Nathalie F
(qui
a participé au nouveau groupe parisien entre 2016 et 2018)
Mon rapport à la littérature s'exprime dans le titre d'une
uvre d'Emmanuel Carrère : "D'autres
vies que la mienne". Grâce à elle, j'ai pu être
tour à tour un zek cherchant à se procurer de la kacha,
un juif du shtetl ou du ghetto, un pensionnaire d'un lycée pour
garçons de Lima, une charcutière des Halles ou une blanchisseuse
de la Goutte d'Or, un travailleur volontaire à Tchernobyl.
Mais surtout, grâce à la littérature j'ai pu faire
connaissance d'une jeune fille parisienne de mon âge (quand j'avais
cet âge), que j'aurais tant voulu connaître, dont je porte
à jamais le souvenir en moi et qui m'accompagne chaque jour*. Comme
le monde eut été plus riche si elle avait pu y vivre !
Souvent je pense aux gens qui ne lisent pas (et ils sont si nombreux)
et je me dis, comme triste et étriquée doit être leur
vie, eux qui n'en ont qu'une seule ! A quoi pensent-ils ?
Peut-être à gérer les problèmes matériels
de la vie, ce qui me fait certainement défaut, la faute (en partie)
à la littérature !
*Hélène Berr, Journal
Juin 2017
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