Nathalie R
Je n'ai pas de premiers souvenirs
de lecture. Et pourtant les livres étaient dans la maison. Ma mère
tournait les pages des romans tout en laissant sécher ses ongles
et en me demandant d'allumer sa cigarette. Je fais partie des enfants
qui dévoraient les livres comme on dévore un gâteau.
Et comme il n'y avait pas beaucoup de livres encore moins de carte de
bibliothèque... mon plus grand plaisir était d'être
déposée au rayon livres d'une célèbre enseigne
de supermarché qui "positive" le temps que ma mère
fasse ses courses. Ma propre course était alors de finir le livre
avant qu'elle ne revienne. J'en ai lu beaucoup de cette façon sans
avoir à débourser une seule pièce du petit tas que
j'érigeais, babysitting après babysitting.. Toute mon adolescence,
j'ai lu tout et n'importe quoi. Je ne me rendais jamais à une invitation
sans avoir un livre dans mon sac... Cela m'est resté et je me dis
qu'il peut arriver n'importe quoi, j'aurai toujours un livre avec moi.
J'ai un problème avec
les livres. Quand je les aime trop je ne peux pas les finir. Je peux parfois
contourner la difficulté en lisant la fin en premier. Mais je crois
bien au fond de moi que je préfère la première solution.
Je fais partie des lecteurs et des lectrices qui doivent être conquis
par les trois premières pages sinon le livre me tombe des mains...
Et j'ai un deuxième défaut, je ne supporte pas d'avoir deux
fois le même mot "délicat" à quelques pages
d'écart.
Dans le groupe, j'ai toujours
envie de parler en premier afin de pouvoir mieux écouter ensuite
sans être paralysée par mes propres émotions.
Il n'y a rien de pire que quand le hasard me place en dernière
position !
Décembre 2016
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