Édith
J'ai connu Voix au chapitre à Bécherel (Cité
du livre) en 2005 si ma mémoire est bonne. J'étais alors
propriétaire d'une librairie-salon-de-thé-chambre-d'hôtes
Des clientes, devenues ensuite des amies, étaient de
passage pour un arrêt thé-madeleines-livres. Elles m'ont
parlé du groupe Voix au chapitre constitué dans le
Morbihan (à Vannes). Leur enthousiasme a rencontré le mien.
Enthousiasme qui m'a fait rapidement constituer un groupe de lectrices
qui a fonctionné jusqu'à mon départ en 2013 pour
le Morbihan où j'ai intégré naturellement le "groupe
breton" dès mon arrivée en septembre 2013. Depuis,
je participe avec bonheur aux rencontres littéraires et reçois
les amis lecteurs à mon domicile à Pontivy, en alternance
avec les lecteurs de Vannes.
D'un livre, j'aime avant tout sa forme son écriture (j'ai été
une lectrice passionnée de Marguerite Duras livres
et théâtre de Nathalie de Sarraute, de Gracq).
Je suis capable d'un enthousiasme sans mesure quand un livre me "procure
la joie du texte". Et cela se voit et s'entend !...
L'agencement des mots le vocabulaire, la syntaxe, le ton, la construction,
les effets de style même, tout me plaît et me fait réagir...
Dans ce cas, le livre "m'habite" et j'ai envie d'en parler,
ce que je faisi... Ce fut très récemment le cas avec le
livre de Marie Darrieussecq Être
ici est une splendeur ou encore par le petit texte L'opéra
de la lune de Bi Feiyu que j'ai, depuis, offert à plusieurs
reprises.
Les livres sont pour moi messages, souvenirs rencontres avec d'autres
textes, et cela m'emporte par trop souvent à me projeter dans le
texte
, CE QUI N'EST PAS l'OBJET DE VOIX AU CHAPITRE. Sic !
Je suis alors émue et parfois brouillon pour exprimer mon avis.
Je pense que je me suis un peu modifiée depuis le temps
Sans négliger le fond. C'est avant tout un "voyage accompagné"
que le livre, paysages et actions compris. Les livres trop dialogués
ne me procurent pas le même plaisir de lecture. Ce fut le cas avec
les livres de Jonathan
Coe et certains autres de la littérature américaine.
Je conserve les livres, ceux de Voix au chapitre et les autres.
Les ouvrages de Voix au chapitre sont souvent travaillés,
cornés et surlignés, puis manipulés durant la rencontre.
Ils souffrent de ma vie. J'aime ma bibliothèque, j'y voyage dans
le souvenir ou alors je m'arrête sur ceux dont j'ai oublié
la trace : étonnement de l'oubli
alors je le reprends
et relis la quatrième de couverture, l'histoire alors revient avec
des faits marquants. Je fréquente aussi les médiathèques.
Dans la recherche de lecture, dans le choix, le titre vient assez souvent
en premier, l'auteur à découvrir ou au contraire à
retrouver. Je suis très sensible à l'image illustrant le
titre, au format, à la quatrième de couverture, souvent
déterminants pour le choix
Lorsqu'on demande le livre qui vous a "marquée fortement
sinon changée" je réponds L'étranger
de Camus (j'ai eu à deux reprises l'occasion d'entendre Mesguisch
lire in extenso le texte, sans une seule hésitation, dans un silence
de la salle impressionnant, force de la voix) ; je lis parfois et
pour moi-même certaines pages à haute voix : ce fut
le cas pour le petit texte La
voix sombre. J'aurais aimé être lectrice, autrefois
Ainsi le livre Meursault,
contre-enquête de Daoud fut un grand moment, un grand "frisson"
un régal
Certain livres comme Le
journal du voleur de Jean Genet ou les livres de Jaume
Cabré m'ont demandé un réel effort que je ne
regrette pas. Effort pour "rentrer" dans le livre et même
l'accepter. Beauté du texte qui s'impose alors et procure le plaisir
de la rencontre avec LUI, l'auteur, capable de cet enchantement.
Je ne suis pas une passionnée de récits haletants ni d'histoires
à intrigues et rebondissements. Les Jonathan
Coe m'ont laissé de marbre ! Voix au chapitre m'a
permis d'aller vers des littératures étrangères car
"en liberté" d'achat, je suis un peu franco-française
Dans la "tradition" du groupe, nous mangeons en poursuivant
l'échange. Un bon souvenir que le livre de Zola Nana
car ce fut un régal que de partager joyeusement des préparations
inspirées du livre (menus décrits à plusieurs reprises
et dégustés tout en prolongeant l'échange). GOÛTER
un livre littéralement !
Le moment de restitution au groupe (par oral et par écrit) me
demande un effort que j'accepte.
Toutefois par manque de volonté de me plier à cette règle,
je reste "brouillon", parfois confuse, rarement brillante ou
concise dans mon expression ! Mais rien qui ne me ferait quitter
ce groupe (c'est souvent le lendemain que je chemine avec mes idées
et avec clarté !).
J'aime la contrainte du livre "obligé", il stimule la
lecture d'autres ouvrages, me met dans la hâte de retrouver le temps
du silence pour lire. Un mois, cela passe vite entre les deux rencontres...
Mars 2017
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