Extrait du site Gallimard

Quatrième de couverture : Martin Terrier était pauvre, esseulé, bête et méchant, mais pour changer tout ça, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite. Après avoir pratiqué dix ans le métier d'assassin, fait sa pelote et appris les bonnes manières, il allait rentrer au pays retrouver sa promise et faire des ronds dans l’eau... Mais pour se baigner deux fois dans le même fleuve, il faut que beaucoup de sang passe sous les ponts.


Jean-Patrick Manchette
La position du tireur couché

Nous avons lu ce livre en septembre 1996.
Manchette est mort l'année précédente : voir sur son œuvre des chroniques journalistiques et un texte de Manchette lui-même sur le roman noir : ICI.

Christophe Evans est avec nous ce soir (voir sa présentation en bas de page).

Christine
J'ai aimé le titre, le nom de l'auteur. J'ai été un peu arrêtée par la brutalité, mais finalement j'ai supporté… c'est une violence qui a une raison d'être. L'histoire d'amour m'a paru moins intéressante. Mais c'est écrit d'une manière que j'ai trouvée intéressante : en peu de phrases, on y est tout de suite. Ce n'est pas ce style de roman policier que je préfère. Pour résumer, je trouve le livre efficace.

Brigitte
J'ai beaucoup aimé ce livre : un policier et un roman en même temps. On est tenu en haleine. Le personnage de Terrier est très intéressant, avec cette description de la solitude et d'un homme perpétuellement sur le qui-vive. L'auteur, c'est vraiment un professionnel. La mort de Stanley paraît un peu le point faible de ce texte.

Sabine
Définitivement, je n'y trouve aucun intérêt. C'est un polar avec tout ce qui est ridicule, mauvais, inintéressant… Les descriptions ? A quoi servent-elles, sinon à combler du papier ?! Je ne vois pas le climat que cela donnerait. Le livre ressortit plus du synopsis. Le mérite du livre c'est que ça se lit vite, c'est une lecture de l'instant. Je n'ai pas terminé le livre, mais pour l'emploi du passé simple c'est génial…

Henri-Jean
Ca a le mérite d'être court. C'est une nullité… avec le sens qui le caractérise, bien sûr : RIEN… RIEN…. RIEN…

Liliane
J'ai pris plaisir à la lecture, avec une écriture efficace. Mais la langue est un peu laborieuse, il fait des efforts, ça se voit. Quelle est l'intention de l'auteur ? Il m'a intéressée… C'est noir parce que passer d'une classe sociale à l'autre, c'est fichu. Je préfère d'autres auteurs.

Fernando
J'ai été intéressé, passionné… or j'avais des préjugés contre les romans noirs. Je suis fasciné par le personnage central, tellement bien décrit. Je suis très sensible à l'idée de vouloir décrocher… il n'y réussit pas, c'est une personnalité extraordinaire. La scène ou il est éconduit par le beau-père est d'une très grande originalité. Ce qui me touche, c'est le fait de vibrer avec le personnage. Et puis la sexualité est savamment distillée : ce mélange de pudeur, d'inhibition passe dans sa sexualité, et c'est très bien raconté. L'histoire policière est pour moi secondaire. Les faiblesses, c'est le personnage féminin, pas bien peaufiné, faible. Pour ce qui est du cadre social, c'est très pudique. La fin, il est allé un peut trop loin dans la volonté de refermer avec le début.

Céline
L'écriture est très cinématographique. Cela se lit vite, c'est très économique comme style. Mais c'est un peu pauvre. Il n'y a aucun sentiment décrit - c'est par la couleur que c'est exprimé. La fin est peu grotesque. C'est le dernier livre de Manchette, après il s'est mis au cinéma.

Claire BC
Pour ce qui est de l'écriture, je trouve ça très pauvre. Les descriptions n'ont aucune nécessité interne. Si j'ai été tenue, c'est que le personnage m'a beaucoup accrochée, on sent une rage implacable. Je n'ai rien de plus à dire. Je suis frustrée, déçue par l'écriture qui ne provoque pas de territoires de résurgence…

Claire B (qui a proposé le livre…)
J'en avais lu un autre cet été Ô dingos, ô châteaux !, c'était atroce… c'est pourquoi je vous ai proposé Manchette pour comprendre comment, en quoi, il peut être autant apprécié. J'ai beaucoup aimé les premières lignes portées par le personnage mystérieux et le montage des scènes, très clair, très sec et efficace. C'est tout le temps vraisemblable. Puis j'ai commencé à être déçue, il y a une espèce de placage politique qui ne prend pas. La fin est emberlificotée. Et le personnage a perdu de son épaisseur. La femme n'est pas intéressante, une espèce de marionnette. Il n'y pas de relief et le sec devient pauvre. Le trois dernières pages, c'est bâclé…

Christophe
J'aime beaucoup. Le projet c'est de désincarner les personnages et c'est le lecteur qui les construit, c'est comme de l'art abstrait. L'écriture est comportementaliste. C'est un grand moraliste. Ce néo-polar ressemble au néo-roman, avec un arrière-fond sociopolitique du début à la fin. C'est un pouvoir corrompu, la DST… Le personnage veut s'en sortir, s'arracher à sa condition. Manchette travaille beaucoup l'écriture. Il y a une fascination pour les armes, une violence gérée. Le nom des personnages et très intéressant. Il y a a un rythme même s'il n'y pas du plaisir de la langue.

Christophe Evans est en 1996 chargé d'études en sociologie au service Études et Recherche de la Bpi (Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou). Il deviendra ultérieurement chef de ce service. Il est co-auteur de l'ouvrage publié en 1996 qui avait amené à le contacter, Sociabilités du livre et communautés de lecteurs : trois études sur la sociabilité du livre, avec Martine Burgos et Esteban Buch.
Voir une présentation de ce qui concerne les groupes de lecture dans ce livre : ICI.

 


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