Jean-Patrick Manchette
La position du tireur couché
Nous avons lu ce livre en septembre 1996.
Manchette est mort l'année précédente : voir
sur son uvre des chroniques
journalistiques et un texte de Manchette lui-même sur le roman
noir : ICI.
Christophe Evans est avec nous ce soir (voir sa présentation en
bas de page).
Christine
J'ai aimé le titre, le nom de l'auteur. J'ai été
un peu arrêtée par la brutalité, mais finalement j'ai
supporté
c'est une violence qui a une raison d'être.
L'histoire d'amour m'a paru moins intéressante. Mais c'est écrit
d'une manière que j'ai trouvée intéressante :
en peu de phrases, on y est tout de suite. Ce n'est pas ce style de roman
policier que je préfère. Pour résumer, je trouve
le livre efficace.
Brigitte
J'ai beaucoup aimé ce livre : un policier et un roman en même
temps. On est tenu en haleine. Le personnage de Terrier est très
intéressant, avec cette description de la solitude et d'un homme
perpétuellement sur le qui-vive. L'auteur, c'est vraiment un professionnel.
La mort de Stanley paraît un peu le point faible de ce texte.
Sabine
Définitivement, je n'y trouve aucun intérêt. C'est
un polar avec tout ce qui est ridicule, mauvais, inintéressant
Les descriptions ? A quoi servent-elles, sinon à combler du papier ?!
Je ne vois pas le climat que cela donnerait. Le livre ressortit plus
du synopsis. Le mérite du livre c'est que ça se lit vite,
c'est une lecture de l'instant. Je n'ai pas terminé le livre, mais
pour l'emploi du passé simple c'est génial
Henri-Jean
Ca a le mérite d'être court. C'est une nullité
avec le sens qui le caractérise, bien sûr : RIEN
RIEN
. RIEN
Liliane
J'ai pris plaisir à la lecture, avec une écriture efficace.
Mais la langue est un peu laborieuse, il fait des efforts, ça se
voit. Quelle est l'intention de l'auteur ? Il m'a intéressée
C'est noir parce que passer d'une classe sociale à l'autre, c'est
fichu. Je préfère d'autres auteurs.
Fernando
J'ai été intéressé, passionné
or j'avais des préjugés contre les romans noirs. Je suis
fasciné par le personnage central, tellement bien décrit.
Je suis très sensible à l'idée de vouloir décrocher
il n'y réussit pas, c'est une personnalité extraordinaire.
La scène ou il est éconduit par le beau-père est
d'une très grande originalité. Ce qui me touche, c'est le
fait de vibrer avec le personnage. Et puis la sexualité est savamment
distillée : ce mélange de pudeur, d'inhibition passe
dans sa sexualité, et c'est très bien raconté. L'histoire
policière est pour moi secondaire. Les faiblesses, c'est le personnage
féminin, pas bien peaufiné, faible. Pour ce qui est du cadre
social, c'est très pudique. La fin, il est allé un peut
trop loin dans la volonté de refermer avec le début.
Céline
L'écriture est très cinématographique. Cela se lit
vite, c'est très économique comme style. Mais c'est un peu
pauvre. Il n'y a aucun sentiment décrit - c'est par la couleur
que c'est exprimé. La fin est peu grotesque. C'est le dernier livre
de Manchette, après il s'est mis au cinéma.
Claire BC
Pour ce qui est de l'écriture, je trouve ça très
pauvre. Les descriptions n'ont aucune nécessité interne.
Si j'ai été tenue, c'est que le personnage m'a beaucoup
accrochée, on sent une rage implacable. Je n'ai rien de plus à
dire. Je suis frustrée, déçue par l'écriture
qui ne provoque pas de territoires de résurgence
Claire B (qui a proposé le livre
)
J'en avais lu un autre cet été Ô
dingos, ô châteaux !, c'était atroce
c'est pourquoi je vous ai proposé Manchette pour comprendre comment,
en quoi, il peut être autant apprécié. J'ai beaucoup
aimé les premières lignes portées par le personnage
mystérieux et le montage des scènes, très clair,
très sec et efficace. C'est tout le temps vraisemblable. Puis j'ai
commencé à être déçue, il y a une espèce
de placage politique qui ne prend pas. La fin est emberlificotée.
Et le personnage a perdu de son épaisseur. La femme n'est pas intéressante,
une espèce de marionnette. Il n'y pas de relief et le sec devient
pauvre. Le trois dernières pages, c'est bâclé
Christophe
J'aime beaucoup. Le projet c'est de désincarner les personnages
et c'est le lecteur qui les construit, c'est comme de l'art abstrait.
L'écriture est comportementaliste. C'est un grand moraliste. Ce
néo-polar ressemble au néo-roman, avec un arrière-fond
sociopolitique du début à la fin. C'est un pouvoir corrompu,
la DST
Le personnage veut s'en sortir, s'arracher à sa condition.
Manchette travaille beaucoup l'écriture. Il y a une fascination
pour les armes, une violence gérée. Le nom des personnages
et très intéressant. Il y a a un rythme même s'il
n'y pas du plaisir de la langue.
Christophe
Evans est en 1996 chargé d'études en sociologie au service
Études et Recherche de la Bpi (Bibliothèque publique d'information
du Centre Pompidou). Il deviendra ultérieurement chef de ce service.
Il est co-auteur de l'ouvrage publié en 1996 qui avait amené
à le contacter, Sociabilités
du livre et communautés de lecteurs : trois études sur la
sociabilité du livre, avec Martine
Burgos et Esteban Buch.
Voir une présentation de ce qui concerne les groupes de lecture
dans ce livre : ICI.
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