Rainer Maria Rilke
Les cahiers de Malte Laurids Bridge
Nous avons lu ce livre en avril 1993.
Marie-Christine
Je n'ai pas aimé du tout. Je lis pour m'amuser et là, NON !
Claire
J'ai fait une lecture grappillante. Il y a de petits morceaux séduisants
(visage, animaux
). De quoi ça parle ? J'ai discerné
des thèmes, mais dans un ennui pesant, une impression de laideur.
Comment ça a pu être un livre-culte ?! Pour moi c'est
un livre fait pour en extraire des morceaux choisis...
Élisabeth
Je me suis rarement autant ennuyée. Je suis allée jusqu'à
la page 128 péniblement. J'ai trouvé ça moralisateur.
Sabine
J'ai eu un sentiment de malaise et d'étouffement, mais pas d'ennui.
Ça transpire l'angoisse.
Henri-Jean
J'ai lu 60 pages, mais je n'ai pas eu envie de continuer. J'ai trouvé
des phrases incompréhensibles.
Anne-Marie
J'ai apprécié les images, les pensées, la force télépathique
d'aide aux autres, de compassion, la morale. Le côté mystique,
lyrique, la difficulté de compréhension m'ont gênée.
Brigitte
Ce n'est pas un livre facile, mais je suis contente de l'avoir lu. Ça
a vieilli, mais quand même beaucoup de choses sont évocatrices
: la scène du déguisement, le visage dans les mains, la
mort du père. Ce n'est pas pour moi un livre moralisant. Cet homme
décrit ses angoisses.
Fernando
Rilke était l'incarnation du désengagement ; Neruda
le détestait parce que Rilke représentait ce qu'il y avait
de poète pur en lui. Rilke vient à Paris pour apprendre
à regarder. Il voit la mort qui le renvoie à son enfance.
Même si je me suis ennuyé dans le fond, je veux rendre justice
à ce poète. Il présente à la fin la parabole
de l'enfant prodigue : l'enfant quitte la maison de famille, car il ne
veut plus être aimé. C'est très fort, la poésie
sur la cage de la panthère
au Jardin des plantes.
Danielle
J'ai aimé, je ne me suis pas ennuyée, mais n'ai pas fini
(j'ai lu 50 pages). Le trajet spirituel qui est dans le livre peut nous
aider à faire le nôtre. Il y a une empathie avec le monde.
Au niveau de l'écriture, il fait naître des choses fabuleuses.
Ce qui est pesant, c'est l'angoisse, la mort, la sympathie avec la souffrance.
C'est énigmatique, mais fécond. On a envie de le lire pour
qu'il nous donne à penser.
Monique
Je l'ai lu pour la deuxième fois. Il y a trois ans, je m'étais
emmerdée et cette fois, alors que son enfance inventée (le
milieu de Rilke n'était pas du tout noble ni riche), les analogies
avec Proust, ne m'emballaient pas, la fin, avec quelques pages sur l'amour,
l'enfant prodigue, m'a beaucoup plu. Pour moi les dernières pages
font le lien entre les différentes parties du livre, donnent l'architecture,
la clef de voûte.
Rozenn
Trois ou quatre lignes au début : très bien. Mais ensuite,
j'ai été tout le temps déçue. Je lisais en
parallèle Le caoutchouc décidément* et comme
ça j'ai pu presque terminer le livre (avec un arrêt 6 pages
avant la fin). J'ai l'impression que Rilke n'est jamais dans ce qu'il
écrit. Quand je relis ça va, quand je lis je suis déçue.
Christine
J'ai eu du mal dans les 60 premières pages, et après, que
du bonheur ! Cet homme est mal, il est en exil, mais il en a besoin,
il doit régler ses comptes avec son enfance : il invente son
enfance, mais pas ses angoisses. J'ai noté le passage très
drôle de la visite du pasteur ; et la visite de la salle des
tableaux, avec le tableau de la femme morte qui revient en fantôme,
enlevé, et Éric qui amène le miroir pour que le fantôme
puisse se voir, les tapisseries d'Aubusson avec les femmes qui ont leur
robe déboutonnée dans le dos, car autrefois elles avaient
des servantes pour les boutonner : c'est le déclin, les jeunes
filles modernes.
Marie-Claire
J'ai été fascinée par le livre. On n'a pas dit les
mots-clés : la folie et l'exil. Rilke habitait chez Rodin
à ce moment-là. Il écrit le journal d'un fou
et Rodin, par opposition était bien trop vivant. Le fou n'est pas
Rilke, il est son double noir. L'écriture est prodigieuse. Il dit
des choses merveilleuses sur nos relations avec nos semblables. C'est
une aventure spirituelle et mentale. Rilke était tellement fragile
qu'il ne pouvait pas s'engager comme Neruda.
Dominique
J'ai complètement adhéré aux scènes citées :
sur la danse de Saint-Guy, le voisin, les dentelles de la mère.
Il y a des moments où j'ai peine quand il évoque toutes
les femmes amoureuses, par exemple à la fin, à propos d'Abelone
et de Dieu.
*d'Éric Chevillard, lu pour la
séance d'après (avril 1993).
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