Quatrième de couverture : L'événement
littéraire de l'année 1910 fut la publication de Marie-Claire,
de Marguerite Audoux. L'auteur, une couturière de quarante-sept
ans, à demi aveugle et qu'on prétendit illettrée,
y racontait son enfance de bergère orpheline, en Sologne, au début
de la IIIe République. Parrainé et préfacé
par Octave Mirbeau, le roman obtint le prix Femina, fut traduit en sept
langues et rendit Marguerite Audoux célèbre. Mais, au-delà
du phénomène publicitaire, ce livre révélait
un écrivain d'une qualité rare. Sa prose, faite de sincérité
et de simplicité, engendre une émotion inoubliable. Avec
Marguerite Audoux, le petit peuple a pris la parole en son propre nom
pour la première fois ; et il a, du premier coup, produit un chef-d'uvre.
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Marguerite Audoux
Marie-Claire
Nous avons lu ce livre en septembre 2002.
Nous le relirons en décembre
2017.
Françoise Del(avis
transmis)
Je viens de lire Marie-Claire de Marguerite Audoux et jai
trouvé ce livre magnifique, si vibrant et si pudique et si vrai,
sans truquage rhétorique. Une telle authenticité est rare
et infiniment précieuse. On a limpression que le locuteur
fait partie de la nature : arbre, rivière, brebis. Lauteur
donne lapparence des choses, au lecteur den traduire les sentiments
suggérés par cette apparence quand Marie-Claire apprend
que son ami Henri Desbois est marié : "le
jour éclatant des cuisines des changea en nuit noire, et je sentis
que les dalles senfonçaient et mentraînaient
dans un trou sans fond". Merci de mavoir fait découvrir
cette uvre splendide.
Régine
J'ai trouvé ce livre infiniment touchant, d'une simplicité
et d'une pureté cristalline. Marie-Claire n'est pas sans
évoquer Un cur simple de Flaubert.
Marie-Christine
Jai lu jusquau bout et jai aimé sa longueur.
Jai aimé cette écriture qui suggère beaucoup.
Le livre ma rappelé les récits de ma mère qui
a vécu son enfance en internat religieux avec des cruautés
du même type. Tout bonheur échappe à Marie-Claire.
Jai adoré la fin, le commencement de la sagesse. Jai
eu beaucoup de plaisir à avoir ce rendez-vous avec le livre chaque
soir.
Manuel
Jai beaucoup aimé. Pourtant ça fait un peu Cosette
et certains des événements sont un peu téléphonés.
Jai aimé lécriture très simple, très
juste, les métaphores. La mort du cochon est vraiment très
réussie ; jai vécu la même scène. La
très belle description du monde paysan ma fait penser à
lexposition
Millet-Van Gogh. Je regrette que ce ne soit pas daté ; jai
relu le livre de Pierrette Fleutiaux (qui nous a fait connaître
Marie-Claire car elle fait partie du jury du prix Marguerite Audoux),
Des
phrases courtes ma chérie, qui, lui, situe son personnage
dans un contexte historique. Ça me paraît un peu quand même
franco-français : quand on pense que le livre a été
traduit en 9 langues !
Roselyne
Je lai lu il y a longtemps, ainsi que Latelier de Marie-Claire
: jai apprécié les deux, autant lun que lautre.
Javais limpression dêtre dans latelier de
Marie-Claire : on vit avec elle, les personnages sont très poignants.
Lhistoire de la bonne sur et du curé est très
intéressante, vue par une enfant qui ne comprend rien, sans clin
dil, et le lecteur, lui, comprend. Elle a le mot juste. On
se demande où elle est allée chercher cette compétence
décriture. Pour moi, ce nest ni franco-français,
ni folklorique, ça pourrait dailleurs se passer dans bien
des pays et bien des époques.
Jacqueline
Jai beaucoup aimé. Cest un livre plein démotion
à cause de la simplicité décriture, du regard
très aigu. Elle sait transmettre sans cliché. Le livre ma
rappelé Lambeaux
de Charles Juliet que nous avons lu. Ici, il ny a pas de pathos,
cest très "vécu", peu "imaginé".
Jai lu très vite, prise par lhistoire. Jaurais
aimé relire. Jai lu aussi et aimé Latelier
de Marie-Claire qui a le même style.
Madeleine
Jai lu le livre facilement, cest très agréable
à lire. Je trouve la préface un peu condescendante. Jai
été peu intéressée par les conditions de vie
de cette petite fille, ni les événements décrits,
peut-être parce que jai eu une enfance dans la campagne
profonde. Ce qui me frappe, cest son "regard" sur les
événements. Elle écrit alors quelle est adulte,
mais comme si elle intégrait lenfant, sans pouvoir faire
de commentaires sur ce quelle vit. Elle ne décrit pas ses
sentiments, peut-être navait-elle pas les mots, le vocabulaire ?
Cette fraîcheur me rappelle Les
Lais de Marie de France ; en ancien français, le vocabulaire
comprenait peu de mots pour décrire les sentiments, cest
donc par la description physique que lon passait. Certains passages
ont le resserrement dun haïku. Ce que je trouve très
intéressant, cest le choix qui est fait des moments denfance
qui sont racontés. Sa solitude humaine nest jamais verbalisée,
mais très bien décrite. Sa solitude fait quelle capte
des choses très importantes dans les relations entre les gens,
sans jamais les nommer. Elle touche parfois à des vécus,
des peurs très archaïques : le marche de lenfant dans
la nuit par exemple.
Martine
J'ai bien apprécié Marie-Claire, dont j'aimerais
me procurer la suite, dans la série "il y a plus malheureux
que soi" ! L'écriture m'a rappelé un peu Wassmo
(Le livre de Dina). J'aime beaucoup ce style dépouillé
qui laisse entrevoir plus qu'il ne raconte. Et le format en chapitres
courts est idéal en fonction de mes redoutables horaires.
Françoise Dub
Jai trouvé Marie-Claire agréable à lire,
instructif, distrayant (pas amusant), émouvant, pas prise de tête,
mais un peu court.
Jaime assez ce style simple, sans fioriture ; mais par ailleurs
je suis restée un peu sur ma faim, jai trouvé que
cétait trop vite lu et je me suis sentie frustrée.
Cependant, je ne suis pas sûre davoir envie de lire la suite
et je narrive pas bien à expliquer pourquoi, si ce nest
que je crains davoir limpression de perdre mon temps, tout
en ayant un peu honte de dire ça
En revanche alors que dhabitude je me force à
les lire et ça me barbe jai pour ma part adoré
la préface dOctave Mirbeau, la délicatesse du style
et le vocabulaire désuet, quon na plus lhabitude
dentendre : "il
mest doux de parler de ce livre", et "je
voudrais dans la foi de mon âme" ou encore "Marie-Claire
est une uvre dun grand goût", etc. Ça
ma donné envie de lire du Mirbeau, par exemple Le
Jardin des supplices...
Liliane
Jai peu de choses à dire car je nai pas terminé.
Je suis un peu étonnée que ce livre ait été
écrit par une seule personne qui ait tant eu le sens du retravail
de lécriture. Mirbeau et les autres ont dû contribuer
à lélagage pour parvenir à cette écriture
dépouillée. On peut sinterroger avec beaucoup dintérêt
sur la vie affective et sexuelle des bonnes surs et des curés
Muriel
Le livre ma plu, surtout en raison des circonstances, c'est-à-dire
de la vie de Marie-Claire. De ce point de vue, cest un témoignage
intéressant. Si on ignorait qui est lauteur, il me semble
que lon apprécierait moins. Le style sobre est à la
fois une qualité et un défaut ; il manque de lyrisme, mais
cest peut-être le chic du livre. En tout cas, je minterroge
sur cette sobriété qui me fait penser à LEtranger
de Camus.
Claire
Jai beaucoup aimé, je nai aucune réserve. Jai
aimé la brièveté, ces courts chapitres qui forment
chacun une histoire ou une scène. Sopposant à la sobriété
soulignée, la sensualité chez les religieuses imprègne
les deux périodes où lhéroïne les fréquente
: lauteur est-elle naïve ou faussement naïve ? Il y a
des pauses dans le malheur, on est un peu en sécurité, et
puis le malheur repart. Cest moins pathétique que Lambeaux.
La place des livres dans la vie de la narratrice explique lexistence
miraculeuse de ce livre. Jaime, contrairement à Manuel, que
ce ne soit pas daté : cela pourrait se passer juste après
la deuxième guerre mondiale, comme au XIXème siècle.
La préface, elle, est très datée alors que le texte
ne lest pas, ce qui montre sa force. Deux exemples du regard et
donc du style de lauteur : "Je
savais depuis longtemps que Bonne Néron ressemblait à un
taureau, mais il me fut impossible de trouver à quelle bête
ressemblait Madeleine. Jy pensais pendant plusieurs jours en repassant
dans ma tête le nom de toutes les bêtes que je connaissais,
et je finis par y renoncer." (A propos de Martine :
"Son bonnet avait glissé
de son chignon, et la raie qui séparait ses cheveux me fit penser
à un sentier où lon pouvait se promener sans danger.")
Sabine
J'ai lu Marie-Claire de Marguerite : je n'ai pas partagé
votre enthousiasme, si ce n'est que ça se lit vite, et c'est une
qualité... J'aurais aimé qu'elle se fasse violer par une
bonne sur ou quelque chose dans le genre. Pas de psychologie, tout
reste lisse, en surface. Voilà.
Laurence
Le livre ma assez plu, sauf pour toute la partie concernant les
religieuses. Même si ça ne l'était pas à l'époque,
j'ai ressenti cela comme du "folklore" et je me suis lassée
de l'amour impossible de Marie-Claire avec sur Marie-Aimée.
Par contre, j'ai aimé le rythme du récit et cette narration
faussement objective, calme et sensible.
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
à la folie, beaucoup,
moyennement, un peu, pas du tout
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