Nathalie
B
(qui
participe au nouveau groupe parisien depuis 2016)
J'aime les livres. Passionnément. Intensément. Excessivement
sans doute. Je suis incapable de voir des livres qui me semblent abandonnés
sans les recueillir. Ils ont tous quelque chose à me dire. Et je
me sens en totale harmonie lorsque j'entends le murmure de leur feuillage.
C'est entourée d'eux que je me sens le mieux.
Bien entendu les bibliothèques sont des mondes magiques dans lesquels,
même à l'âge qui est le mien, je me glisse telle Alice
au pays des merveilles. Le problème est que j'ai bien du mal à
ramener à leur domicile une fois les avoir lus les ouvrages empruntés.
J'ai même réussi, non sans mal, à en sauver du pilon.
Le crime des crimes, après celui de l'humain, c'est celui du livre.
Je soupire encore après la bibliothèque d'Alexandrie. Et
je ne peux même pas évoquer les autodafés. Le poème
de Victor Hugo "A
qui la faute" m'émeut toujours autant chaque fois que
je le lis. Où que j'aille, le premier endroit que je visite est
le lieu des livres. Même quand je ne comprends pas la langue du
pays, même quand je n'en comprends pas même l'alphabet.
Bien sûr, la librairie est une autre maison de plaisirs. Il m'est
impossible d'y entrer et d'en ressortir seule. J'ai déjà
trop acquis d'ouvrages pour pouvoir les lire tous en une seule vie. Je
le sais, mais suis bien incapable de résister à leur appel
lorsque j'entre dans leur antre. Et il m'est impossible de ne pas y entrer.
Je connais un monde enchanté : Hay-on-Wye,
un village de 1500 habitants au pays de Galles, qui abrite une quarantaine
de librairies. Le temps n'y existe plus
Je pourrais m'y dissoudre !
Non seulement j'aime l'objet mais j'aime lire. Profondément. Amoureusement.
Je suis entrée à 14 ans en littérature, alors que
je me trouvais en Angleterre, avec Le rouge et le Noir de Stendhal
qui m'a littéralement transportée par la beauté et
le souffle donnée à la langue française. Lui ont
succédé les 5 tomes des Thibault de Roger Martin
du Gard, qui donne une profonde densité à ses personnages
inscrits dans leur histoire et dans l'Histoire qui marque la fin d'un
monde. Ces deux auteurs ont confirmé mon intromission. Parmi tous
les genres que peut prendre le livre, celui que je préfère
est le roman. En ouvrir un est chaque fois une aventure où je peux
me perdre et me trouver, me transformer, rêver, imaginer, analyser,
penser, méditer, rencontrer, accéder à une dimension
que je n'imaginais même pas exister, découvrir, réfléchir,
ressentir, sourire, rire, sortir des larmes aussi et parfois grandir.
Chacun d'entre eux peut être un miracle agissant sur moi. Parfois
ils me repoussent et je ne peux accéder à leurs trésors.
Mais lorsqu'à force de persévérance, après
parfois plusieurs tentatives et de longues années, je parviens
à les apprivoiser et enfin pénétrer leur univers,
ils m'apportent de purs instants de bonheur. Ainsi Cent ans de solitude
de Gabriel Garcia Marquez ou encore Voyage au bout de la nuit de
Céline. Les meilleurs romans pour moi sont ceux pour lesquels il
y a eu un avant et un après, ceux qui m'auront ainsi marquée
définitivement de leur empreinte et permis d'exhausser ma perception.
Je ne serais pas celle que je suis sans mes lectures.
Enfin, j'aime parler de mes livres. Sans modération. Alors pouvoir
discuter des mêmes lectures est enthousiasmant. Les échanges
sont captivants souvent, déconcertants parfois, féconds
toujours. Le livre déjà riche en lui-même qui s'habille
de notre propre compréhension s'enrichit encore d'avantage du regard
des autres, de leur propre vision. Et comme pour les livres, je ne les
quitte qu'avec regret.
Avril 2018
|