry Grillet, Delphine Horvilleur, Annie Vernay-Nouri
  • 2023 : préface de Le feuilleton de Tsippora, Bayard jeunesse, coll. "La mythologie grecque en 100 épisodes", Murielle Szac, ill. Joëlle Jolivet.

NOS RÉACTIONS


Les lectrices

Nous serons 20 à réagir sur ce livre prévu pour le 21 janvier 2024 :

  • en direct (12) : Brigitte, Claire Bi, Claire Bo, Felina, Flora, Joëlle L, Laetitia, Marie-Yasmine, Muriel, Nelly, Patricia, Véronique
  • par zoom (4) : Agnès, Aurore, Joëlle M, Sandra
  • par écrit (4) : Anne, Nathalie, Sophie, Stéphanie.
Les tendances

L'éventail des réactions est grand ouvert...

À plusieurs reprises, la remarque suivante est apparue : mais que vient donc faire ce livre dans la programmation de Lirelles ?! Eh oui, Lirelles, c'est l'audace, la variété, l'inattendu... Romans venus du fond des âges ou qui viennent de sortir, romans français ou de l'autre bout du monde, biographies, autobiographies, BD, essais même, rien ne nous arrête !...

La succession des avis

Anne (dont on lit le message, ainsi que d'autres qui suivent)
J'avais beaucoup aimé ce livre que j'ai lu lors d'un voyage à Jérusalem où j'ai emmené ma marraine pour ses 80 ans. Je me souviens particulièrement d'un des témoignages, celui de la femme qui était obsédée par la préparation de ses obsèques. Hâte de lire ce que vous en avez pensé.

Sophie
J'ai lu ce livre il y a deux an et j'avais beaucoup apprécié.
Je ne l'ai pas relu.
J'ai le souvenir que c'était riche de vérités et de questions.
Que le style était fluide et simple, accessible à tout.e un.e chacun.e.
Que la mort était dans la vie et inversement.
Qu'en tant que femme rabbin, elle m'avait surprise par sa grande ouverture d'esprit, de son écoute et des personnes très différentes qu'elle accompagnait dans le deuil.
D'une question à la fois naïve mais profonde d'un homme qui perdait son frère et qui lui demandait où il était.
Je me souviens aussi d'une personne très radicale qui ne voulait pas de rabbin femme.
Bonne séance.

Sandra (par écrit)
Je suis retenue au dernier moment. Je suis dégoutée, je voulais être là. J'ai adoré le livre. J'enverrai mon avis...

Joëlle L (en direct)
Pour parler de ce livre, que je n'avais aucune envie de lire, je vais me faire aider par trois assistants : Colette, Gide, Freud.
Je n'avais pas du tout envie de lire ce livre parce que Delphine Horvilleur m'agace. Je n'aime pas sa modestie ostentatoire, ni le côté rabbin du showbiz ni la "pensée positive" quand ça devient systématique. En outre, la mort ne m'intéresse pas. (Merci Colette.) Malgré tout, j'ai voulu aller au-delà de mes réticences et j'ai donc ouvert le livre. J'en ai lu un bon 3/4.
Je n'ai pas été déçue : tout ce que je craignais était au rendez-vous. J'ai eu l'impression de lire un ouvrage de développement personnel ou une compilation d'articles parus dans Elle ou Marie-Claire. La construction en chapitres autonomes m'y encourageait. C'est de la littérature pour magazine, aussi bien du point de vue du contenu que du style bien propre, bien fluide. Rien ne m'accroche, ne me secoue, ne m'interpelle vraiment. C'est tiède et bien poli. Comme disait Gide, on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. L'empathie, la bienveillance, c'est très appréciable dans la vie, mais ça ne fait pas un livre.
Et je me demande, au fond, ce qu'elle avait à me dire ? Que la mort, c'est pas facile pour ceux qui restent, mais qu'heureusement il existe des rituels et des discours pour faire passer la pilule ? Plaidoyer pro domo en somme. En prime, les liturgies, les rituels en général, pour moi c'est plutôt beurk. Un point positif tout de même. La façon de glisser des anecdotes, des "histoires juives", quelques bonnes blagues, m'a évoqué un livre de Freud que j'avais bien aimé : Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient.
Mais je maintiens que Delphine Horvilleur incarne à peu près tout ce que je n'aime pas. Besoin exacerbé d'existence médiatique, fausse modestie, escroquerie intellectuelle. Nous ne passerons pas nos vacances ensemble.

Nathalie (par écrit)
Ce livre est pour moi une découverte et une rencontre.
Une rencontre : je ne connaissais pas l'autrice, même pas de nom.
Une découverte : je ne savais rien ou presque du judaïsme libéral, des rites israélites. J'ignorais qu'une femme pouvait être rabbin, c'est dire !
J'ai lu ce petit traité d'un seul jet, je n'ai pas pu me départir de ce livre avant de l'avoir terminé.
J'ai immédiatement apprécié l'écriture de Delphine Horvilleur. Écriture simple, fluide, accessible même lorsqu'il s'agit d'aborder les textes fondateurs du judaïsme rabbinique (Le Talmud). Les différentes références à la Torah sont, quant à elles, plus faciles à comprendre puisqu'elles se retrouvent largement dans la Bible chrétienne.
J'ai aimé cet effort constant, fait par l'autrice, de rendre son propos audible, compréhensible.
Je me suis régalée avec son recours presque systématique à la linguistique. Cette volonté ininterrompue de traduire les mots hébreux, d'en revenir à leur étymologie afin d'en révéler toute leur complexité, leur valeur polysémique.
J'ai été captivée par ses talents de conteuse, son humour et aussi par les différents destins qu'elle a eu le privilège de croiser. Quelle chance que d'avoir pu approcher ou côtoyer, mortes ou vivantes, des personnes telles que Marceline Loridan, Simone Veil, Elsa Cayat, Yitzack Rabin...
J'ai aimé ce récit parce qu'il est réfléchi, étayé, empreint d'humour malgré le sérieux du sujet traité. Ce petit livre nous propose des clefs pour mieux appréhender notre existence, pour accepter l'inacceptable parfois, pour dire l'indicible souvent, pour donner un sens à ce qui en semble dépourvu.
Prendre la peine, le temps de s'entretenir avec nos mourants, parler des morts ou aux morts en présence des vivants ou de leurs survivants est un moyen de lever un peu le voile sur le mystère de la Vie.
Ce livre ne m'a en rien consolée car je n'avais pas besoin de l'être. Il m'a confortée dans l'idée que je me faisais et me fais toujours de la relation que j'entretiens avec mes défunts. Ce livre est pour moi un hymne à la Vie. Oui, définitivement oui, la vie et la mort vont main dans la main...
H'ayim !

Patricia (à l'écran)
J'admire beaucoup Delphine Horvilleur car elle a eu le courage d'affronter les règles de la communauté juive en faisant qu'une femme soit rabbin. Elle se dit rabbin "laïque" dans ce livre. C'est une femme ouverte, elle est très amie avec un Imam, Rachid Benzine, et une femme Imam.
Une des missions importantes des rabbins est d'accompagner les endeuillés.
J
'ai trouvé ce livre très intéressant, voire passionnant. Dans ce livre, elle aborde tous les sujets qui ont rapport à la mort de façon très fouillée et variée. C'est la première fois que je lis quelque chose sur un tel sujet.
L'écriture est fluide et agréable.
Ce livre se présente sous la forme d'un essai, découpé en 11 chapitres. Chaque chapitre traite d'une petite histoire dans le cadre de son métier de rabbin, en faisant référence au Talmud, à la Torah ou à la Bible, avec à chaque fois une petite note d'humour. J'ai appris beaucoup sur la culture juive.
J'ai pleuré quand cela fait écho à mon histoire. Et j'ai trouvé émouvant lorsqu'elle parle de sa famille maternelle ayant connu les plaines de Birkenau… et sur l'amitié entre Simone et Marceline…
J'ai aussi ri. J'adore l'humour juif, même lors d'un deuil, ils restent joyeux (exemple page 65).
Une des phrases est tellement juste : "Le Dibbouk (fantôme) s'arrime à nos vies. Il n'est ni bon, ni mauvais, ni bien ni mal intentionné. Il s'accroche à nos histoires, comme un parasite. Il arrive qu'il nous gêne ou nous aide, qu'il nous empêche ou au contraire nous permette d'aller ailleurs." (p. 51)
Il faudrait que je cherche en quoi cette phrase me touche dans mon histoire personnelle. De plus, cette phrase fait écho au livre La sentence de Louise Erdrich, sur les fantômes, les superstitions, les conjurations... Coutumes qui existent en réalité dans toutes les cultures, et qui sont ancrées inconsciemment dans l'instinct de chaque personne (ou presque),.
Une autre phrase importante (dite par la psychanalyste Elsa Cayat) : "Un sentiment de panique est un sentiment d'abandon très puissant qui réactive quelque chose que l'on ne t'a pas dit sur TON histoire. Cette peur de mourir, c'est une envie de mourir, la peur d'être abandonné se traduisant par une envie de s'abandonner définitivement." (p. 54)
Ce livre permet en plus de bien comprendre le métier de rabbin, en quoi il peut être nécessaire pour certaines personnes.
En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce livre. Il m'aurait fallu un ou deux jours de plus pour faire une analyse plus poussée. J'ai lu rapidement les trois derniers chapitres, dont je n'ai pas compris le sens.

Agnès (à l'écran)
Delphine Horvilleur est une femme, une penseuse, que j'admire et que j'écoute toujours avec beaucoup d'intérêt. Je la trouve d'une grande intelligence et sensibilité, d'une grande culture et d'une ouverture d'esprit peu commune dans le monde religieux. Je la sens totalement engagée en tant que rabbine, mais pas du tout dogmatique. Au contraire, à l'écouter, à la lire (j'ai lu d'elle précédemment Le  rabbin et le psychanalyste), j'apprécie la distance qu'elle met entre sa religion et sa pensée, et je dirais même l'irrévérence avec laquelle elle traite parfois le dieu de sa religion.
Par exemple, quand elle écrit : "Quand on connaît l'histoire juive et son enchaînement de catastrophes et de drames, on se demande, avec une pointe d'ironie, s'il ne faudrait pas cesser de remercier Dieu à chaque génération pour son intervention miraculeuse, histoire de voir si cela fait une différence". C'est une phrase très forte et inattendue dans la bouche d'une personne religieuse.
J'ai trouvé ce livre passionnant.
J'avoue que j'avais tout de même une réticence à commencer l'année avec un essai sur la mort…
Mais, effectivement, comme l'ont fait remarquer celles d'entre vous qui l'avaient déjà lu, ce n'est pas du tout un livre démoralisant ou morbide. Il est au contraire plein de vie, de respect, d'humour, de sensibilité et d'érudition.
Outre les différentes histoires de deuils vécues par l'entourage de personnes célèbres ou inconnues, qui sont toutes très émouvantes à lire, j'ai beaucoup appris :
- la signification des cailloux déposés sur les tombes (pour signaler leur présence, quand il n'y avait pas de cimetières)
- celle de l'habit blanc des fantômes (le linceul que l'on coud).
L'ange de la mort dans la tradition juive, Azraël, m'a fait penser à l'Ankou de la tradition bretonne qui est incarné par un vieil homme (contrairement à la Faucheuse qui est représentée par une femme).
En revanche, si je suis certaine que Delphine Horvilleur a apporté un véritable réconfort aux personnes qu'elle a accompagnées en tant que rabbine, je trouve que le sous-titre "Petit traité de consolation" n'est pas très bien choisi, car il pourrait faire croire à un manuel pour apprendre à surmonter un deuil. Cet essai est beaucoup plus profond que cela.
Par ailleurs, son style est fluide, très agréable à lire, elle écrit en penseuse et en conteuse.
La traduction de l'hébreu et l'étymologie lui permettent de très belles images, comme celle du panier pour parler des générations et du traumatisme qui peut se transmettre et bouleverser les enfants et petits-enfants.
Pour terminer, j'ajouterais que la légende de Skotzel, choisie par les femmes pour plaider leur cause auprès de leur dieu m'a enchantée, ainsi que l'expression "Skotzel est arrivée !".

Nelly (en direct)
Le thème du livre me semblait difficile en ce début d'année et j'ai été étonnée de ce choix.
Je l'ai néanmoins lu sans difficulté jusqu'aux deux derniers chapitres qui m'ont semblé encore plus que les précédents, empreints d'une quantité de références religieuses qui m'ont un peu perdue.
Je reconnais la grande qualité de ce livre, son intelligence, sa pédagogie, son humanité et une écriture claire ; mais je ne me sens pas d'en débattre au sein d'un club de lecture comme le nôtre. Je le verrais plus dans un cercle de philosophes. Pour ma part la religion est du ressort de l'intime, de notre histoire personnelle.
Oui, c'est une femme qui écrit, qui raconte des parcours où des femmes sont présentes, mais tous ces symboles, contes textes et paraboles m'ont rappelé les intentions du catéchisme chrétien lorsque d'abord on nous raconte une histoire, puis on réfléchit sur sa signification religieuse.
La lecture m'a semblé accessible et certains passages sont très beaux, et même émouvants. J'ai compris la signification de certains symboles de la religion juive, ce fut instructif. Les personnages sont originaux, mais j'ai eu du mal avec les chapitres "Moïse" et "Israël", pour les raisons citées plus haut.

Claire Bo (en direct)
J'avais lu Il n'y a pas de Ajar, sous-titré "Monologue contre l'identité" dont le propos - rejet des assignations - et la référence à Romain Gary - qui avait adopté une deuxième identité pour pouvoir écrire différemment - avaient tout pour me plaire et qui m'avaient beaucoup déçue, mal foutu.
J'ai trouvé tout à fait autre chose à me mettre sous la dent avec Vivre avec nos morts.
On s'étonnera de lire ce livre là où on lit plutôt de la littérature ? Et pourtant, on y raconte des histoires, avec un art de narrer. Il y a des personnages attachants, un sens de la formule ("mon rôle me protégeait un peu et m'obligeait beaucoup"), des variations de registres, des scènes fortes, des alternances relevant d'une construction soignée, les émotions sont là (larmes, sourire, étonnement - l'histoire de Myriam digne des Marx Brothers est grandiose...), on s'instruit (notamment sur le sens des symboles), on est concerné (renvoyé à sa propre vie), invité à la réflexion (par exemple faut-il vraiment respecter les souhaits du mort alors que les funérailles sont pour les vivants). Les histoires de ses personnages sont mêlées subtilement à l'Histoire et à l'histoire de l'auteure, discrètement. J'ai apprécié la distance à laquelle elle se situe, ni tire-larme, ni sentencieuse, à la limite bien tenue, non sans humour. J'ai également apprécié son positionnement par rapport au rigorisme de sa religion - on sent sa liberté d'esprit, sans rébellion, à la limite aussi.
J'ai trouvé très juste le rapprochement qu'a fait Patricia avec Louise Erdrich et ses fantômes ; je rapprocherai ce livre de celui de Laure Murat, en raison du "genre" du livre, difficile à ranger en librairie, mêlant réflexion, narration, autobiographie.
Je suis sensible à la vacherie de Joëlle, sur deux points : la médiatisation de l'auteure et le côté "développement personnel" qui peuvent agacer. Mais j'ai lu le livre en ne pensant ni à l'une ni à l'un. Par contre, ma réserve concerne la part de la religion : le livre m'aurait semblé plus abouti si elle avait réduit les références religieuses parfois trop longues (le chapitre Moïse n'en finissait plus et mon ennui non plus).
J'avais lu ce livre il y a un an et je m'y suis replongée pour la séance : ce qui m'a frappée, c'est que d'emblée l'émotion était là, avec une voix qui me parle ; je pensais le lisoter, j'ai tout relu.

Laetitia (en direct)
Je fais partie des "mitigées".
Dans un premier temps, je n'ai eu aucune envie de lire ce livre, en raison de son titre et des thématiques : la mort, la religion. La mort est un sujet
difficile et pénible que la plupart du temps on fuit.
Mais j'avais envie de découvrir cette femme, cette autrice - qui fut journaliste, mannequin - dont on parle beaucoup, qui est très médiatisée, et l'une des premières femmes rabbines françaises.
Je commence par des points positifs.
- Découvrir les coulisses de l'enterrement de personnes connues rend accessible le texte, de même que les références à des affaires connues, telles Charlie Hebdo, Ilan Halimi, l'assassinat d'Yitzhak Rabin.
- J'ai été sensible à la délicatesse, le sens critique, la subtilité, l'humour, notamment avec le chapitre "Myriam" ; l'émotion : en particulier avec l'amitié entre Simone et Marceline.
- J'ai
appris des choses, découvert une religion.
- J'ai apprécié la réflexion favorisée sur soi, les autres, la famille, les époques (cf. la Shoah) et l'actualité, avec la montée de l'antisémitisme en France et en Europe.
- C'est très bien écrit et la construction intéressante, fondée sur des prénoms qui renvoient à des personnes connues ou pas, éclectiques : par exemple, Elsa Cayat (psychiatre), Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens, une amie, Ariane, un personnage religieux Moise.
Points négatifs, mes réserves
- Deux chapitres contiennent trop de théorie religieuse et de références juives : "Moïse", "Israël".
- Elle partage beaucoup ses doutes, sans aucune certitude : cela renvoie à nos propres interrogations et angoisses. Je cherche autre chose dans la lecture et la littérature.
Au final, je suis contente de connaître un peu mieux ce "nom".
Avec un sujet difficile, c'est une lecture qui m'a tout de même demandé beaucoup d'efforts bien que ce soit un texte assez court.

Felina
(en direct)
J'apprécie Delphine Horvilleur :à chaque fois que je tombe sur elle dans les médias, je l'écoute avec intérêt, je trouve qu'elle a une présence et je suis impressionnée par son intelligence et sensibilité.
J'ai retrouvé dans son écriture les qualités que je lui trouve à l'écran, une femme cultivée qui a le don de rendre ses connaissances accessibles en toute simplicité.
Le livre est un texte pédagogique qui traite avec beaucoup d'humanité les thèmes de la perte, du deuil et de la réconciliation.
J'ai été frappée par l'ouverture d'esprit de la femme rabbin, qui ne semble pas dogmatique comme peuvent l'être beaucoup d'autres figures religieuses.
Tout en reconnaissant un grand nombre de qualités à l'auteure et au texte, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout, car je pense avoir été rebutée par le thème de la mort et des enterrements.
Certes, les anecdotes concernant les traditions et les rites juifs m'ont intéressée par curiosité. Mais un peu comme Joëlle, j'ai trouvé que tout était un peu trop bienveillant, optimiste et dans une vision un peu "développement personnel".
Le sous-titre, "petit traité de consolation", m'a semblé
aussi une façon pour convaincre le lecteur en quête de consolation à acheter le livre, alors que je n'ai trouvé rien de consolatoire dans le texte.
En conclusion, je conserve mon apriori positif sur l'auteure et je pense que je pourrais apprécier ses autres livres concernant d'autres arguments.

Flora (en direct)
J'ai adoré.
J'ai aimé l'écriture, simple.
Je suis rentrée très vite dans la première histoire.
Je ne connaissais pas du tout l'auteure. J'ai apprécié la personne. J'ai ressenti du respect. Je suis admirative pour son parcours.
J'entends l'argument de Joëlle de fausse modestie, de rabbin de showbiz. Au contraire, je l'ai trouvée humble.
Au début, elle évoque des personnes connues. Mais cela ne continue pas, et viennent ensuite des personnes lambdas dont je peux m'approprier les histoires.
Oui, je la trouve humble par rapport à son métier ; elle avoue qu'elle n'a pas les réponses à tout. Elle mentionne la distance nécessaire, difficile à trouver. Elle est très juste par rapport à ses limites.
C'est un vrai coup de cœur.
J'ai adoré l'histoire de Myriam : c'est génial de lui faire vivre son enterrement ; c'est très beau.
La religion est très présente dans ce livre et j'ai bien aimé. Contrairement à toi Nelly, je suis trop contente qu'on l'ait lu. Ce livre est au Top 3 des livres qu'on a lus. Et c'était un choix audacieux.

Marie-Yasmine (en direct)
J'avais un apriori positif parce qu'il m'a été beaucoup recommandé.
Je l'ai finalement trouvé très inégal.
Le style d'écriture n'a rien d'extraordinaire et le livre alterne entre des moments très intéressants (grâce aux anecdotes, aux explications sur l'étymologie hébraïque et aux blagues juives hilarantes) et des moments creux et remplis de poncifs.
La réflexion sur la laïcité et la "fable" sur les rabbins qui remettent Dieu à sa place est très éclairante, et c'est un avis précieux dans le contexte actuel mais tout de suite on est rattrapé par des moments lourds avec des "bondieuseries" comme elle l'avoue elle-même.
Souvent on glisse dans le symbolisme facile et qui se prétend universel, sans fondement pour appuyer cette prétention.
On sent aussi qu'elle se contorsionne pour donner un sens progressiste aux textes et rites. Par exemple elle présente le passage du jardin d'éden comme une sagesse sur la mort, ce qu'il peut être si on le décide mais dans ce cas ce n'est plus un message universel, et oublie volontairement ses autres sens, sexistes, patriarcaux, condescendants.
C'est un peu le travers des religieux de choisir un sens à un texte et de prétendre que ce texte sacré le porte et que donc le message est universel et c'est dommage qu'elle rentre dans ce schéma en étant libérale.
Ce n'est pas facile d'être une femme et de défendre et représenter une institution par essence patriarcale, cela demande une certaine gymnastique intellectuelle mais j'aurais apprécié qu'elle soit plus transparente sur ce sujet et qu'elle ne présente pas comme étant évidentes ses interprétations libérales.
Sur un aspect plus positif : elle parvient à rester légère et à aborder un sujet difficile (le deuil) avec tact, douceur et discernement, on note son expérience dans cette matière.
En revanche ses observations et réflexions sur les sujets qui ne sont pas son domaine d'expertise sont intéressantes, péremptoires et creuses.
Par ailleurs je n'ai pas trouvé qu'elle n'apporte ni éclairage ni réconfort sur ce thème du deuil.

Aurore (à l'écran)
J'ai été étonnée de ce choix, en raison des thèmes, la mort, la religion.
Et au final, agréablement surprise.
Un roman vous transporte ailleurs.
Ici, dans ce livre, j'ai beaucoup aimé le rapport avec la mort.
C'est un livre très bien écrit, avec un art de raconter.
J'ai également beaucoup appris, par exemple le sens des cailloux, sur les rabbins.
J'ai apprécié l'humour.
Je trouve la narration délicate, avec par exemple l'alternance de personnes connues et d'autres pas.
J'ai été émue parfois, notamment dans le chapitre sur Marceline.
Je ne m'attendais pas à bien aimer ce livre…

Véronique (en direct)
J'avais acheté ce livre dès sa sortie et l'avais beaucoup aimé.
Quand il s'est agi de le programmer, j'étais partante : enfin un livre déjà lu !
Et je l'ai relu dans son intégralité !
Entre ma première lecture et maintenant, je l'ai vu davantage comme un conte, pas que sur la mort. Elle évoque aussi sa propre vie, par exemple son amour, qui s'arrête avec la mort de Rabin. Le livre ne concerne pas que la mort, il parle aussi de son métier, et c'est vrai que c'est une part importante de son job. Un chapitre qui m'a particulièrement plu, est celui qui parle de son amie, qui traite de l'amitié, des sentiments pour les proches et l'accompagnement des êtres chers.
C'est un livre qui se lit facilement, qui est bien écrit. Ce n'est pas un livre " de littérature ", c'est un livre sur la vie d'un rabbin, une forme de témoignage. J'ai beaucoup appris sur le judaïsme.
Quand on a parlé de le programmer et que son titre suscitait des craintes, j'ai dit : mais ce n'est pas du tout triste ! En le relisant, je me suis trouvée bien plus dans l'émotion qu'à la première lecture.
Quant à la fin du livre, elle m'a pesé…, sans m'apporter grand-chose.
Mais les chapitres avec les blagues juives, j'ai beaucoup aimé. Ainsi que la façon de faire revivre des gens connus.
C'est vrai que sur le moment, quand on l'a choisi, j'ai été étonnée. Sans doute parce que je voyais plus le livre comme un témoignage.

Brigitte (en direct)
Voilà un livre que j'ai lu quasiment d'une traite, avec un grand plaisir, happée par la qualité de la narration jusqu'aux derniers chapitres, bien que laissée sur la réserve à la fin (à cause de l'actualité).
Chapitres courts, personnages bien campés et attachants pour la plupart, hormis l'enfant aux legos. Hormis également - mais c'est personnel - le chapitre sur "Marceline et Simone" qui m'a semblé convenu, déjà lu maintes fois, surtout comparé au reste.
Ce qui m'a particulièrement intéressée, ce sont les explications de symboles (les pierres sur les tombes) et plus encore les étymologies expliquant en profondeur le sens de certains termes et de certaines images (dont celle du panier). Je me suis dit en lisant que si l'auteure donnait encore des cours d'hébreu, je les aurais volontiers suivis.
Pourtant, comme j'avais lu le livre il y a plusieurs mois, j'ai voulu relire les notes que j'avais prises en prévision de la séance de Lirelles : je me suis alors aperçue que je n'en gardais qu'un souvenir ténu, un peu flou. Sans doute, emportée par la narration avais-je lu un peu vite, comme on lit des contes.
Donc, finalement, je peux dire a posteriori que le plus intéressant dans l'histoire aura été la séance de Lirelles. C'est ce que j'en retiendrai.

Claire Bi (en direct)
Ma lecture est mitigée. D'abord très laborieuse, au moins jusqu'au premier tiers. Impossible de se plonger dans ce "petit traité de consolation", ces anecdotes d'humour et de sagesse millénaire d'un peuple, vu ce que les Palestiniens vivent. Mon esprit ne se fixait pas sur les phrases, même quand leur sens résonnait avec mes convictions (sur le rôle d'accompagnement - traduction - passation de celui ou celle qui officie aux cérémonies de deuil par exemple, ou le fait que notre enterrement ne nous appartienne pas). Même chose quand elle explique des choses subtiles et passionnantes sur la culture juive, ou qu'elle évoque Simone et Marceline qui discutent sur le lit d'une chambre d'hôtel, scène que je connais pourtant presque par cœur et que j'adore.
J'ai trouvé l'écriture plate et déjà lue ailleurs, sauf ses descriptions de l'hébreu comme langue diffractée, pleine de greffes qui se sédimentent et dont on peut déplier les syllabes à l'infini pour en tirer différents niveaux de sens qui font des coutures réussies à plusieurs endroits du texte.
C'est finalement la dernière partie que j'ai pu apprécier, avec ses interprétations des légendes bibliques : celle d'Ézéchiel et de Rebecca, de la mort de Moïse ou des deux mondes qui cœxistent et qu'on peut parfois traverser sans que personne pourtant n'en soit bien sûr. Les deux derniers chapitres m'ont plu dans ce qu'ils disaient de sa propre trajectoire, jusqu'aux cerises de Westhoffen.

Muriel (en direct)
J'ai bien connu Delphine Horvilleur... euh, je l'ai rencontrée une fois.
Mon grand-père paternel était juif, ma mère non, donc je ne le suis pas. Et pas croyante pour un sou, mais j'ai de longues années chanté en quatuor pour les fêtes juives de Rosh Hashana et Kippour que le MJLF (Mouvement juif libéral de France) organisait à la salle de la Mutualité avec le rabbin Daniel Farhi ; elle officiait avec lui et était venue nous saluer (on chantait cachés) et m'avait paru extrêmement sympathique (et belle !).
J'avais lu il y a un moment déjà Vivre avec les morts que j'ai relu et beaucoup plus aimé qu'à la première lecture.
Le livre m'a beaucoup plu, je l'ai trouvé constamment intéressant. Je pense en particulier au récit concernant son amie morte, très touchant, mais non dépourvu d'humour quand elle évoque leur côté "jumelles" qu'elle mentionne ainsi : mi fa sol la mi ré ré mi fa sol sol sol ré do
...
Comme Véronique, j'assimile aussi le livre à un témoignage, à une sorte de reportage sur la vie de rabbine.

Joëlle M (à l'écran)
Comme pour beaucoup, le titre ne m'inspirait pas…
Les deux premiers chapitres m'ont rassurée. Sa manière de traiter avec légèreté des sujets graves - la mort, le terrorisme - m'a incitée à continuer la lecture.
Globalement, j'ai bien aimé. J'ai aimé sa façon d'entremêler des anecdotes à son propos.
J'ai appris beaucoup de choses sur la religion juive, n'y connaissant pas grand-chose - je suis catholique - et j'ai trouvé claires ses explications.
J'ai moi aussi trouvé longuets les deux derniers chapitres, bien trop détaillés.
Mais j'ai apprécié le livre, son style simple.
Il est facile à lire ; je l'ai lu en deux jours.
Bref, passé la barrière du titre, le livre vaut le détour et je le recommande : merci Lirelles !

Sur cette déclaration finale, s'ensuit un grand silence…
Que Nelly finit par rompre et commenter ainsi : "Silence de mort"...

Sandra (quelques jours après la séance)
Au départ, j'ai été surprise de cette proposition, d'une part par rapport au métier de l'auteure (monde religieux) et d'autre part du titre de l'ouvrage qui n'annonçait rien de joyeux.
Je connaissais rapidement l'auteure car je l'avais déjà vue sur des plateaux télé, je trouvais qu'elle s'exprimait bien, qu'elle avait des propos intéressants, mais je n'avais pas creusé davantage son parcours et ses écrits.
Et bien, dès les premières pages, je suis rentrée dans le livre.
Tout d'abord, du point de vue de l'écriture, agréable à lire, chapitres ni trop courts ni trop longs, un rythme qui n'endort pas... j'ai apprécié.
Mais c'est le contenu qui m'a plu. L'auteure parle d'un thème, la mort, qui est en général défini comme glauque, triste etc. et là, elle arrive à en faire un sujet plus qu'intéressant, nous démontrant par des histoires qu'elle a vécues, qu'elle est autour et avec nous, et qu'au lieu d'en avoir peur, il faut la comprendre, l'appréhender et si besoin être accompagné. Et c'est le rôle notamment d'un rabbin.
Cet accompagnement passe par la transmission d'histoires, de témoignages, afin de conforter les gens face à un épisode tragique, et face à leur propre histoire. Et c'est cela qu'elle explique parfaitement dans son livre.
Sans mettre sur un piédestal la religion juive par rapport à d'autres, elle nous délivre des messages, tout en ayant un sens critique et acerbe. De même pour les épisodes de l'histoire religieuse, elle ne nous impose pas une doctrine religieuse, au contraire elle attaque certaines pensées. J'ai aimé ces références bibliques et à la Torah ; ce fut instructif, et ça allait tout à fait avec le concept du livre, expliquer son métier.
Et sans oublier, l'humour. En effet, elle en met tout au long des pages, et malgré le contexte de l'histoire contée.
Il y a plusieurs chapitres très touchants, mais celui sur Simone et Marceline était grandiose.
Donc pour conclure, vous l'avez compris, j'ai adoré, et n'ai pas lâché l'ouvrage. Je surveillerai à présent les écrits de cette auteure.

Stéphanie (quelques semaines plus tard)
J'ai été extrêmement touchée par ces récits, qui racontent des souffrances universelles sous le prisme d'une religion juive éclairée. J'ai beaucoup appris sur le judaïsme et ses rites. Malgré la difficulté du sujet qui peut réactiver nos propres deuils, j'ai été doucement bercée chaque soir pendant quelques jours par cette lecture poétique, douce, qui arrive à mon sens non pas à gommer la violence de la mort et celle de l'ancien testament mais à les intégrer dans un cheminement plus proche de la vie. Le sous-titre "traité de consolation" est donc bien choisi.
Au niveau du contenu, je retiendrai tout particulièrement les chapitres sur Elsa Cayat et celui sur sa correspondance autour de la mort avec un homme décédé quelques mois plus tard. J'ai été très émue par l'histoire de Sarah, cette rescapée que son fils enterre seul. Simone et Marceline m'ont paru si vivantes, j'ai adoré ce chapitre. Enfin, j'ai trouvé extraordinaire l'histoire de la dame new-yorkaise qui ajoute de la légèreté après deux récits de morts particulièrement difficiles (un enfant, puis une jeune maman, amie de l'auteur), mais relatés sans pathos, avec justesse et tendresse.
Très belle lecture que je recommande !


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