Marion
Brunet : ses livres, son parcours
|
Ses livres pour la jeunesse sont publiés
aux éditions
Sarbacane et pour adultes chez Albin Michel.
Certains passent format poche : en Pocket
jeunesse ou Le
Livre de poche.
Outre
Wikipédia,
voici trois présentations de son parcours
: quelques dates choisies par Libération,
en 6 lignes par son
éditeur, un extrait d'une
rencontre avec des lycéens.
1976 : Naissance à
Carpentras (Vaucluse).
1986 : Écrit sa première histoire (qui tient la route).
1996 : Premier envoi dun manuscrit.
2013 : Premier roman jeunesse, Frangine
(Sarbacane).
2018 : Premier roman adulte, LÉté
circulaire (Albin Michel).
1er février 2024 : Nos
armes (Albin Michel).
Marion Brunet vit à Marseille. Après
des études de lettres, elle a travaillé comme éducatrice
spécialisée dans différents secteurs, notamment en
psychiatrie. Elle est lauteure de LÉté
circulaire, Grand Prix de littérature policière
2018 et Prix des libraires du Livre de Poche 2019, et de Vanda,
en 2020, publiés aux éditions Albin Michel. Elle est également
une autrice reconnue et primée pour ses romans "young adults"
(Sans
foi ni loi, 2019, Pépite dor au Salon du livre de
Montreuil ; Plein
gris, 2021).
Marion Brunet a toujours écrit, mais elle
na pas toujours été écrivaine. Car quand on
écrit juste pour se faire plaisir on nest pas considérée
comme écrivaine. Sa carrière a débuté avec
Frangine
un roman publié en 2013. Avant elle était éducatrice
spécialisée, et elle a exercé ce métier pendant
15 ans. Cétait un métier qui lui plaisait, mais lécriture
était plus une vocation et un rêve de gosse, elle a toujours
dit quelle finirait écrivaine et elle a réussi. Avant
dêtre publiée elle a envoyé trois textes, un
à 20 ans, un à 30 ans puis un recueil de nouvelles. Les
refus peuvent être très, très mauvais et être
destructeurs pour une personne. Un simple refus suffit, pas besoin de
blesser la personne, ou dinsulter son travail. Cela peut être
très mauvais pour un auteur. Avec Frangine elle a été
super bien conseillée. Elle sest dailleurs tournée
vers la jeunesse sur laquelle elle avait beaucoup da priori. Mais
elle y a trouvé des textes exceptionnels, qui lui ont parlé
et elle sest penchée dessus. Certains éditeurs lui
ont renvoyé des avis favorables, ce qui la motivée.
À partir de cet instant tout a été beaucoup plus
simple. Cela met du temps avant de trouver une maison dédition
qui colle avec la vision quon a, cela peut prendre quelques années.
Lécriture est un métier artistique, ce nest
donc pas trop considéré comme un métier, car cest
difficile de devenir connu ou davoir une longue carrière.
Elle na pas détat ou de période qui lui donne
spécifiquement envie décrire un nouveau livre. À
la fin dun roman elle est à la fois contente davoir
écrit, mais aussi stressée par le prochain et cest
cela qui lui donne envie décrire un nouveau roman. Souvent
un personnage dun des livres quelle vient décrire
lui donne envie décrire une nouvelle histoire. Tous ses personnages
sont intimement liés, elle "tisse entre ses livres comme
un fil et imagine une nouvelle histoire".
Interviews
et articles sur Nos armes
|
Entretiens
- Entretien lors des rencontres Clameur(s) de Dijon, Diversions
magazine, 8 juillet 2024. Extrait :
- Avez-vous rencontré des détenues ou des surveillantes
pénitentiaires pour écrire ce livre ?
- Jai rencontré des détenues, je nai pas eu
le temps de faire des entretiens avec des gardiennes, en revanche jai
fait un atelier décriture pendant plusieurs mois avec une
camarade autrice de bande dessinée et à lissue de
ces ateliers où javais croisé plein de gardiennes
et plein de détenues, jai demandé si certaines détenues
de longue peine seraient daccord pour sentretenir avec moi
autour de leur vécu, pas de leurs affaires, pour nourrir mon
personnage dAxelle et elles ont été super. Jai
eu trois longs entretiens avec des détenues, que je remercie
dailleurs à la fin du livre, trois femmes très différentes,
avec des vécus différents. Jai vraiment pu avoir
une lecture assez large de certains ressentis en prison.
- "Nos armes tragiques", entretien avec
Julie Surugue, Zebuline,
22 février 2024. Extrait :
- Vos personnages ne font pas partie des classes sociales élevées
de notre société. Pourquoi ?
- Il y a des bourgeois qui militent mais ce nest pas le même
moteur. Quand on est dans une situation précaire, il y a plus
de colère et moins de choses à perdre. La colère
est plus vive avec un sentiment dinjustice plus fort.
- Par conséquent la chute pourrait être moins élevée.
Pourtant on a la sensation dune chute vertigineuse dans Nos Armes.
- Oui, mais ce nest pas une chute sociale comme chez Zola. Déjà
les personnages essaient de transformer le monde. Ils ne veulent pas
monter socialement. Je crois que si cest vertigineux, cest
parce quils chutent du haut de leurs espoirs.
- "Interview with Marion Brunet, writer", Le
Magazine Athenaeum, 31 mai 2024. Extrait :
- Était-ce difficile pour deux femmes de tomber amoureuses
dans les années 90 ?
- Non. Mais en fait, elles nont même pas eu le temps dy
penser. Leur histoire avait à peine commencé que la prison
les séparait. Mais lamour tient Axelle et Mano ensemble.
Cest très important pour moi. Dans un monde de plus en
plus capitaliste, secoué par des drames de guerre, ce sentiment
continue de nous porter. Il prend le contre-pied du cynisme ambiant
Entretiens vidéos
- "Nos armes, de Marion Brunet : portrait
de deux jeunes femmes engagées", SQOOL
TV, 28 février 2024, 6 min.
- Interview par Christine Ferniot, Un
Aller-Retour Dans Le Noir, 2024, 4 min 30.
Portrait
par Alexandra Schwartzbrod, Libération,
29 janvier 2024. Extrait :
Aujourdhui, elle vit à Marseille avec son fils de 12
ans, quelle élève en garde partagée avec
son ancienne compagne. Son appartement est lumineux et rempli de livres.
Il y a dun côté la bibliothèque de la femme
qui partage sa vie, écrivaine et éditrice, et la sienne,
où lon trouve surtout des grands classiques.
Radio
- "Nos armes,
de Marion Brunet", par Michel Abescat,
Le Polar sonne toujours 2 fois, France Inter, 1er février
2024, à lire ou écouter, 4 min.
Articles sur le roman
- Nos armes, de Marion Brunet : mais mon
amour ne mourra pas, Le
Monde, 4 février 2024.
- "Nos armes, de Marion Brunet
: du roman damour au roman noir, un polar surprenant de bout en
bout", Télérama,
par Yoann Labroux Satabin, 13 mars 2024.
Dialogue sur le
genre du polar
- Marion Brunet et Hannelore Cayre : "À mes côtés
des héroïnes qui ont du souffle", propos recueillis par
Yoann Labroux Satabin, Télérama,
3 avril 2024.
Et
voici NOS RÉACTIONS sur le livre
Ce 20
octobre 2024, nous étions 13
à réagir sur le livre :
en direct : Anne, Aurore, Claire Bo, Felina, Joëlle L, Laetitia,
Patricia, Véronique
en visio : Agnès, Marie-Yasmine
par écrit : Nelly, Sandra
par audio : Stéphanie.
Étaient prises ailleurs : Claire Bi, Flora, Joëlle M, Muriel,
Nathalie, Sophie.
Les tendances concernant
le livre
|
À
la sortie de ce roman,
la presse élogieuse avait attiré notre attention sur cette
auteure ayant reçu le Grand Prix de littérature policière
en 2018 - genre que nous avons peu choisi - avec "de
surcroît",
dans ce roman tout récent, une histoire d'amour entre deux femmes.
Ont plutôt aimé ou bien aimé : Agnès,
Anne, Aurore,
Felina,
Laetitia,
Patricia,
Véronique.
Sont dans un entre-deux :
Marie-Yasmine,
Nelly, Sandra,
Stéphanie.
Ont d'importantes réserves : Claire
Bo,
Joëlle L.
Celles
qui, comme Stéphanie, avaient donné pour le jour de la séance
leur avis en cours de lecture, ont terminé celle-ci et complètent
ainsi leur avis : "finalement"...
Stéphanie
(avis transmis en audio)
Je suis sur un trajet de 10 minutes, toute seule, et c'est l'occasion
de vous dire mon avis. Un avis est partiel parce que j'ai pas encore fini
le livre. Pour résumer, je ne suis pas emballée. Pour détailler
un petit peu, les premières 100 pages m'ont fatiguée, m'ont
laissé dans une indifférence, j'avançais péniblement.
Après j'ai vraiment beaucoup aimé page 101 la scène
du fusil où Axelle est avec son grand-père : la description
de ce moment-là, de ce lien-là, que cette jeune femme avait
avec son grand-père, m'a touchée et à partir de ce
moment-là j'ai trouvé quelque chose de plus intéressant,
et un peu plus disons un peu plus approfondie que ce soit dans le récit
ou dans l'action ou dans la manière où les choses étaient
décrites.
Si le roman clairement ne m'emballe pas plus que ça, à partir
de page 101 quelque chose m'a plus accrochée, que ce soit au niveau
du récit ou des personnages ou de ce qui se passe. J'ai beaucoup
apprécié, notamment, à partir de ce moment-là
la description du milieu carcéral, les relations d'Axelle avec
les personnes qu'elle rencontre en détention. L'épisode
aussi avec Jicé en détention m'a beaucoup touchée.
Donc j'ai trouvé que dans cette deuxième partie - je n'ai
pas lu les 100 dernières pages - il y a quelque chose qui tient
la route, qui m'a donné envie de continuer à lire. Mais
ce n'est pas une uvre littéraire que je retiendrai forcément,
que je conseillerai à d'autres.
J'ai vu que l'autrice écrit des romans pour adolescents. Justement
je me suis dit peut-être qu'à 16 ans j'aurais plus
apprécié ce livre, parce que je retrouve quelque chose d'assez
simple dans l'écriture, dans le récit, quelque chose d'adolescent
et qui ne va pas aussi loin que j'aurais aimé coté littéraire.
Mais bon, on apprend toujours des choses dans des livres et je vais continuer
à lire pour voir où elle va en venir...
(Finalement) À partir de la deuxième moitié
j'ai commencé à aimer de plus en plus. J'ai trouvé
les personnages de plus épais et de plus en plus crédibles.
Je trouvais que l'écriture aussi s'améliorait, écriture
que je trouvais de plus en plus jolie et de moins au moins "adolescente"
- peut-être aussi parce que les personnes grandissaient ? Est-ce
que l'autrice voulait miroiter au début l'esprit de jeunesse de
ses protagonistes, en écrivant moins soigneusement ?
J'ai aimé la chute quand on apprend que Charly avait balancé
ses camarades aux flics, c'était inattendu.
Le chapitre de l'enterrement du père s'Axelle m'a aussi bien plu
et émue.
Par contre j'ai été déçue par la fin, non
tant parce que j'aurais aimé les voir se rencontrer (c'est vrai
que ça aurait été bien) mais parce que j'ai trouvé
cette fin "facile", du déjà vu en quelque sorte.
Pour moi c'était presque une technique d'évitement pour
ne pas affronter la difficulté qui aurait été de
les faire se rencontrer après 20 ans. Une façon d'éviter
la désillusion que cette rencontre aurait pu être et les
difficultés qu'elle aurait pu produire.
J'ai donné trois étoiles sur Goodreads,
mais j'ai hésité entre 2 et 3.
Sandra
Il est de ces livres où l'on ne sait en le refermant si on l'a
aimé ou non. Et celui-ci en fait partie.
Sur
l'écriture, elle est simple, sans
difficulté de lecture, mais là où je l'ai apprécié
davantage, ce fut lors des chapitres sur la vie et les ressentis d'Axelle
: c'est la narration autour de ce personnage qui m'a le plus plu, et que
j'ai trouvé plus finement écrit.
Des phrases d'une douce poésie lors de la description de ses sentiments
envers Mano, et de mots chocs et bruts lors des épisodes en prison
ou lors de l'enterrement de son père : là, j'ai trouvé
que l'écriture et la narration de l'auteure étaient meilleures.
Sur l'histoire, je n'ai pas accroché
à celle contant le combat, la révolte du groupe de jeunes.
Oui, ils sont en révolte contre le monde, l'ordre social, etc.
etc., je trouve que leurs idéaux n'étaient pas assez décrits
pour vraiment les percevoir et entrer dans leur monde de contestation.
Alors que l'auteure voulait peut-être en faire un fil important
de son histoire, j'ai trouvé que ça venait en second plan,
un second plan trop long au début, et qui gâchait pour moi
l'essentiel du livre, l'histoire entre Mano et Axelle.
Et cette histoire d'amour n'est pas assez développée à
cause du braquage qui vient mettre fin trop tôt à la beauté
naissante de cet amour, et à l'intimité entre les deux jeunes
filles.
Ensuite, comme je le disais, j'ai davantage accroché au parcours
d'Axelle. Certes, nous comprenons la vie brisée de Mano, sa tristesse,
sa survie, mais j'ai trouvé que c'était moins percutant.
Et le final, oui une fois de plus, il ne finit pas bien pour deux femmes
qui s'aiment, mais je n'en veux pas à l'auteure, il était
compréhensible.
Non, ce que je n'ai pas vraiment compris, c'est comment la mère
d'Axelle a pu retrouver Mano ? J'ai peut-être raté quelque
chose dans la fin de l'ouvrage, mais le personnage de Ben qui permet parfois
de renseigner l'une et l'autre n'apparaît plus à la fin,
donc comment la mère a su trouver le village ?
Donc intérêt mitigé, mais je ne nie pas que l'auteure
a su décrire une jeunesse en colère, un peu perdue (rien
de nouveau), mais surtout une histoire d'amour tragique et passionnée
entre deux êtres écorchés.
Nelly
Le
temps me manque pour développer mon commentaire alors je crois
que je vais me contenter de quelques adjectifs et de considérations
résumées.
J'ai lu ce livre sans difficulté et sans déplaisir, mais
également sans conviction.
Violent, dur, et profondément triste, sont les termes qui me viennent
à l'esprit.
Captivant et peut-être cinématographique, mais sûrement
pas dans la catégorie romantique.
La construction est intéressante, le parallèle entre les
deux vies d'Axelle et Mano est adroit.
Le discours politique est peu convaincant.
Les héroïnes ne sont pas très attachantes.
Certains personnages surgissent curieusement, la sur de Mano par
exemple, je les trouve inutiles pour comprendre l'évolution psychologique
de Mano.
L'écriture est inégale, certains passages sont assez beaux
et à d'autres moments c'est du langage direct. Probablement justifié
par le contexte mais cela m'a dérangée.
Merci pour ce choix moderne, ça bouscule mais cela ne m'a pas profondément
touchée.
Anne
J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai lu juste après Le
Jardin arc-en-ciel il y a 8 mois - j'ai retrouvé mes notes
d'alors.
J'avais trouvé le livre très facile à lire, d'une
construction intéressante. J'ai trouvé le point de vue d'Axelle
bien amené, les passages du présent au passé.
J'étais a priori intéressée par ces jeunes rebelles
écolo - mais hélas ce n'est pas développé...
Ce que j'ai trouvé le plus intéressant, le plus original,
c'est le long parcours en prison, les rencontres : ce sujet-là
m'a vraiment intéressée.
J'aime bien l'aspect romantique : alors qu'elles sont séparées,
elles continuent de s'aimer, même si elles se laissent libres de
vivre d'autres histoires dans leurs vies. L'amour est plus fort que la
distance.
J'ai apprécié aussi des personnages secondaires, comme le
grand-père qui revient la voir en prison, c'est touchant.
La fin tragique ne m'a pas frustrée. C'est réaliste, et
non pas un conte de fées. Alors que dans Le
Jardin arc-en-ciel, la fin était un peu trop intense pour
moi, là, j'ai juste été terriblement attristée.
Felina
Je n'ai
pas terminé encore, mais il faut dire que j'ai largement lu le
livre que Joëlle et Agnès ont très bien vendu..., Incandescentes
de Hannah Ken.
Je rejoins un peu Stéphanie avec les 100 premières pages
que j'ai lu sans trop d'enthousiasme. Puis ça devient plus intéressant,
plus intime, par exemple avec Axelle et son grand-père dans l'enfance.
Avec ce que vous sous-entendez sur la fin, j'ai envie de le terminer...
n'en dites pas plus !
J'ai bien aimé la structure, avec différents narrateurs,
des pauses, des retours en arrière.
Ce que j'ai préféré est la vie carcérale.
Il est à noter que l'autrice était éducatrice spécialisée
et avait donc une expérience des foyers d'accueil par exemple.
Elle remercie à la fin du livre pour des témoignages.
J'ai bien aimé l'écriture simple, puissante, sensible.
Je vais continuer à lire...
(Finalement) j'ai plutôt bien aimé.
Véronique
J'avais découvert Marion Brunet il y a plusieurs années
dans une
rencontre à Bagnolet
avec Nicolas Mathieu, l'auteur de Leurs
enfants après eux et j'avais lu ce livre avant qu'on le
programme.
Je m'attendais à un polar. Non, c'est plutôt un roman sociologique
sur un groupe de jeunes, avec leurs relations, le déroulement de
leur vie. C'est ça qui m'a plu.
Les deux femmes sont séparées, mais encore liées.
Toutes deux dans une forme de solitude, l'une en prison, l'autre avec
un homme mais qu'elle n'aime pas.
La construction ne m'a pas déplu.
J'ai trouvé de petites longueurs, en Inde par exemple.
J'ai bien aimé l'univers carcéral avant que les détenues
soient jugées, les relations à l'intérieur de la
prison.
La relation avec le grand-père est une belle histoire. Celle avec
la mère est cocasse, cette mère est bête, sous le
joug d'un homme - c'est une façon de déconstruire les choses
: ici les hommes sont perdants, sauf le grand-père, et à
la fin la mère.
Bref, je n'ai pas détesté ce livre. Ce qui m'a le plus plu,
c'est l'histoire des deux femmes sur le long terme, sans qu'elles s'oublient,
et avec un soupçon d'espoir.
Patricia
Je ne connaissais
pas Marion Brunet. Au départ j'avais un a priori négatif
sur ce livre à cause du sujet qui ne m'emballait pas, mais en fin
de compte, une fois le livre refermé, je me suis dit que je ne
l'ai pas trouvé si mal, et même plutôt bien.
Pourtant en commençant la lecture, j'ai eu peur de ne pas pouvoir
la finir à cause de l'écriture que j'ai trouvée pénible
au début. Je me disais que ça n'allait pas le faire...
J'ai poursuivi quand même, et en persévérant, j'ai
été emportée par l'histoire, sans plus être
gênée par le style. Et malgré les flashbacks qui ont
rendu la lecture compliquée et agaçante, car il fallait
se remettre dans le contexte (qui, quand, où).
Tout au long du livre, j'ai été traversée par toutes
sortes d'émotions fortes différentes.
D'abord, il y avait le fil conducteur en forme de suspens, qui était
l'histoire d'amour entre Axelle et Mano, qui a permis de ne pas lâcher
le livre.
Ensuite, j'ai éprouvé un gros malaise dans l'épisode
du groupe et ses violences, j'étais dans l'incompréhension
: qu'est-ce qui les a poussés à se mettre dans cette galère
? Il m'a semblé que l'ensemble du groupe n'était pas convaincu
par la cause et par l'idée, et qu'il s'agissait juste d'un caprice
d'Axelle et que personne n'a voulu la contredire, pour ne pas passer pour
un lâche (à part les deux qui ont refusé). C'est triste
pour ceux qui sont morts.
Les passages en prison m'ont beaucoup angoissée, je n'avais pas
envie de me replonger dans la description du milieu carcéral, J'avais
adoré le journal de prison de Grisélidis Réal (Suis-je
encore vivante ?) et je n'avais pas envie de revivre ça
: j'ai donc sauté les passages en prison qui n'apportaient rien
à l'histoire, et je me disais qu'elle n'avait que ce qu'elle méritait.
(Je préférais la nature calme de Mano.)
J'ai ressenti du dégoût quand on y apprend que quelqu'un
les a dénoncés. En même temps, ça m'avait traversé
l'esprit.
Malgré mon aversion pour Axelle, j'ai eu de l'empathie pour elle,
quand ont été abordées les relations avec sa famille,
son père et sa mère. Ça m'a attristée.
J'ai aimé pour ma part le voyage en Inde, qui a permis de souffler
un peu et aussi de comprendre pourquoi Mano a été ressourcée
par ce voyage.
En revanche, j'ai été déçue par la fin, vraiment
désespérante, j'ai même versé une petite larme.
En conclusion, c'est plutôt un bon livre, assez bien mené,
très pessimiste, mais on se laisse emporter. Je trouve que ce livre
pourrait faire un bon scénario de film car tout y est.
Agnès
Jai
beaucoup aimé ce roman, sauf la fin. Jen ai lu plus des trois
quarts dune traite jusqu'à 2h du matin et le reste un jour
suivant. Selon mon système de notation, je mettrais un B+ à
80 % du roman et un C aux 20 derniers %.
Lhistoire
de ce groupe dami·es engagé·es, et cabossé·es
par la vie malgré leur jeunesse, ma tenue en haleine, jai
aimé le déroulé jusquau braquage et les conséquences
sur leurs existences respectives, cest un roman social et un roman
noir en même temps, la révélation de la trahison dun
des protagonistes ma prise par surprise. Javoue en revanche
que je néprouve pas de sympathie pour le choix de la lutte
armée dans leur cas (quand on sappelle Madeleine
Riffaud, je peux comprendre). Ils ont des idéaux louables,
mais leur engagement politique les mène à une impasse assez
terrifiante. De plus, braquer le Crédit Municipal, qui est la dernière
ressource des gens les plus dans le besoin, me semble assez contradictoire
avec leur militantisme.
Lunivers carcéral est bien décrit, il semble documenté
(lautrice a fait des ateliers mixtes aux
Baumettes avec une illustratrice), mais il est assez éloigné
de ce quune amie, éducatrice en prison de femmes, men
a dit (il est vrai quelle était « de lautre côté
»).
Jai particulièrement aimé lhistoire damour
entre Mano et Axelle, et le va et vient entre leurs deux voix. Cest
pourquoi je nai pas du tout apprécié la fin du roman.
Pourquoi ajouter de la noirceur à tant de noirceurs ? Dans ma conception
de la littérature, et du roman en particulier, jestime que
la vie étant ce quelle est, ce nest pas la peine den
rajouter en fiction. Les romanciers et romancières ont le devoir
ou la responsabilité de ne pas nous désespérer. Ici,
il y a une grande tension, maintenue jusquaux dernières pages
(vont-elles se retrouver?), qui est finalement déçue.
Joëlle
L
Un début très difficile pour moi : j'ai été
tentée d'abandonner assez vite. Je n'aimais pas le style et je
ne trouvais pas le personnage de Mano crédible. J'ai trouvé
le style heurté, saccadé. Ce manque de fluidité ne
m'entraîne pas dans le récit, ne m'aide pas à entrer
dans l'histoire.
J'ai été particulièrement découragée
par la séquence de la bagarre de rue. Ça m'a rappelé
la retransmission radio d'un match de foot, comme ça se faisait
avant la télé : une description factuelle que je ne visualise
pas, qui ne m'entraîne pas. En comparaison, je pensais à
la scène de l'accident de la mine, dans Germinal
: là, on est embarqué, Zola ne se borne pas à
décrire, il nous fait vivre le moment.
Après cette séquence, j'ai abandonné le livre pendant
un bon moment. Puis le sens du devoir l'a emporté et je m'y suis
remise. Ça s'est un peu arrangé avec le personnage d'Axelle,
que j'ai trouvé beaucoup plus incarné et intéressant
que les autres protagonistes. Et notamment avec les moments en prison.
Cependant, je reste plus que réservée sur l'ensemble. L'histoire
qu'on me raconte est présentée de manière compliquée,
elle n'est pas toujours vraisemblable (quel âge peut bien avoir
le grand-père d'Axelle à la fin de l'histoire ?).
Il y a beaucoup d'exagération, de grandiloquence, des effets appuyés,
qui deviennent inefficaces. C'est souvent caricatural, jusqu'au ridicule.
Exemple : Axelle a un problème avec sa prof d'anglais et elle passe
en conseil de discipline. (La prof) "crachait sa haine avec les
yeux. Ses mains agrippaient son cahier ouvert comme les serres d'une fauvette
engluée."
C'est aussi beaucoup trop expliqué. On ne laisse rien dans l'ombre.
Il n'y pas de jeu avec le lecteur, on lui assène un récit
tout verrouillé. L'émotion ne passe pas. Je ne participe
pas, au mieux je consomme un récit. Exemple : la trahison de Charly.
On l'expose trois fois : l'annonce à Axelle, l'aveu à Mano,
l'histoire de Charly prise en charge par la narration. C'est lourd, il
n'y a aucune ambiguïté, on est obligé d'avoir tout
compris.
L'autrice ne fait absolument pas confiance à ses lecteurs. C'est
peut-être une habitude prise dans la littérature jeunesse,
puisque j'apprends grâce au dossier
mis en ligne par Lirelles que c'est son activité principale.
Peut-être que Marion Brunet ne se fait pas confiance non plus ?
Donc elle en rajoute, elle surcharge et elle verrouille pour être
sûre. Et voilà pourquoi je n'ai pas aimé ce livre.
Claire
Bo
J'ai apprécié le rythme donné par ces courts chapitres
formant unité et par l'écriture, un peu saccadée,
comme dans les premières lignes (lues en scandant) :
"Une
femme la cherche au village. Cest son ami John qui la prévient,
avec son accent impossible, derrière sa barbe buissonnière.
Ses yeux bleu pâle font semblant de ne pas observer, de ne pas
insister, mais Mano sait très bien quil aimerait en savoir
plus. Quelle lui explique, lui raconte. Elle ne dit rien, met
de leau à chauffer sans trembler. "
J'ai
remarqué une habileté narrative, un savoir-faire avec les
va-et-vient dans des temps différents, des lieux différents,
des narrateurs différents.
J'ai trouvé les chapitres en prison les plus réussis, avec
leur aspect documentaire bien rendu et des temps de réelle émotion.
Mais, mais, j'ai eu
assez des flashbacks sur le groupe avec des personnages sans réalité,
indéterminés, avec une idéologie qui m'a semblé
grossière, puérile, et ne suscitant pas de sympathie, avec
des idéaux flous, un anarchisme creux - je m'énerve ! -,
ne valorisant guère ce groupe quand même central.
Véronique
Mais ce groupe, c'est réaliste, il y a vraiment des jeunes comme
ça, et elle en rend compte.
Claire
Oui, tu as raison. Mais après notre tour, je ferai part d'une information
qui ajoute au malaise qu'on peut ressentir.
Les 10 ans en Inde ne m'ont pas emballée. Le personnage de Charly,
amoureux et traître, m'a paru un peu artificiel, la mère,
vraiment caricaturale en prison, le grand-père aimant en bien grosse
opposition.
Le suspense est quand même gros gros gros, car après le premier
chapitre intitulé "C'est elle" page 14, il faut
attendre la page 366 pour voir ce "elle" apparaître :
c'est le pari du livre de nous tenir 352 pages puisqu'on sait qu'on va
savoir. Et il faut reconnaître que le retournement final est
inattendu, d'ailleurs pas rigolo du tout...
Je suis contente, comme toujours, d'avoir découvert un livre et
une autrice. Je retiendrai le passage en prison, très réussi.
Laetitia
Je
ne connaissais pas du tout l'autrice, Marion Brunet.
Un roman noir, triste ; une découverte intéressante que
j'ai appréciée et que je ne regrette pas d'avoir lue ; avec
quelques réserves cependant.
J'ai été au début un peu gênée par l'écriture
hybride - à la fois très accessible mais qui recourt quelquefois
à des termes soutenus et qui privilégie les rythmes ternaires.
Puis je suis entrée peu à peu dans le livre. J'avoue que
je suis assez vite allée voir la fin qui m'a déçue...
J'ai essayé de ne pas me démobiliser pour autant !
Si l'on pense au titre, de quelles "armes" s'agit-il ?
Pour ma part, j'ai été choquée par le grand-père
d'Axelle qui enseigne l'usage d'un fusil à sa petite fille : c'est
hyper violent dès le départ. Le schéma narratif de
ce roman est plutôt classique avec un élément déclencheur
: l'arme utilisée qui entraîne le destin du groupe et en
particulier des deux jeunes femmes : Axelle et Mano. La construction est
minutieuse et précise avec 54 mini chapitres qui se tiennent et
des titres de chapitres qui constituent des unités de lecture.
Sinon, nous avons aussi des flashbacks - avec un éclatement des
époques, des lieux (village/prison/Inde) - un horizon d'attente
et une fin... plombante (j'ai ceci dit assez aimé le titre du dernier
chapitre : non pas "Dénouement", mais "Dénuement"...).
Je me suis demandé dans quelle lieu/ville se déroulait l'action
principalement : "ville vieille et bourgeoise" (p. 119),
"ville étudiante", "ville du sud". Oui, il
s'agit sûrement d'Aix-en-Provence, dixit Marie--Yasmine !
J'ai apprécié les références aux années
90 (Thelma et Louise), au féminisme (citation de Monique
Wittig, Les Guérillères, en préambule).
J'ai trouvé les pages sur la description de l'univers carcéral
- effet de réel - assez justes et intéressantes, sans manquer
les "remerciements" à trois détenues à
la fin du livre.
Une réserve importante : le point de vue par rapport à la
police qui manque fortement de nuances.
Plus largement, j'ai été intéressée par la
mise en perspective de ce livre avec la réflexion menée
sur la notion de "polar" - cf. article de Télérama
du 3 avril 2024 - sur le renouvellement des codes du roman policier français
; "plus féminin, plus social, plus cosmopolite, plus violent,
plus drôle".
D'avis global "positif mitigé", partante pour lire un
autre roman de Marion Brunet, peut-être LÉté
circulaire.
À suivre !
Aurore
Je ne l'ai pas fini et l'ai pourtant commencé il y a trois semaines.
J'aime bien. Je n'ai pas de mal à rentrer dedans.
Les flashbacks me gênent un peu. Et qu'en effet, le grand-père
apprenne à une jeune fille à utiliser un fusil.
Pour ce qui est du groupe de jeunes "anarchistes", la CNT
et Durruti
sont mentionnés, mais leurs combats sont tout de mêmes bien
éloignés.
J'aime bien l'écriture.
J'attendais plus de l'histoire de l'amour entre les deux femmes.
Marie-Yasmine
Je suis un peu désarçonnée par cette lecture, car
je suis incapable de dire si je l'ai aimée ou non et si je la recommanderai.
Ce n'était pas désagréable, et cela m'a donné
matière à réfléchir, mais il y a aussi beaucoup
de choses auxquelles je n'ai pas adhéré.
Le
style est très cinématographique, et on a parfois l'impression
de plutôt lire un scénario que de la littérature.
Je pense que cela serait un meilleur film.
J'ai eu du mal avec l'abus de virgules, les phrases sont hachées,
longues. La voix qui lit dans mes pensées (sur le sujet si cela
intéresse quelqu'un, France
Culture : "Qu'entendez-vous quand vous lisez ? Les mystères
de notre voix intérieure") en était à bout
de souffle à force de chercher à relier la phrase dans son
entier. En revanche le cadre provençal est très agréablement
décrit (je parie sur Aix-en-Provence pour l'inspiration).
Au début il y a un enchaînement de temporalités et
de narrateurs qui m'a également laissée confuse, mais cela
se clarifie au bout d'un moment.
Concernant le point de vue, il y a un manque de recul très déroutant.
Les actes de ces jeunes qui prennent des armes et choisissent de tuer,
en étant convaincus de faire un acte de résistance, sont
très peu remis en perspective et presque légitimés
par les difficultés qu'ils ont rencontrées dans leur vie.
L'incarcération pour 25 ans d'Axelle est même une opportunité
ratée d'apporter ce recul sur cet acte, elle évolue bien
un peu mais cela reste très superficiel, et surtout elle rejette
toute proposition de justice restaurative, toute rencontre avec la fille
de l'homme qu'elle a tué, toute tentative de sortir de son intransigeance
et de sa radicalité et de poser un regard nuancé sur la
police, le système, ou tout simplement ses idées. Le passage
sur les jeunes islamistes qui se retrouvent en prison avec elle est également
ratée et ne lui apporte aucune piste de réflexion. Cela
aurait pu lui permettre de constater que des jeunes tuent des gens au
nom d'une résistance prétendue et de faire le parallèle
avec son groupe, mais cela n'arrive pas.
Ensuite le rebondissement de la trahison est grossier, même si je
l'avais vu venir, et j'ai été estomaquée du toupet
de cette personne.
La fin est d'une immense tristesse, comme souvent quand une histoire d'amour
concerne des femmes...
Le livre a beaucoup de potentiel par son histoire, mais il n'est pas exploité.
Dommage !
Claire
Je voulais revenir sur le groupe de jeunes.
J'ai lu l'avis d'une internaute,
assez élogieuse sur le livre, son écriture, le voyage en
Inde, mais avec la réserve et l'information suivantes :
Marion Brunet passe un message extrêmement négatif
sur la police en France, le peu de mentions qui en sont faites sont
des clichés négatifs avec lequel on fait des généralités.
Aucune nuance sur ces propos, le système carcéral étant
décrit comme trop difficile avec un suivi médical trop
laxiste auprès des détenues. Et honnêtement sans
rentrer dans un débat politique je ne suis pas du tout d'accord
avec tout ça. Les flics sont décrits comme des "casseurs
de gilets jaunes" pour ne citer qu'un exemple qui m'a vraiment
dérangée.
J'ai eu l'occasion de rencontrer l'autrice avec qui j'ai pu échanger
sur ce point afin de savoir si j'avais bien interprété
le roman, si j'avais pu manquer un sous message. Elle m'a confirmé
qu'elle n'aimait pas la police, n'avait rien de positif à dire
sur eux et préférait les tuer dans ses romans
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