Nos armes, de Marion Brunet
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Deux écorchées, deux natures solitaires qui vont capter ce vide dans le regard de lautre et venir le combler dun amour passionné. Marion Brunet raconte dabord la relation magnétique entre Mano et Axelle, qui sattirent et se repoussent dans un même élan. Les deux jeunes femmes évoluent ensemble dans un groupe de militants et le roman a dabord une fibre chorale, avec ces apprentis révolutionnaires qui refusent toute résignation face aux injustices et ce quils perçoivent comme des oppressions. Se dégage pourtant très vite une certaine solitude, motif qui traverse tout le livre, y compris du groupe, dans une époque la fin des années 1990 qui nest pas à la révolution, alors que triomphe un libéralisme dur dans tout le monde occidental et au-delà. Le roman prend rapidement un tournant décisif lorsque le petit groupe décide de venger lune des leurs, virée comme une malpropre par le patron de la boîte où elle travaillait. Rien quun braquage inoffensif pour lui donner une leçon. Le jour J, lun deux a un flingue. Mais rien ne dérape. Si ce nest que le pouvoir de cette arme ouvre soudain des possibles. Et amène lenvie de recommencer, tellement tout ça semble facile. La seconde fois finit plus tragiquement : un mort de chaque côté et la prison pour ceux qui se font attraper. Mano et Axelle sont séparées. Lune senfonce dans la culpabilité davoir pu senfuir et dans une existence qui nest pas la sienne, quand lautre diminue chaque jour un peu plus derrière les barreaux. La suite est un grand roman noir qui surprend jusquau bout. Non
pas avec des rebondissements inattendus ou des retournements spectaculaires.
Mais par des émotions qui affleurent de là où on
ne les avait pas vues venir. Des personnages qui étaient en retrait
et qui soudain viennent prendre la lumière. La finesse de la construction
du récit laisse planer tout du long une tension sur certaines zones
dombre, qui ne séclairent que pour épaissir
la psychologie. Cest aussi un texte fort sur la prison, qui peut
tuer à petit feu et éteindre toute lumière intérieure,
là où « des cris se solidifient aux fenêtres
».
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