Quatrième de couverture :

« Marie-Claire. Une enfance de bergère orpheline, en Sologne, au début de la IIIe République… Le petit peuple prend la parole, servi par la sincérité, la simplicité de l‘auteur. Une émotion inoubliable.

L’Atelier de Marie-Claire. En 1920, dix ans après le triomphe de Marie-Claire, Marguerite Audoux donnait une suite à son roman. L’Atelier de Marie-Claire dépeint la vie quotidienne de la bergère solognote, devenue adolescente et montée à Paris pour apprendre le métier de couturière. La solitude, la misère, le mal y sont évoqués avec la même bouleversante économie de moyens que dans Marie-Claire. Marguerite Audoux prend, ici, la parole au nom du prolétariat des villes, après l’avoir prise au nom de celui des campagnes. La guerre de 1914-1918 ayant changé les mentalités et la mode s’étant détournée de l’auteur, ce deuxième roman n’obtint pas le succès du premier. On sait, aujourd’hui, que L'Atelier de Marie-Claire est un chef-d’œuvre au même titre que Marie-Claire, et qu’il en est indissociable. »


La dernière édition de 2019, éd. Talents hauts, coll. "Les Plumées" :


North Star éditeur, 2017


éd. de l'Aube, 2017

Le texte de Marie-Claire est accessible ICI en pdf (Bibliothèque électronique du Québec) où (aux éditions Fasquelle de 1911) ou encore à lire en ligne sur Wikisource.
L'atelier de Marie-Claire est accessible en pdf ICI

Marguerite Audoux
Marie-Claire
(1910) avec une préface d'Octave Mirbeau
suivi de
L'atelier de Marie-Claire (1920)

En présence du biographe de Marguerite Audoux, Bernard-Marie Garreau.

Nous avons lu ce livre en décembre 2017. Nous avions déjà programmé ce livre en 2002.

Voir en bas de page la documentation sur Marguerite Audoux, son œuvre et les illustres contemporains avec lesquels elle était en relation.
Marie-Odile (du groupe breton)
Comme on retourne plusieurs fois un vin dans sa bouche pour tenter de le définir, j'ai retourné plusieurs fois ce texte dans ma tête avant de pouvoir le qualifier. Petit vin de pays ou grand cru ? Il semble en tout cas avoir bien supporté les années. Je n'ai pas su classer ce récit à nul autre pareil : du côté de George Sand peut-être... ou du Charles le Quintrec à l'enfance bretonne... Non pas vraiment.
La simplicité dans la composition et dans l'expression, l'extrême pudeur dans l'évocation des temps forts de l'existence, morts ou rencontres, la sobriété et l'absence de prétention du récit en font quelque chose de touchant. Les personnages sont des types : celle/celui qui sépare, celle/celui qui réconforte, les plutôt méchant(e)s, les plutôt gentil(le)s, et au milieu cette Marie-Claire, constante. Le monde clos et oppressant de l'orphelinat, où on n'est jamais seul, avec ses brutalités, ses mesquineries, ses secrets, laisse place pour un temps au monde des maîtres et des domestiques dans une campagne plus ouverte où la nature apporte un certain réconfort. Les phrases, les paragraphes se font alors plus amples et on respire mieux. J'ai adoré la deuxième partie que j'ai lue... au coin du feu. En refermant le livre, je pense à Denise, juste arrivée de Valognes dans le Paris du Bonheur de Dames et je m'interroge sur la suite...
Pour l'instant, j'ouvre aux ¾ ce texte rare, authentique et sans artifice. C'est un livre que j'aurais bien aimé trouver dans le tiroir de ma grand-mère.
Denis (avis transmis)
J'ai lu Marie-Claire, puis L'Atelier, avec beaucoup de plaisir. Ma grand-mère aurait sans doute trouvé cela "délicieux". Autrement dit, cela pourrait être très "cucul" – mais non, c'est bien autre chose. J'ai adoré les descriptions du fonctionnement du couvent, de la hiérarchie religieuse, de la soumission généralisée qu'on ne discute pas. Il y a de nombreuses observations très subtiles, d'heureuses surprises au détour d'une phrase commencée sur un ton anodin. Dans L'atelier de Marie-Claire, par exemple : "ses lèvres semblaient faites d'une matière dure qui les empêchait de se distendre pour sourire" (il s'agit de Mme Doublé). Cela ne m'étonne pas que Mirbeau apprécie. Mais Mirbeau était amer, souvent méchant. Si l'on rapprochait Marie-Claire du Journal d'une femme de chambre (que je vois toujours sous les traits de Jeanne Moreau), cela mettrait en lumière l'innocence de la jeune narratrice, sa bonne volonté incessante, l'honnêteté de ses révoltes.
Faute de temps, je n'ai rien lu de l'abondante documentation sur Marguerite Auroux. Cela ne fait rien, je pense qu'il faut absolument avoir lu ces deux livres, minces mais très riches. J'ouvre donc totalement.
Lisa peut-être : (qui passe en coup de vent car elle déménage, donne son avis et repart aussitôt...)
Je ne connaissais ni le livre ni l'auteur. J'ai lu Marie-Claire, ai aimé mais sans trouver ça transcendant, j'ouvrais à moitié. Et puis j'ai découvert la biographie qui est géniale. Je ne savais pas que Marie-Claire était autobiographique. Avec l'éclairage de cette biographie, j'ai envie de relire Marie-Claire. Alors que j'allais ouvrir à moitié, la biographie que je n'ai pas finie m'oriente vers les trois quarts...

Nathalie
Je ne connaissais pas. C'est une écriture incroyable, au goutte à goutte, comme des sortes de versets. Je me suis interrogée sur la façon dont elle l'avait écrit. Comme si une personne avait collecté sa parole, justement, image par image, instant par instant. J'ai été bousculée par le passage où elle est accueillie par la sœur. C'est quelque chose de très intime qui est violemment entré en moi. J'ai été sidérée. Il me semble que toutes les images que la lecture fait naître font appel à un passé que les enfants d'aujourd'hui ne connaîtront pas. Je l'ai lu comme le texte d'une illettrée qui racontait son histoire. Je ne savais rien de Marguerite Audoux. J'ai adoré le premier livre. L'âme des choses est partout, j'ai pensé à une personnification récurrente, puis je me suis dit simplement que c'était une sorte d'animisme divin "nulle part visible et partout présent", le souffle de Dieu est en toute chose. J'ai pensé à George Sand, à Gervaise, ou Germinie Lacerteux des Frères Goncourt...

Tous
Ger... quoi ?
Nathalie
Germinie Lacerteux. (Devant le regard dubitatif, interrogatif, etc.) il faut lire ça !
Marie-Claire, c'est très fort alors que dans L'atelier de Marie-Claire, je n'ai pas retrouvé cette émotion. Le premier est une vision interne, le deuxième est très externe, comme un tableau, une chronique, on ne sait plus ce qu'elle pense, elle. Je comprends qu'elle soit tombée dans l'oubli. L'atelier ne tient pas la route par rapport aux très grands comme Zola qui ont déjà raconté le XIXe siècle, il serait plutôt une sorte de complément à L'Assommoir, ou au Bonheur des dames. Je ne vois pas la cohérence. Le premier m'a émue, je l'ouvre en grand.
Henri
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire Marie-Claire. J'ai commencé L'atelier au sujet duquel je te suis, Nathalie. J'ai lu Marie-Claire au premier degré. J'ai été touché par le concentré d'expression, la scène du miracle par exemple. J'ai beaucoup aimé. Je comprends que ce soit un monument. Je l'ai considéré comme autobiographique. J'ai été pris par l'imaginaire, notamment concernant ce temps passé, où on est à une place dont on ne bouge pas, les sentiments sont aléatoires, on ne rencontre pas les gens par Tinder. Je l'ouvre aux ¾.
Annick A
Je ne connaissais pas Marguerite Audoux. J'ai aimé ce livre, très agréable à lire. Avec peu de choses elle dit beaucoup : par exemple, quand il s'agit du chagrin de Mme Alphonse de quitter la maison habitée depuis si longtemps : "je m'arrêtai, tout angoissée de la réponse qui allait venir, Mme Alphonse retira son crochet du fil et dit :
– Je crois que je me suis trompée d'une maille.
Elle compta jusqu'à dix-neuf, et elle ajouta :
– C'est ennuyeux, il faut que je défasse tout un rang.
"
Elle n'a pas besoin de commentaire. J'ai pris ce livre comme autobiographique. Elle parle des gens qu'elle aime et de ceux qu'elle n'aime pas. Elle n'est pas dans l'analyse approfondie des relations.
Il n'y a pas beaucoup de matériel pour savoir quelle était la vie chez les sœurs. Quand j'ai commencé L'atelier, je me suis arrêtée dès les premières phrases. J'ouvre à moitié.

Monique L
J'ignorais Marguerite Audoux et Marie-Claire. J'ai cru que c'était autobiographique. Tout est bien décrit, les gens, les paysages, dessinés d'un trait qui les rend vivants. Il n'y a pas de superflu, de bavardage. C'est frais, touchant. Il s‘en dégage une atmosphère magique de pureté et de force à la fois. M.A. a une faculté d’observation remarquable. Je suis surprise de l’approche "psychologique" des personnages et de la qualité de l’écriture pour quelqu’un qui a arrêté si tôt l’école. Je me demande si Charles Louis-Philippe n'a pas fait plus que corriger l'orthographe... (interrogeant du regard Bernard-Marie Garreau...)

Bernard-Marie Garreau
Je bouillonne intérieurement... J'en parlerai tout à l'heure.
Monique
C'est facile à lire. J'ouvre aux ¾.
Christelle
J'ai beaucoup aimé ce livre. Je l'ai lu d'une traite. Ne connaissant rien de la vie de Marguerite Audoux, sinon la préface, j'ai lu Marie-Claire comme une autobiographie. Concernant le livre, je me disais que je n'avais pas grand-chose à dire. Je rejoins beaucoup de points qui ont été soulignés. C'est un récit très prenant, fluide, je dirais classique. Il m'a rappelé beaucoup, sans que je puisse le rapprocher bien sûr totalement, les romans d'auteurs classiques du XIXe ou début XXe lus à l'adolescence. J'ai l'impression que j'aurais pu déjà l'avoir lu. Finalement, c'est peut-être le style qui m'a le plus marquée : c'est un style "de rêve" : simple, fluide et extrêmement agréable. Tout est dit ou suggéré sans lourdeur. De plus, le style s'adapte très bien au récit d'une enfant : on se met bien "dans sa peau" sans que l'écriture donne un aspect artificiel. J'ai adoré le passage qui raconte le moment où elle quitte la ferme pour retourner à la ville dans la nuit : sa course, sa peur d'enfant, l'interprétation de l'environnement... j'ai trouvé ce passage admirable. J'en rapproche aussi celui où elle se perd avec ses moutons un jour d'hiver. Bref, beaucoup de bonheurs à cette lecture. Je n'ai pas lu la suite L'atelier, faute de temps, mais j'en avais très envie lorsque j'ai lu la dernière page de Marie-Claire. Les avis mitigés m'attristent car je me faisais une joie d'avance ! J'ouvre aux ¾.

Jacqueline
C'est la troisième fois que je lis ce livre. Je l'ai lu adolescente, et j'avais trouvé que c'était un bon livre, j'en ai gardé un souvenir merveilleux. Ma mère m'avait encouragée à le lire. Dans cette génération, on le connaissait. Je crois même qu'il était dans la bibliothèque de classe.

Nathalie
La bibliothèque bleue !
Jacqueline
On l'a lu dans le groupe il y a 15 ans. J'ai lu son dernier livre, Douce lumière. J'ai beaucoup aimé, il y a des descriptions merveilleuses, sans pathos. J'ai repris Marie-Claire en m'interrogeant sur ma réaction... Et j'ai retrouvé le même plaisir, la même fraîcheur. Je l'ouvre en grand.
Catherine
Je ne connaissais pas. Je l'ai lu comme une histoire. Avec la résonnance de ce que ma grand-mère me racontait. Quelle sobriété du style, c'est dit à demi-mot. C'est loin de nous. Les sentiments ne sont pas développés, mais c'était le cas à l'époque. Et les secrets cachés des bonnes sœurs ! Ce qui se passe à la campagne, le contact du vacher avec les bêtes par exemple, c'est très bien retracé, très bien écrit. J'ai moins aimé L'atelier, c'est moins original, Marie-Claire c'est unique. Je l'ouvre en grand.
Danièle
J'ai bien aimé ce livre, et d'abord son écriture simple et limpide, pour raconter, sans aucun pathos, une vie très difficile. C'est un témoignage des générations de cette époque, fin XIXe-début XXe.
D'habitude je retrouve toujours, au fil de la lecture, des références à d'autres auteurs, d'autres livres déjà lus. Mais ici, rien de tout cela : pas de souvenirs littéraires mais une évocation intense des souvenirs vécus... par ma mère  morte ce mois-ci à 98 ans  et qu'elle m'a transmis par petites touches, tout le long de sa vie, d'une manière tout aussi simple : c'était comme ça. Une bonne partie de son enfance et de sa jeunesse à la campagne chez des oncles et tantes ou en pensionnat, une copine morte de tuberculose, l'autre "fille-mère", comme on disait à l'époque, reléguée au second rang derrière l'épouse officielle, mais ayant l'impression de vivre le grand amour quand même.
Dans ce livre, aucun effet littéraire, mais un art de raconter sa vie simplement, sans regret ni rancœur, une empathie avec les gens et même les choses ou les lieux qu'elle personnifie, une capacité à lire avec perspicacité les effets des sentiments sur le visage des gens ou sur leur attitude, sans faire aucun jugement.
Et pourtant, quelle vie dure elle a menée. En fait, on pourrait dire aujourd'hui qu'elle fait partie de ces personnes résilientes, qui ont surmonté les malheurs auxquels elles ont été confrontées, sans doute parce qu'elles ont rencontré des personnes qui les ont protégées et aimées. Marie-Claire a croisé le chemin de Sœur Marie-Aimée, dont elle était la chouchoute, et de personnes bonnes et attentionnées comme Mme Dalignac, dans l'atelier, et Mlle Herminie.
Le plus délicieux, ce sont ses descriptions de la nature teintées de poésie et d'anthropomorphisme, étonnantes à première vue, de la part d'une personne sans instruction véritable. À moins que cette façon de s'exprimer soit typique de cette époque ? En tout cas, Marguerite Audoux Marie-Claire le fait avec une grâce enchanteresse.
Il faut noter aussi , dans L'atelier de Marie-Claire, le même style sobre et sans jugement apparent pour évoquer l'émergence d'esprit d'indépendance et de révolte des ouvrières qui osent émettre à voix basse certaines remarques : "Elle ne doit compte d'elle-même à personne", s'agissant de Gabrielle enceinte; ou "si on travaille plus, on doit gagner plus".
J'ouvre le livre en grand, pour les émotions qu'il m'a procurées, l'authenticité et la poésie du récit.
Annick L
C'est une véritable découverte pour moi aussi. Dans Marie-Claire, j'ai beaucoup apprécié la clarté, la grâce, la fluidité de son style qui donne à voir les gens (sans analyse psychologique), les paysages et les situations, avec beaucoup de force. On se laisse porter avec un grand plaisir... Il y a même des passages très poétiques, en particulier dans les pages qui évoquent son grand amour. Elle a un côté angélique : elle sait toujours extraire la beauté des situations où elle se trouve plongée, malgré les revers qu'elle essuie constamment, mais elle reste très pudique sur son ressenti, en refusant toute dramatisation. Par contre, la façon dont elle nous livre les faits sans commentaire, passivement, sans se révolter contre l'injustice de son sort, m'a beaucoup gênée. Mais ce que tu as dit, Henri, m'éclaire : il faut évidemment prendre en compte le contexte social de l'époque où chacun(e) acceptait son sort avec fatalisme. C'est un beau roman autobiographique et cette femme avait effectivement un grand talent naturel.
J'aurais une question pour notre invité : comment ce groupe de Carnetin appréhendait-il la littérature ? Au point de repérer ce premier roman d'une illustre inconnue, venant d'un milieu populaire, sans aucune référence culturelle légitime ? Un peu comme les peintres naïfs...
J'ai lu ensuite avec intérêt L'Atelier de Marie-Claire car c'est en partie l'histoire de ma mère, montée à Paris depuis sa campagne et embauchée comme petite main chez un grand couturier. J'y ai retrouvé des bribes d'anecdotes familières : l'amour des belles étoffes et du travail soigné, le rapport difficile aux clientes... Mais j'ai trouvé que le récit, plus documentaire, s'étirait, se répétait et je me suis lassée J'ouvre donc l'ensemble aux ¾.
Et merci pour la rencontre avec ce grand spécialiste de Marguerite Audoux.
Fanny
J'ai cru que c'était autobiographique ; d'ailleurs quand on ouvre le livre on lit "La vie de Marguerite Audoux se confond avec son œuvre, au point que l'on est tenté de conseiller au lecteur curieux d'artistes autant que d'art de lire simplement celle-ci pour découvrir celle-ci pour découvrir celle-là". Marie-Claire m'a saisie par la fraîcheur du regard de l'enfant (par exemple pour raconter la scène incompris par un enfant de l'accouchement). J'ai été prise par le plaisir du récit (on parle parfois dans le groupe du plaisir se limitant à cela...) ; cependant j'ai regretté que les chapitres soient si courts, ce qui fait que c'est haché. L'atelier c'est plus extérieur, il n'y a pas la même fraîcheur ; mais j'ai marché quand même. J'ouvre aux ¾. Devant l'engouement général face à Marie-Claire, je m'interroge, est-ce possible de ne pas aimer ce livre ? Un engouement trop exclusif n'étant pas pour moi synonyme de chef-d'œuvre, n'y aurait-il pas dans Marie-Claire une part trop consensuelle, peu propice à la dimension critique des débats ?
Manuel
J'ai pensé au Facteur Cheval. C'est agréable à lire, on y est. Elle raconte bien, et on est dedans. Je rejoins mon propre avis d'il y a 15 ans, le côté Cosette m'agace. Je n'avais pas compris que Sœur Marie-Aimée était enceinte.

Annick L
Je te rassure, moi non plus.

Manuel
Je l'ouvre aux trois quarts. Elle a réussi son coup. C'est dommage que ce soit tombé dans l'oubli.
Françoise D
Je l'ai lu comme si je le lisais pour la première fois. Manuel m'a dit que je l'avais lu dans le groupe  première nouvelle… En relisant mon avis d'il y a 15 ans, je constate que je n'ai pas changé d'avis. C'est agréable, l'écriture est sympa, mais je suis restée sur ma faim. C'est plat, comme en surface, il n'y a pas de psychologie et ça me manque. Si ce n'est pas autobiographique ça enlève l'intérêt du bouquin. J'ouvre à moitié.

Claire
Pourquoi ton avis dépend du fait que c’est autobiographique ou pas ?

Françoise
Parce que si ce n’est pas autobiographique, le livre n’a pas d'intérêt pour moi. D'accord reste l'écriture, mais c'est un peu maigre.
Claire (qui a proposé le livre)

Je partage des réserves sur L'atelier de Marie-Claire que j'ai moins aimé, trouvant que ça stagne un peu, ça se répète.
J'ai a-do-ré Marie-Claire que j'avais découvert dans le groupe il y a 15 ans, que j'ai relu avec encore plus d'intérêt l'année dernière pour un autre groupe de lecture, m'amenant à découvrir le musée, Bernard-Marie Garreau, et la masse de documentation qui existe grâce à lui et dont une partie figure maintenant sur notre site (ci-dessous).
J'aime que le récit ne soit quasiment pas situé (on ne sait pas quand précisément ça se passe, ni où) – ce qui le détache du strict contexte du personnage pour lui donner une forme d'universalité. J'ai aimé l'aspect documentaire qui nous fait accéder à la vie de ce temps-là où l'on cuit les corbeaux, où les loups sont tout près. Mais c'est l'écriture, la distance singulière du regard par l'écriture, qui m'ont captivée, et la force du personnage par rapport aux épreuves. Vous avez parlé de son art de dire beaucoup avec peu, il y a aussi l'art de la narration, la façon dont le récit est construit. J'ai aimé l'art des portraits, les images étonnantes :
- la sœur Marie-Aimée : "en la regardant, je ne sais pourquoi je pensais à un puits profond et noir qui aurait été plein d'eau chaude"
- la supérieure "à la voir, toute noire au milieu de tout ce rouge, je la comparai à un monstrueux pavot qui aurait poussé dans un souterrain"
- la saisie des bonheurs au sein d'une vie très dure pendant la traite : "il se formait au-dessus du lait une écume qui prenait des teintes changeantes, et, quand le soleil passait dessus, elle devenait si merveilleuse que je ne me laissais pas de la regarder " ou à propos de la lecture : "j'aimais ce livre, il était pour moi comme un jeune prisonnier que j'allais visiter en cachette"
- et le chagrin quand son amour s'avère impossible : "le jour éclatant des cuisines se changea en nuit noire, et je sentis que les dalles s'enfonçaient et m'entraînaient dans un trou sans fond. Je sentis encore que sœur Désirée-des-Anges venait à mon secours, mais déjà une bête s'était accrochée à ma poitrine. Il sortait d'elle un bruit qui m'était très douloureux à entendre. C'était comme un horrible sanglot qui s'arrêtait toujours au même endroit."
J'ai pensé à Mémoires d'un paysan Bas-breton de Jean-Marie Déguignet et Pays perdu de Pierre Jourde. Mais pour moi, Marie-Claire est un chef-d'œuvre et j'aimerais, dans le mystère de l'histoire de la réception des textes, que sa célébrité renaisse...

Jacqueline
Je tiens à rajouter qu'on croit souvent que parce qu'on n'est pas allé à l'école on ne peut pas s'exprimer. Mais on oublie le rôle et la qualité du langage oral à la campagne. Je pense au "vieux papé" dans le midi que ceux qui l'écoutaient avait regretté de n'avoir pu enregistrer tant ils prenaient plaisir à entendre ses récits...

Henri
J'ai une hypothèse concernant ce qui fonde la différence que nous ressentons entre les deux livres : Marie-Claire elle écrit pour elle-même, L'atelier c'est un projet.

Bernard
Oui ! Et dans le suivant, De la ville au moulin, elle se prend pour un écrivain, elle parle de roman alors qu'avant elle disait mes bouquins. Ces deux livres relèvent de deux forces : comme Johnny et D'Ormesson... L'atelier est davantage une chronique.
Quant à l'aspect biographique, distinguons l'autobiographie, où se confondent auteur, narrateur et personnage, et roman autobiographique. Il y a des passages inventés : elle fait par exemple mourir les hommes plus tôt (elle a d'ailleurs des comptes à régler avec les hommes). Elle transpose : par exemple une fugue antérieure devient la fugue la nuit.
A-t-elle écrit seule ? On a avancé des noms : Charles-Louis Philippe, Giraudoux même. Il n'en est rien et des documents le montrent. Par exemple, elle écrit à Gide pour lui demander conseil sur une phrase : "Fasquelle vient de m’envoyer les deuxièmes épreuves ; je les ai relues sans y trouver de fautes. Cependant, à la page 14, ligne 17, j’aimerais qu’il y ait des débris de gâteaux ; le mot débris avait été oublié par la dactylographe, cela me semble déranger le balancement de la phrase et me fait un peu l’effet d’une chose tronquée. Cela vient peut-être tout simplement de ce que j’ai toujours eu cette phrase dans l’oreille. Aussi je vous laisse juge, et ce que vous déciderez sera bien."
A propos du prêtre et de la sœur enceinte, j'en ai retrouvé trace dans les registres... ce n'est pas inventé. D'ailleurs Gide dans un post-scriptum écrit à Marguerite : "Quelle gaffe vous avez faite d’envoyer votre livre à Claudel !! Je croyais vous avoir conseillé de n’en rien faire. Vous ne saviez donc pas qu’une religieuse ne pouvait pas avoir d’enfant !!!?"

Rires... Et qu'a fait Claudel ?

Bernard
Son commentaire à Jacques Rivière sera : "Le livre est digne du ruisseau dont son auteur est sorti"...

Bernard nous montre des documents admirables et touchants :
- touchants : des photos et, de la belle écriture penchée de Marguerite, sur des feuilles de cahiers, le manuscrit de la nouvelle "Le Chaland de la Reine", des conseils en couture...
- admirable : Marie-Claire, illustré de plus de 200 bois originaux gravés par le peintre, graveur et illustrateur Gabriel Belot, éd. Les éclectiques du livre, 1930 :


Photos prises par Manuel

Commentaires de Bernard-Marie Garreau après la soirée
Très bonne et sensible soirée – où bien évidemment, eu égard au nombre de participants, on ne peut tout dire. Mais j'ai relevé les lignes de force fondamentales (problème de l'autobiographie, magie du style, comparaison avec L'Atelier, questions sur l'écriture, Douce Lumière, occultation de l'auteur au profit de la narratrice – histoire d'un regard et absence de psychologie –, j'en oublie sans doute) qui témoignent de la qualité de cette lecture plurielle pertinente et assez souvent convergente. Je n'ai pu revenir sur tout (la discussion était parfois passionnée, ce qui est bon signe).

Annick L, par exemple, a parlé de "grâce". C'est peut-être le terme-clef qui, à lui seul, résumerait Marie-Claire.

Ma voisine Nathalie a émis aussi bon nombre de remarques stimulantes. Quant à l'animisme, par exemple. Et il m'est revenu après coup cette lettre écrite par Marguerite Audoux en 1929 à son fils Paul, et dont la dernière phrase de la citation que j'en fais va dans ce sens :
"Je suis allée porter des fleurs sur la tombe de ta mère, et, faisant un effort, sur celle de ta grand'mère. Tu vois que je gagne en sagesse. Mais, tu sais, c'est drôle à dire, eh bien ! j'ai failli recevoir une sacrée gifle. Comme j'essayais de redresser la croix qui était penchée sur le côté, au moment où je la croyais d'aplomb elle est revenue brusquement sur moi et ce n'est qu'à la justesse de mon geste de défense que j'ai dû de ne pas recevoir cette lourde croix de bois noir en pleine figure. Je n'ai pu m'empêcher de dire à ta grand'mère : "Alors, ça continue ?" Ca ne m'a pas empêchée de lui installer un très beau bouquet bien par le milieu. Mais je vais dire à Roger d'apporter ce qu'il faut pour consolider cette croix à l'esprit méchant, car elle pourrait bien blesser l'un ou l'autre un de ces jours. C'est à croire que les choses s'imprègnent de la malice des êtres."

Dans la biographie de Lanoizelée, un passage fait également allusion à cette force de l'esprit qui s'insuffle dans le monde matériel :
"Marguerite Audoux m'a raconté qu'une certaine nuit, pendant les premiers mois de la guerre, plusieurs coups avaient résonné à sa porte. Elle s'était demandé qui pouvait venir la voir à pareille heure. Aussitôt elle s'était levée et avait ouvert. Il n'y avait personne dans le couloir, ni dans l'escalier. Un silence total régnait dans la maison. En se recouchant, le coeur angoissé, quelques paroles de son regretté ami Charles Louis Philippe lui étaient revenues à l'esprit :
"
Ne rions pas de ces choses là. Nous ne connaissons rien des forces qui sont autour de nous."[1]
Elle avait eu l'atroce pressentiment qu'un de ses amis les plus chers était dans la détresse. Beaucoup étaient soldats et combattaient sur le front. Lequel, parmi eux, l'appelait ainsi ? Quelque temps après, elle apprenait la disparition du plus cher d'entre eux : Alain Fournier."

Mais j'extrapole un peu. Dans l'esprit de Nathalie, il s'agissait du texte littéraire, où le prétendu inanimé peut avoir une âme, ce qui est une remarque juste. Il existe même un renversement de cette proposition quand Marie-Claire, à un moment, s'imagine être un arbre...

Nathalie a également évoqué la scène sous le bureau de Sœur Marie-Aimée, qui m'avait immédiatement fait penser, quand je l'avais lue pour la première fois, à un regressus ad uterum, ou à une atmosphère amniotique, tout à fait de saison dans cet univers de déréliction, et qui eût mérité qu'on s'y arrêtât. Quelle sublime passage (au sens fort), qui est l'annonce tragique de toute l'œuvre à venir, dont nous avons évoqué la similitude avec une immense et vaine parturition !...

Photo de l'illustration de Belot relative à ce passage
prise par Nathalie dans l'ouvrage de Bernard
 :

Pour en revenir à L'Atelier, ajoutons que, très curieusement, Valery Larbaud (qui avait fait recopier le manuscrit raturé de Marie-Claire pour le rendre lisible – Marguerite souffant des yeux) dit l'avoir préféré à Marie-Claire... [2]

Pour répondre à la question d'Annickelle, la réception enthousiaste immédiate du texte de Marie-Claire par le groupe de Carnetin échappe à tout critère culturel ou intellectuel. L'intellectuel est, selon moi, le cérébral qui se réfère à des modèles. ("Ah oui ! vous suivez là la pensée de machin", ou "Vous écrivez comme untel"...) Or, de modèle, Marguerite n'en avait pas, ou si peu... Ce qui a frappé les amis, comme le public après publication, c'est précisément ce sublime jaillissement venu de nulle part, sinon d'elle et de sa plume.

J'ajouterai que si Christelle, lisant Marie-Claire, a eu l'impression de pénétrer dans un récit qu'elle avait déjà lu, j'ai eu ce même sentiment de rencontrer des amis que je connaissais de longue date.

UN MOIS PLUS TARD À PONTIVY (janvier 2018)
Chantal : Claude et Édith :
C'est un bonheur d'avoir lu ce texte. Claude n'ayant lu que Marie-Claire nous a fait part de son goût de trop peu à la fin du premier texte. Elle va lire la suite.
Toutes sont d'accord pour parler du style simple, ouvert, évocateur de situations diverses, toutes traitées sans emphase, presque avec pudeur, mais toujours provoquant une émotion de lecture.
Les personnages sont attachants, même les moins sympathiques. Les divers milieux (couvent, ferme et atelier) sont décrits simplement, mais avec vérité.
Nous avons parlé de "sérénité" au moment de la lecture, ainsi que de "calme" engendré par cette même lecture.
Très rapidement, nous avons pour chacune évoqué les scènes les plus touchantes. Les religieuses et Sœur Marie-Aimée ont occasionné des échanges (passé religieux pour deux d'entre nous !)
Question… : cette religieuse était-elle enceinte au couvent et la courte scène de ses cris correspondait-elle à l'accouchement ?
Bref, un bon moment suivi d'échanges non moins agréables.
Voir aussi l'avis de Marie-Odile mis en ligne antérieurement.


DOCUMENTATION SUR MARGUERITE AUDOUX
- Le prix Femina
- La bibliothèque Marguerite Audoux
- Le parcours étonnant de Marguerite Audoux
- Le magazine Marie Claire
- Le musée Marguerite Audoux
- Le prix Marguerite Audoux
- Aujourd'hui, Marguerite Audoux n'est plus lue
- Les biographies
- Bernard-Marie Garreau, le spécialiste : livres, articles
- D'autres voix sur Marguerite Audoux
- Le "Groupe de Carnetin"
- Sur la littérature "prolétarienne"
- La liste des textes de Marguerite Audoux (avec un lien sur les textes eux-mêmes)

Le prix Femina
Marguerite Audoux, simple ouvrière, ancienne bergère, reçoit le Prix Femina en 1910. Même le New York Times en parle..., voyez cet article "Sewing woman, nearly blind, wins prize for novel" du 1er janvier 1911. 100 000 exemplaires vendus l'année du prix !
Le prix Femina
est créé en 1904 par vingt-deux collaboratrices du magazine La Vie heureuse, afin de constituer une contre-proposition au prix Goncourt qui consacrait de facto des hommes. Le jury est exclusivement féminin. Anna de Noailles en fut la première présidente, y siégeaient Lucie Delarue-Mardrus, Séverine et d'autres "femmes de lettres".

La bibliothèque Marguerite Audoux
Il existe à Paris une bibliothèque municipale Marguerite Audoux, au nom choisi en raison du fait que le 3e arrondissement où elle se trouve était un quartier ouvrier, avec des ateliers comme celui où Marguerite Audoux a travaillé.

Le parcours étonnant de Marguerite Audoux (1863-1937)
- En deux pages, on découvre de manière synthétique "Le destin peu commun de l'auteur de Marie-Claire" (Les Cahiers de la rue Ventura, n° 35, mars 2017).
- A la bibliothèque citée, une biographie en quelques pages illustrées y est disponible : Marguerite Audoux orpheline, bergère, couturière et romancière.

Le magazine Marie Claire
Fondé en 1937 par Jean Prouvost, grand patron de presse, dont le nom (sans trait d'union) vient du roman :
- voici la couverture du premier numéro 1er mars 1937
- et un bilan pour les 50 ans du Marie Claire nouvelle formule créée en 1954 : "Marie Claire, un demi-siècle engagé", Catherine Mallaval, Libération, 17 septembre 2004.

Le musée Marguerite Audoux
Ouvert depuis 2015, le musée de Sainte-Montaine (village où Marguerite Audoux fut bergère), est consacré à Marguerite Audoux. Il présente la romancière à travers son œuvre, ses amitiés littéraires (Alain-Fournier, André Gide, Octave Mirbeau, Maurice Genevoix…) et son attachement à la Sologne. Une collection composée de ses objets personnels jalonne le parcours : meubles de Francis Jourdain, livres, correspondance, manuscrits originaux, accessoires d’écriture, tableaux, photos, etc.

Le prix Marguerite Audoux
François Escoube crée le prix Marguerite Audoux en 1997 ((dernier prix décerné en 2013) ainsi qu'un prix Marguerite-Audoux des collèges que décernent les collégiens du Cher (département d’origine de Marguerite Audoux), à l'instar des membres du jury du prix national, à un ouvrage de littérature de jeunesse récemment publié et dont le thème ou l'univers rejoignent ceux de Marguerite Audoux. Ont fait partie du jury du prix national : Marie Desplechin, Pierrette Fleutiaux, Anne-Marie Garat, Benoîte Groult, Marc Lambron et Bernard-Marie Garreau.

Aujourd'hui, Marguerite Audoux n'est plus lue
Il faut remonter dans le temps pour trouver des articles dans la presse, au moment où Grasset réédite dans la collection "Cahiers rouges" Marie-Claire et L'Atelier de Marie-Claire :
- "Don Quichotte : les malheurs de Cousette", Gérard Meudal, Libération, 24 novembre 1987.
- "Marguerite Audoux, la magicienne : entre Colette et le Douanier Rousseau, une romancière à redécouvrir", Le Monde, 15 janvier 1988.
-
Un sursaut en 2013... : Marguerite Audoux gagne une notice dans un ouvrage de référence (sous le parrainage de l'Unesco) en trois tomes, Le Dictionnaire universel des créatrices, dir. Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber, éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2013. Il est à remarquer que la notice est rédigée par Audrey Lasserre, auteure d’une thèse : Histoire d’une littérature en mouvement : textes, écrivaines et collectifs éditoriaux du Mouvement de libération des femmes en France (1970-1981) soutenue en 2014.

Les biographies
Elles sont en nombre réduit :
- en 1942, Georges Reyer publie Un cœur pur : Marguerite Audoux, Grasset, avec des lettres inédites de Marguerite Audoux, Octave Mirbeau et Alain Fournier
- en 1954 : Louis Lanoizelée, Marguerite Audoux : sa vie, son œuvre, Plaisir du bibliophile.
Le premier était pétainiste, le deuxième communiste, ce qui n'est pas indifférent pour leur portrait de Marguerite Audoux.
- en 1991 : Bernard-Marie Garreau, Marguerite Audoux : la couturière des lettres, Tallandier. Cette biographie sera suivie d'une thèse, d'articles, conférences, etc.

Bernard-Marie Garreau, le spécialiste
Sa fiche wikipédia non dénuée d'humour permet d'en savoir plus sur son parcours. Pour ce qui nous intéresse, il a d'abord écrit la biographie de Marguerite Audoux, avant de soutenir sa thèse sur l'écrivaine et lui consacrer de nombreux articles, des conférences en France et à l'étranger : il en est le spécialiste incontesté. Mais Marguerite Audoux est aussi en lien avec tout un "vivier" littéraire : Gide, Alain Fournier, Octave Mirbeau, Romain Rolland..., comme le montrent ses articles.
Des livres
- Marguerite Audoux : la couturière des lettres
, éd. Tallandier, 1991. Prix de l'essai de la SGDL (Société des gens de lettres).
- La Famille de Marguerite Audoux, thèse pour le doctorat, deux tomes, Presses du Septentrion, Lille, 1996. Prix du Conseil Général du Cher.
- Marguerite Audoux, la famille réinventée, INDIGO & Côté-femmes éditions, 1997.
- Le terroir de Marguerite Audoux (dir.), Actes du colloque à l'université d'Orléans du 30 octobre 2004, L'Harmattan, 2005. Introduction de Bernard-Marie Garreau.
De nombreux articles

- "Caractère et fonction de l'écriture autobiographique dans Marie-Claire de Marguerite Audoux", Revue des lettres et de traduction, Kaslik (Liban), n° 7, 2001.
- "La correspondance de Marguerite Audoux : un vivier d'amitiés littéraires", Ami(e)s et amitié(s) dans les littératures en langues romanes, Mélanges de littérature offerts à Czeslaw Grzesiak, Études réunies et présentées par Renata Jakubczuk, Presses de l'Université Marie-Curie de Lublin (Pologne), 2017.
- "La correspondance Marguerite Audoux-André Gide", Correspondance et magistère : la relation maître disciple dans les lettres, Centre des correspondances et journaux intimes des XIXe XXe siècles, CNRS, UMR 6533, Brest, Cahier n° 2, 1999.
- "Présence de Charles-Louis Philippe dans les correspondances alduciennes", Une petite ville : trois grands hommes, 2000, Actes du colloque de Cérilly des 15 et 16 mai 1999.
- "Octave Mirbeau et Marguerite Audoux : convergences thématiques et idéologiques", Cahiers Octave Mirbeau, n° 4, 1997.
- "La rencontre de Marie-Claire et de Meaulnes", Mystères d'Alain-Fournier, Librairie Nizet, 1999, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle sur "Les Mystères d'Alain Fournier" (25-31 août 1996).

- "Lecture et réécriture de Dostoïevski par Marguerite Audoux", Lectures de femmes : entre lecture et écriture, dir. Marianne Camus et Françoise Rétif, L'Har
mattan, 2002, Actes du colloque à Besançon, Université de Franche Comté, 5-6 octobre 2000.
- "Marguerite Audoux à Paris", Bulletin de la Société historique du VIe arrondissement de Paris, 1996-1997.
- "Masculin et masculinité chez Marguerite Audoux ", La Condition masculine dans la littérature française, Université d'Opole, Pologne, 2005, études rassemblées et présentées par Krystyna Modrzejewska, Actes du colloque des 13 et 14 mai 2004.
- "L'œuvre de Marguerite Audoux (1863-1937) : le transfert comme mode de transgression", La transgression dans la littérature française et francophone, études rassemblées et présentées par Anna Ledwina, Literaport (Revue annuelle de littérature francophone), n° 2, Université d'Opole, 2015.
- "Marguerite Audoux et le désir d'écriture" ("Marguerite Audoux and the desire to write"), Women seeking expression – France 1789-1914, dir. Rosemary Lloyd et Brian Nelson, Monash Romance Studies, janvier 2001, Actes du colloque tenu à Bloomington (Indiana University), 23-25 septembre 1999.

D'autres voix sur Marguerite Audoux
- Benoîte Groult (1920-2016) alors membre du jury du prix Femina et du prix Marguerite Audoux, évoque son rapport personnel à Marguerite Audoux : "Les miracles de Marguerite", avant-propos à Douce lumière de Marguerite Audoux, Buchet/Chastell, 2009.
- "Romain Rolland et Marguerite Audoux", pages inédites du Journal de Romain Rolland présentées par Bernard Duchatelet, Cahiers de Brèves, n° 34, décembre 2014 : Romain Rolland rencontre Marguerite Audoux chez Édouard Monod-Herzen en 1921, ils se rendent ensuite visite et Rolland en fait chaque fois le compte rendu dans son journal. Ce sont ces pages qui sont ici reproduites. Elles complètent un petit dossier antérieur, qui montrait que ces rencontres, ajoutées à la lecture de Marie-Claire et de L’Atelier de Marie-Claire avaient aidé le romancier dans la préparation de son roman Annette et Sylvie (tome 1 de L'âme enchantée)
- Michel Yell : vers 1900, elle rencontre Michel Yell, ami d'André Gide, qui découvre que la jeune femme écrit ses souvenirs. Il vend la mèche aux amis écrivains, intellectuels et artistes du Groupe de Carnetin, auquel elle s'est jointe. L'un d'eux, Francis Jourdain, va t
rouver Octave Mirbeau qui s'enthousiasme pour le manuscrit. Marie-Claire paraît en volume en octobre 1910 et obtient le Prix Femina en décembre. Bernard-Marie Garreau détaille le rôle de Michel Yell et sa relation à Gide : "Michel Yell, ou le traitement du mal par le mal", Dynamiques du conflit, Actes du colloque des 20, 21 et 22 novembre 2002 à Lorient du CRELL (Centre de recherche en littératures, linguistique et civilisations), dir. Bernard-Marie Garreau, Université de Bretagne-Sud, 2003.
- Proust, dans une lettre à Reynaldo Hahn de 1911, dit qu'il ne croit pas à la "primitivité" de Marguerite Audoux.

Le Groupe de Carnetin
Le "Groupe de Carnetin" – nom du village de Seine-et-Marne où ils louent collectivement une maison de campagne de 1904 à 1907 et se réunissent chaque dimanche – comporte, outre Marguerite Audoux, les membres suivants :
- Régis Gignoux, journaliste, directeur du Figaro à l'époque du succès de Marie-Claire en 1910.
- Charles Chanvin : avocat, poète, ami de Gide, il est représenté avec lui sur un tableau de Jacques-Émile Blanche.
- Michel Yell : ami également de Gide, qui publiera deux romans, Cauet et Le Déserteur, chez Gallimard.
- Charles-Louis Philippe : co-fondateur de La Nouvelle Revue française et l'auteur de Bubu de Montparnasse, réédité comme Marie-Claire dans "Les Cahiers rouges" en 2005.
- Léon-Paul Fargue : poète et écrivain, auteur du Piéton de Paris.
- Francis Jourdain : peintre, designer (il signe les meubles de Marguerite Audoux, conservés au musée), il est aussi écrivain et critique d'art, auteur de Sans remords ni rancune ; il fut président du Secours populaire de 1945 à 1958.
- Marcel Ray, très lié à Larbaud, universitaire, journaliste, diplomate ; De Gaulle lui confie la Direction des affaires culturelles en Algérie.
- Léon Werth, romancier, essayiste, critique d'art et journaliste ; une quinzaine de livres sont disponibles aujourd'hui aux éditions Viviane Hamy ; également libertaire, antimilitariste, anticolonialiste ; il était familier des peintres Vlaminck, Pierre Bonnard et Paul Signac, ami d'Octave Mirbeau et de Saint-Exupéry : le nom de Léon Werth apparaît en préambule du Petit Prince qu'Antoine de Saint-Exupéry lui a dédié.
" À Léon Werth.
Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à une grande personne. J'ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j'ai au monde. J'ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d'être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace :
À Léon Werth quand il était petit garçon
".

Sur la littérature "prolétarienne"
Marguerite Audoux, du fait de son parcours, de son origine, y est associée :
- "La voix de l'en-bas", Paul Morelle, Le Monde, 13 décembre 1974.
- "La couturière et le prolétaire", Alfred Eibel, Le Quotidien de Paris, 12 février 1992 (sur les biographies de Marguerite Audoux et Henri Poulaille).
- Marguerite Audoux a-t-elle pu écrire seule ? "Les collaborateurs de Marguerite Audoux", Gabriel Reuillard, Le Monde, 21 mai 1955.

La liste des textes de Marguerite Audoux
Tous les liens ci-dessous donnent accès aux textes de Marguerite Audoux.
Romans
- Marie-Claire, Fasquelle, 1910.
- L'Atelier de Marie-Claire, Fasquelle, 1920.
- De la ville au moulin, Fasquelle, 1926 (préface de BM Garreau dans la réédition Marivole, 2014).
- Douce Lumière, Grasset, 1937 (préface de BM Garreau, "Le douloureux testament de Marguerite Audoux", et avant-propos de Benoîte Groult, "Les miracles de Marguerite", dans la réédition Buchet/Chastell de 2009).
Contes, nouvelles
- Le Chaland de la Reine (recueil de 9 contes), Les cahiers nivernais et du Centre, juin-juillet 1910. Certains de ces contes ont paru dans le journal Le Matin, par exemple "Le Chaland de la Reine", Le Matin, 28 décembre 1908.
- "Fin Moka", Floréal, 17 janvier 1920.
- "La Fiancée",
Supplément littéraire du Figaro, n° 17, 24 avril 1909.
- Valserine et autres nouvelles, Chapman & Hall, limited, 1912.
- La Fiancée, Flammarion, 1932.
La Fiancée comprend 16 contes dont les 9 du Chaland de la Reine.
Poèmes
- Trois poèmes en prose, La Phalange, 20 mars 1911.

Articles
- "Souvenirs" (consacrés à Charles-Louis Philippe), La NRF, 15 février 1910.

- "Charles-Louis Philippe à Paris", Le Travail, 24 décembre 1910, puis Les Marges, janvier 1911.
- "Portrait-Octave Mirbeau", Les Cahiers d'aujourd'hui n° 1, octobre 1912.
- "Portraits-Les Frères Karamazov", Les Cahiers d'aujourd'hui, n° 2, octobre 1912. Marguerite Audoux évoque certains membres du groupe de Carnetin à travers les Frères Karamazov (voir les clés données par BM Garreau pour Ivan, Dimitri, Alexei).
- "Le Suicide" (ébauche), Les Cahiers d'aujourd'hui, n° 5, juin 1913.
- "Antonin Dusserre", Le Temps, 4 mai 1917 ; Antoine Dusserre était l'auteur de Jean et Louise (republié récemment éd. Marivole, 2015).
- "Un tableau de Mme Marguerite Audoux", Le Temps, 18 mai 1914
- "Ce que je sais de lui" (consacré à Octave Mirbeau), Les Cahiers d'aujourd'hui, n° 9, juin 1922.
- "Lointains souvenirs", Paris-Soir, 25 mars 1926.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
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