Annick L
(qui
participe au groupe depuis 2004)
Une
lectrice insatiable
La
découverte des livres et du monde des histoires a été
merveilleuse pour la petite fille que j'étais : jolis albums
illustrés, contes de tous les pays (j'ai conservé la plupart
d'entre eux et j'ai essayé de transmettre ce plaisir à d'autres
enfants, les miens entre autres). Plus tard, quand j'ai su lire de façon
autonome je suis devenue une lectrice boulimique (j'avalais tout ce qui
me passait à portée d'il). J'ai découvert des
grands héros de la littérature enfantine : Peter
Pan, Pinocchio, Alice mais aussi ceux des séries (Club
des cinq
) avec lesquels j'ai noué une relation familière
et que j'adorais retrouver, sans jamais me lasser. Lire et relire sans
cesse les mêmes histoires, comme un refuge rassurant. Un appétit,
une addiction qui ne m'a pas quittée : les livres comme des compagnons
qui m'offrent le plaisir de vivre d'autres vies que la mienne, ici et
sous d'autres latitudes. Je ne peux imaginer, encore aujourd'hui, me déplacer
sans un livre dans la poche.
C'est au lycée que s'est forgée ma sensibilité à
l'écriture, à l'univers particulier de chaque auteur. Et
mes études en fac ont ouvert mon horizon, jusqu'alors très
classique, à des auteurs contemporains, français ou étrangers
traduits. Cette curiosité, ce goût de la découverte
ne m'ont jamais quittée et j'ai plongé tour à tour
dans la littérature allemande, sud-américaine (dont j'ai
adoré la luxuriance, la saveur de la langue et ce fameux réalisme
magique qui m'enchantait), italienne, créole, ainsi que, plus tard,
anglo-saxonne. Une fois que j'ai découvert un auteur attachant
j'aime à lire chaque nouveau titre qui sort pour retrouver cette
petite musique familière qui m'a séduite la première
fois (une histoire d'amour !). Même posture pour certains écrivains
français contemporains comme Le Clézio, Echenoz, Modiano.
Mes goûts littéraires ont évolué et m'ont fait
rechercher de plus en plus un type d'écriture plus épuré,
une musique plus subtile, moins lyrique.
Mais la rencontre avec des auteurs et des uvres littéraires
m'a aussi aidée à me construire en tant que femme, à
mieux me comprendre et comprendre les autres. Ma bibliothèque personnelle
tourne autour de quelques romancières que je peux lire et relire
indéfiniment comme Virginia Woolf (Une chambre à soi,
Mrs Dalloway), Marguerite Duras (Un barrage contre le Pacifique,
La
Douleur), Annie Ernaux (Une femme, La Place) ou Toni Morrison
(Beloved),
des auteures qui, pour moi (et c'est là à mes yeux l'un
des enjeux essentiels de l'écriture), ont su mettre des mots sur
des impressions fugaces, des ressentis profonds, des angoisses sourdes
qui viennent agiter la surface lisse et objective de nos existences. Et
ma passion pour la poésie (des grands auteurs classiques jusqu'à
d'autres plus contemporains, comme Jean-Pierre Siméon ou Andrée
Chedid) relève d'une même nécessité :
une écriture qui est apte à saisir, à travers des
images inédites ou des formules saisissantes, à la fois
toute la beauté du monde et son inquiétant désordre.
Novembre 2016
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