Quatrième
de couverture :
Pendant la visite d'un huissier, chargé de dresser un inventaire
avant saisie, deux femmes, à Créteil, revivent l'Occupation.
Rose Mélie, la mémoire à jamais meurtrie, est une femme
hantée par les figures de Pétain et Darnand, dont elle croit
reconnaître la présence mauvaise dans le monde d'aujourd'hui. |
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Lydie Salvayre
La compagnie des spectres
Nous avons lu ce livre en novembre 2002.
Nous lirons ensuite Les
belles âmes en 2008, puis Sept
femmes en 2015.
Roselyne
Lydie Salvayre et sa Compagnie des spectres, c'est pas ma tasse
de thé. Je trouve l'ambiance de ce livre lourde, insupportable
et en même temps je le trouve tout à fait artificiel, une
sorte d'exercice de style. De mon point de vue, c'est mal de traiter de
cette manière un sujet aussi grave. On n'a pas le droit de s'en
servir pour assouvir des ressentiments personnels. Je ne veux pas tremper
dans ce genre de débat, que je trouve malsain. C'est justement
parce que je sais que certain(e)s l'ont beaucoup aimé, que je ne
veux pas avoir à entrer dans un débat à propos de
ce livre.
Manuel
Après la lecture de Pitchipoï
et la vision du film Le
pianiste de Roman Polanski, j'ai été vite pris par
le sujet. Ici, nous sommes dans l'envers du décor, les coulisses
de l'horreur : la France antisémite et vichyste. C'est un bon point
pour le livre qui nous dépeint une galerie de portraits les uns
plus atroces que les autres. C'est un choc en même temps qu'une
provocation (l'affaire Bousquet-Mitterrand).
Les personnages ont du corps, mais je ne me suis attaché à
aucun d'entre eux. Il n'y a pas d'identification possible ! Le livre est
une nouvelle variation de Entre mère et fille : un ravage.
A quand un livre au groupe lecture sur père/fils ou mère/fils
?...
Le style de la narration m'a beaucoup plu : très violent et direct.
Nous ne savons plus au bout d'un moment quels sont les personnages qui
parlent : j'ai été happé par ce tourbillon. La construction
est très savante, avec de nombreux flash back et contrepoints et
l'énorme atout du livre c'est que tout se tient. L'auteur nous
livre une uvre noire non dénuée d'humour et d'ironie.
Jacqueline
Comme Brigitte, je suis gênée. Par la violence, l'horreur
de ce qui est raconté. C'est insupportable, même si cela
recouvre une réalité historique. C'est un livre très
fort qui traduit bien l'enfermement de la mère et de la fille.
Mais c'est assez artificiel par moments, par exemple dans la mise en parallèle
de l'horreur de l'huissier et de la collaboration. La lecture est facile
et rapide : du coup, beaucoup de choses nous échappent. Aucun des
personnages n'est émouvant : l'identification est en effet
impossible. Le livre est bien fait, fait pour être dit.
Françoise Delphy
J'ai bien aimé La compagnie des spectres. Je suis en harmonie
avec ce livre, moi qui vis plus avec mes spectres (oncle, mère,
amie) qu'avec les vivants. La vindicte politique m'ennuie. La guerre,
nos lâchetés (à nous les Français) m'ont fascinée
il y a 20 ans, mais maintenant je sature. Je sors du Pianiste,
j'ai vue toutes les Shoah et je n'en peux plus. Dans Le pianiste,
seule la scène où il joue pour l'officier allemand m'a touchée,
elle était neuve. Le reste est beau, mais vu 100 000 fois. Chez
Lydie Salvayre, j'ai trouvé 3 ou 4 phrases percutantes, illuminantes.
Le reste, les insultes de la mère, l'ambiguïté de la
fille et l'indifférence de l'huissier, sont attendus.
Françoise Dubeillon
J'ai bien aimé ce livre qui m'a rappelé Uranus, avec
le thème de la collaboration. Comme le dit Manuel, c'est une symétrie
en creux de Pitchipoï. J'ai aimé l'exercice de style,
le double langage : langage de la mère/langage de la fille, langue
choisie/langue vulgaire ; ainsi que l'imbrication horreur/humour ;
c'est terrible et c'est drôle ; ça doit être bien
au théâtre. Les personnages ont une réalité,
on les voit, l'appartement aussi, alors qu'il n'y a aucune description.
Lydie Salvayre a vraiment une écriture. Je suis contente d'avoir
rencontré (l'écrit de) cette auteure que je ne connaissais
pas.
Liliane
J'ai eu beaucoup de plaisir. J'irais bien voir la pièce qui en
est tirée, car la langue doit être porteuse. Elle est très
inventive, avec ses néologismes. J'aime l'insolence, dans les situations,
le langage : ça fait du bien ! La relation mère/fille
est pour moi fictive, elle n'existe pas. Je suis surtout sensible à
l'écriture.
Régine
J'ai beaucoup aimé et beaucoup ri. J'ai fait le parallèle
avec La vie est belle que j'ai détesté. Ici ce que
j'apprécie, c'est la dérision. Le parcours de l'huissier
crée l'avancée du livre. C'est racinien, avec une unité
de temps, de lieu, d'action. J'ai moins aimé la logorrhée
de la mère.
Katell
Je ne recommanderai pas ce livre. Toujours ce sujet de la deuxième
guerre mondiale !!! Je suis daccord sur la qualité de
la langue -une Céline au féminin-, sur la facilité
de lecture. Mais une belle langue ne fait pas un beau livre. Jai
trouvé intéressants les passages sur le culte du Maréchal
quon a oublié ou ignoré. Les trouvailles Pétain-Putain
sont marrantes. On ne croit pas à lâge de la fille.
Jattendais quelle viole lhuissier. Quant au sujet mère/fille,
il est rasoir...
Monique
J'ai passé un bon moment de lecture. C'est dur, mais c'est drôle,
avec ce côté irrévérencieux et la lutte contre
tout ce qui est dénoncé. J'apprécie la dextérité
de l'écrivain qui joue avec les différents registres. Le
thème historique est en fait très actuel : la mère
devant la télé dit très justement que cette saloperie
existe toujours. Les relations grand-mère/mère/fille sont
touchantes, avec ces histoires très lourdes qui passent de génération
en génération ; la mère a complètement
incorporé l'histoire de sa propre mère. C'est bien de se
perdre dans les monologues, où l'on passe d'un personnage à
l'autre. J'aime bien l'histoire de l'huissier : en miroir de cet homme
qui fait un inventaire, la fille fait l'inventaire de ses histoires de
famille. J'ai beaucoup aimé la chute : on se demandait si
on n'allait pas au meurtre, meurtre de la mère ou de l'huissier.
Christine
C'est un livre dont j'aurais pu me passer. Je pense que j'ai été
gênée par le style trop "bien écrit", trop
recherché. La lecture est tellement fluide que rien n'a retenu
mon attention. Pas une fois je ne me suis arrêtée pour réfléchir
ou savourer. Je ne trouve pas ma place dans cette histoire en tant que
lectrice. Des choses m'agacent, comme par exemple lorsqu'il est expliqué
que Putain recouvre Pétain, Darnand et Bousquet. Pourquoi le dire ?
Je préfère qu'on me laisse la liberté d'interpréter.
Les deux femmes, les trois en comptant la grand-mère, sont peut-être
folles mais admirables. Évidemment elles sont du bon côté :
résistantes. Comme par hasard dans la plupart des romans français
qui traitent de cette période, les personnages principaux sont
rarement collaborateurs. Du coup pour moi ce livre qui, on le sent bien,
se veut contre l'ordre, le bien pensé, la morale, est complètement
dans l'air du temps.
Loana
Je l'ai lu deux fois ; une première fois il y a quelques années,
où, immobilisée, je lisais un livre par jour : c'est
le seul dont je me souvienne, comme d'un livre extraordinaire. J'y retrouvais
mon rapport avec ma mère, avec ma fille. Sans place pour les hommes
C'est un livre délirant.
A la re-lecture, je vois les procédés, l'échafaudage.
J'ai lu plusieurs autres livres : La puissance des mouches,
La conférence de Cintegabelle, Les belles âmes,
La vie commune (extra !). Quelques conseils aux élèves
huissiers (super !).
Claire
J'avais lu le livre quand il est sorti et l'avais bien aimé :
je l'ai relu en pointillés pour ne pas me tartiner les longs monologues
de la mère. J'apprécie la virtuosité de l'auteur,
son humour. Elle n'excelle pas dans la distinction des voix, celles de
la mère et de la fille se ressemblent. Il ne se passe rien, il
y a une situation, point final : en cela, c'est une prouesse. J'ai
été gênée par des invraisemblances : que
la fille ait 18 ans me semble improbable, quand la mère évoque
le diagnostic qu'elle suppose que le psy fait à son endroit ne
me semble pas possible de la part d'une telle timbrée. La fin est
too much : bof.
Je n'aime pas comment l'auteur répond à des interviews en
décrétant la vérité sur son livre. Par exemple,
on lui dit de son livre qu'"on en parle comme du discours d'une
vieille femme rendue folle par l'assassinat de son frère par la
milice." Et elle répond : "Oui, et là on
passe à la trappe la moitié du livre, et même, si
l'on veut, le livre entier ! Il s'agit d'un discours à deux, d'une
transmission, de mère à fille, de la révolte et de
la folie." Ou encore : "On me dit que j'ai écrit
un livre sur la mémoire. C'est exactement le contraire ! La
torture, la mort du frère, ce ne sont pas des souvenirs, mais de
l'actuel." Je trouve cette attitude insupportable : il était
question que Lydie Salvayre soit invitée ce soir, heureusement
que ça ne s'est pas fait, ça aurait bardé !
Par ailleurs, toujours dans des interviews, quand elle dit "j'ai
reçu une lettre d'un lecteur me reprochant d'avoir fait de l'huissier
un vichyste, alors que la monstruosité ordinaire des huissiers
se suffit à elle-même", alors là : j'ai
la haine !
Par contre, son projet m'intéresse, lié à la transmission,
quand elle dit que comme psy : "je vérifie chaque
jour dans ma pratique qu'une histoire familiale qu'on a essayé
à toute force de cacher, d'ensevelir, d'éliminer, finit
par resurgir d'une manière ou d'une autre." Enfin, je
le rapporte, bien qu'on s'en fiche un peu, le livre est le fruit d'une
conversation avec un vieux monsieur, dans un café près de
chez elle, place Edith Piaf. D'abord, il a montré son matricule
de déporté. Ensuite, il a déversé sa bile,
en évoquant son aversion pour le "maréchal Putain".
Sabine
Intelligent, séduisant, drôle, cynique, savoureux, fin :
"pirouette et cacahuètes" !
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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