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Nous avons lu pour le 12 décembre
2021 :
Dans
la maison rêvée (publié en 2019 aux USA)
de Carmen Maria Machado (née en 1986)
Et voici NOS
RÉACTIONS sur le livre...
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" J'aurais aimé avoir
un rapport de police
ou un il au beurre noir"
Carmen Maria Machado,
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Il n'y a pas de table des matières dans l'édition française
imprimée, contrairement à l'édition numérique.
Cliquez pour accéder à la table
des matières qui vaut le détour.
- Un recueil de nouvelles de fiction :
Her
Body and Other Parties, Graywolf Press, USA, 2017
Son corps et autres célébrations, trad. Hélène
Papot, éd.
L'Olivier, 2019 ; puis éd.
Points, 2021
- Un récit autobiographique :
In the Dream
House, Graywolf Press, USA, 2019
Dans
la maison rêvée,
trad. Hélène Cohen, Christian
Bourgois, 2021
- Une série de BD (6) :
The
Low, Low Woods, DC Comics, 2020. Pas (encore) traduit.
Enfance
Née en 1986 à Allentown, près
de Philadelphie. Son père était fils de deux immigrants
(Cuba et Autriche). Elle grandit dans une famille méthodiste unie
très religieuse et cette éducation l'a amenée à
se sentir coupable de sa sexualité pendant plusieurs années.
Elle a eu des problèmes de poids très jeune. À 11
ans, elle voit Titanic qui développe son amour pour les
histoires tragiques...
Études et premiers boulots
- "Quand j'ai dit que j'allais devenir écrivain, mon père
a paniqué. Il craignait que je n'aie aucune sécurité
ou assurance maladie. Il a dit : 'Si tu veux écrire mais aussi
avoir un travail, sois journaliste.' J'ai donc postulé au cursus
de journalisme de l'American University."
- Après son diplôme, elle fait des petits boulots (aide-soignante
notamment), postule à 26 formations financées qu'elle trouve
dans Poets and Writers... : c'est
ainsi qu'elle obtiendra le MFA (Master of Fine Arts) en 2012 à
l'Iowa Writers' Workshop.
Elle a participé aussi au Clarion
Workshop pour les aspirants écrivains de science-fiction et
de fantasy.
- Avec Val Howlett, sa petite-amie d'alors, aujourd'hui sa femme, elle
aussi écrivain, elles vont vivre à Philadelphie où
Val trouve un travail, mais Carmen non. Elle obtient un entretien chez
Starbucks parce que le directeur connaissait son frère : "Vous
n'avez pas assez d'expérience dans la préparation du café",
lui répond-on... Elle trouve un emploi chez Lush, un magasin de
produits de bain
: "chaque fois que j'avais une idée,
j'imprimais le papier du reçu à partir de la caisse et j'écrivais
au dos. Mes poches étaient remplies de reçus."
- Puis elle rédige des piges, enseigne l'écriture pour les
adolescents, mais c'est sa femme fait bouillir la marmite en tant que
publiciste. Devoir compter sur elle la stresse, elle qui a eu un emploi
à temps partiel depuis l'âge de 16 ans : "J'ai l'impression
d'être une sangsue".
La robe rose taille XXL de Carmen pour son mariage mérite la photo... :
Puisque nous sommes à la rubrique beauté, voyons les tatouages
de Carmen ; sur son bras gauche : "Never grow a wishbone,
daughter, where your backbone ought to be." ; sur le droit
: "She didn't look back, but stepped off the edge of the known
world."
L'écrivaine
- Elle raconte qu'elle était rétive aux lectures scolaires,
d'Hemingway par exemple qu'elle déteste. Un jour une de ses professeures
formidable est arrivée avec des livres de sa bibliothèque
personnelle qu'elle pensait qu'elle aimerait : Cent
ans de solitude de Gabriel García Márquez, Maman
Soleil de Gloria Naylor, L'Éveil
de Kate Chopin, certains Henry James, qui lui ont vraiment ouvert l'esprit.
Les influences suivantes qu'elle mentionne : Ray
Bradbury, Shirley
Jackson, Angela
Carter, Kelly Link,
Helen Oyeyemi et
Yoko Ogawa
(lue à Lirelles).
- Elle publie d'abord des nouvelles dans des magazines. Pour se rapprocher
du livre que nous lisons, la nouvelle "Horror Story", publiée
dans la revue littéraire Granta en 2015, détaille
la difficulté d'un couple de lesbiennes dans leur nouvelle maison
qui est hantée (à
lire ici).
- Elle obtient de nombreuses bourses (Michener-Copernicus
Foundation, Elizabeth
George Foundation, The
Wallace Foundation, CINTAS
Foundation, Speculative
Literature Foundation, Guggenheim
Fellowship) et résidences d'artistes : Hedgebrook,
Millay Colony for the Art, Playa,
Spruceton
Inn, Fondation Wurlitzer,
Headlands Centre for the Arts,
Yaddo (prenant la
suite dans cette dernière résidence de collègues
célèbres : Carson McCullers, Patricia Highsmith, Alison
Lurie, Hannah Arendt - auteures toutes fréquentées
à Lirelles).
Depuis 2018, elle est en résidence à l'Université
de Pennsylvanie.
- Elle a remporté divers prix, dont la liste est ici
sur son site. Elle est invitée à des lectures, pour
des interviews, de nombreux articles la concernent. En France, elle n'est
apparemment pas venue pour la promotion du livre que nous lisons (le 2e
paru en France), mais la presse a été très favorable,
avec des articles avant même la sortie en librairie.
Des articles en France dans
l'ordre chronologique (le livre est sorti en août 2021) |
-
"Carmen Maria Machado, Dans
la maison rêvée : Archives queer", Sean
J. Rose, Livres Hebdo, 14 juin 2021.
-
"Dans
la maison rêvée : attention, travaux en cours",
Charlène Ponzo, Maze, 13 juillet 2021.
- "Comment
rendre l'autre folle", Sophie Ehrsam, En attendant Nadeau,
n° 13, 26 août 2021.
- "Dans
la maison rêvée
de Carmen Maria Machado : comment raconter les violences conjugales",
Julien Coquet, Toute la culture, 19 août 2021.
- "Emprise
dans un couple lesbien : à Iowa City, une écrivaine en a
tué une autre à petit feu" (début d'article),
Nolwenn Le Blevennec, L'Obs, 25 août 2021.
- "Carmen
Maria Machado : fragments dun discours violent" (début
d'article), Anaïs Heluin, Politis, 25 août 2021.
- "Dans la maison
rêvée,
récit", Martine Landrot, Télérama,
8 septembre 2021.
- "Dans la maison
rêvée, cauchemar conjugal lesbien", Virginie Bloch-Lainé,
Libération, 19 septembre 2021.
- "Carmen
Maria Machado : L'amour, la violence et les archives", Francesca
Barca, Blog Mediapart, 21 septembre 2021.
- "Dans la Maison rêvée,
de Carmen Maria Machado : violences conjugales, exercice de style",
Ariane Singer, Le Monde, 23 septembre 2021.
- "Des
violences conjugales là où on les attend peu" (début
d'article), Geneviève Simon, La Libre Belgique, 30 septembre
2021.
- Dans
la maison rêvée : une relation abusive dont vous êtes
l'héroïne", Adrien Corbeel, RTB (Radio Télévision
Belge Francophone), 10 octobre 2021.
Signalons
des nouvelles mises en onde sur Radio Campus : "Huit
bouchées, de Carmen Maria Machado".
Le blog
Le Dévorateur précise : "Carmen Maria Machado
donne à la fin de son livre des pistes de lectures anglophones
sur les violences conjugales au sein des couples queers. Jajouterai
à la liste le récent Fille,
Femme, Autre de Bernardine Evaristo dans lequel est
également racontée lemprise abusive au sein dun
couple lesbien."
(Bernadine Evaristo était co-lauréate avec Margaret Atwood
du Man
Booker Prize 2019. Première écrivaine de couleur et
seulement deuxième femme à être nommée présidente
de la Royal
Society of Litterature, elle est nommée pour un mandat de quatre
ans à la tête de l'équivalent de l'Académie
française à Londres.)
Voici une série de vidéos (en ordre
chronologique, uniquement en anglais, mais sur youtube on peut avoir des
sous-titres en français) ; regarder Carmen lire des extraits de
son livre et répondre aux questions vaut le déplacement...
- Échanges
avec Emma Eisenberg, écrivaine queer de fiction et de non-fiction
(dont son premier livre The
Third Rainbow Girl) à la librairie
indépendante de Philadelphie, 7 novembre 2019.
- Présentation-lecture-questions,
organisées par Politics
and prose, librairie indépendante de Washington, 12 décembre
2019.
- Entretien
organisé par Before the show de la
Tuesday Agency qui produit des entretiens avec des artistes, 8 janvier
2020.
- Entretien
avec Rebecca Rukeyser, en visio, Festival
international de littérature, Berlin, 13 septembre 2020.
- Présentation-lecture-questions,
organisées par Kelly
Writers House, maison d'écrivains située sur le campus
de l'Université de Pennsylvanie, 2 octobre 2020.
Deux artistes mentionnés
par notre héroïne |
Dans le chapitre "La Maison rêvée à la
manière d'un appartement à Chicago", p. 293, la narratrice
va visiter avec des amis l'Art
Institute de Chicago où elle passe :
"un temps fou devant les miniatures de Thorne
et le tableau That Which I Should Have Done I Did Not Do (The Door)
d'Ivan Albright. Ces uvres te
procurent un étrange plaisir ; toutes deux te mettent en larmes.
La première te fait te sentir immortelle comme une déesse,
ou comme un esprit qui voyagerait dans le temps, penché sur les
coins et recoins des salons anglais du XIXe siècle, les
chambres françaises du XVIe siècle, les salles à
manger américaines du XVIIIe siècle, observant comment
la vie des mortels se joue au sein de minuscules dioramas. La seconde
te fait te sentir petite, comme si tu te prosternais devant le voile
frémissant de la mort. Petite, plus petite encore, et bientôt
te voilà qui patauges une nouvelle fois dans tes larmes."
Quelques infos sur ces deux artistes américains :
Narcissa
Niblack Thorne
(1882-1966) est connue pour ses reconstitutions
stupéfiantes de pièces de différentes époques
à l'échelle 1/12e. On peut voir des photos
là.
Ivan Albright
(1897-1983) appartient au courant du réalisme
magique et est connu pour ses autoportraits, études de caractère
et natures mortes. L'uvre citée par Carmen est That
Which I Should Have Done I Did Not Do (The Door) visible ici
sur le site du musée ; et vue
là en situation dans le musée.
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