Quatrième
de couverture :
« Marie-Claire. Une enfance
de bergère orpheline, en Sologne, au début de la IIIe République
Le petit peuple prend la parole, servi par la sincérité,
la simplicité de lauteur. Une émotion inoubliable.
LAtelier de Marie-Claire. En
1920, dix ans après le triomphe de Marie-Claire, Marguerite
Audoux donnait une suite à son roman. LAtelier de Marie-Claire
dépeint la vie quotidienne de la bergère solognote, devenue
adolescente et montée à Paris pour apprendre le métier
de couturière. La solitude, la misère, le mal y sont évoqués
avec la même bouleversante économie de moyens que dans Marie-Claire.
Marguerite Audoux prend, ici, la parole au nom du prolétariat des
villes, après lavoir prise au nom de celui des campagnes.
La guerre de 1914-1918 ayant changé les mentalités et la
mode sétant détournée de lauteur, ce
deuxième roman nobtint pas le succès du premier. On
sait, aujourdhui, que L'Atelier de Marie-Claire est un chef-duvre
au même titre que Marie-Claire, et quil en est indissociable. »
La dernière édition de 2019,
éd. Talents
hauts, coll. "Les
Plumées" :
North Star éditeur, 2017
éd. de l'Aube, 2017
Le
texte de Marie-Claire est accessible ICI
en pdf (Bibliothèque électronique du Québec)
où LÀ
(aux éditions Fasquelle de 1911) ou encore à lire
en ligne sur Wikisource.
L'atelier de Marie-Claire est accessible en pdf
ICI
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Marguerite Audoux
Marie-Claire (1910) avec une préface
d'Octave Mirbeau
suivi de L'atelier de Marie-Claire (1920)
En présence du biographe de Marguerite
Audoux, Bernard-Marie Garreau.
Nous avons lu
ce livre en décembre 2017. Nous avions déjà
programmé ce livre en
2002.
Voir en bas de page la documentation
sur Marguerite Audoux, son uvre et les illustres
contemporains avec lesquels elle était en relation.
Marie-Odile (du groupe
breton)
Comme on retourne plusieurs fois un vin dans sa bouche pour tenter de
le définir, j'ai retourné plusieurs fois ce texte dans ma
tête avant de pouvoir le qualifier. Petit vin de pays ou grand cru ?
Il semble en tout cas avoir bien supporté les années. Je
n'ai pas su classer ce récit à nul autre pareil : du
côté de George Sand peut-être... ou du Charles
le Quintrec à l'enfance bretonne... Non pas vraiment.
La simplicité dans la composition et dans l'expression, l'extrême
pudeur dans l'évocation des temps forts de l'existence, morts ou
rencontres, la sobriété et l'absence de prétention
du récit en font quelque chose de touchant. Les personnages sont
des types : celle/celui qui sépare, celle/celui qui réconforte,
les plutôt méchant(e)s, les plutôt gentil(le)s, et
au milieu cette Marie-Claire, constante. Le monde clos et oppressant de
l'orphelinat, où on n'est jamais seul, avec ses brutalités,
ses mesquineries, ses secrets, laisse place pour un temps au monde des
maîtres et des domestiques dans une campagne plus ouverte où
la nature apporte un certain réconfort. Les phrases, les paragraphes
se font alors plus amples et on respire mieux. J'ai adoré la deuxième
partie que j'ai lue... au coin du feu. En refermant le livre, je pense
à Denise, juste arrivée de Valognes dans le Paris du Bonheur
de Dames et je m'interroge sur la suite...
Pour l'instant, j'ouvre aux ¾ ce texte rare, authentique et sans
artifice. C'est un livre que j'aurais bien aimé trouver dans le
tiroir de ma grand-mère.
Denis (avis transmis)
J'ai lu Marie-Claire, puis L'Atelier, avec beaucoup de plaisir.
Ma grand-mère aurait sans doute trouvé cela "délicieux".
Autrement dit, cela pourrait être très "cucul"
mais non, c'est bien autre chose. J'ai adoré les descriptions
du fonctionnement du couvent, de la hiérarchie religieuse, de la
soumission généralisée qu'on ne discute pas. Il y
a de nombreuses observations très subtiles, d'heureuses surprises
au détour d'une phrase commencée sur un ton anodin. Dans
L'atelier de Marie-Claire, par exemple : "ses
lèvres semblaient faites d'une matière dure qui les empêchait
de se distendre pour sourire" (il s'agit de Mme Doublé).
Cela ne m'étonne pas que Mirbeau apprécie. Mais Mirbeau
était amer, souvent méchant. Si l'on rapprochait Marie-Claire
du Journal
d'une femme de chambre
(que je vois toujours sous les traits de Jeanne Moreau), cela mettrait
en lumière l'innocence de la jeune narratrice, sa bonne volonté
incessante, l'honnêteté de ses révoltes.
Faute de temps, je n'ai rien lu de l'abondante documentation sur Marguerite
Auroux. Cela ne fait rien, je pense qu'il faut absolument avoir lu ces
deux livres, minces mais très riches. J'ouvre donc totalement.
Lisa peut-être :
(qui passe
en coup de vent car elle déménage, donne son avis et repart
aussitôt...)
Je ne connaissais ni le livre ni l'auteur. J'ai lu Marie-Claire,
ai aimé mais sans trouver ça transcendant, j'ouvrais à
moitié. Et puis j'ai découvert
la biographie qui est géniale. Je ne savais pas que Marie-Claire
était autobiographique. Avec l'éclairage de cette biographie,
j'ai envie de relire Marie-Claire. Alors que j'allais ouvrir à
moitié, la biographie que je n'ai pas finie m'oriente vers les
trois quarts...
Nathalie
Je ne connaissais pas. C'est une écriture incroyable, au goutte
à goutte, comme des sortes de versets. Je me suis interrogée
sur la façon dont elle l'avait écrit. Comme si une personne
avait collecté sa parole, justement, image par image, instant par
instant. J'ai été bousculée par le
passage où elle est accueillie par la sur. C'est quelque
chose de très intime qui est violemment entré en moi. J'ai
été sidérée. Il me semble que toutes les images
que la lecture fait naître font appel à un passé que
les enfants d'aujourd'hui ne connaîtront pas. Je l'ai lu comme le
texte d'une illettrée qui racontait son histoire. Je ne savais
rien de Marguerite Audoux. J'ai adoré le premier livre. L'âme
des choses est partout, j'ai pensé à une personnification
récurrente, puis je me suis dit simplement que c'était une
sorte d'animisme divin "nulle part visible et partout présent",
le souffle de Dieu est en toute chose. J'ai pensé à George
Sand, à Gervaise,
ou Germinie Lacerteux des Frères Goncourt...
Tous
Ger... quoi ?
Nathalie
Germinie
Lacerteux. (Devant le regard dubitatif, interrogatif, etc.)
il faut lire ça !
Marie-Claire, c'est très fort alors que dans L'atelier
de Marie-Claire, je n'ai pas retrouvé cette émotion.
Le premier est une vision interne, le deuxième est très
externe, comme un tableau, une chronique, on ne sait plus ce qu'elle pense,
elle. Je comprends qu'elle soit tombée dans l'oubli. L'atelier
ne tient pas la route par rapport aux très grands comme Zola
qui ont déjà raconté le XIXe siècle, il serait
plutôt une sorte de complément à L'Assommoir,
ou au Bonheur des dames. Je ne vois pas la cohérence. Le
premier m'a émue, je l'ouvre en grand.
Henri
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire Marie-Claire. J'ai commencé
L'atelier au sujet duquel je te suis, Nathalie. J'ai lu Marie-Claire
au premier degré. J'ai été touché par le concentré
d'expression, la
scène du miracle par exemple. J'ai beaucoup aimé. Je
comprends que ce soit un monument. Je l'ai considéré comme
autobiographique. J'ai été pris par l'imaginaire, notamment
concernant ce temps passé, où on est à une place
dont on ne bouge pas, les sentiments sont aléatoires, on ne rencontre
pas les gens par Tinder. Je l'ouvre aux ¾.
Annick A
Je ne connaissais pas Marguerite Audoux. J'ai aimé ce livre, très
agréable à lire. Avec peu de choses elle dit beaucoup :
par exemple, quand il s'agit du chagrin de Mme Alphonse de quitter la
maison habitée depuis si longtemps : "je
m'arrêtai, tout angoissée de la réponse qui allait
venir, Mme Alphonse retira son crochet du fil et dit :
Je crois que je me suis trompée d'une maille.
Elle compta jusqu'à dix-neuf, et elle ajouta :
C'est ennuyeux, il faut que je défasse tout un rang."
Elle n'a pas besoin de commentaire. J'ai pris ce livre comme autobiographique.
Elle parle des gens qu'elle aime et de ceux qu'elle n'aime pas. Elle n'est
pas dans l'analyse approfondie des relations.
Il n'y a pas beaucoup de matériel pour savoir quelle était
la vie chez les surs. Quand j'ai commencé L'atelier,
je me suis arrêtée dès les premières phrases.
J'ouvre à moitié.
Monique L
J'ignorais Marguerite Audoux et Marie-Claire. J'ai cru que c'était
autobiographique. Tout est bien décrit, les gens, les paysages,
dessinés d'un trait qui les rend vivants. Il n'y a pas de superflu,
de bavardage. C'est frais, touchant. Il sen dégage une atmosphère
magique de pureté et de force à la fois. M.A. a une faculté
dobservation remarquable. Je suis surprise de lapproche "psychologique"
des personnages et de la qualité de lécriture pour
quelquun qui a arrêté si tôt lécole.
Je me demande si Charles Louis-Philippe n'a pas fait plus que corriger
l'orthographe... (interrogeant du regard Bernard-Marie Garreau...)
Bernard-Marie Garreau
Je bouillonne intérieurement... J'en parlerai tout à l'heure.
Monique
C'est facile à lire. J'ouvre aux ¾.
Christelle
J'ai beaucoup aimé ce livre. Je l'ai lu d'une traite. Ne connaissant
rien de la vie de Marguerite Audoux, sinon la préface, j'ai lu
Marie-Claire comme une autobiographie. Concernant le livre, je
me disais que je n'avais pas grand-chose à dire. Je rejoins beaucoup
de points qui ont été soulignés. C'est un récit
très prenant, fluide, je dirais classique. Il m'a rappelé
beaucoup, sans que je puisse le rapprocher bien sûr totalement,
les romans d'auteurs classiques du XIXe ou début XXe lus à
l'adolescence. J'ai l'impression que j'aurais pu déjà l'avoir
lu. Finalement, c'est peut-être le style qui m'a le plus marquée :
c'est un style "de rêve" : simple, fluide et extrêmement
agréable. Tout est dit ou suggéré sans lourdeur.
De plus, le style s'adapte très bien au récit d'une enfant :
on se met bien "dans sa peau" sans que l'écriture donne
un aspect artificiel. J'ai adoré le passage qui raconte le moment
où elle quitte la ferme pour retourner à la ville dans la
nuit : sa course, sa peur d'enfant, l'interprétation de l'environnement...
j'ai trouvé ce
passage admirable. J'en rapproche aussi celui où elle
se perd avec ses moutons un jour d'hiver. Bref, beaucoup de bonheurs
à cette lecture. Je n'ai pas lu la suite L'atelier, faute
de temps, mais j'en avais très envie lorsque j'ai lu la dernière
page de Marie-Claire. Les avis mitigés m'attristent car
je me faisais une joie d'avance ! J'ouvre aux ¾.
Jacqueline
C'est la troisième fois que je lis ce livre. Je l'ai lu adolescente,
et j'avais trouvé que c'était un bon livre, j'en ai gardé
un souvenir merveilleux. Ma mère m'avait encouragée à
le lire. Dans cette génération, on le connaissait. Je crois
même qu'il était dans la bibliothèque de classe.
Nathalie
La bibliothèque
bleue !
Jacqueline
On l'a lu dans le groupe il
y a 15 ans. J'ai lu son dernier livre, Douce
lumière. J'ai beaucoup aimé, il y a des descriptions
merveilleuses, sans pathos. J'ai repris Marie-Claire en m'interrogeant
sur ma réaction... Et j'ai retrouvé le même plaisir,
la même fraîcheur. Je l'ouvre en grand.
Catherine
Je ne connaissais pas. Je l'ai lu comme une histoire. Avec la résonnance
de ce que ma grand-mère me racontait. Quelle sobriété
du style, c'est dit à demi-mot. C'est loin de nous. Les sentiments
ne sont pas développés, mais c'était le cas à
l'époque. Et les secrets cachés des bonnes surs !
Ce qui se passe à la campagne, le contact du vacher avec les bêtes
par exemple, c'est très bien retracé, très bien écrit.
J'ai moins aimé L'atelier, c'est moins original, Marie-Claire
c'est unique. Je l'ouvre en grand.
Danièle
J'ai bien aimé ce livre, et d'abord son écriture simple
et limpide, pour raconter, sans aucun pathos, une vie très difficile.
C'est un témoignage des générations de cette époque,
fin XIXe-début XXe.
D'habitude je retrouve toujours, au fil de la lecture, des références
à d'autres auteurs, d'autres livres déjà lus. Mais
ici, rien de tout cela : pas de souvenirs littéraires mais
une évocation intense des souvenirs vécus... par ma mère
morte
ce mois-ci à 98 ans
et qu'elle m'a transmis par petites touches, tout le long de sa vie, d'une
manière tout aussi simple : c'était comme ça.
Une bonne partie de son enfance et de sa jeunesse à la campagne
chez des oncles et tantes ou en pensionnat, une copine morte de tuberculose,
l'autre "fille-mère", comme on disait à l'époque,
reléguée au second rang derrière l'épouse
officielle, mais ayant l'impression de vivre le grand amour quand même.
Dans ce livre, aucun effet littéraire, mais un art de raconter
sa vie simplement, sans regret ni rancur, une empathie avec les
gens et même les choses ou les lieux qu'elle personnifie, une capacité
à lire avec perspicacité les effets des sentiments sur le
visage des gens ou sur leur attitude, sans faire aucun jugement.
Et pourtant, quelle vie dure elle a menée. En fait, on pourrait
dire aujourd'hui qu'elle fait partie de ces personnes résilientes,
qui ont surmonté les malheurs auxquels elles ont été
confrontées, sans doute parce qu'elles ont rencontré des
personnes qui les ont protégées et aimées. Marie-Claire
a croisé le chemin de Sur Marie-Aimée, dont elle était
la chouchoute, et de personnes bonnes et attentionnées comme Mme
Dalignac, dans l'atelier, et Mlle Herminie.
Le plus délicieux, ce sont ses descriptions de la nature teintées
de poésie et d'anthropomorphisme, étonnantes à première
vue, de la part d'une personne sans instruction véritable. À
moins que cette façon de s'exprimer soit typique de cette époque ?
En tout cas, Marguerite Audoux
Marie-Claire le fait avec une grâce enchanteresse.
Il faut noter aussi , dans L'atelier de Marie-Claire, le même
style sobre et sans jugement apparent pour évoquer l'émergence
d'esprit d'indépendance et de révolte des ouvrières
qui osent émettre à voix basse certaines remarques :
"Elle ne doit compte
d'elle-même à personne", s'agissant de Gabrielle
enceinte; ou "si on
travaille plus, on doit gagner plus".
J'ouvre le livre en grand, pour les émotions qu'il m'a procurées,
l'authenticité et la poésie du récit.
Annick L
C'est une véritable découverte pour moi aussi. Dans Marie-Claire,
j'ai beaucoup apprécié la clarté, la grâce,
la fluidité de son style qui donne à voir les gens (sans
analyse psychologique), les paysages et les situations, avec beaucoup
de force. On se laisse porter avec un grand plaisir... Il y a même
des passages très poétiques, en particulier dans les pages
qui évoquent son grand amour. Elle a un côté angélique :
elle sait toujours extraire la beauté des situations où
elle se trouve plongée, malgré les revers qu'elle essuie
constamment, mais elle reste très pudique sur son ressenti, en
refusant toute dramatisation. Par contre, la façon dont elle nous
livre les faits sans commentaire, passivement, sans se révolter
contre l'injustice de son sort, m'a beaucoup gênée. Mais
ce que tu as dit, Henri, m'éclaire : il faut évidemment
prendre en compte le contexte social de l'époque où chacun(e)
acceptait son sort avec fatalisme. C'est un beau roman autobiographique
et cette femme avait effectivement un grand talent naturel.
J'aurais une question pour notre invité :
comment ce groupe de Carnetin appréhendait-il la littérature ?
Au point de repérer ce premier roman d'une illustre inconnue, venant
d'un milieu populaire, sans aucune référence culturelle
légitime ? Un peu comme les peintres naïfs...
J'ai lu ensuite avec intérêt L'Atelier de Marie-Claire
car c'est en partie l'histoire de ma mère, montée à
Paris depuis sa campagne et embauchée comme petite main chez un
grand couturier. J'y ai retrouvé des bribes d'anecdotes familières :
l'amour des belles étoffes et du travail soigné, le rapport
difficile aux clientes... Mais j'ai trouvé que le récit,
plus documentaire, s'étirait, se répétait et je me
suis lassée J'ouvre donc l'ensemble aux ¾.
Et merci pour la rencontre avec ce grand spécialiste de Marguerite
Audoux.
Fanny
J'ai cru que c'était autobiographique ; d'ailleurs quand on
ouvre le livre on lit "La
vie de Marguerite Audoux se confond avec son uvre, au point que
l'on est tenté de conseiller au lecteur curieux d'artistes autant
que d'art de lire simplement celle-ci pour découvrir celle-ci pour
découvrir celle-là". Marie-Claire
m'a saisie par la fraîcheur du regard de l'enfant (par exemple pour
raconter la scène incompris par un enfant de l'accouchement). J'ai
été prise par le plaisir du récit (on parle parfois
dans le groupe du plaisir se limitant à cela...) ; cependant
j'ai regretté que les chapitres soient si courts, ce qui fait que
c'est haché. L'atelier c'est plus extérieur, il n'y
a pas la même fraîcheur ; mais j'ai marché quand
même. J'ouvre aux ¾. Devant l'engouement général
face à Marie-Claire, je m'interroge, est-ce possible de
ne pas aimer ce livre ? Un engouement trop exclusif n'étant
pas pour moi synonyme de chef-d'uvre, n'y aurait-il pas dans Marie-Claire
une part trop consensuelle, peu propice à la dimension critique
des débats ?
Manuel
J'ai pensé au Facteur
Cheval. C'est agréable à lire, on y est. Elle raconte
bien, et on est dedans. Je rejoins mon propre avis d'il y a 15 ans, le
côté Cosette m'agace. Je n'avais pas compris que Sur
Marie-Aimée était enceinte.
Annick L
Je te rassure, moi non plus.
Manuel
Je l'ouvre aux trois quarts. Elle a réussi son coup. C'est dommage
que ce soit tombé dans l'oubli.
Françoise D
Je l'ai lu comme si je le lisais pour la première fois. Manuel
m'a dit que je l'avais lu dans le groupe première
nouvelle
En relisant mon avis d'il
y a 15 ans, je constate que je n'ai pas changé d'avis. C'est
agréable, l'écriture est sympa, mais je suis restée
sur ma faim. C'est plat, comme en surface, il n'y a pas de psychologie
et ça me manque. Si ce n'est pas autobiographique ça enlève
l'intérêt du bouquin. J'ouvre à moitié.
Claire
Pourquoi ton avis dépend du fait que cest autobiographique
ou pas ?
Françoise
Parce que si ce nest pas autobiographique, le livre na pas
d'intérêt pour moi. D'accord reste l'écriture, mais
c'est un peu maigre.
Claire (qui a proposé le livre)
Je partage des réserves sur L'atelier de Marie-Claire que
j'ai moins aimé, trouvant que ça stagne un peu, ça
se répète.
J'ai a-do-ré Marie-Claire que j'avais découvert dans
le groupe il
y a 15 ans, que j'ai relu avec encore plus d'intérêt
l'année dernière pour un autre groupe de lecture, m'amenant
à découvrir le musée, Bernard-Marie Garreau, et la
masse de documentation qui existe grâce à lui et dont une
partie figure maintenant sur notre site (ci-dessous).
J'aime que le récit ne soit quasiment pas situé (on ne sait
pas quand précisément ça se passe, ni où)
ce qui le détache du strict contexte du personnage
pour lui donner une forme d'universalité. J'ai aimé
l'aspect documentaire qui nous fait accéder à la vie de
ce temps-là où l'on cuit les corbeaux, où
les loups sont tout près. Mais c'est l'écriture, la distance
singulière du regard par l'écriture, qui m'ont captivée,
et la force du personnage par rapport aux épreuves. Vous avez parlé
de son art de dire beaucoup avec peu, il y a aussi l'art de la narration,
la façon dont le récit est construit. J'ai aimé l'art
des portraits, les images étonnantes :
- la sur Marie-Aimée : "en
la regardant, je ne sais pourquoi je pensais à un puits profond
et noir qui aurait été plein d'eau chaude"
- la supérieure "à
la voir, toute
noire au milieu de tout ce rouge, je la comparai à un monstrueux
pavot qui aurait poussé dans un souterrain"
- la saisie des bonheurs au sein d'une vie très dure pendant la
traite : "il se formait
au-dessus du lait une écume qui prenait des teintes changeantes,
et, quand le soleil passait dessus, elle devenait si merveilleuse que
je ne me laissais pas de la regarder " ou à propos
de la lecture : "j'aimais
ce livre, il était pour moi comme un jeune prisonnier que j'allais
visiter en cachette"
- et le chagrin quand son amour s'avère impossible : "le
jour éclatant des cuisines se changea en nuit noire, et je sentis
que les dalles s'enfonçaient et m'entraînaient dans un trou
sans fond. Je sentis encore que sur Désirée-des-Anges
venait à mon secours, mais déjà une bête s'était
accrochée à ma poitrine. Il sortait d'elle un bruit qui
m'était très douloureux à entendre. C'était
comme un horrible sanglot qui s'arrêtait toujours au même
endroit."
J'ai pensé à Mémoires
d'un paysan Bas-breton de Jean-Marie
Déguignet et Pays
perdu de Pierre Jourde. Mais pour moi, Marie-Claire est
un chef-d'uvre et j'aimerais, dans le mystère de l'histoire
de la réception des textes, que sa célébrité
renaisse...
Jacqueline
Je tiens à rajouter qu'on croit souvent que parce qu'on n'est pas
allé à l'école on ne peut pas s'exprimer. Mais on
oublie le rôle et la qualité du langage oral à la
campagne. Je pense au "vieux papé" dans le midi que ceux
qui l'écoutaient avait regretté de n'avoir pu enregistrer
tant ils prenaient plaisir à entendre ses récits...
Henri
J'ai une hypothèse concernant ce qui fonde la différence
que nous ressentons entre les deux livres : Marie-Claire elle
écrit pour elle-même, L'atelier c'est un projet.
Bernard
Oui ! Et dans le suivant, De
la ville au moulin, elle se prend pour un écrivain, elle
parle de roman alors qu'avant elle disait mes bouquins.
Ces deux livres relèvent de deux forces : comme Johnny et
D'Ormesson... L'atelier est davantage une chronique.
Quant à l'aspect biographique, distinguons l'autobiographie, où
se confondent auteur, narrateur et personnage, et roman autobiographique.
Il y a des passages inventés : elle fait par exemple mourir
les hommes plus tôt (elle a d'ailleurs des comptes à régler
avec les hommes). Elle transpose : par exemple une fugue antérieure
devient la fugue
la nuit.
A-t-elle écrit seule ? On a avancé des noms : Charles-Louis
Philippe, Giraudoux même. Il n'en est rien et des documents le montrent.
Par exemple, elle écrit à Gide pour lui demander conseil
sur une phrase : "Fasquelle
vient de menvoyer les deuxièmes épreuves ; je les
ai relues sans y trouver de fautes. Cependant, à la page 14, ligne
17, jaimerais quil y ait des débris de gâteaux ;
le mot débris avait été oublié par la dactylographe,
cela me semble déranger le balancement de la phrase et me fait
un peu leffet dune chose tronquée. Cela vient peut-être
tout simplement de ce que jai toujours eu cette phrase dans loreille.
Aussi je vous laisse juge, et ce que vous déciderez sera bien."
A propos du prêtre et de la sur enceinte, j'en ai retrouvé
trace dans les registres... ce n'est pas inventé. D'ailleurs Gide
dans un post-scriptum écrit à Marguerite : "Quelle
gaffe vous avez faite denvoyer votre livre à Claudel !! Je
croyais vous avoir conseillé de nen rien faire. Vous ne saviez
donc pas quune religieuse ne pouvait pas avoir denfant !!!?"
Rires... Et qu'a fait Claudel ?
Bernard
Son commentaire à Jacques Rivière sera : "Le
livre est digne du ruisseau dont son auteur est sorti"...
Bernard nous montre
des documents admirables et touchants :
- touchants : des photos et, de la belle écriture
penchée de Marguerite, sur des feuilles de cahiers, le manuscrit
de la nouvelle "Le
Chaland de la Reine", des conseils en couture...
- admirable : Marie-Claire, illustré de plus de 200
bois originaux gravés par le peintre, graveur et illustrateur Gabriel
Belot, éd. Les éclectiques du livre, 1930 :
Photos
prises par Manuel
Commentaires de Bernard-Marie Garreau
après la soirée
Très bonne et sensible soirée où bien
évidemment, eu égard au nombre de participants, on ne peut
tout dire. Mais j'ai relevé les lignes de force fondamentales (problème
de l'autobiographie, magie du style, comparaison avec L'Atelier,
questions sur l'écriture, Douce Lumière, occultation
de l'auteur au profit de la narratrice histoire d'un regard
et absence de psychologie , j'en oublie sans doute) qui témoignent
de la qualité de cette lecture plurielle pertinente et assez souvent
convergente. Je n'ai pu revenir sur tout (la discussion était parfois
passionnée, ce qui est bon signe).
Annick L, par exemple, a parlé de "grâce". C'est
peut-être le terme-clef qui, à lui seul, résumerait
Marie-Claire.
Ma voisine Nathalie a émis aussi bon nombre de remarques stimulantes.
Quant à l'animisme, par exemple. Et il m'est revenu après
coup cette lettre écrite par Marguerite Audoux en 1929 à
son fils Paul, et dont la dernière phrase de la citation que j'en
fais va dans ce sens :
"Je suis allée
porter des fleurs sur la tombe de ta mère, et, faisant un effort,
sur celle de ta grand'mère. Tu vois que je gagne en sagesse. Mais,
tu sais, c'est drôle à dire, eh bien ! j'ai failli recevoir
une sacrée gifle. Comme j'essayais de redresser la croix qui était
penchée sur le côté, au moment où je la croyais
d'aplomb elle est revenue brusquement sur moi et ce n'est qu'à
la justesse de mon geste de défense que j'ai dû de ne pas
recevoir cette lourde croix de bois noir en pleine figure. Je n'ai pu
m'empêcher de dire à ta grand'mère : "Alors,
ça continue ?"
Ca ne m'a pas empêchée de lui installer un très beau
bouquet bien par le milieu. Mais je vais dire à Roger d'apporter
ce qu'il faut pour consolider cette croix à l'esprit méchant,
car elle pourrait bien blesser l'un ou l'autre un de ces jours. C'est
à croire que les choses s'imprègnent de la malice des êtres."
Dans la biographie
de Lanoizelée, un passage fait également allusion à
cette force de l'esprit qui s'insuffle dans le monde matériel :
"Marguerite Audoux
m'a raconté qu'une certaine nuit, pendant les premiers mois de
la guerre, plusieurs coups avaient résonné à sa porte.
Elle s'était demandé qui pouvait venir la voir à
pareille heure. Aussitôt elle s'était levée et avait
ouvert. Il n'y avait personne dans le couloir, ni dans l'escalier. Un
silence total régnait dans la maison. En se recouchant, le coeur
angoissé, quelques paroles de son regretté ami Charles Louis
Philippe lui étaient revenues à l'esprit :
"Ne rions pas
de ces choses là. Nous ne connaissons rien des forces qui sont
autour de nous."[1]
Elle avait eu l'atroce pressentiment
qu'un de ses amis les plus chers était dans la détresse.
Beaucoup étaient soldats et combattaient sur le front. Lequel,
parmi eux, l'appelait ainsi ? Quelque temps après, elle apprenait
la disparition du plus cher d'entre eux : Alain Fournier."
Mais j'extrapole un peu. Dans l'esprit de Nathalie, il s'agissait du
texte littéraire, où le prétendu inanimé peut
avoir une âme, ce qui est une remarque juste. Il existe même
un renversement de cette proposition quand Marie-Claire, à un moment,
s'imagine être un arbre...
Nathalie a également évoqué la
scène sous le bureau de Sur Marie-Aimée, qui m'avait
immédiatement fait penser, quand je l'avais lue pour la première
fois, à un regressus ad uterum, ou à une atmosphère
amniotique, tout à fait de saison dans cet univers de déréliction,
et qui eût mérité qu'on s'y arrêtât. Quelle
sublime passage (au sens fort), qui est l'annonce tragique de toute l'uvre
à venir, dont nous avons évoqué la similitude avec
une immense et vaine parturition !...
Photo
de l'illustration de Belot relative à ce passage
prise par Nathalie dans l'ouvrage de Bernard :
Pour en revenir à L'Atelier, ajoutons que, très
curieusement, Valery Larbaud (qui avait fait recopier le manuscrit raturé
de Marie-Claire pour le rendre lisible Marguerite souffant
des yeux) dit l'avoir préféré à Marie-Claire...
[2]
Pour répondre à la question
d'Annickelle, la réception enthousiaste immédiate du
texte de Marie-Claire par le groupe de Carnetin échappe
à tout critère culturel ou intellectuel. L'intellectuel
est, selon moi, le cérébral qui se réfère
à des modèles. ("Ah oui ! vous suivez là la
pensée de machin", ou "Vous écrivez comme untel"...)
Or, de modèle, Marguerite n'en avait pas, ou si peu... Ce qui a
frappé les amis, comme le public après publication, c'est
précisément ce sublime jaillissement venu de nulle part,
sinon d'elle et de sa plume.
J'ajouterai que si Christelle, lisant Marie-Claire, a eu l'impression
de pénétrer dans un récit qu'elle avait déjà
lu, j'ai eu ce même sentiment de rencontrer des amis que je connaissais
de longue date.
UN MOIS PLUS TARD À PONTIVY
(janvier 2018)
Chantal :
Claude et Édith :
C'est un bonheur d'avoir lu ce texte. Claude n'ayant lu que Marie-Claire
nous a fait part de son goût de trop peu à la fin du premier
texte. Elle va lire la suite.
Toutes sont d'accord pour parler du style simple, ouvert, évocateur
de situations diverses, toutes traitées sans emphase, presque avec
pudeur, mais toujours provoquant une émotion de lecture.
Les personnages sont attachants, même les moins sympathiques. Les
divers milieux (couvent, ferme et atelier) sont décrits simplement,
mais avec vérité.
Nous avons parlé de "sérénité" au
moment de la lecture, ainsi que de "calme" engendré par
cette même lecture.
Très rapidement, nous avons pour chacune évoqué les
scènes les plus touchantes. Les religieuses et Sur Marie-Aimée
ont occasionné des échanges (passé religieux pour
deux d'entre nous !)
Question
: cette religieuse était-elle enceinte au couvent
et la courte scène de ses cris correspondait-elle à l'accouchement ?
Bref, un bon moment suivi d'échanges non moins agréables.
Voir aussi l'avis de Marie-Odile mis
en ligne antérieurement.
DOCUMENTATION SUR MARGUERITE
AUDOUX
- Le prix Femina
- La bibliothèque Marguerite Audoux
- Le parcours étonnant de Marguerite
Audoux
- Le magazine Marie Claire
- Le musée Marguerite Audoux
- Le prix Marguerite Audoux
- Aujourd'hui, Marguerite Audoux n'est
plus lue
- Les biographies
- Bernard-Marie Garreau, le spécialiste
: livres, articles
- D'autres voix sur Marguerite Audoux
- Le "Groupe de Carnetin"
- Sur la littérature "prolétarienne"
- La liste des textes de Marguerite
Audoux (avec un lien sur les textes eux-mêmes)
Le
prix Femina
Marguerite Audoux, simple ouvrière, ancienne bergère,
reçoit le Prix Femina en 1910. Même le New York Times
en parle..., voyez cet article "Sewing
woman, nearly blind, wins prize for novel" du 1er janvier 1911.
100 000 exemplaires vendus l'année du prix !
Le prix Femina est créé en 1904 par
vingt-deux collaboratrices du magazine La
Vie heureuse, afin de constituer une contre-proposition au prix
Goncourt qui consacrait de facto des hommes. Le jury est exclusivement
féminin. Anna de Noailles en fut la première présidente,
y siégeaient Lucie
Delarue-Mardrus, Séverine
et d'autres "femmes de lettres".
La bibliothèque
Marguerite Audoux
Il existe à Paris une bibliothèque municipale Marguerite
Audoux, au nom choisi en raison du fait que le 3e arrondissement où
elle se trouve était un quartier ouvrier, avec des ateliers comme
celui où Marguerite Audoux a travaillé.
Le parcours étonnant
de Marguerite Audoux (1863-1937)
- En deux pages, on découvre de manière synthétique
"Le destin peu
commun de l'auteur de Marie-Claire" (Les Cahiers de
la rue Ventura, n° 35, mars 2017).
- A la bibliothèque citée, une biographie en quelques pages
illustrées y est disponible : Marguerite
Audoux orpheline, bergère, couturière et romancière.
Le magazine Marie
Claire
Fondé en 1937 par Jean
Prouvost, grand patron de presse, dont le nom (sans trait d'union)
vient du roman :
- voici la couverture
du premier numéro 1er mars 1937
- et un bilan pour les 50 ans du Marie Claire nouvelle formule
créée en 1954 : "Marie
Claire, un demi-siècle engagé", Catherine Mallaval,
Libération, 17 septembre 2004.
Le musée
Marguerite Audoux
Ouvert depuis 2015, le musée
de Sainte-Montaine (village où Marguerite Audoux fut bergère),
est consacré à Marguerite Audoux. Il présente la
romancière à travers son uvre, ses amitiés
littéraires (Alain-Fournier, André Gide, Octave Mirbeau,
Maurice Genevoix
) et son attachement à la Sologne. Une collection
composée de ses objets personnels jalonne le parcours : meubles
de Francis Jourdain, livres, correspondance, manuscrits originaux, accessoires
décriture, tableaux, photos, etc.
Le prix Marguerite
Audoux
François Escoube
crée le prix Marguerite Audoux en 1997 ((dernier prix décerné
en 2013) ainsi qu'un prix Marguerite-Audoux des collèges que décernent
les collégiens du Cher (département dorigine de Marguerite
Audoux), à l'instar des membres du jury du prix national, à
un ouvrage de littérature de jeunesse récemment publié
et dont le thème ou l'univers rejoignent ceux de Marguerite Audoux.
Ont fait partie du jury du prix national : Marie Desplechin, Pierrette
Fleutiaux, Anne-Marie Garat, Benoîte Groult, Marc Lambron et Bernard-Marie
Garreau.
Aujourd'hui,
Marguerite Audoux n'est plus lue
Il faut remonter dans le temps pour trouver des articles dans la presse,
au moment où Grasset réédite dans la collection "Cahiers
rouges" Marie-Claire et L'Atelier de Marie-Claire :
- "Don Quichotte :
les malheurs de Cousette", Gérard Meudal, Libération,
24 novembre 1987.
- "Marguerite
Audoux, la magicienne : entre Colette et le Douanier Rousseau, une
romancière à redécouvrir", Le Monde,
15 janvier 1988.
- Un sursaut en 2013... : Marguerite Audoux
gagne une notice dans un ouvrage de référence (sous le parrainage
de l'Unesco) en trois tomes, Le
Dictionnaire universel des créatrices, dir. Béatrice
Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber, éditions des
femmes-Antoinette Fouque, 2013. Il est à remarquer que la
notice est rédigée par Audrey
Lasserre, auteure dune
thèse : Histoire dune littérature en mouvement :
textes, écrivaines et collectifs éditoriaux du Mouvement
de libération des femmes en France (1970-1981) soutenue en
2014.
Les biographies
Elles sont en nombre réduit :
- en 1942, Georges Reyer publie Un
cur pur : Marguerite Audoux, Grasset, avec des lettres inédites
de Marguerite Audoux, Octave Mirbeau et Alain Fournier
- en 1954 : Louis Lanoizelée, Marguerite
Audoux : sa vie, son uvre, Plaisir du bibliophile.
Le premier était pétainiste, le deuxième communiste,
ce qui n'est pas indifférent pour leur portrait de Marguerite Audoux.
- en 1991 : Bernard-Marie Garreau, Marguerite
Audoux : la couturière des lettres, Tallandier. Cette
biographie sera suivie d'une thèse, d'articles, conférences,
etc.
Bernard-Marie Garreau,
le spécialiste
Sa fiche
wikipédia non dénuée d'humour permet d'en savoir
plus sur son parcours. Pour ce qui nous intéresse, il a d'abord
écrit la biographie de Marguerite Audoux, avant de soutenir sa
thèse sur l'écrivaine et lui consacrer de nombreux articles,
des conférences en France et à l'étranger :
il en est le spécialiste incontesté. Mais Marguerite Audoux
est aussi en lien avec tout un "vivier" littéraire :
Gide, Alain Fournier, Octave Mirbeau, Romain Rolland..., comme le montrent
ses articles.
Des livres
- Marguerite
Audoux : la couturière des lettres, éd. Tallandier,
1991. Prix
de l'essai de la SGDL (Société des gens de lettres).
- La Famille de Marguerite Audoux, thèse pour le doctorat,
deux tomes, Presses du Septentrion, Lille, 1996. Prix du Conseil Général
du Cher.
- Marguerite
Audoux, la famille réinventée, INDIGO & Côté-femmes
éditions, 1997.
- Le
terroir de Marguerite Audoux (dir.), Actes du colloque à
l'université d'Orléans du 30 octobre 2004, L'Harmattan,
2005. Introduction
de Bernard-Marie Garreau.
De nombreux
articles
- "Caractère
et fonction de l'écriture autobiographique dans Marie-Claire de
Marguerite Audoux", Revue
des lettres et de traduction, Kaslik (Liban), n° 7, 2001.
- "La
correspondance de Marguerite Audoux : un vivier d'amitiés
littéraires", Ami(e)s
et amitié(s) dans les littératures en langues romanes,
Mélanges de littérature offerts à Czeslaw Grzesiak,
Études réunies et présentées par Renata Jakubczuk,
Presses de l'Université Marie-Curie de Lublin (Pologne), 2017.
- "La correspondance
Marguerite Audoux-André Gide", Correspondance et magistère :
la relation maître disciple dans les lettres, Centre des correspondances
et journaux intimes des XIXe XXe siècles, CNRS, UMR 6533, Brest,
Cahier n° 2, 1999.
- "Présence
de Charles-Louis Philippe dans les correspondances alduciennes",
Une
petite ville : trois grands hommes, 2000, Actes du colloque
de Cérilly des 15 et 16 mai 1999.
- "Octave Mirbeau
et Marguerite Audoux : convergences thématiques et idéologiques",
Cahiers Octave Mirbeau, n° 4, 1997.
- "La rencontre
de Marie-Claire et de Meaulnes", Mystères d'Alain-Fournier,
Librairie Nizet, 1999, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle sur "Les
Mystères d'Alain Fournier" (25-31 août 1996).
- "Lecture
et réécriture de Dostoïevski par Marguerite Audoux",
Lectures
de femmes : entre lecture et écriture, dir. Marianne Camus
et Françoise Rétif, L'Harmattan,
2002, Actes du colloque à Besançon, Université de
Franche Comté, 5-6 octobre 2000.
- "Marguerite
Audoux à Paris", Bulletin de la Société
historique du VIe arrondissement de Paris, 1996-1997.
- "Masculin
et masculinité chez Marguerite Audoux ", La
Condition masculine dans la littérature française,
Université d'Opole, Pologne, 2005, études rassemblées
et présentées par Krystyna Modrzejewska, Actes du colloque
des 13 et 14 mai 2004.
- "L'uvre
de Marguerite Audoux (1863-1937) : le transfert comme mode de transgression",
La transgression dans la littérature française et francophone,
études rassemblées et présentées par Anna
Ledwina, Literaport
(Revue annuelle de littérature francophone), n° 2, Université
d'Opole, 2015.
- "Marguerite
Audoux et le désir d'écriture" ("Marguerite
Audoux and the desire to write"), Women
seeking expression France 1789-1914, dir. Rosemary Lloyd
et Brian Nelson, Monash Romance Studies, janvier 2001, Actes du colloque
tenu à Bloomington (Indiana University), 23-25 septembre 1999.
D'autres voix
sur Marguerite Audoux
- Benoîte Groult
(1920-2016) alors membre du jury du prix Femina et du prix Marguerite
Audoux, évoque son rapport personnel à Marguerite Audoux :
"Les miracles de Marguerite",
avant-propos à Douce
lumière de Marguerite Audoux, Buchet/Chastell, 2009.
- "Romain
Rolland et Marguerite Audoux", pages inédites du
Journal de Romain Rolland présentées par Bernard
Duchatelet, Cahiers
de Brèves, n° 34, décembre 2014 : Romain
Rolland rencontre Marguerite Audoux chez Édouard Monod-Herzen en
1921, ils se rendent ensuite visite et Rolland en fait chaque fois le
compte rendu dans son journal. Ce sont ces pages qui sont ici reproduites.
Elles complètent un petit dossier antérieur, qui montrait
que ces rencontres, ajoutées à la lecture de Marie-Claire
et de LAtelier de Marie-Claire avaient aidé le romancier
dans la préparation de son roman Annette et Sylvie (tome
1 de L'âme
enchantée)
- Michel Yell : vers
1900, elle rencontre Michel Yell, ami d'André Gide, qui découvre
que la jeune femme écrit ses souvenirs. Il vend la mèche
aux amis écrivains, intellectuels et artistes du Groupe de Carnetin,
auquel elle s'est jointe. L'un d'eux, Francis Jourdain, va trouver
Octave Mirbeau qui s'enthousiasme pour le manuscrit. Marie-Claire
paraît en volume en octobre 1910 et obtient le Prix Femina en décembre.
Bernard-Marie Garreau détaille le rôle de Michel Yell et
sa relation à Gide : "Michel
Yell, ou le traitement du mal par le mal", Dynamiques du conflit,
Actes du colloque des 20, 21 et 22 novembre 2002 à Lorient du CRELL
(Centre de recherche en littératures, linguistique et civilisations),
dir. Bernard-Marie Garreau, Université de Bretagne-Sud, 2003.
- Proust, dans une lettre
à Reynaldo Hahn de 1911, dit qu'il ne croit pas à la
"primitivité" de Marguerite Audoux.
Le Groupe de Carnetin
Le "Groupe de Carnetin" nom du village de Seine-et-Marne
où ils louent collectivement une maison de campagne de 1904 à
1907 et se réunissent chaque dimanche comporte, outre
Marguerite Audoux, les membres suivants :
- Régis Gignoux, journaliste, directeur
du Figaro à l'époque du succès de Marie-Claire
en 1910.
- Charles Chanvin : avocat, poète, ami de Gide, il est représenté
avec lui sur un
tableau de Jacques-Émile Blanche.
- Michel Yell : ami également de Gide, qui publiera deux romans,
Cauet
et Le
Déserteur, chez Gallimard.
- Charles-Louis
Philippe : co-fondateur de La
Nouvelle Revue française et l'auteur de Bubu
de Montparnasse, réédité comme Marie-Claire
dans "Les Cahiers rouges" en 2005.
- Léon-Paul
Fargue : poète et écrivain, auteur du Piéton
de Paris.
- Francis
Jourdain : peintre, designer (il signe les meubles de Marguerite
Audoux, conservés au musée),
il est aussi écrivain et critique d'art, auteur de Sans
remords ni rancune ; il fut président du Secours populaire
de 1945 à 1958.
- Marcel Ray, très lié à Larbaud, universitaire,
journaliste, diplomate ; De Gaulle lui confie la Direction des affaires
culturelles en Algérie.
- Léon
Werth, romancier, essayiste, critique d'art et journaliste ;
une quinzaine de livres sont disponibles aujourd'hui aux éditions
Viviane
Hamy ; également libertaire, antimilitariste, anticolonialiste ;
il était familier des peintres Vlaminck, Pierre Bonnard et Paul
Signac, ami d'Octave Mirbeau et de Saint-Exupéry : le nom
de Léon Werth apparaît en préambule du Petit Prince
qu'Antoine de Saint-Exupéry lui a dédié.
" À Léon Werth.
Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à
une grande personne. J'ai une excuse sérieuse : cette grande
personne est le meilleur ami que j'ai au monde. J'ai une autre excuse :
cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour
enfants. J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite
la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d'être consolée.
Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce
livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande
personne. Toutes les grandes personnes ont d'abord été des
enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma
dédicace :
À Léon Werth quand il était petit garçon".
Sur la littérature
"prolétarienne"
Marguerite Audoux, du fait de son parcours, de son origine, y est associée :
- "La voix de
l'en-bas", Paul Morelle, Le Monde, 13 décembre
1974.
- "La couturière
et le prolétaire", Alfred Eibel, Le Quotidien de Paris,
12 février 1992 (sur les biographies de Marguerite Audoux et Henri
Poulaille).
- Marguerite Audoux a-t-elle pu écrire seule ? "Les
collaborateurs de Marguerite Audoux", Gabriel Reuillard, Le
Monde, 21 mai 1955.
La
liste des textes de Marguerite Audoux
Tous les liens ci-dessous
donnent accès aux textes de Marguerite Audoux.
Romans
- Marie-Claire,
Fasquelle,
1910.
- L'Atelier
de Marie-Claire, Fasquelle,
1920.
- De
la ville au moulin, Fasquelle,
1926 (préface
de BM Garreau dans la réédition
Marivole, 2014).
- Douce
Lumière, Grasset,
1937 (préface de BM
Garreau, "Le
douloureux testament de Marguerite Audoux", et avant-propos
de Benoîte Groult, "Les
miracles de Marguerite", dans la réédition Buchet/Chastell
de 2009).
Contes, nouvelles
- Le Chaland de la Reine (recueil de 9 contes), Les cahiers
nivernais et du Centre, juin-juillet 1910. Certains de ces contes
ont paru dans le journal Le Matin, par exemple "Le
Chaland de la Reine",
Le
Matin, 28 décembre 1908.
-
"Fin
Moka", Floréal,
17 janvier 1920.
- "La
Fiancée",
Supplément littéraire
du Figaro, n° 17, 24 avril 1909.
- Valserine
et autres nouvelles, Chapman & Hall, limited, 1912.
- La
Fiancée, Flammarion, 1932.
La Fiancée comprend 16 contes dont
les 9 du Chaland de la Reine.
Poèmes
- Trois poèmes en prose, La Phalange, 20 mars 1911.
Articles
- "Souvenirs"
(consacrés à Charles-Louis Philippe), La NRF, 15
février 1910.
- "Charles-Louis Philippe à Paris", Le Travail,
24 décembre 1910, puis Les Marges, janvier 1911.
- "Portrait-Octave
Mirbeau", Les
Cahiers d'aujourd'hui n° 1, octobre 1912.
- "Portraits-Les
Frères Karamazov", Les Cahiers d'aujourd'hui, n° 2,
octobre 1912. Marguerite Audoux évoque certains membres du groupe
de Carnetin à travers les Frères Karamazov (voir les clés
données par BM Garreau pour Ivan,
Dimitri, Alexei).
- "Le
Suicide" (ébauche), Les Cahiers d'aujourd'hui,
n° 5, juin 1913.
- "Antonin
Dusserre", Le Temps, 4 mai 1917 ; Antoine Dusserre
était l'auteur de Jean
et Louise (republié récemment éd. Marivole,
2015).
- "Un
tableau de Mme Marguerite Audoux", Le
Temps, 18 mai 1914
- "Ce
que je sais de lui" (consacré à Octave Mirbeau),
Les Cahiers d'aujourd'hui, n° 9, juin 1922.
- "Lointains souvenirs", Paris-Soir,
25 mars 1926.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
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à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
|
moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
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