Quatrième de couverture :
"Il nous entraîne dans son rêve d’une enfance passée au fond d’un château des bords de la Baltique qu’il nous fait visiter avec sa courtoisie d’un autre âge. Il nous montre les verreries de Bohême, les livres rares, les roses, et nous craignons qu’un geste trop brutal de notre part brise la bulle irisée qui nous enferme. Jusqu’au moment où nous nous apercevons qu’un tourment habite cet univers feutré et que Les Cahiers de Malte Laurids Bridge sont le livre de la souffrance. Paris y joue un grand rôle et la découverte de cette ville a libéré chez Rilke, avec la brutalité d’une déchirure, le flot des souvenirs et des angoisses."
Patrick Modiano


 

Rainer Maria Rilke
Les cahiers de Malte Laurids Bridge

Nous avons lu ce livre en avril 1993.

Marie-Christine
Je n'ai pas aimé du tout. Je lis pour m'amuser et là, NON !

Claire
J'ai fait une lecture grappillante. Il y a de petits morceaux séduisants (visage, animaux…). De quoi ça parle ? J'ai discerné des thèmes, mais dans un ennui pesant, une impression de laideur. Comment ça a pu être un livre-culte ?! Pour moi c'est un livre fait pour en extraire des morceaux choisis...

Élisabeth
Je me suis rarement autant ennuyée. Je suis allée jusqu'à la page 128 péniblement. J'ai trouvé ça moralisateur.

Sabine
J'ai eu un sentiment de malaise et d'étouffement, mais pas d'ennui. Ça transpire l'angoisse.

Henri-Jean
J'ai lu 60 pages, mais je n'ai pas eu envie de continuer. J'ai trouvé des phrases incompréhensibles.

Anne-Marie
J'ai apprécié les images, les pensées, la force télépathique d'aide aux autres, de compassion, la morale. Le côté mystique, lyrique, la difficulté de compréhension m'ont gênée.

Brigitte
Ce n'est pas un livre facile, mais je suis contente de l'avoir lu. Ça a vieilli, mais quand même beaucoup de choses sont évocatrices : la scène du déguisement, le visage dans les mains, la mort du père. Ce n'est pas pour moi un livre moralisant. Cet homme décrit ses angoisses.

Fernando
Rilke était l'incarnation du désengagement ; Neruda le détestait parce que Rilke représentait ce qu'il y avait de poète pur en lui. Rilke vient à Paris pour apprendre à regarder. Il voit la mort qui le renvoie à son enfance. Même si je me suis ennuyé dans le fond, je veux rendre justice à ce poète. Il présente à la fin la parabole de l'enfant prodigue : l'enfant quitte la maison de famille, car il ne veut plus être aimé. C'est très fort, la poésie sur la cage de la panthère au Jardin des plantes.

Danielle
J'ai aimé, je ne me suis pas ennuyée, mais n'ai pas fini (j'ai lu 50 pages). Le trajet spirituel qui est dans le livre peut nous aider à faire le nôtre. Il y a une empathie avec le monde. Au niveau de l'écriture, il fait naître des choses fabuleuses. Ce qui est pesant, c'est l'angoisse, la mort, la sympathie avec la souffrance. C'est énigmatique, mais fécond. On a envie de le lire pour qu'il nous donne à penser.

Monique
Je l'ai lu pour la deuxième fois. Il y a trois ans, je m'étais emmerdée et cette fois, alors que son enfance inventée (le milieu de Rilke n'était pas du tout noble ni riche), les analogies avec Proust, ne m'emballaient pas, la fin, avec quelques pages sur l'amour, l'enfant prodigue, m'a beaucoup plu. Pour moi les dernières pages font le lien entre les différentes parties du livre, donnent l'architecture, la clef de voûte.

Rozenn
Trois ou quatre lignes au début : très bien. Mais ensuite, j'ai été tout le temps déçue. Je lisais en parallèle Le caoutchouc décidément* et comme ça j'ai pu presque terminer le livre (avec un arrêt 6 pages avant la fin). J'ai l'impression que Rilke n'est jamais dans ce qu'il écrit. Quand je relis ça va, quand je lis je suis déçue.

Christine
J'ai eu du mal dans les 60 premières pages, et après, que du bonheur ! Cet homme est mal, il est en exil, mais il en a besoin, il doit régler ses comptes avec son enfance : il invente son enfance, mais pas ses angoisses. J'ai noté le passage très drôle de la visite du pasteur ; et la visite de la salle des tableaux, avec le tableau de la femme morte qui revient en fantôme, enlevé, et Éric qui amène le miroir pour que le fantôme puisse se voir, les tapisseries d'Aubusson avec les femmes qui ont leur robe déboutonnée dans le dos, car autrefois elles avaient des servantes pour les boutonner : c'est le déclin, les jeunes filles modernes.

Marie-Claire
J'ai été fascinée par le livre. On n'a pas dit les mots-clés : la folie et l'exil. Rilke habitait chez Rodin à ce moment-là. Il écrit le journal d'un fou… et Rodin, par opposition était bien trop vivant. Le fou n'est pas Rilke, il est son double noir. L'écriture est prodigieuse. Il dit des choses merveilleuses sur nos relations avec nos semblables. C'est une aventure spirituelle et mentale. Rilke était tellement fragile qu'il ne pouvait pas s'engager comme Neruda.

Dominique
J'ai complètement adhéré aux scènes citées : sur la danse de Saint-Guy, le voisin, les dentelles de la mère. Il y a des moments où j'ai peine quand il évoque toutes les femmes amoureuses, par exemple à la fin, à propos d'Abelone et de Dieu.

 

*d'Éric Chevillard, lu pour la séance d'après (avril 1993).


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