Julius
(qui participa
au nouveau groupe parisien de 2016 à 2018)
La lecture est une aventure
intérieure.
Pourquoi la lecture ? Ou pourquoi la littérature ? J'ai
sans doute été marqué par Winnie
l'ourson (boutade ?). La lecture et l'écriture pour
moi c'est la même chose : je ne peux lire qu'un crayon à
la main et je pense que l'écrivain ne peut composer qu'environné
de tous les livres qui peuplent son esprit et sa bibliothèque.
La lecture opère ce paradoxe magique de toujours nous rapprocher
de nous-même alors que nous croyons justement nous en éloigner,
nous distraire, en fuguant dans des histoires à n'en plus finir.
Orphelins dès notre naissance, je crois que nous passons notre
vie entière à chercher qui nous sommes. Et grâce à
la lecture, nous découvrons, nous comprenons, que nous ne sommes
pas UN, mais cent, mille, dix mille... La lecture nous permet de vivre
d'autres vies, tout en nous approchant toujours plus près de nous-mêmes,
ni tout à fait nous-même, ni tout à fait un autre,
tantôt personnage, tantôt littérateur, en transformation
perpétuelle. Et plus nous nous rapprochons de nous-même,
plus nous nous rapprochons des autres. L'émotion naît pour
moi de cet universel. Il en va de même pour la peinture ou la musique,
mais le mot m'apparaît infiniment plus riche car plus abstrait.
Pour moi, la littérature pourrait s'incarner dans ces quelques
vers du poète russe Alexandre
Blok :
Qu'il est dur d'avancer parmi
les hommes
En feignant de n'avoir pas péri,
Et de narrer le jeu tragique des passions
A tous ceux qui n'ont pas vécu encore
Et de chercher, dans son cauchemar nocturne,
Un ordre au tourbillon désordonné du cur,
Pour que, dans les pâles lueurs de l'art,
On devine le feu dévorant de la vie !
Enfin, si je devais n'emporter qu'un seul livre sur la Lune, j'en prendrais
deux :
Guignol's band de Céline et aussi le Dictionnaire
de la langue française de Furetière.
Novembre 2016
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