Nathalie Sarraute
Enfance (1983)
Nous avons lu ce livre en février
1997.
Et en complément éventuel...
Vous les entendez ?
Nous avions lu Les Fruits dor en 1991 (et
vu son adaptation au théâtre Paris-Villette par Elisabeth
Chailloux, avec rencontre de la metteure en scène) et Entre
la vie et la mort
en 2014.
Le nouveau groupe parisien lira Enfance
en février 2019.
Brigitte
J'ai adoré. J'ai lu à toute vitesse, j'ai été
prise, passionnée. Sonietchka
que nous avons lu la dernière fois n'arrive pas à la cheville
(Brigitte cite des passages qui l'ont frappée : champ,
peau de singe, langage codé avec la mère). J'ai lu Vous
les entendez ? L'uvre d'art permet de lutter contre la mort.
Monique
Je l'ai lu il y a longtemps. C'est le seul livre de Nathalie Sarraute
qui m'ait véritablement accrochée. Les mots l'ont empêchée
d'être folle. Elle dit que les mots sont toujours défaillants,
mais elle le dit avec les mots. Je n'aime pas les deux voix. Dans la spéléologie,
une personne est en rappel. C'est un livre très émouvant.
Dans Tu
ne t'aimes pas, je n'ai pas aimé toutes ces voix.
Christine
J'aime beaucoup Sarraute, mais moins Enfance, plus classique. Ce
qui m'intéresse, c'est sa recherche permanente. Il y a une démarche
scientifique sur les tropismes. Elle s'inscrit dans une époque.
La lecture est parfois ingrate. Elle n'est pas conventionnelle. Je la
rapproche de Godard. Vous les entendez ?, c'est fluctuant.
Une réaction à 68. Les gens ont été séduits
par ses conférences. Mais il n'y a pas de séduction.
Marie-Christine
J'ai beaucoup aimé Enfance. Le second l'amène à
aller plus loin. Les points de suspension : un discours à la Duras,
avec le cheminement de la pensée. Vous les entendez ?
J'ai été déroutée ; je n'ai rien compris.
J'ai été déçue.
Henri-Jean
(Henri-Jean fait l'historique de ses rapports avec Nathalie Sarraute)
Je n'ai jamais aimé. Je préférais L'ère
du soupçon. C'était pour moi "la commère
de notre vie intérieure", Tadié dit "la musicienne
dans le silence". C'est
beau, Pour
un oui pour un non m'ont réconcilié. Je n'ai pas
aimé Les
Fruits d'or. J'ai lu Enfance avec plaisir, mais je n'ai
pas aimé. Le double, j'ai trouvé ça cucul, artificiel.
Tout ce qu'elle raconte est conventionnel : une suite de clichés.
Les tableaux ne donnent pas lieu à un approfondissement. Je suis
resté extérieur. Je suis mi-figue mi-raisin.
Sabine
(Citant Simone de Beauvoir) "Ah c'est ça, que ça".
J'ai lu l'édition
scolaire, ça m'a éclairée. La fin du livre est
habitée par la gamine. Pourtant il y a des clichés. Avec
un double narrateur, le procédé n'est pas gênant.
L'austérité m'a frappée. J'ai adoré sa pudeur.
Elle ne se regarde pas. Elle ne déteste pas ce personnage. Il y
a une présence de l'écriture. Je suis fascinée. J'aime
l'écrivain.
Céline
J'ai presque honte. Pour
un oui pour un non, j'ai aimé : on va au fond des
choses. Ce qui me gêne, c'est l'interview à la Paris-Match.
Ça m'a gênée pour le rythme. Les pointillés,
ça m'a gênée, comme dans Céline. J'ai donc
feuilleté. C'était très triste. Les événements
douloureux sont décrits, analytiquement, conséquences =>
je n'ai rien ressenti. Comment peut-elle relater ce qu'elle a vécu
si jeune ? C'est un récit de faits. Je n'ai rien ressenti. C'est
comme un livre d'entretiens.
Marie-Christine
Elle raconte des choses horribles sans juger et renvoie le lecteur à
son propre jugement.
Christophe
J'ai beaucoup aimé. Je suis content de l'avoir lu. Je me faisais
une image de femme de pierre, de gargouille. Il y a une réflexion
sur la mémoire et les souvenirs et leur reconstruction. Le je
et le tu la poussent à remettre en question ses souvenirs.
Je vois un rappel de Pérec. Sans psychanalyse. J'ai ressenti beaucoup
d'impressions, et en tant que papa, le monde des enfants et le hiatus
avec les adultes. Avec un foutriquet de la plume, ç'aurait pu être
une marâtre, la mère. Dans Desideria
de Moravia, il y a des questions-réponses aussi. Je suis
assez emballé.
Rebecca
Je n'ai pas lu. J'ai lu
Les Fruits d'or et Tropismes.
Je n'ai pas envie de le lire. Ça me gêne. Je n'aime pas les
coupures. J'aime l'histoire du livre, de la poussière. C'est artificiel.
Claire
C'est un livre que j'estime et qui m'agace. Ce que j'ai admiré,
c'est le montage de ces fragments qui construisent le personnage et son
histoire. Ce qui m'a agacée, c'est son style, ses clichés
: les énumérations. Pour approcher le sens, elle met un
paquet de synonymes. C'est un procédé. Allez, hop, une énumération
! C'est un tic. Le mot "morne" revient plusieurs fois, comme
une faiblesse. Le dialogue a un côté puéril et parfois,
cela crée une gêne. Il y a des métaphores (de la matière),
cela revient sans arrêt. Mais
ce livre mérite l'attention
et je ne vais pas bouder mon plaisir. C'est un pilier de Jules ferry !
J'ai aimé la manière dont elle est "malhonnête".
Elle ne distingue pas le temps de l'enfance et le temps de l'écriture
Où je ne la crois pas, c'est le coup de la rédaction
Mon avis est très positif, bien que très agacé !
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