Virginia Woolf
La promenade au phare
Nous avions lu en
1987
Mrs Dalloway
et lirons par la suite :
- en 1993
Orlando
- en 2000 Une
chambre à soi
- l'été 2012 des livres de Virginia Woolf et du groupe
de Bloomsbury
- en 2019 à nouveau Orlando.
En 1990, nous n'avions pas encore pris l'habitude de
noter l'avis de chacun. Le "scribe" de ce
26 janvier 1990, Dominique, a lu la séance suivante ce qu'elle
a rédigé, et les remarques vont fuser...
Titres possibles :
- "Ceci n'est pas un compte rendu"
- ou bien "Petit Éloge d'un dialogue en forme de compte
rendu"
- ou "Petit dialogue en forme d'éloge et de compte rendu"
- ou encore "À un autre la vérité"
- ou "L'art de la coupure"
- ou "Mauvaise foi"
- ou "Mixage", "Montage", "Points
de vue", etc.
La promenade au phare ?
Une tentative intellectuelle dont on se demande si elle pourrait séduire
une nouvelle fois - si tant est qu'elle ait déjà séduit.
Virginia Woolf était-elle vraiment consciente de ce qu'elle voulait
faire ?
En effet, on peut s'interroger : n'est-ce pas là un texte,
une écriture "De Femme" faite "Pour Les
Femmes", c'est-à-dire prodigieusement ennuyeuse ?!
Ce livre est une pelouse.
La virtuosité intellectuelle de l'auteur n'empêche pas les
longueurs.
Allons jusqu'au bout des choses : il n'offre rien à quoi se
rattacher par les sens, on y est comme dans un bain d'ennui !
Sabine (explosant)
Trahison ! C'est une trahison !
Claire (mesurée, néanmoins)
C'est (ton
affirmatif) scandaleux.
Henri-Jean (estomaqué)
On n'a pas le droit de faire une chose pareille
Brigitte (se contenant, mais ferme)
Il n'y a aucune vérité dans tout cela.
Freddy (surpris, mais toujours mesuré)
Ce petit rapport ne me paraît pas très fidèle à
notre échange.
Dominique
Très bien je reprends.
(Dithyrambique) Qu'il est difficile de retenir son admiration !
Voilà un monument de la littérature que toutes les métaphores
assemblées ne peuvent épuiser. On est sous le charme d'un
regard, d'une attention tendre aux choses et aux gens, d'une musique qui
crée, comme une seule note tenue, la transparence de l'air, le
merveilleux, le fantastique. Toute est fluide, évanescence, et
pourtant, la vie est là, concrète, sensuelle : intimité
d'une maison, jeux des enfants, chaleur de la cheminée
Temps
coagulé.
Mais aussi, temps épars, distendu, éclaté :
celui d'une jeune fille rappelée à l'enfance en descendant
un escalier, celui d'une femme qui devient autre qu'elle-même en
s'éloignant sur une allée.
On traverse le(s) temps comme on traverse les consciences : fluidité
du style, subtile et maîtrisé (ou traduction défaillante ?...),
audace des fondus enchaînés qui, tout à coup, nous
font chercher le narrateur.
Mais déjà nous oublions notre quête : en deux
touches, en un détail, en trois secondes, la vie est là,
toute entière, dans une plénitude maternelle ; et dans
le même instant, amenuisée, réduite à rien,
transparente : une plaine liquide... la mer... une île
un
phare...
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