Biographie d'Anaïs Nin (1903-1977)
- Voir la fiche
wikipedia
- Une biographie
en BD : Anaïs
Nin : sur la mer des mensonges, de
Léonie Bischoff, Casterman,
2020. Prix 2021 du public au Festival international de la bande dessinée
d'Angoulême. Léonie Bischoff est membre du Collectif
des créatrices de bande dessinée contre le sexisme.
Voir l'émission de France Culture en
audio ou en
vidéo où elle intervient sur le livre que nous lisons.
- Une anecdote : en décembre 1935, elle rencontre au cabaret Le
Monocle à Montparnasse, 60 boulevard Edgar-Quinet, la troublante
Frede, dont nous avons lu la
biographie ; elle décrira Frede dans son Journal.
La
traductrice, la préfacière
-
Agnès
Desarthe est romancière et a traduit une trentaine de livres.
- Capucine Motte,
belge, a co-créé le prix
Anaïs Nin, destiné à faire découvrir des
auteurs français à l'étranger en contribuant à
leur traduction (Virginie Despentes fut primée en 2015 pour Vernon
Subutex que nous avions lu). Elle est également auteure de
deux romans (Lattès).
Théâtre
Certaines d'entre nous auront vu au théâtre de
la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes, Anaïs
Nin au miroir, texte Agnès Desarthe daprès
LIntemporalité perdue et autres nouvelles dAnaïs
Nin, mise en scène Élise Vigier, du 10 novembre au 11 décembre
2022 (programme de salle ici).
La pièce a été créée
au Festival
d'Avignon en 2022. Voir ici
le programme avec une interview de la metteuse en scène et
de l'auteure de l'adaptation à partir des nouvelles "La Chanson
dans le Jardin", "Le Sentiment tzigane", "Le russe
qui ne croyait pas au miracle et pourquoi", "Les Roses rouges",
"Un sol glissant" : 'Ces histoires ont en commun une rencontre,
un événement qui fait que les protagonistes ne sont pas
ce quils pensaient être, ou quittent ce quils sont.
Nous avons ensuite condensé dautres nouvelles qui convergent
toutes vers des femmes dont les vies changent quand elles rencontrent
lart."
Pour qui n'aura pas vu la pièce, on peut visionner le
teaser de 4 min sur le site de la Scène nationale La Passerelle
de Saint-Brieuc.
Vidéos
Avec Anaïs Nin
- Entretien
avec Pierre Dumayet, Lectures pour tous, 6 mai 1964, INA, 9 min
22
-
Entretien avec Fernand
Seguin, en 1970, émission Le sel de la semaine, CBC/Radio-Canada,
sur YouTube ici, 52
min
- Entretien
avec Bernard Pivot et Jean Chalon, Ouvrez les guillemets, 11
novembre 1974, 6 min 30.
Sur Anaïs
Nin
-
Maison de la poésie,
3 mars 2020 : L'intemporalité perdue
et autres nouvelles d'Anaïs Nin, avec Agnès Desarthe &
Capucine Motte, rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos,
59 min
-
"Avec
Anaïs Nin, le désir est-il encore libérateur ?",
par Olivia Gesbert, La Grande Table, France Culture, avec Agnès
Desarthe, écrivain, et Léonie Bischoff auteure et dessinatrice
de bande dessinée, 24 août 2020,
34 min, ou en
audio.
-
Un film documentaire, Anaïs Nin, Vivre sans
Entraves, de Daniel Ablin pour
France 5, 2021,
52 min, on peut juste voir le teaser
ici
Radio sur France Culture
Avec Anaïs
Nin
Entretien avec Pierre Lhoste en 1969,
à la sortie de son Journal
(1931-1934) d'1h
30 continue ici ou scindé en trois
émissions retransmises en mars 1995.
Sur Anaïs
Nin
- 4 émissions d'une heure (très intéressantes), par
Matthieu Garrigou-Lagrange, La Compagnie
des uvres, France Culture, "Anaïs et la jouissance
féminine", du 15 au 18 mars 2021 :
- 1/4
: Vie de l'amour d'Anaïs Nin, avec Elisabeth Barillé,
écrivaine, autrice de Anaïs
Nin, masquée si nue (Livre de poche)
- 2/4
: L'uvre atypique d'Anaïs Nin, avec :
1- Béatrice Commengé, traductrice de Vénus
Erotica,
Les Petits oiseaux, d'Inceste
(Le Livre de poche) et de la Correspondance
passionnée : Nin/ Miller (Stock)
2- Simon Dubois Boucheraud, maître de conférences à
l'Université de Nice Côte d'Azur, auteur de la thèse
Ecritures
du moi, genèse et créativité : les mises en scène
d'Anaïs Nin (1931-1942).
- 3/4
: Les nouvelles d'Anaïs Nin, avec :
1- Agnès Desarthe, romancière et traductrice de L'intemporalité
perdue et autres nouvelles (Pavillons poche/Robert Laffont)
2- Capucine Motte, romancière, co-fondatrice du Prix littéraire
Anaïs Nin et autrice de la préface de L'intemporalité
perdue et autres nouvelles.
-
4/4 : Anaïs Nin en quête de sublimations, avec :
1- Bernard Chouvier, auteur notamment des articles : "La
création en couple : noyau pervers et scénarios narcissiques",
"La
psychanalyse au risque d'Anaïs Nin"
2- Alexandra Destais, autrice de l'essai
Eros au féminin (Klincksieck).
- "Avec
Anaïs Nin, le désir est-il encore libérateur ?",
par Olivia Gesbert, La Grande Table, avec Agnès Desarthe,
écrivain, et Léonie Bischoff, auteure et dessinatrice de
bande dessinée, 24 août 2020,
34 min, ou
en vidéo.
Les livres d'Anaïs Nin traduits en français
C'est intéressant de voir ce qui,
en 2022, n'est pas épuisé : des nouvelles, notamment érotiques,
un volume rassemblant ses 5 romans, les journaux non expurgés,
la correspondance avec Henry Miller.
Nouvelles érotiques
- Vénus
Erotica
- Auletris
- Alice
et autres nouvelles
- Les
Petits oiseaux
Autres nouvelles
- La
cloche de verre
-
épuisé
- Un
hiver dartifice
- L'intemporalité
perdue et autres nouvelles
Journaux
-
Journal d'enfance (1914-1919) -
épuisé
-
Journal d'enfance (1919-1920) -
épuisé
- Journal
d'une jeune mariée (1923-1927) -
épuisé
- Journaux
de jeunesse (1914-1931)
- Journal
(1931-1934)
-
épuisé
- Inceste
(1932-1934) -
journal non expurgé ou La
maison de l'inceste
- Le
feu (1934-1927) -
journal non expurgé - épuisé
- Journal
(1934-1939) - épuisé
- Comme
un arc en ciel (1937-1939)
- Journal
de l'Amour (1932-1939) -
journal non expurgé
- Journal
(1939-1944) - épuisé
- Journal
(1947-1955) - épuisé
- Journal
(1955-1966) - épuisé
- Journal
(1966-1974) - épuisé
- Henry
et June : les cahiers secrets -
journal non expurgé
Correspondance
- Correspondance
passionnée : Nin/ Miller
Essais
- D.H.
Lawrence : une étude non professionnelle - épuisé
- Etre
une femme et autres essais
- Ce
que je voulais vous dire : entretiens et causeries
Cinq romans
-
Les
miroirs dans le jardin -
épuisé
- Les
Enfants de l'albatros
- Les
chambres du cur - épuisé
- Une
espionne dans la maison de l'amour
- épuisé
- La
séduction du minotaure - épuisé
- Les
cités intérieures,
2021, préface Laure Adler : cinq romans
Les miroirs dans le jardin, Les enfants
de lalbatros, Les chambres du cur, Une espionne dans la maison
de lamour et La séduction du Minotaure où
elle met en scène trois femmes, trois amies, Lillian, Djuna et
Sabina qui sont des reflets fictionnels de lauteure.
Des lieux où Anaïs Nin a vécu
Anaïs Nin a vécu entre la France et les États-Unis
; elle est née et est morte en France. Quelques lieux proches de
nous où elle a vécu :
- Neuilly-sur-Seine : Anaïs Nin est
née 7 rue du Général Henrion Bertier en 1903.
- Paris 14e : entre 1925 et 1928, Anaïs
et Hugo, qu'elle a épousé en 1923, habitent 11bis rue Schoelcher
avec Rosa, la mère d'Anaïs. Ils occupent deux ateliers au
rez-de-chaussée et louent plus tard, en plus, une chambre sous
les toits. Ce sera l'adresse de Simone de Beauvoir entre 1955 et 1986...
- Paris 16e : en 1928, ils emménagent
24 boulevard Suchet.
- Louveciennes : Anaïs et son mari Hugo
louent une maison entre 1931 et 1935 2 bis rue de Montbuisson. Elle y
rencontre Henry Miller en 1931 et outre Miller, Antonin Artaud, Lawrence
Durrell, Brassaï et d'autres artistes et écrivains y viendront.
C'est dans cette maison qu'elle écrit le premier volume de son
fameux Journal, qui rassemblera plus de 15 000 pages dactylographiées.
Laissée à l'abandon depuis les années 30, la maison
se dégradait lentement : diverses tentatives ont été
faites pour acheter la maison aux propriétaires, afin de la sortir
de son triste état et de faire reconnaître son importance
culturelle. Elle est à
vendre actuellement : pas mal pour les réunions de Lirelles...
- Paris 14e : elle séjourne aussi
18 Villa Seurat, où Henry Miller vit entre 1934 et 1938 ; le peintre
Chaïm Soutine et l'écrivain Blaise Cendrars vivent à
cette même adresse en 1937.
- Sur les quais : elle vivra aussi sur la
péniche Nanankepichu à laquelle succédera la Belle
Aurore, louée à Michel Simon en 1938.
Et
voici NOS RÉACTIONS sur le livre
Pour ce 11 décembre 2022, nous étions 15
à nous retrouver pour cette séance de Noël, où
des nouvelles d'Anaïs Nin étaient programmées
:
- 11 en direct :
Aurore, Brigitte, Claire, Flora, Joëlle L, Laetitia, Lucie,
Muriel, Nelly, Patricia, Véronique
- 3 en visio : Agnès, Joëlle
M, Sandra
- 1 par écrit dont nous avons lu l'avis pour ouvrir la séance
: Felina.
Étaient bien prises par ailleurs (5) :
Marie-Claire, Marion, Nathalie, Sophie,
Stéphanie
Cinq d'entre nous avions vu l'adaptation très
libre du livre au
Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes
: Anaïs
Nin au miroir, texte Agnès Desarthe daprès
LIntemporalité
perdue et autres nouvelles
dAnaïs Nin, mise en scène Élise Vigier.
Les ninistes (on dit
pas comme ça pour les adeptes de Nin ?...) ont été
particulièrement minoritaires : courageuses devant le flop exprimé
par des bof, berk voire prout - oui oui oui : ces onomatopées
ont commenté des impressions de lecture... -, Brigitte,
Claire, Patricia ont néanmoins
formulé leur enthousiasme.
Les nihilistes : Flora est arrivée
après les échanges pour manger et boire - habile esquive
car elle n'a pas eu à se prononcer... Lucie
n'a pas surmonté un rejet préalable et a préféré
ne pas lire le livre... Joëlle M
a elle ouvert le livre ! Et a même lu la préface
!
Entre
ces extrêmes, nous avons eu des degrés de déception
et de rares tentations :
Les déçues, qui n'aiment pas, voire qui rejettent
: Agnès,
Felina,
Muriel,
Nelly
Les déçues, mais qui soulignent des
qualités : Joëlle L,
Sandra,
Laetitia
Nécessitant
plus de courage et surtout de temps pour se prononcer, Aurore
et Véronique n'ont eu que des mots positifs,
mais n'ont pas suffisamment lu pour dire si elles rejoignent le trio minoritaire
de conquises.
Cependant, même si Anaïs a fait chou
blanc, plus d'une n'a pas été mécontente de la découvrir,
de la lire enfin. Qui lit Anaïs Nin aujourd'hui ?
La
succession des prises de parole
|
Felina
De
Anaïs Nin je n'avais lu que Le
Delta de Vénus, ses nouvelles érotiques, lorsque
j'avais vingt ans. Les atmosphères parisiennes un peu décadentes,
les histoires d'amour entre artistes et modèles m'avaient fascinée
et intriguée. Je ne peux pas dire autant de bien de ce recueil
de nouvelles. Dès la première nouvelle, je me suis ennuyée.
Aucune ne m'a vraiment intéressée et je n'ai pas eu envie
d'aller jusqu'à la fin du recueil.
Je me suis arrêtée à la nouvelle des roses rouges.
Trop onirique, bucolique, trop abstrait parfois et frivole, à mon
goût, par moment. Peut-être à relire à un autre
moment ou seulement à vingt ans...
Joëlle
M
Ça va être court. J'avais plein
de problèmes de boulot, j'étais vraiment sous l'eau. Voilà
un PETIT livre qui va me détendre, me suis-je dit. La préface
commençait bien, mais a fini très mal puisqu'elle rapporte
ses paroles à son amant "les femmes sont fondamentalement
des putains, elles veulent être traitées comme des putains".
Ça m'a cassé tout élan et je me suis replongée
dans mon appel d'offres, sans dépasser la préface...
Agnès
Je me situe dans la même lignée... J'ai eu un parcours analogue
avec la préface.
Je dois d'abord dire que j'avais un a priori défavorable : est-ce
la proximité de Henry Miller, de ce milieu ? Quelque chose de malsain
m'inspirait une certaine réticence. J'ai moi aussi buté
sur la préface : "Il faudra attendre sa rencontre avec
Henry Miller pour qu'Anaïs trouve enfin son 'maître'. Et même
celui-ci la décevra, si bien qu'elle se jettera dans d'autres liaisons
avec d'autres hommes, y compris avec son propre père"
: mon malaise s'est, là, confirmé.
Mais j'ai poursuivi et ai lu 12 des 16 nouvelles. Bien que j'aime assez
le surréalisme, le fantastique, l'étrangeté, bien
que j'aie trouvé l'écriture belle, d'une réelle maîtrise,
avec une recherche, dans le vocabulaire, la construction..., je me suis
profondément ennuyée.
Les histoires n'ont rien à me dire, je n'en ressors rien. Je n'ai
envie ni de poursuivre, ni de découvrir par d'autres biais. Bof,
bof !
Nelly
Sans a priori, je suis pour ma part allée au-delà de la
préface
D'abord le titre, L'intemporalité perdue, m'a paru incompréhensible.
Puis j'ai dès le début ressenti de l'ennui : je le lisais
le soir pour m'endormir
Je n'en gardais aucune trace ; quand je
finissais une nouvelle, je me demandais : qu'avais-je lu ?...
Ces intellectuels de Montparnasse, ça ne m'a pas touchée,
alors que pourtant je suis attachée à ce quartier. Anaïs
Nin, qui a habité à deux pas de chez moi, dans la maison
où vécut Simone de Beauvoir, décrit des gens tous
issus de la même classe sociale. Et il n'y a pas d'émotion,
ni de commentaire ; à les rendre originaux, ces personnages, artistes,
ils perdent de leur crédibilité. Quelque
chose manque, de l'ordre de la sincérité. Dans les échanges
des personnages, règnent la froideur, peu d'empathie, pas d'amour.
Et pas une once de féminisme ! Avec même des stéréotypes.
Quant au style, il m'a paru prétentieux et affecté, comme
si elle se regardait écrire
Est-on dans un conte poétique ? Dans un rêve ? En tout cas
je n'ai pas suivi le fil du rêve, si rêve il y a.
Alors que j'aime bien les nouvelles, je n'ai pas terminé le livre.
Quant aux chutes, elles sont déconcertantes. Souvent les nouvelles
se terminent sur une ouverture, là non. Je n'ai pas été
captée, ou captivée.
En revanche, j'ai trouvé la
pièce accrochante et l'adaptation intéressante. Ce qui
m'a un peu réconciliée, car les nouvelles y sont bien adaptées,
avec plus de chaleur. Même s'il y a quelques longueurs dans la pièce,
il y a une belle mise en scène. Cela m'a donné envie de
me replonger dans le livre.
Laetitia
Je ne vais pas remonter la cote et je
suis proche d'Agnès : son nom ne m'avait jamais donné envie
de la découvrir.
J'étais un peu fatiguée, le livre n'était pas trop
gros, bon ! Mais la préface ne m'a pas séduite. Le titre
du livre qui est celui de la première nouvelle, "L'intemporalité
perdue", est perturbant. Elle est difficile d'accès, exigeante,
décourageante. Il faut être attentive.
J'ai tout lu et j'en conclus que la première nouvelle n'aurait
pas dû être placée là.
J'ai peu retenu de cette lecture et me suis ennuyée. J'ai pourtant
repéré des aspects positifs : j'ai apprécié
le style, l'écriture, comme Agnès. C'est rythmé,
notamment par des répétitions ; les adjectifs sont précis
et limite prétentieux : oui, elle s'écoute parler/écrire.
L'alliance forme/fond est particulièrement réussie pour
la danse, où j'ai eu l'impression que ça tournoie dans l'écriture.
"Fiancés par l'esprit" relève de la prose poétique
- expression qu'elle utilise. J'ai relevé une grande présence
des sens, analysés avec des éléments - la pluie par
exemple. Ce qui est original est qu'on part du réel - Paris, Clichy,
Montparnasse - puis on bascule dans un autre monde.
Pour ce qui est du fantastique - j'aime bien par exemple chez Maupassant
- on y bascule, mais c'est moins intéressant. Dans les thématiques
abordées, l'art est très présent : la danse, la musique,
la peinture (la Grande Chaumière)
Quant aux femmes, à leur place, pas de féministes, mais
des femmes multiples
Anaïs Nin est narcissique ? Ou pas. Je
ne sais pas. Elle m'intrigue. L'amour reste intellectuel, ce n'est pas
inintéressant.
Il y a des pointes d'humour, par exemple p. 112-113, et avec le caniche
blanc !
Bon, mais globalement : je n'ai pas accroché, je suis intriguée,
quelques petites choses m'ont intéressée.
Sandra
Je connaissais le nom d'Anaïs Nin. Sa bio ne m'intéressait
pas : érotisme, féminisme, clichés relatifs à
la muse.
Grâce à Lirelles, je m'y mets : la préface est courte
cette fois - pas comme pour Ourika
-
mais ne me donne pas très envie.
La première nouvelle a un titre perturbant. : intemporalité
oui, perdue oui, mais intemporalité perdue : ?!!
L'écriture m'a attirée. J'ai adoré "La chanson
dans le jardin", j'ai été accrochée, et cela
m'a permis de continuer. Je retiens aussi "Une fête gâchée",
ainsi que "l'Alchimie".
J'ai apprécié le style. Oui, c'est énigmatique ;
parfois je n'ai pas tout compris. Certaines nouvelles sont un peu "prout
prout", excusez-moi du terme, concernant les relations entre hommes
et femmes, c'est du stéréotype, ou du surfait, pas toujours
intéressant. Ainsi, je n'ai pas apprécié toutes les
nouvelles.
Autre bémol, le manque de fil conducteur. Parfois, dans un recueil
de nouvelles, il y a un point commun, là elles sont toutes différentes.
Le recueil est trop dense. Moins de nouvelles aurait peut-être davantage
permis de les apprécier.
C'est davantage le style plus que le contenu qui m'a plu. Je suis mitigée,
et n'ai pas envie d'approfondir la connaissance de cette autrice.
Muriel
Je n'ai pas tout lu. Dès le début, je me suis barbée.
Je ne comprenais rien. "L'alchimie"
m'a plu.
Je n'avais rien lu d'Anaïs Nin, ne la connaissais pas. Par contre,
je connais son père, Joaquín Nin, compositeur cubain de
mélodies.
Bref, ça ne m'a pas accrochée, alors que j'ai adoré
les nouvelles de Joyce Carole Oates.
Joëlle
L
Dès les années 70, Anaïs
Nin m'inspirait des sentiments ambigus, voire du rejet.
Je ne comprenais pas qui était cette hystérique, vaguement
féministe (?) complètement nymphomane, un peu mijaurée
et qui me semblait très fausse et fabriquée
et faisait
l'objet d'un quasi-culte. Elle ne me plaisait pas du tout, m'agaçait.
Je ne l'avais logiquement jamais lue. Ni son journal ni aucun autre texte.
Ce qui n'était pas bien de ma part, j'en conviens. Donc merci Lirelles
de m'avoir forcé la main.
Mais maintenant que j'en ai lu, je ne suis pas sortie des sentiments ambigus
qu'elle m'inspirait, même s'ils ont évolué.
D'abord j'ai décidé d'entrer dans les textes en faisant
abstraction de mes préventions. J'ai entamé ma lecture comme
s'il s'était agi d'une écrivaine dont je n'aurais jamais
entendu parler.
Ça ne s'est pas très bien passé : je ne comprenais
rien à ses histoires.
Dès le titre j'étais larguée. Déjà
l'intemporalité est un concept pas évident, et en plus on
la perd. Comment s'y retrouver ? Est-ce qu'il y a une allusion à
Proust et son "temps perdu" ? Mais je ne vois pas bien le rapport.
Ni avec Proust ni avec la nouvelle qui porte ce titre. Et en fait, je
ne comprends pas ce que veut dire "intemporalité perdue".
Et je ne comprends pas pourquoi la nouvelle s'appelle comme ça.
J'ai alors pris le parti d'utiliser les ressources
proposées par Claire. Je me suis formée à la lecture
d'Anaïs Nin et ça m'a bien aidée. Même si le
personnage m'horripile toujours.
J'hésite.
D'un côté, j'aime bien ce ton décalé, ces histoires
sans queue ni tête, ces dialogues dignes de Ionesco. Les dialogues,
pour moi, c'est le côté vraiment intéressant et réussi.
Je n'ai pas lu toutes les nouvelles, mais j'ai apprécié
:
- "Le Russe qui ne croyait pas aux miracles et pourquoi" pour
la situation et les dialogues
- "Alchimie" pour l'ironie
- "L'idéaliste" pour la situation.
Mais je me sens en terre étrangère, comme dans une ville
où les plaques de rues sont écrites en cyrillique par exemple.
Je ne trouve pas mon chemin.
Brigitte
(qui a lu en anglais)
Le
recueil Waste
of Timelessness and Other Stories ou
L'intemporalité perdue et autres nouvelles regroupe
seize nouvelles écrites avant 1932, c'est-à-dire avant les
trente ans de l'écrivaine et avant son premier ouvrage publié,
en 1932 : une étude sur D.H. Lawrence. C'est la période
qui suit son mariage (1923) et son installation à Paris en 1924.
La préface de l'édition en anglais indique qu'il s'agit
des "premiers récits d'une écrivaine qui deviendrait
célèbre par la suite". Et c'est justement ce qui,
pour moi, a fait tout leur intérêt : découvrir les
prémices d'une uvre avant la médiatisation de l'auteure,
sur la base de sa vie tumultueuse et de ses récits érotiques
qui personnellement me rebutent et m'ont laissée longtemps incapable
d'aborder son uvre, faute de parvenir à la distinguer de
tout cet emballage légèrement névrotique, cultivé
par les médias.
Ces nouvelles, l'auteure les considérait comme "immatures"
; elles ont toutes été refusées par les revues américaines
auxquelles elles ont été proposées, puis c'est Anaïs
Nin elle-même qui s'est opposée à leur publication,
jusqu'à très peu de temps avant sa mort, en 1977. C'est
alors qu'elle l'a autorisée, pour que les lecteurs et critiques
puissent apprécier les progrès réalisés, de
sa jeunesse à sa maturité. Elle en a souligné deux
traits qui lui semblaient caractéristiques de son écriture
et d'elle-même : l'ironie et le féminisme - ce qui n'est
pas toujours évident. Mais elle a toujours dit que c'étaient
des récits écrits pour les amis, car les amis seraient plus
tolérants envers leurs défauts.
Quelles qu'elles soient, ces premières nouvelles sont sans doute
l'un des meilleurs moyens de mieux apprécier son talent d'écrivaine,
son écriture. La plupart sont abstraites, allusives, métaphoriques,
oniriques, brèves et surprenantes dans leur brusque chute finale.
Elles se savourent lentement, en se laissant entraîner dans le monde
esquissé par l'auteure, monde en marge et hors du temps (timeless),
symbolisé par le bateau dans le jardin de la première nouvelle.
J'ai particulièrement apprécié l'art de bifurquer
dans une autre dimension à partir du réel, et la concision
imagée de l'écriture ; bien aimé les personnages
traités avec un recul qui joint le poétique au réalisme,
qu'il s'agisse du Russe-qui-n'en-est-pas-un mais en a assimilé
l'âme telle qu'on la conçoit, en un cliché courant,
ou la danseuse de flamenco qui se tue à danser pour nourrir sa
marmaille et son bon à rien de mari - et là perce une nuance
de féminisme avant l'heure ; bien aimé enfin l'onirisme
qui s'écaille vite dès qu'on gratte un peu, comme dans l'avant-dernière
nouvelle du recueil.
J'avais été un tantinet frustrée par les chutes un
peu brutales, parfois ; j'ai donc été emballée par
la relecture de ces récits, replacés dans l'esprit de l'uvre,
par la troupe du spectacle
au théâtre de la Tempête, formidable coup de projecteur
sur les aspects que j'avais mal perçus, l'humour en particulier.
Ces nouvelles annoncent les treize du recueil Under
a Glass Bell (1944) qui a été réédité
en 2013 par les mêmes éditions (Swallow Press), avec les
mêmes illustrations en noir et blanc de son mari Hugh Guiler (pseudonyme
d'artiste Ian Hugo). La première édition a été
épuisée en trois semaines ! Après ce recueil, il
faudrait lire les novellas publiées en 1961 puis les nouvelles
de Collages de 1964, puis les cinq romans suivants, publiés
entre 1946 et 1958, qui, publiés ensemble sous le titre Cities
of the Interior, forment un véritable roman-fleuve
Il
faudrait le temps pour le faire, je verrais bien le calme d'un été
Véronique
J'ai d'abord vu la
pièce, que j'ai beaucoup aimée, qui donne envie de découvrir
Anaïs Nin.
J'ai lu deux nouvelles. J'ai bien aimé celle avec la petite fille,
où on lit librement les livres pour les adultes.
Je n'ai pas été décontenancée.
J'ai envie de continuer.
Claire
J'avais voulu voir la pièce adaptée des nouvelles au Festival
d'Avignon, mais voyant qu'elle se donnerait à Paris, j'ai attendu
et du coup ai lu les nouvelles que j'ai trouvées surprenantes.
J'ai alors lancé la proposition d'Anaïs Nin qui a été
retenue.
J'ai lu la biographie en BD Anaïs
Nin : sur la mer des mensonges, de Léonie Bischoff, dont
je n'ai pas été enthousiasmée du graphisme bien que
je le trouve original, mais dont j'ai apprécié le récit,
les informations : j'en suis sortie complètement agacée
par le personnage, que j'ai trouvé assez détestable. Rejet
du genre de celui de Joëlle L.
J'ai alors lu et écouté plein de choses sur Anaïs Nin
(restituées sur le site), qui m'ont passionnée
et je me suis mise à la trouver extraordinaire, y compris à
travers ses interviews. Comme la vie de Madame de Duras, la sienne est
très romanesque.
Ayant complètement oublié les nouvelles, j'ai relu le livre
avant d'aller voir la pièce. Et à nouveau elles m'ont plu.
Contrairement à Sandra, qui regrette de n'avoir pas trouvé
un fil commun entre les nouvelles, j'ai apprécié que toutes
les nouvelles mettent en scène une narratrice ou une héroïne,
différente mais au fond semblable, ce qui donne une unité
et j'y trouve un plaisir à retrouver le même "esprit".
Autre point commun pour moi, il y a une sorte d'air de rien concernant
le fantastique qui s'immisce dans le récit,
l'air de rien. Il en va de même pour l'humour.
À travers une situation anodine - la visite au grand écrivain
- il y a une réflexion sur le roman,
là aussi l'air de rien. La nouvelle "Alchimie" est vraiment
au poil sur le tourisme littéraire tourné en ridicule (je
m'y retrouve) et avec une leçon de mise en fiction, où le
sujet instrumentalisé s'en amuse (en l'occurrence la femme du grand
écrivain). Avec ces points communs je trouve une richesse sous
une apparence de légèreté.
Ce qui ajoute à l'unité, à la personnalité
de ces nouvelles, c'est l'absence de date et de
lieux : il n'est pas précisé où on est (sauf
dans deux ou trois nouvelles Paris, mais ce n'est jamais précis)
et les femmes la plupart du temps n'ont pas de nom
: on est dans un no man's land, dans un univers créé propre
aux nouvelles. Je ne m'étais absolument pas posé la question
du titre, qui, vous avez raison, n'a pas un sens évidemment, mais
il correspond peut-être à ces absences que j'avais remarquées.
L'étrangeté de ces nouvelles vient pour moi de :
- la quête personnelle des héroïnes, leur recherche,
l'affirmation de leur originalité, par exemple l'enfant qui enquête
sur son goût des larmes.
- une image étonnante : la bonne confie l'enfant la nuit à
la protection des saints qui "n'accordent pas le sommeil à
ceux qui sont agités de sentiments bizarres, comme parasités
par des insectes dont les ailes plumeuses chatouillent l'intérieur
de leur poitrine" p. 26.
- une expression frappante pour décrire quelqu'un qui avait "un
talent pour le silence"
- le comportement, par exemple dans la nouvelle des roses rouges que s'envoie
la femme à elle-même et qui finit à l'église,
c'est tordu, mais amené comme naturelle
- le jeu relationnel poussé de la nouvelle des Fiancés
par l'esprit qui met en scène des rapports tortueux de domination
entre une femme et un homosexuel au cours desquels elle reprend sa peinture,
"le visage détourné de lui pour dissimuler le triomphe
délicieux d'avoir été conquise".
J'ai tout oublié, mais demeure une sorte de charme à laquelle
l'étrangeté contribue et de rien, avec quand même
de la profondeur. Je suis presque étonnée d'ailleurs d'avoir
apprécié et de n'être pas au nombre de celles qui
se sont barbées.
Après ça, la pièce Anaïs
au miroir, peu fidèle à ses nouvelles, évoquant
vaguement celles-ci et l'univers d'Anaïs Nin qui transparaît
dans le Journal (par exemple tout à coup est cité
le poète Blaise Cendrars qu'elle admirait), fut vraiment un bon
moment, avec une mise en scène complètement déjantée,
dans cette Cartoucherie de Vincennes où il fait toujours bon revenir.
Patricia
J'ai beaucoup
aimé ce livre. Merci à Lirelles d'avoir programmé
ce livre qui m'a permis de rentrer dans l'uvre d'Anaïs Nin
par ces nouvelles qui ne font pas partie de ses romans érotiques,
contrairement à une grande partie de son uvre.
J'ai entendu parler d'Anaïs Nin, il y a une quinzaine d'années,
par une amie qui l'adorait et qui m'encourageait à la lire. J'étais
donc intriguée malgré l'a priori négatif à
cause de ses écrits érotiques et de Henry Miller. Après
avoir vu, il y a deux ans, le documentaire sur la 5 Anaïs
Nin : vivre sans entrave
où ils en faisaient "une femme moderne, libérée,
en avance sur son temps, qui, dans un monde fait pour les hommes, a consommé
la vie comme elle l'entendait", cela m'a donné envie de
la lire. Le documentaire était surtout axé sur son journal
de 35 000 pages, "sans équivalent dans l'histoire de la
littérature, qui a bouleversé des générations
de lecteurs. Femme caméléon, séductrice, conquérante
sexuelle, Anaïs Nin a transgressé tous les codes de la morale
et fait du mensonge un art de vivre."
En ce qui concerne les nouvelles de L'intemporalité perdue et
autres nouvelles, j'ai beaucoup aimé l'écriture, l'humour,
la spiritualité, la finesse. Ce sont des nouvelles très
courtes qui se lisent facilement, sans lien entre elles (ou presque).
Le seul reproche que je fais c'est que le monde d'Anaïs Nin n'est
pas une société de pauvres. On ne voit pas les gens du peuple,
chez elle il n'existe que deux mondes, les artistes et les riches.
J'ai trouvé la première nouvelle un peu bizarre au niveau
de l'écriture, car il était à l'imparfait du subjonctif,
j'ai eu peur au début que ce soit comme ça dans toutes ses
nouvelles, mais non. J'ai compris à la fin qu'il s'agissait d'un
rêve, d'où l'utilisation de ce temps.
De façon générale, je remarque que dans la plupart
des nouvelles, les personnages s'échappent de leur vie, rêvent
d'une autre vie. Ils sont parfois dans un monde intérieur. Le personnage
principal, presque toujours une femme, ne couche pas avec les hommes même
si elle les désire, ou ne les désire pas. La dernière
nouvelle, où le personnage principal, femme, résiste jusqu'à
rencontrer l'homme de sa vie. C'est un peu elle, car l'homme de sa vie
est Henry Miller, elle n'aura connu que son mari qu'elle n'aime pas vraiment,
a priori peu d'amants (avant lui), comme dans ses nouvelles. Il y a une
recherche de l'amour, une crainte de la solitude, le mariage semble être
quelque chose de terne, différent de ce qu'est l'amour. Elle peut
se mettre aussi bien à la place des hommes qu'à la place
des femmes. Elle décrit des relations complexes entre les hommes
et les femmes, voire impossibles. On voit des psychologies différentes,
elle est influencée par Freud et la psychanalyse. Elle n'aime pas
les gens sages, mais en même temps, je la trouve très sage
dans ses nouvelles, contrairement à sa réputation.
L'art est très important, il est partout, elle semble fascinée
par les grands artistes. Il s'agit de danse, chanson, musique, écriture,
poésie.
Je trouve les descriptions en général assez poétiques
et sensuelles dans la description de la nature. Il s'agit aussi beaucoup
de son, de parfum. Par exemple : "sous la caresse de brises qui
s'enroulent et se déroulent". Je trouve qu'on y voit un
peu sa bisexualité dans la description des femmes, que je trouve
très sensuelle et charnelle.
À noter, beaucoup de ses nouvelles se passent en France et en particulier
Paris et Nice, dans des lieux que l'on connaît ou reconnaît.
J'aurai voulu analyser plus chacune de ses nouvelles mais il faut du temps
qui m'a manqué.
Aurore
La préface m'a au contraire très intéressée
quant à la vie d'Anaïs Nin.
J'ai beaucoup aimé pour ma part la première nouvelle. Je
me suis laissé porter par le bateau, un peu comme dans une nouvelle
émaillée de réalisme magique, et avec une portée
philosophique. Mais j'en suis là, à la première nouvelle....
Lucie
Je n'ai même pas
ouvert le livre. Je n'ai pas réussi à m'y mettre, comme
un blocage. Quand j'étais lycéenne, j'ai feuilleté
Vénus
Erotica, et je ne me souviens plus pourquoi, mais je me rappelle
avoir ressenti une forte répulsion. Berk ! Depuis je n'ai plus
envie de lire Anaïs Nin.
La
préface et ses cousines
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Des
écoles de pensée - ou plutôt de pratiques - existent
parmi nous : certaines aiment entrer dans le texte sans en rien connaître,
sans avoir tourné autour, et sautent la préface quand il
y en a une, pour y revenir après.
Pour cette séance, on a vu le rôle négatif spectaculaire
de la préface sans laquelle - qui sait - Joëlle M
aurait
peut-être adoré le livre...
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