Port-Soudan, éd. Points

Quatrième de couverture :

"C'est à Port-Soudan que j'appris la mort de A. Les hasards de la poste dans ces pays firent que la nouvelle me parvint assez longtemps après que mon ami eut cessé de vivre. Un fonctionnaire déguenillé, défiguré par la lèpre, porteur d'un gros revolver noir dont l'étui était noué à la ceinture par une lanière de fouet en buffle tressé, me remit la lettre vers la fin du jour. (...) Comme presque tous ceux qui survivaient dans la ville, son office principal était d'ailleurs le racket et l'assassinat. Comment s'était-il procuré le pli, je l'ignore. Peut-être l'avait-il volé à la Mort elle-même."

PRIX FEMINA 1994

Olivier Rolin (né en 1947)
Port-Soudan (1994)

Nous avons lu ce livre en mai 1996.

Jacques
Je l'ai lu il y a longtemps. C'est un souvenir plaisant. J'aime l'idée de recherche, à la manière du roman policier. C'est une démarche originale, surtout par la construction du texte. Je me rappelle l'épisode du jardin public, la comparaison entre les oiseaux et la jeune femme, le personnage de la concierge, la description de Port-Soudan – lieu intemporel, épave, mort… C'est pour moi le meilleur livre de Rolin – un auteur mineur – et dont je garde des souvenirs précis.

Manuel
Je ne suis pas aussi enthousiaste. Je me suis arrêté à la page 39. C'est tellement beau à chaque page qu'à la fin je me suis ennuyé. On sent qu'il a pesé chaque mot et peser chaque phrase, ce qui m'a gonflé. Par exemple la description de la chambre. L'écriture m'a gêné. Il y a trop de recherche d'un effet.

Brigitte
J'ai été agréablement surprise d'abord, puis à la réflexion j'ai trouvé trop de procédés. Ce soixante-huitard aimé par une jeune fille, c'est une idée intéressante. Il y a une belle image du partage des eaux. A. est un écrivain qui ne sait plus écrire, c'est émouvant. Le côté autobiographique permet de dire que ce roman est réussi.

Christine
J'ai détesté. L'histoire est peu nouvelle, le style est insupportable. Il y a une image répétée, le nerf. Le livre m'a semblé prétentieux : il y a page 57 une définition de la littérature. Il assène des vérités.

Monique
J'ai aimé ce livre parce qu'il est petit, avec de petits chapitres. Le texte est aéré, léger, pour un thème qui, lui, est alourdi. Il donne la parole à de multiples personnages ; dans les paroles de l'infirmière, on entend la voix de A. J'aime le côté enquête, et l'avancée par analogie. L'avancée par contraste paraît extraordinaire. J'aime les références culturelles. J'ai adoré les descriptions du ciel. J'aime la description du héros et celle de la jeune fille par des objets qui apparaissent et disparaissent. Je trouve que la forme est attendue, avec un côté précieux. La forme est en contradiction avec les propos – une forme enluminée. L'écriture est une façon de réintroduire une harmonie artificielle. C'est une écriture cérémoniale. J'aime moins le chapitre sur les idéaux de jeunesse. Le retour à Port-Soudan est un suicide.

Anne-Marie
J'ai aimé, mais j'ai eu du mal à le lire. J'ai aimé le style. Je n'aime pas les deux derniers tiers, avec des interprétations. C'est d'un romantisme excessif. Avec une oraison funèbre.

Sabine
J'ai adoré. La réussite est pour moi totale. J'ai aimé le prétexte du livre, la narration dans la narration, la surenchère de métaphores où il s'agit d'associer et d'évoquer. On est ce qu'on est que par rapport au lieu où l'on est attaché. Le roman est une métaphore de la vie. Chaque personnage éclaire l'autre. J'aime toutes ces couleurs ("remous de bronze"). Aquarelle, finesse, mais aussi épaisseur, matière à réfléchir et matières à rêver. Tous les personnages ont un degré de poésie. Les deux villes s'éclairent l'une l'autre.

Henri-Jean
Je n'ai pas aimé à la première lecture, encore moins à la deuxième. Je m'autocensure pour ne pas lui faire de la peine... J'ai tout détesté, le chapitre 9 un peu moins. Tout est faux. Les personnages ne sont pas authentiques et théorisent. C'est un livre qui m'a semblé ridicule du début à la fin.

Marie-Christine
Je n'ai pas adoré car j'étais gênée par le style, mais j'ai aimé quand même. Je voudrais le relire une seconde fois.

Claire
Le côté affecté est décevant. En dépit des différences, je suis en accord avec tous ceux qui viennent de parler. Je l'avais déjà lu et, à la deuxième lecture, j'ai ressenti la même gêne . Mais j'ai été prise par l'émotion. L'émotion fait disparaître la gêne, qui est causée par ce procédé de préciosité. Il y a nombre de formules plaisantes dans le chapitre 9. C'est un roman riche par ses thèmes. Il y a un art de l'indirect.

Liliane
Comme Henri-Jean, je n'avais pas envie de relire ce livre. J'ai fait plus grâce au chapitre 9. J'ai lu à haute voix, ce qui est déterminant pour un texte. Or ce texte ne résiste pas. Le ridicule se révèle au second degré. Sur la distinction auteur/narrateur, j'en viens à faire la confusion. Il n'y a pas d'authenticité. Il maintient la différenciation des personnages. Mais on n'y croit pas. Les personnages n'ont pas d'individualité. J'ai vu de la grandiloquence, des envolées à la Frédéric Mitterrand. Je l'associe à Bobin avec le même effet d'à-côté (Liliane cite des passages "ampoulés"). À chaque instant, des éléments me faisaient décrocher.

Rozenn
Ce livre ne m'a laissé aucun souvenir.

 

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