Quatrième
de couverture :
« Lors d'une cérémonie purificatoire en six veillées,
toute l'histoire du général Koyaga, "président"
de la République du Golfe, se dévoile. Au récit de
cette vie, mené par le griot des chasseurs et son bouffon, s'adjoint
l'histoire des proches du dictateur : sa mère, Nadjouma, qui
tient ses pouvoirs d'une météorite et les fait partager
à son fils, et le marabout au service du tyran, qui protège
son maître des complots ourdis pour le renverser. Jouant sur les
traditions, les mythes et les peurs ancestrales liées à
la magie, le despote a assis son pouvoir sur l'ensemble du pays et a bâti
sa propre légende, mais avec les mains couvertes de sang...
Conte fantastique, chronique historique et politique, ce roman est un
portrait féroce et plein d'humour de l'Afrique d'aujourd'hui. »
Présentation
d'Ahmadou Kourouma et extrait d'interview ("Ahmadou Kourouma,
ou la dénonciation de lintérieur", Le
Courrier de lUNESCO, mars 1999, par René Lefort et
Mauro Rosi
Entretien
avec Ahmadou Kourouma dans la revue Politique
africaine, n° 75, octobre 1999, avec Thibault Le Renard
et Comi M. Toulabor
Pour son livre En attendant
le vote des bêtes sauvages, Ahmadou Kourouma est reçu
dans l'émission
Le cercle de Philippe Lefait, , France 2, 27 octobre 1998
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Ahmadou Kourouma
En attendant le vote des bêtes sauvages
Nous avons lu ce livre en avril 2007.
Nous lirons par la suite Les
soleils des indépendances
en 2017.
Françoise O
Je ne peux pas venir ce soir. Taper avec un seul doigt ne me permet que
de dire que j'ai beaucoup aimé la "Veillée 1"
et son humour ravageur..., mais j'ai abandonné la suite...
Françoise D
Je ne l'ai pas terminé et je ne le terminerai pas : j'en ai
marre de me forcer à finir des livres qui me gavent. J'ai lu une
petite moitié. Je n'accroche pas du tout. Ces veillées m'ennuient.
Rien ne me retient, je ne comprends rien aux apartés, on saute
du coq à l'âne, je suis perdue et découragée.
L'auteur sait écrire, mais ce n'est pas suffisant. Et puis il y
a la cruauté. D'accord, c'est l'Afrique, mais j'ai peut-être
l'esprit trop fermé pour en tirer quelque chose. Déjà
j'avais essayé de lire Allah
n'est pas obligé : pareil, je n'avais pas pu et j'avais
pensé alors que le sujet m'avait arrêtée, mais maintenant,
je me demande si ce n'était pas aussi le style. Même Mabanckou
est pour moi "intelligible", pas Kourouma. Dommage.
Brigitte
J'ai pris ce livre comme on prend un médicament. J'ai souvent pris
les transports en commun ces temps-ci, cela tombait bien car c'est un
livre qu'on peut lire n'importe où, en l'ouvrant n'importe où,
mais avec l'impression de perdre un peu mon temps. C'est toujours pareil.
Je me suis un peu intéressée à celui qui cherche
son homme fétiche. L'Afrique, ce ne peut être que ces choses
horribles, ça ne va pas ! De plus, on n'apprend rien. Avec
Hampâté Ba, on comprend mieux l'Afrique, avec Kapuscinski,
on est passionné. Je ne comprends pas qu'on donne un prix à
ce livre qu'on peut lire dans les transports en commun d'accord, mais
j'aurais pu rêver à la place...
Jacqueline
C'est moi qui avais proposé cet auteur. J'ai beaucoup aimé
ce livre. A cause du dépaysement, de la langue, de la recherche
d'écriture ; c'est plein de verve ; la langue est intéressante,
pas banale. L'auteur pensait en malinké, sa langue maternelle ;
il s'est ensuite mis à penser et écrire en français.
C'est une épopée comme on en faisait au Moyen Age. Ce récit
oral, avec un aspect féroce et humoristique, ne sépare pas
l'ironie du sérieux. Ce qui est évoqué sur de Gaulle
est très amusant et me rappelle les livres d'histoire de mon enfance.
La veillée avec la visite des dictateurs africains nous conduit
dans l'histoire de l'Afrique avec ses divers dictateurs. Tout ça
existe : Amin Dada a existé et jusqu'ici je me tenais à
distance. J'ai relu le livre, et avec plaisir. Je n'ai pas été
gênée par l'aspect répétitif qui donne son
aspect incantatoire au récit oral.
(Jacqueline montre Le
Journal du Tarmac, du théâtre où elle vient
de voir jouer Monnè, outrages et défis, d'après
le roman de Kourouma).
Claire
J'ai été sensible à humour, au talent d'écriture,
au brio. Le livre m'est rapidement tombé des mains. Tout comme
Françoise. Je connaissais Yacouba,
son livre pour la jeunesse, qui est un best-seller pédagogique...
J'ai commencé le livre avec entrain. Même impression qu'avec
Verre
cassé, d'une certaine virtuosité qui tourne à
vide et ici qui ne tient pas la route pour moi. C'est vrai qu'Hampâté
Ba, c'est autre chose !
Geneviève
Je l'ai lu il y a très longtemps quand je travaillais en lycée
professionnel où je cherchais à découvrir la littérature
francophone non française, notamment pour des élèves
africains. Ce livre avait été une grande découverte.
Il est construit comme un opéra, il faut rentrer dans cet effet
choral. Il y a un ballet de couleurs, d'odeurs, de bruits, d'excès,
de mégalomanie. La violence est caractéristique des pays
ou la démocratie n'est pas stabilisée. J'ai voulu relire
le livre et l'ai fait à marche forcée pour ce soir, ce qui
n'était pas la bonne façon. J'ai été intéressée
par la description de la chute du mur de Berlin, de la fin de la guerre
froide et de l'éclatement de cette bulle pour les pays d'Afrique.
Ce n'est pas un roman de personnages, c'est un roman-monde.
Liliane
Je ne l'ai pas lu et n'ai pas envie de le lire après vous avoir
entendues. Je suis intéressée par l'idée que cette
culture orale est trop loin de nous pour que nous y entrions.
Sylviane
Les premières impressions, mais aussi celles qui restent à
la fin de la lecture de ce roman : un texte difficile :
- du point de vue de la forme ; beaucoup de personnages s'incrustent
dans le récit, avec noms propres, biographies..., difficiles à
retenir, ce qui crée des interruptions du récit ; la
construction ajoute des difficultés par les répétitions
et le style (narrateur qui s'adresse au personnage principal, vocabulaire
inconnu, tournures lourdes) ;
- du point de vue du contenu : un texte dur, pessimiste à
cause de l'immuabilité des choses (dictateurs qui se succèdent
sans fin, corruption et complots, superstitions permanentes même
chez ceux qui ont vécu en Europe) ; avec quelques vérités,
sur la dictature ("L'Afrique
est de loin le continent le plus riche en pauvreté et en dictatures")
ou sur le pouvoir, terriblement d'actualité ("La
politique est illusion pour le peuple (et...) ne réussit que par
la duplicité").
Bref, un livre que je ne conseillerais pas forcément... sauf aux
personnes passionnées par l'histoire de l'Afrique. Ce roman fait
référence à différents dictateurs africains.
Mais la forme du texte ne rend pas la lecture facile. Je voulais aussi
faire deux suggestions de lecture : Chimères
de Nuala O'Faolain et Chamelle
de Marc Durain-Valois, jeune journaliste français qui a passé
son enfance en Afrique. Ce roman traite (encore !) de ce continent,
mais le texte coule tout seul, l'histoire est inhabituelle, déconcertante,
ne laisse personne indifférent.
Marie-Laure(du
groupe breton dont les avis suivent)
Je l'ai lu jusqu'à la page 224, mais je n'ai pas aimé du
tout. Je n'aime pas les idéaux politicards qui se cachent derrière
des contes folkloriques pour ne pas dénoncer les systèmes
véreux en place. Cela m'a fait penser aux Guignols de Canal+, de
moins en moins crédible tellement c'est politiquement correct.
Kourouma est surement un grand écrivain mais nous ne nous sommes
pas trouvés. Autant j'avais adoré American
Darling, autant là c'est une catastrophe. Comment peut
on parler d'émasculation en transformant pour les besoins de l'écriture
des humains tortureurs en Lycaons .......sans doute pour le politiquement
correct qui empêche toutes les dénonciations de ce monde
et en autorise toutes les dérives !
Lil entre et
Évaluation difficile que je sens injuste vis-à-vis de Kourouma
dont le livre révèle un vrai talent d'écrivain ;
mais l'état de surdose, de gavage, d'imprégnation grave
de tous les maux africains, accumulés au fil des lectures successives
que nous avons faites à propos de ce continent, cette année,
fait que je ne suis sans doute pas très objective... Trop c'est
trop... GRÂCE !
La forme est originale, la langue imagée, mais je me suis vite
lassée. Certes, il y a l'humour féroce de Kourouma qui n'épargne
personne, blancs ou noirs... Mais rien ne ressemble plus à un dictateur
qu'un autre dictateur... Je me suis "amusée" à
chercher qui se cachait derrière les portraits des cinq vilains.
Ce survol de l'histoire coloniale dans cette Afrique de l'Ouest est terrible :
il semble que l'avenir de l'humanité soit totalement plombé
par cette soif de pouvoir, assouvie par tous les moyens à disposition
(l'obscurantisme occupe une place de choix !), à tous les
échelons de la société... constatation universelle,
malheureusement !
Marie Thé
Des livres que nous avons lus sur lAfrique ces derniers mois, cest
celui que je préfère. Ce qui y est dit est souvent terrible
et jai quelquefois passé plusieurs pages. Mais jy ai
aimé lAfrique, ses veillées, ses griots, et ce côté
incantatoire. Je croyais entendre une musique, lancinante, envoûtante...
Ce livre ma fait penser à un autre, La
Mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé, que javais
beaucoup aimé.
Je voulais dire aussi : à lorigine, il y a eu le père
de Koyaga, qui a perdu sa place "dhomme nu" à cause
des Français, qui a perdu la vie. Le fils, donc Koyaga, a pu, lui,
trouver et garder sa place, mais à quel prix !
Lona
Lauteur se livre avec talent à un exercice précis
de dénonciation des tyrannies africaines, parfois grotesques, presque
toujours cruelles, pourries jusquà los par la corruption,
la bêtise crasse, limpuissance des élites, et par une
sorte dintériorisation suicidaire au racisme, qui empoisonne
la vision que lAfrique a delle-même. Les autres, tous
les autres ne sont en fin de compte que des sales nègres, des "paléos",
des "Africains noirs indigènes sauvages". Jai apprécié
le style très africain et les images contenues dans les dictons
et les vieilles paroles de griots. Toute lAfrique semble évoquée :
les sorciers et leur pouvoir, les arts divinatoires, les féticheurs,
les djinns, la géomancie tellement présente dans les pays
du Golfe de Guinée. La colonisation et la décolonisation,
lesclavage, lengagement forcé des soldats africains
dans nos guerres : la place du Général de Gaulle en
Afrique. Mais surtout tous les dictateurs mégalos, sanguinaires
et assoiffés de pouvoir : on reconnaît facilement Houphouët-Boigny,
Bokassa, Amin Dada, Eyadema, Hassan II, etc.
Cest une page dhistoire transcrite en pamphlet.
Cela me rappelle les pages terribles et violentes, mais lucides, écrites
sous le coup de la colère il y a une cinquantaine dannées
par Frantz Fanon dans Peau
noire, masques blancs.
Jean-Pierre
On savait déjà que les dictatures, dans quelque lieu ou
à quelque époque qu'elles sévissent, sont congénitalement
synonymes de prévarications, tortures, assassinats et autres joyeusetés.
Ce n'est pas ce livre qui nous convaincra du contraire. Je suis pour ma
part persuadé que les superstitions, magies, sorcelleries, religions
(monothéistes ou pas), toutes survivances des ignorances antédiluviennes,
nourrissent le terreau où elles germent. Toutes les horreurs dont
l'auteur nous parle, vont jusqu'à prendre, dans la bouche de ses
personnages, une solide logique appuyée sur les rites ancestraux,
justifiée par les croyances ataviques et les totems préhistoriques,
absolvant du même coup les potentats, les individus qui les courtisent,
les tribus qui les portent au pouvoir ou les populations qui les y laissent.
S'ensuit une curieuse impression d'irréalité, où
les crimes les plus épouvantables sont intellectualisés
et acquièrent même une sorte de virginité. Sans rapport
avec ce livre, je note au passage et une fois de plus que la mode actuelle
de la quête, l'apologie et la perpétuation des traditions
est pour le moins ambiguë et devrait s'accompagner d'un sévère
tri sélectif. Bien sûr, on ne soupçonne pas Kourouma
d'une quelconque approbation de ce qu'il décrit. On sent bien sa
distance, et le second degré qu'il manie sans avoir l'air d'y toucher.
L'Afrique des gris-gris, du Vaudou, des sacrifices sanglants, des rites
initiatiques, de l'interprétation des rêves, n'est pas sortie
de l'auberge, mais toutes les régions du monde où sévissent
les égorgeurs, les sorciers ou les prophètes, au pouvoir
ou à l'uvre dans la mouvance terroriste en surfant sur la
misère, non plus. Et ne sommes-nous pas nous-mêmes en train
d'y retourner, avec l'omnipotence mondiale du profit, le déclin
de l'idéal du progrès, l'agonie de la rationalité
et le retour en force de la foi du charbonnier ? Le titre de livre
porte d'ailleurs le désespoir en filigrane : la crainte d'en
arriver à des dictatures démocratiques, portées au
pouvoir par le vote des bêtes sauvages que sont les hommes englués
dans leurs traditions obscurantistes. Cette inquiétude a de quoi
être universelle. Et l'Occident, la France en tête, porte
de lourdes responsabilités en la matière.
Concernant l'écriture du livre, le mode incantatoire est fatigant,
les veillées interminables, les digressions trop nombreuses et
trop longues, les proverbes souvent incompréhensibles. J'ai trouvé
que le livre ne commence vraiment qu'avec la rencontre de Koyaga avec
ses collègues dictateurs, avant de se perdre à nouveau dans
les visites tribales du Guide Suprême et dans les fêtes du
Trentenaire. J'avoue que je l'ai lu parfois en diagonale. J'avais déjà
"sauté" Maclédio. Dieu me pardonne. Mais dans
cet agrégat de sang, de sperme et d'ordures, j'ai la faiblesse
de considérer que c'est juste un péché véniel.
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