Présentation de Delphine
Horvilleur => sur
wikipedia
Ouvrages personnels
- en 2013 : En
tenue d'Ève : féminin, pudeur et judaïsme,
Grasset ; rééd. Points,
2018
- 2015 : Comment
les rabbins font les enfants
: sexe, transmission, identité dans le judaïsme, Grasset
; rééd. Le
Livre de poche, 2017
- 2017 :
Des mille et une façons d'être juif ou musulman : dialogue,
avec Rachid Benzine, Seuil ; rééd. Points,
2019
- 2019 : Réflexions
sur la question antisémite, Grasset ; rééd.
Le
livre de poche, 2020
- 2020 : Comprendre
le monde, Bayard, coll. "Les petites conférences"
- 2020 : Le
rabbin et le psychanalyste : l'exigence d'interprétation,
éd. Hermann
- 2021 : Vivre
avec nos morts : petit traité de consolation,
Grasset ; rééd. Le
Livre de poche, 2022
- 2022 : Il
n'y a pas de Ajar : monologue contre l'identité,
Grasset, adapté au théâtre,
mise en scène Johanna Nizard et Arnaud Aldigé. Jeu : Johanna
Nizard, en décembre 2022 au Théâtre
du Rond-Point, en janvier 2024 au Théâtre
de la cité internationale
Contributions à des ouvrages collectifs
- 2013 : Un
cur universel : regards croisés sur Etty Hillesum,
dir. Cécilia Dutter, éd. Salvator, avec cinq auteurs de
confessions et d'horizons différents : Delphine
Horvilleur, Alain Delaye, Ghaleb Bencheikh, Jacques Arènes
et Emmanuel Jaffelin
- 2015 : Qui
tient promesse ?, dir. Jean Birnbaum, Folio, contributions de
Rachid Benzine, Alain Boyer, Philippe Corcuff, Monique Dixsaut, Arnaud
Esquerre, Marie Gil, Hervé Guillemain, Delphine
Horvilleur, Jean-Luc Marion, Michela Marzano, Jean-Luc Nancy,
André Orléan et Véronique Ovaldé
- 2015 : Le
Bouc émissaire : ou la haine de lautre et lélimination
de sa différence, avec Michel Maffesoli, Ivan Levaï
et Pascal Perrineau, Conform éditions
- 2019 : Suis-je
le gardien de mon frère ?, présentation Jean-Philippe
Pierron, éd. Presses universitaires de Lyon, Souleymane Bachir
Diagne, Jean-Marie Gueullette, Delphine Horvilleur,
Jean-Philippe Pierron, Frédéric Worms.
- 2021 : Sur les chemins du paradis, catalogue de l'exposition
"Sur les chemins du paradis", éd. Hazan, Philippe
Augier, Jacqueline Chabbi, Gilles Chazal, Jean-François Colosimo,
Eégis Debray, Claire Decomps, Lynda Frenois, Thierry Grillet,
Delphine Horvilleur, Annie Vernay-Nouri
- 2023 : préface de Le
feuilleton de Tsippora, Bayard jeunesse, coll. "La mythologie
grecque en 100 épisodes", Murielle Szac, ill. Joëlle
Jolivet.
NOS
RÉACTIONS
Nous serons 20
à réagir sur ce livre prévu pour le 21
janvier 2024 :
- en direct (12) : Brigitte,
Claire Bi, Claire Bo, Felina, Flora, Joëlle
L, Laetitia, Marie-Yasmine, Muriel, Nelly, Patricia, Véronique
- par zoom (4) : Agnès,
Aurore, Joëlle M, Sandra
- par écrit (4)
: Anne, Nathalie, Sophie, Stéphanie.
L'éventail des réactions est grand ouvert...
- N'ont pas aimé
(3) et n'ont pas mâché leurs mots, en plus chacune avec
des vacheries différentes... : Joëlle L,
Marie-Yasmine, Nelly.
- En retiennent des aspects
positifs, mais ont des réserves
fortes (3) : Claire Bi, Felina,
Laetitia.
- Sont très positives,
mais plus retenues que les suivantes (6) : Aurore,
Brigitte, Claire Bo,
Joëlle M, Sophie,
Véronique.
- Sont enthousiastes, voire
adorent (8) : Agnès, Anne,
Flora, Muriel, Nathalie,
Patricia, Sandra, Stéphanie.
À
plusieurs reprises, la remarque suivante est apparue : mais que vient
donc faire ce livre dans la programmation de Lirelles ?! Eh oui,
Lirelles, c'est l'audace, la variété, l'inattendu...
Romans venus du fond des âges ou qui viennent de sortir, romans
français ou de l'autre bout du monde, biographies, autobiographies,
BD, essais même, rien ne nous arrête !...
Anne (dont on
lit le message, ainsi que d'autres qui suivent)
J'avais beaucoup aimé ce livre que j'ai lu lors d'un voyage à
Jérusalem où j'ai emmené ma marraine pour ses 80
ans. Je me souviens particulièrement d'un des témoignages,
celui de la femme qui était obsédée par la préparation
de ses obsèques. Hâte de lire ce que vous en avez pensé.
Sophie
J'ai
lu ce livre il y a deux an et j'avais beaucoup apprécié.
Je ne l'ai pas relu.
J'ai le souvenir que c'était riche de vérités et
de questions.
Que le style était fluide et simple, accessible à tout.e
un.e chacun.e.
Que
la mort était dans la vie et inversement.
Qu'en tant que femme rabbin, elle m'avait surprise par sa grande ouverture
d'esprit, de son écoute et des personnes très différentes
qu'elle accompagnait dans le deuil.
D'une question à la fois naïve mais profonde d'un homme qui
perdait son frère et qui lui demandait où il était.
Je me souviens aussi d'une personne très radicale qui ne voulait
pas de rabbin femme.
Bonne séance.
Sandra
(par écrit)
Je suis retenue au dernier moment. Je suis dégoutée, je
voulais être là. J'ai adoré le livre. J'enverrai mon
avis...
Joëlle
L (en direct)
Pour parler de ce livre, que je n'avais
aucune envie de lire, je vais me faire aider par trois assistants :
Colette, Gide, Freud.
Je n'avais pas du tout envie de lire ce livre parce que Delphine Horvilleur
m'agace. Je n'aime pas sa modestie ostentatoire, ni le côté
rabbin du showbiz ni la "pensée positive" quand ça
devient systématique. En outre, la mort ne m'intéresse pas.
(Merci Colette.) Malgré tout, j'ai voulu aller au-delà
de mes réticences et j'ai donc ouvert le livre. J'en ai lu un bon
3/4.
Je n'ai pas été déçue : tout ce que je craignais
était au rendez-vous. J'ai eu l'impression de lire un ouvrage de
développement personnel ou une compilation d'articles parus dans
Elle ou Marie-Claire. La construction en chapitres autonomes
m'y encourageait. C'est de la littérature pour magazine, aussi
bien du point de vue du contenu que du style bien propre, bien fluide.
Rien ne m'accroche, ne me secoue, ne m'interpelle vraiment. C'est tiède
et bien poli. Comme disait Gide, on ne fait pas de bonne littérature
avec de bons sentiments. L'empathie, la bienveillance, c'est très
appréciable dans la vie, mais ça ne fait pas un livre.
Et je me demande, au fond, ce qu'elle avait à me dire ? Que la
mort, c'est pas facile pour ceux qui restent, mais qu'heureusement il
existe des rituels et des discours pour faire passer la pilule ? Plaidoyer
pro domo en somme. En prime, les liturgies, les rituels en général,
pour moi c'est plutôt beurk. Un point positif tout de même.
La façon de glisser des anecdotes, des "histoires juives",
quelques bonnes blagues, m'a évoqué un livre de Freud
que j'avais bien aimé : Le
mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient.
Mais je maintiens que Delphine Horvilleur incarne à peu près
tout ce que je n'aime pas. Besoin exacerbé d'existence médiatique,
fausse modestie, escroquerie intellectuelle. Nous ne passerons pas nos
vacances ensemble.
Nathalie
(par écrit)
Ce
livre est pour moi une découverte et une rencontre.
Une rencontre : je ne connaissais pas l'autrice, même pas de nom.
Une découverte : je ne savais rien ou presque du judaïsme
libéral, des rites israélites. J'ignorais qu'une femme pouvait
être rabbin, c'est dire !
J'ai lu ce petit traité d'un seul jet, je n'ai pas pu me départir
de ce livre avant de l'avoir terminé.
J'ai immédiatement apprécié l'écriture de
Delphine Horvilleur. Écriture simple, fluide, accessible même
lorsqu'il s'agit d'aborder les textes fondateurs du judaïsme rabbinique
(Le Talmud). Les différentes références à
la Torah sont, quant à elles, plus faciles à comprendre
puisqu'elles se retrouvent largement dans la Bible chrétienne.
J'ai aimé cet effort constant, fait par l'autrice, de rendre son
propos audible, compréhensible.
Je me suis régalée avec son recours presque systématique
à la linguistique. Cette volonté ininterrompue de traduire
les mots hébreux, d'en revenir à leur étymologie
afin d'en révéler toute leur complexité, leur valeur
polysémique.
J'ai été captivée par ses talents de conteuse, son
humour et aussi par les différents destins qu'elle a eu le privilège
de croiser. Quelle chance que d'avoir pu approcher ou côtoyer, mortes
ou vivantes, des personnes telles que Marceline Loridan, Simone Veil,
Elsa Cayat, Yitzack Rabin...
J'ai aimé ce récit parce qu'il est réfléchi,
étayé, empreint d'humour malgré le sérieux
du sujet traité. Ce petit livre nous propose des clefs pour mieux
appréhender notre existence, pour accepter l'inacceptable parfois,
pour dire l'indicible souvent, pour donner un sens à ce qui en
semble dépourvu.
Prendre la peine, le temps de s'entretenir avec nos mourants, parler des
morts ou aux morts en présence des vivants ou de leurs survivants
est un moyen de lever un peu le voile sur le mystère de la Vie.
Ce livre ne m'a en rien consolée car je n'avais pas besoin de l'être.
Il m'a confortée dans l'idée que je me faisais et me fais
toujours de la relation que j'entretiens avec mes défunts. Ce livre
est pour moi un hymne à la Vie. Oui, définitivement oui,
la vie et la mort vont main dans la main...
H'ayim !
Patricia
(à
l'écran)
J'admire beaucoup Delphine Horvilleur car elle a eu le courage d'affronter
les règles de la communauté juive en faisant qu'une femme
soit rabbin. Elle se dit rabbin "laïque" dans ce livre.
C'est une femme ouverte, elle est très amie avec un Imam, Rachid
Benzine, et une femme Imam.
Une des missions importantes des rabbins est d'accompagner les endeuillés.
J 'ai trouvé
ce livre très intéressant, voire passionnant. Dans ce livre,
elle aborde tous les sujets qui ont rapport à la mort de façon
très fouillée et variée. C'est la première
fois que je lis quelque chose sur un tel sujet.
L'écriture est fluide et agréable.
Ce livre se présente sous la forme
d'un essai, découpé en 11 chapitres. Chaque chapitre traite
d'une petite histoire dans le cadre de son métier de rabbin, en
faisant référence au Talmud, à la Torah ou à
la Bible, avec à chaque fois une petite note d'humour. J'ai appris
beaucoup sur la culture juive.
J'ai pleuré quand cela fait écho à mon histoire.
Et j'ai trouvé émouvant lorsqu'elle parle de sa famille
maternelle ayant connu les plaines de Birkenau
et sur l'amitié
entre Simone et Marceline
J'ai aussi ri. J'adore l'humour juif, même lors d'un deuil, ils
restent joyeux (exemple page 65).
Une des phrases est tellement juste : "Le Dibbouk (fantôme)
s'arrime à nos vies. Il n'est ni bon, ni mauvais, ni bien ni mal
intentionné. Il s'accroche à nos histoires, comme un parasite.
Il arrive qu'il nous gêne ou nous aide, qu'il nous empêche
ou au contraire nous permette d'aller ailleurs." (p. 51)
Il faudrait que je cherche en quoi cette phrase me touche dans mon histoire
personnelle. De plus, cette phrase fait écho au livre La
sentence de Louise Erdrich, sur les fantômes, les superstitions,
les conjurations... Coutumes qui existent en réalité dans
toutes les cultures, et qui sont ancrées inconsciemment dans l'instinct
de chaque personne (ou presque),.
Une autre phrase importante (dite par la psychanalyste Elsa Cayat) : "Un
sentiment de panique est un sentiment d'abandon très puissant qui
réactive quelque chose que l'on ne t'a pas dit sur TON histoire.
Cette peur de mourir, c'est une envie de mourir, la peur d'être
abandonné se traduisant par une envie de s'abandonner définitivement."
(p. 54)
Ce livre permet en plus de bien comprendre le métier de rabbin,
en quoi il peut être nécessaire pour certaines personnes.
En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce livre. Il m'aurait fallu un
ou deux jours de plus pour faire une analyse plus poussée. J'ai
lu rapidement les trois derniers chapitres, dont je n'ai pas compris le
sens.
Agnès
(à l'écran)
Delphine Horvilleur est une femme, une penseuse, que j'admire et que j'écoute
toujours avec beaucoup d'intérêt. Je la trouve d'une grande
intelligence et sensibilité, d'une grande culture et d'une ouverture
d'esprit peu commune dans le monde religieux. Je la sens totalement engagée
en tant que rabbine, mais pas du tout dogmatique. Au contraire, à
l'écouter, à la lire (j'ai lu d'elle précédemment
Le
rabbin et le psychanalyste), j'apprécie la distance qu'elle
met entre sa religion et sa pensée, et je dirais même l'irrévérence
avec laquelle elle traite parfois le dieu de sa religion.
Par exemple, quand elle écrit : "Quand on connaît
l'histoire juive et son enchaînement de catastrophes et de drames,
on se demande, avec une pointe d'ironie, s'il ne faudrait pas cesser de
remercier Dieu à chaque génération pour son intervention
miraculeuse, histoire de voir si cela fait une différence".
C'est une phrase très forte et inattendue dans la bouche d'une
personne religieuse.
J'ai trouvé ce livre passionnant.
J'avoue que j'avais tout de même une réticence à commencer
l'année avec un essai sur la mort
Mais, effectivement, comme l'ont fait remarquer celles d'entre vous qui
l'avaient déjà lu, ce n'est pas du tout un livre démoralisant
ou morbide. Il est au contraire plein de vie, de respect, d'humour, de
sensibilité et d'érudition.
Outre les différentes histoires de deuils vécues par l'entourage
de personnes célèbres ou inconnues, qui sont toutes très
émouvantes à lire, j'ai beaucoup appris :
- la signification des cailloux déposés sur les tombes (pour
signaler leur présence, quand il n'y avait pas de cimetières)
- celle de l'habit blanc des fantômes (le linceul que l'on coud).
L'ange de la mort dans la tradition juive, Azraël, m'a fait penser
à l'Ankou de la tradition bretonne qui est incarné par un
vieil homme (contrairement à la Faucheuse qui est représentée
par une femme).
En revanche, si je suis certaine que Delphine Horvilleur a apporté
un véritable réconfort aux personnes qu'elle a accompagnées
en tant que rabbine, je trouve que le sous-titre "Petit traité
de consolation" n'est pas très bien choisi, car il pourrait
faire croire à un manuel pour apprendre à surmonter un deuil.
Cet essai est beaucoup plus profond que cela.
Par ailleurs, son style est fluide, très agréable à
lire, elle écrit en penseuse et en conteuse.
La traduction de l'hébreu et l'étymologie lui permettent
de très belles images, comme celle du panier pour parler des générations
et du traumatisme qui peut se transmettre et bouleverser les enfants et
petits-enfants.
Pour terminer, j'ajouterais que la légende de Skotzel, choisie
par les femmes pour plaider leur cause auprès de leur dieu m'a
enchantée, ainsi que l'expression "Skotzel est arrivée
!".
Nelly
(en
direct)
Le thème du livre me semblait difficile en ce début d'année
et j'ai été étonnée de ce choix.
Je l'ai néanmoins lu sans difficulté jusqu'aux deux derniers
chapitres qui m'ont semblé encore plus que les précédents,
empreints d'une quantité de références religieuses
qui m'ont un peu perdue.
Je reconnais la grande qualité de ce livre, son intelligence, sa
pédagogie, son humanité et une écriture claire ;
mais je ne me sens pas d'en débattre au sein d'un club de lecture
comme le nôtre. Je le verrais plus dans un cercle de philosophes.
Pour ma part la religion est du ressort de l'intime, de notre histoire
personnelle.
Oui, c'est une femme qui écrit, qui raconte des parcours où
des femmes sont présentes, mais tous ces symboles, contes textes
et paraboles m'ont rappelé les intentions du catéchisme
chrétien lorsque d'abord on nous raconte une histoire, puis on
réfléchit sur sa signification religieuse.
La lecture m'a semblé accessible et certains passages sont très
beaux, et même émouvants. J'ai compris la signification de
certains symboles de la religion juive, ce fut instructif. Les personnages
sont originaux, mais j'ai eu du mal avec les chapitres "Moïse"
et "Israël", pour les raisons citées plus haut.
Claire
Bo
(en direct)
J'avais lu Il
n'y a pas de Ajar, sous-titré "Monologue contre l'identité"
dont le propos - rejet des assignations - et la référence
à Romain Gary - qui avait adopté une deuxième identité
pour pouvoir écrire différemment - avaient tout pour me
plaire et qui m'avaient beaucoup déçue, mal foutu.
J'ai trouvé tout à fait autre chose à me mettre sous
la dent avec Vivre avec nos morts.
On s'étonnera de lire ce livre là où on lit plutôt
de la littérature ? Et pourtant, on y raconte des histoires, avec
un art de narrer. Il y a des personnages attachants, un sens de la formule
("mon rôle me protégeait un peu et m'obligeait beaucoup"),
des variations de registres, des scènes fortes, des alternances
relevant d'une construction soignée, les émotions sont là
(larmes, sourire, étonnement - l'histoire de Myriam digne des Marx
Brothers est grandiose...), on s'instruit (notamment sur le sens des symboles),
on est concerné (renvoyé à sa propre vie), invité
à la réflexion (par exemple faut-il vraiment respecter les
souhaits du mort alors que les funérailles sont pour les vivants).
Les histoires de ses personnages sont mêlées subtilement
à l'Histoire et à l'histoire de l'auteure, discrètement.
J'ai apprécié la distance à laquelle elle se situe,
ni tire-larme, ni sentencieuse, à la limite bien tenue, non sans
humour. J'ai également
apprécié son positionnement par rapport au rigorisme de
sa religion - on sent sa liberté d'esprit, sans rébellion,
à la limite aussi.
J'ai trouvé très juste le rapprochement qu'a fait Patricia
avec Louise Erdrich et ses fantômes ;
je rapprocherai ce livre de celui de Laure
Murat, en raison du "genre" du livre, difficile à
ranger en librairie, mêlant réflexion, narration, autobiographie.
Je suis sensible à la vacherie de Joëlle, sur deux points
: la médiatisation de l'auteure et le côté "développement
personnel" qui peuvent agacer. Mais j'ai lu le livre en ne pensant
ni à l'une ni à l'un. Par contre, ma réserve concerne
la part de la religion : le livre m'aurait semblé plus abouti si
elle avait réduit les références religieuses parfois
trop longues (le chapitre Moïse n'en finissait plus et mon ennui
non plus).
J'avais lu ce livre il y a un an et je m'y suis replongée pour
la séance : ce qui m'a frappée, c'est que d'emblée
l'émotion était là, avec une voix qui me parle ;
je pensais le lisoter, j'ai tout relu.
Laetitia
(en direct)
Je fais partie des "mitigées".
Dans un premier temps, je n'ai eu aucune envie de lire ce livre, en raison
de son titre et des thématiques : la mort, la religion. La mort
est un sujet
difficile et pénible que la plupart du temps on fuit.
Mais j'avais envie de découvrir cette femme, cette autrice - qui
fut journaliste, mannequin - dont on parle beaucoup, qui est très
médiatisée, et l'une des premières femmes rabbines
françaises.
Je commence par des points positifs.
- Découvrir les coulisses de l'enterrement de personnes connues
rend accessible le texte, de même que les références
à des affaires connues, telles Charlie Hebdo, Ilan Halimi, l'assassinat
d'Yitzhak Rabin.
- J'ai été sensible à la délicatesse, le sens
critique, la subtilité, l'humour, notamment avec le chapitre "Myriam"
; l'émotion : en particulier avec l'amitié entre Simone
et Marceline.
- J'ai
appris des choses, découvert une religion.
- J'ai apprécié la réflexion favorisée sur
soi, les autres, la famille, les époques (cf. la Shoah) et l'actualité,
avec la montée de l'antisémitisme en France et en Europe.
- C'est très bien écrit et la construction intéressante,
fondée sur des prénoms qui renvoient à des personnes
connues ou pas, éclectiques : par exemple, Elsa Cayat (psychiatre),
Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens, une amie, Ariane, un personnage
religieux Moise.
Points négatifs, mes réserves
- Deux chapitres contiennent trop de théorie religieuse et de références
juives : "Moïse", "Israël".
- Elle partage beaucoup ses doutes, sans aucune certitude : cela renvoie
à nos propres interrogations et angoisses. Je cherche autre chose
dans la lecture et la littérature.
Au final, je suis contente de connaître un peu mieux ce "nom".
Avec un sujet difficile, c'est une lecture qui m'a tout de même
demandé beaucoup d'efforts bien que ce soit un texte assez court.
Felina
(en
direct)
J'apprécie
Delphine Horvilleur :à chaque fois que je tombe sur elle dans
les médias, je l'écoute avec intérêt, je trouve
qu'elle a une présence et je suis impressionnée par son
intelligence et sensibilité.
J'ai retrouvé dans son écriture les qualités que
je lui trouve à l'écran, une femme cultivée qui a
le don de rendre ses connaissances accessibles en toute simplicité.
Le livre est un texte pédagogique qui traite avec beaucoup d'humanité
les thèmes de la perte, du deuil et de la réconciliation.
J'ai été frappée par l'ouverture d'esprit de la femme
rabbin, qui ne semble pas dogmatique comme peuvent l'être beaucoup
d'autres figures religieuses.
Tout en reconnaissant un grand nombre de qualités à l'auteure
et au texte, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout, car je pense avoir été
rebutée par le thème de la mort et des enterrements.
Certes, les anecdotes concernant les traditions et les rites juifs m'ont
intéressée par curiosité. Mais un peu comme Joëlle,
j'ai trouvé que tout était un peu trop bienveillant, optimiste
et dans une vision un peu "développement personnel".
Le sous-titre, "petit traité de consolation", m'a semblé
aussi
une façon
pour convaincre le lecteur en quête de consolation à acheter
le livre, alors que je n'ai trouvé rien de consolatoire dans le
texte.
En conclusion, je conserve mon apriori positif sur l'auteure et je pense
que je pourrais apprécier ses autres livres concernant d'autres
arguments.
Flora
(en
direct)
J'ai
adoré.
J'ai aimé l'écriture, simple.
Je suis rentrée très vite dans la première histoire.
Je ne connaissais pas du tout l'auteure. J'ai apprécié la
personne. J'ai ressenti du respect. Je suis admirative pour son parcours.
J'entends l'argument de Joëlle de fausse modestie, de rabbin de showbiz.
Au contraire, je l'ai trouvée humble.
Au début, elle évoque des personnes connues. Mais cela ne
continue pas, et viennent ensuite des personnes lambdas dont je peux m'approprier
les histoires.
Oui, je la trouve humble par rapport à son métier ; elle
avoue qu'elle n'a pas les réponses à tout. Elle mentionne
la distance nécessaire, difficile à trouver. Elle est très
juste par rapport à ses limites.
C'est un vrai coup de cur.
J'ai adoré l'histoire de Myriam : c'est génial de lui faire
vivre son enterrement ; c'est très beau.
La religion est très présente dans ce livre et j'ai bien
aimé. Contrairement à toi Nelly, je suis trop contente qu'on
l'ait lu. Ce livre est au Top 3 des livres qu'on a lus. Et c'était
un choix audacieux.
Marie-Yasmine
(en
direct)
J'avais un apriori positif parce qu'il m'a été beaucoup
recommandé.
Je
l'ai finalement trouvé très inégal.
Le style d'écriture n'a rien d'extraordinaire et le livre alterne
entre des moments très intéressants (grâce aux anecdotes,
aux explications sur l'étymologie hébraïque et aux
blagues juives hilarantes) et des moments creux et remplis de poncifs.
La réflexion sur la laïcité et la "fable"
sur les rabbins qui remettent Dieu à sa place est très éclairante,
et c'est un avis précieux dans le contexte actuel mais tout de
suite on est rattrapé par des moments lourds avec des "bondieuseries"
comme elle l'avoue elle-même.
Souvent on glisse dans le symbolisme facile et qui se prétend universel,
sans fondement pour appuyer cette prétention.
On sent aussi qu'elle se contorsionne pour donner un sens progressiste
aux textes et rites. Par exemple elle présente le passage du jardin
d'éden comme une sagesse sur la mort, ce qu'il peut être
si on le décide mais dans ce cas ce n'est plus un message universel,
et oublie volontairement ses autres sens, sexistes, patriarcaux, condescendants.
C'est un peu le travers des religieux de choisir un sens à un texte
et de prétendre que ce texte sacré le porte et que donc
le message est universel et c'est dommage qu'elle rentre dans ce schéma
en étant libérale.
Ce n'est pas facile d'être une femme et de défendre et représenter
une institution par essence patriarcale, cela demande une certaine gymnastique
intellectuelle mais j'aurais apprécié qu'elle soit plus
transparente sur ce sujet et qu'elle ne présente pas comme étant
évidentes ses interprétations libérales.
Sur un aspect plus positif : elle parvient à rester légère
et à aborder un sujet difficile (le deuil) avec tact, douceur et
discernement, on note son expérience dans cette matière.
En revanche ses observations et réflexions sur les sujets qui ne
sont pas son domaine d'expertise sont intéressantes, péremptoires
et creuses.
Par ailleurs je n'ai pas trouvé qu'elle n'apporte ni éclairage
ni réconfort sur ce thème du deuil.
Aurore
(à
l'écran)
J'ai été étonnée de ce choix, en raison des
thèmes, la mort, la religion.
Et au final, agréablement surprise.
Un roman vous transporte ailleurs.
Ici, dans ce livre, j'ai beaucoup aimé le rapport avec la mort.
C'est un livre très bien écrit, avec un art de raconter.
J'ai également beaucoup appris, par exemple le sens des cailloux,
sur les rabbins.
J'ai apprécié l'humour.
Je trouve la narration délicate, avec par exemple l'alternance
de personnes connues et d'autres pas.
J'ai été émue parfois, notamment dans le chapitre
sur Marceline.
Je ne m'attendais pas à bien aimer ce livre
Véronique
(en
direct)
J'avais acheté ce livre dès sa sortie et l'avais beaucoup
aimé.
Quand il s'est agi de le programmer, j'étais partante : enfin un
livre déjà lu !
Et je l'ai relu dans son intégralité !
Entre ma première lecture et maintenant, je l'ai vu davantage comme
un conte, pas que sur la mort. Elle évoque aussi sa propre vie,
par exemple son amour, qui s'arrête avec la mort de Rabin. Le livre
ne concerne pas que la mort, il parle aussi de son métier, et c'est
vrai que c'est une part importante de son job. Un chapitre qui m'a particulièrement
plu, est celui qui parle de son amie, qui traite de l'amitié, des
sentiments pour les proches et l'accompagnement des êtres chers.
C'est un livre qui se lit facilement, qui est bien écrit. Ce n'est
pas un livre " de littérature ", c'est un livre sur la
vie d'un rabbin, une forme de témoignage. J'ai beaucoup appris
sur le judaïsme.
Quand on a parlé de le programmer et que son titre suscitait des
craintes, j'ai dit : mais ce n'est pas du tout triste ! En le relisant,
je me suis trouvée bien plus dans l'émotion qu'à
la première lecture.
Quant à la fin du livre, elle m'a pesé
, sans m'apporter
grand-chose.
Mais les chapitres avec les blagues juives, j'ai beaucoup aimé.
Ainsi que la façon de faire revivre des gens connus.
C'est vrai que sur le moment, quand on l'a choisi, j'ai été
étonnée. Sans doute parce que je voyais plus le livre comme
un témoignage.
Brigitte
(en
direct)
Voilà
un livre que j'ai lu quasiment d'une traite, avec un grand plaisir, happée
par la qualité de la narration jusqu'aux derniers chapitres, bien
que laissée sur la réserve à la fin (à cause
de l'actualité).
Chapitres courts, personnages bien campés et attachants pour la
plupart, hormis l'enfant aux legos. Hormis également - mais c'est
personnel - le chapitre sur "Marceline et Simone" qui m'a semblé
convenu, déjà lu maintes fois, surtout comparé au
reste.
Ce qui m'a particulièrement intéressée, ce sont les
explications de symboles (les pierres sur les tombes) et plus encore les
étymologies expliquant en profondeur le sens de certains termes
et de certaines images (dont celle du panier). Je me suis dit en lisant
que si l'auteure donnait encore des cours d'hébreu, je les aurais
volontiers suivis.
Pourtant, comme j'avais lu le livre il y a plusieurs mois, j'ai voulu
relire les notes que j'avais prises en prévision de la séance
de Lirelles : je me suis alors aperçue que je n'en gardais
qu'un souvenir ténu, un peu flou. Sans doute, emportée par
la narration avais-je lu un peu vite, comme on lit des contes.
Donc, finalement, je peux dire a posteriori que le plus intéressant
dans l'histoire aura été la séance de Lirelles.
C'est ce que j'en retiendrai.
Claire
Bi (en
direct)
Ma lecture est mitigée. D'abord très laborieuse,
au moins jusqu'au premier tiers. Impossible de se plonger dans ce "petit
traité de consolation", ces anecdotes d'humour et de sagesse
millénaire d'un peuple, vu ce que les Palestiniens vivent. Mon
esprit ne se fixait pas sur les phrases, même quand leur sens résonnait
avec mes convictions (sur le rôle d'accompagnement - traduction
- passation de celui ou celle qui officie aux cérémonies
de deuil par exemple, ou le fait que notre enterrement ne nous appartienne
pas). Même chose quand elle explique des choses subtiles et passionnantes
sur la culture juive, ou qu'elle évoque Simone et Marceline qui
discutent sur le lit d'une chambre d'hôtel, scène que je
connais pourtant presque par cur et que j'adore.
J'ai trouvé l'écriture plate et déjà lue ailleurs,
sauf ses descriptions de l'hébreu comme langue diffractée,
pleine de greffes qui se sédimentent et dont on peut déplier
les syllabes à l'infini pour en tirer différents niveaux
de sens qui font des coutures réussies à plusieurs endroits
du texte.
C'est finalement la dernière partie que j'ai pu apprécier,
avec ses interprétations des légendes bibliques : celle
d'Ézéchiel et de Rebecca, de la mort de Moïse ou des
deux mondes qui cxistent et qu'on peut parfois traverser sans que
personne pourtant n'en soit bien sûr. Les deux derniers chapitres
m'ont plu dans ce qu'ils disaient de sa propre trajectoire, jusqu'aux
cerises de Westhoffen.
Muriel
(en
direct)
J'ai bien connu Delphine Horvilleur... euh, je l'ai rencontrée
une fois.
Mon grand-père paternel était juif, ma mère non,
donc je ne le suis pas. Et pas croyante pour un sou, mais j'ai de longues
années chanté en quatuor pour les fêtes juives de
Rosh Hashana et Kippour que le MJLF (Mouvement juif libéral de
France) organisait à la salle de la Mutualité avec le rabbin
Daniel Farhi
; elle officiait avec lui et était venue nous saluer (on chantait
cachés) et m'avait paru extrêmement sympathique (et belle
!).
J'avais lu il y a un moment déjà Vivre avec les morts
que j'ai relu et beaucoup plus aimé qu'à la première
lecture.
Le livre m'a beaucoup plu, je l'ai trouvé constamment intéressant.
Je pense en particulier au récit concernant son amie morte, très
touchant, mais non dépourvu d'humour quand elle évoque leur
côté "jumelles" qu'elle mentionne ainsi : mi
fa sol la mi ré ré mi fa sol sol sol ré do...
Comme Véronique, j'assimile aussi le livre à un témoignage,
à une sorte de reportage sur la vie de rabbine.
Joëlle
M (à
l'écran)
Comme pour beaucoup, le titre ne m'inspirait
pas
Les deux premiers chapitres m'ont rassurée. Sa manière de
traiter avec légèreté des sujets graves - la
mort, le terrorisme - m'a incitée à continuer la lecture.
Globalement, j'ai bien aimé. J'ai aimé sa
façon d'entremêler des anecdotes à son propos.
J'ai appris beaucoup de choses sur la religion juive, n'y connaissant
pas grand-chose - je suis catholique - et j'ai trouvé claires
ses explications.
J'ai moi aussi trouvé longuets les deux derniers chapitres, bien
trop détaillés.
Mais j'ai apprécié le livre, son style simple.
Il est facile à lire ; je l'ai lu en deux jours.
Bref, passé la barrière du titre, le livre vaut le détour
et je le recommande : merci Lirelles !
Sur cette déclaration finale, s'ensuit un grand silence
Que Nelly finit par rompre et commenter ainsi : "Silence de mort"...
Sandra (quelques
jours après la séance)
Au départ, j'ai été surprise de cette proposition,
d'une part par rapport au métier de l'auteure (monde religieux)
et d'autre part du titre de l'ouvrage qui n'annonçait rien de joyeux.
Je connaissais rapidement l'auteure car je l'avais déjà
vue sur des plateaux télé, je trouvais qu'elle s'exprimait
bien, qu'elle avait des propos intéressants, mais je n'avais pas
creusé davantage son parcours et ses écrits.
Et bien, dès les premières pages, je suis rentrée
dans le livre.
Tout d'abord, du point de vue de l'écriture, agréable à
lire, chapitres ni trop courts ni trop longs, un rythme qui n'endort pas...
j'ai apprécié.
Mais c'est le contenu qui m'a plu. L'auteure parle d'un thème,
la mort, qui est en général défini comme glauque,
triste etc. et là, elle arrive à en faire un sujet plus
qu'intéressant, nous démontrant par des histoires qu'elle
a vécues, qu'elle est autour et avec nous, et qu'au lieu d'en avoir
peur, il faut la comprendre, l'appréhender et si besoin être
accompagné. Et c'est le rôle notamment d'un rabbin.
Cet accompagnement passe par la transmission d'histoires, de témoignages,
afin de conforter les gens face à un épisode tragique, et
face à leur propre histoire. Et c'est cela qu'elle explique parfaitement
dans son livre.
Sans mettre sur un piédestal la religion juive par rapport à
d'autres, elle nous délivre des messages, tout en ayant un sens
critique et acerbe. De même pour les épisodes de l'histoire
religieuse, elle ne nous impose pas une doctrine religieuse, au contraire
elle attaque certaines pensées. J'ai aimé ces références
bibliques et à la Torah ; ce fut instructif, et ça allait
tout à fait avec le concept du livre, expliquer son métier.
Et sans oublier, l'humour. En effet, elle en met tout au long des pages,
et malgré le contexte de l'histoire contée.
Il y a plusieurs chapitres très touchants, mais celui sur Simone
et Marceline était grandiose.
Donc pour conclure, vous l'avez compris, j'ai adoré, et n'ai pas
lâché l'ouvrage. Je surveillerai à présent
les écrits de cette auteure.
Stéphanie
(quelques semaines plus tard)
J'ai été extrêmement touchée par ces récits,
qui racontent des souffrances universelles sous le prisme d'une religion
juive éclairée. J'ai beaucoup appris sur le judaïsme
et ses rites. Malgré la difficulté du sujet qui peut réactiver
nos propres deuils, j'ai été doucement bercée chaque
soir pendant quelques jours par cette lecture poétique, douce,
qui arrive à mon sens non pas à gommer la violence de la
mort et celle de l'ancien testament mais à les intégrer
dans un cheminement plus proche de la vie. Le sous-titre "traité
de consolation" est donc bien choisi.
Au niveau du contenu, je retiendrai tout particulièrement les chapitres
sur Elsa Cayat et celui sur sa correspondance autour de la mort avec un
homme décédé quelques mois plus tard. J'ai été
très émue par l'histoire de Sarah, cette rescapée
que son fils enterre seul. Simone et Marceline m'ont paru si vivantes,
j'ai adoré ce chapitre. Enfin, j'ai trouvé extraordinaire
l'histoire de la dame new-yorkaise qui ajoute de la légèreté
après deux récits de morts particulièrement difficiles
(un enfant, puis une jeune maman, amie de l'auteur), mais relatés
sans pathos, avec justesse et tendresse.
Très belle lecture que je recommande !
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