Quatrième
de couverture :
Finis le Lubéron ou l'Ile de Ré, complètement dépassées
les Seychelles ou la Réunion. Le dernier chic en matière de
tourisme c'est d'aller voir les pauvres dans leurs banlieues. C'est ce que
propose un "tour operator" qui emmène ses clients en car
d'une cité des environs de Paris à un squat milanais en passant
par Bruxelles, Cologne et Berlin. Chacun des participants a ses propres
motivations plus ou moins honorables qui vont du voyeurisme pur et simple
à la curiosité professionnelle, en passant par un souci de
se montrer charitable à bon compte. Bref, tous de belles âmes ! |
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Lydie Salvayre
Les belles âmes
Nous avons lu ce livre en février
2008. Certains sont allés voir ladaptation
du livre au Théâtre de Chaillot (voir le dossier
de presse).
Le groupe avait lu antérieurement en 2002 La
Compagnie des spectres et lira ultérieurement en 2015 Sept
femmes.
Geneviève
Je lavais déjà lu, et oublié. Javais
beaucoup aimé La compagnie des spectres, là grande
déception, ça napporte rien. Une idée à
la mode, puis rien... des caricatures !!!!! Par contre au théâtre
le texte prenait de lépaisseur : cest peut-être
plus un scénario quun roman.
Sandrine
Je me suis glissée avec les délices de la surprise et de
la découverte dans Les Belles Ames de Lydie Salvayre, mais
je les ai quittées avec tout autant de joie. Si jai apprécié
pour son goût acidulé, ses commentaires meurtriers, loriginalité
du thème un voyage organisé et un tour dhorizon
dans les banlieues dEurope je me suis très vite
lassée de cette écriture télégraphique, qui
jette de la poudre aux yeux avec de petites phrases assassines tout en
traitant le sujet superficiellement et à la va-vite et ne laissant
au lecteur aucun souvenir marquant. Ce livre est à la littérature
ce que le hamburger est à la cuisine. Et vous aurez deviné,
je nai pas envie de hamburgers en période de Saint-Valentin.
Ce livre ne donne rien au lecteur, il fanfaronne quand il ne profite pas
de son auditoire pour régler ses comptes personnels
Renée (livre
« écrabouillé » !)
Cest faux, artificiel, cest du parisianisme nauséabond.
Il y a des allusions personnelles à quelques personnalités
en vue, pour ceux qui savent... Cest une lecture « polluante »
comme Houellebecq. Il y a un fond « popu », du « cliché ».
Cest un livre obscène, et je lai pourtant lu avec application.
Françoise D
Je suis en total désaccord avec Renée. Ce nest pas
le livre qui est obscène, ce sont les personnages et comme chez
Houellebecq en effet, ça nous gratte là où ça
gêne, nest-ce pas le (ou lun des) rôle de lécrivain ?
Qui peut prétendre navoir jamais fait du tourisme « voyeur »,
ou au moins sêtre posé la question lors de certains
voyages ? (Sinon cest le moment de se la poser !). Et
même vis-à-vis de la banlieue, comment se situer ? On
trouve bien dans les magazines certaines photos choquantes, genre mannequins
de mode dans une décharge, cest de lesthétisme
trash et lauteure pense quon nest pas si loin du tourisme
trash. Aurait-elle tort ? Daccord, cest outrancier, caricatural,
mais pour autant on ne peut renvoyer Lydie Salvayre dun revers de
main. Elle a un réel talent décriture, elle est caustique,
drôle, cest bien tourné. Bien sûr, chaque personnage
est effleuré, mais je pense que cest voulu, son projet nétait
pas de nous refaire Balzac, mais un petit livre lapidaire et efficace,
dailleurs, la meilleure preuve cest que la mise en scène
au théâtre de Laurence Février (qui joue également)
tout aussi minimaliste, est aussi très réussie. Aucun personnage
nest sympathique, mais jai bien aimé la relation privilégiée
de la narratrice avec Olympe sa créature, et la façon dont
elle nous en parle, comme de son jardin secret. Question : Est-ce
quil men restera quelque chose ? Je crois que oui, malgré
tous ses défauts, à cause des interrogations suscitées.
Donc ce nest pas une lecture inutile (CQFD !).
Monique
Je navais rien lu de Lydie Salvayre et jétais contente.
Mais jai été déçue. Le sujet, ça
existe, mais elle na travaillé quavec des caricatures
et des touristes et des gens de banlieue ! Jason est une caricature
dramatique. Je me dis : je ne le prêterai pas et je crois que
je laurai très vite oublié. Cest un peu comme
du nihilisme, cest noir, ça napporte rien. Dans la
vie les sketches me font rire, mais en faire un roman, ça passe
pas. Aucun personnage ne nous apporte quoi que ce soit.
Jacqueline
Le style « gueulard » est fait pour être dit,
pour quon lentende. Jai apprécié la mise
en scène, une comédienne qui fait la narratrice et toutes
les voix. En lisant, jai beaucoup ri. Elle pose des problèmes
fondamentaux : comment ne pas être voyeur ? La fin est
abrupte. Dans un entretien elle dit « ça ne mintéressait
plus » ; on le sent. Le spectacle est très fidèle
au roman ; mais jai été plus gênée
à entendre loutrance de certains propos quà
les lire. Le danseur apportait de lhumanité.
Françoise(livre
donné je ne veux pas le garder)
Idée intéressante, à la mode, mais alors !!!
Mais alors !!! Ce livre est très mauvais, elle est passée
à côté du sujet. Tout est moche ! Cest
bêtassou !
Françoise G
Jétais contente de découvrir Lydie Salvayre. A lire
la quatrième de couverture, elle est « cinglante, ironique »,
le titre est beau. Dès la première page ça cafouille.
Des phrases courtes. Cest arbitraire. Tout est dans la laideur,
comme lécriture. Les noms des touristes sont toujours choisis
près du trivial. La narratrice (près dOlympe) a voulu
faire du social, et elle fait du vulgaire, comme une cinéaste qui
veut faire un film érotique et qui tombe dans le porno. Jétais
curieuse de voir ce quon pouvait en faire au théâtre.
Lactrice avait une noblesse. La mise en scène est arbitraire,
peu convaincante. Cest barbant au théâtre, mais pas
vulgaire comme le livre.
Claire entre
et
Je suis daccord avec tout le monde, sauf la dernière Françoise...
Jen avais lu 1/3 avant daller au théâtre. Cest
raté, caricatural, ça sonne faux. Lécriture
pourrait être intéressante, cest de loral, du
style haché. Elle pose le problème du voyeurisme, mais ne
fait pas danalyse. Le sujet est intéressant mais tout est
trop caricatural. Jai été intéressée
par la pièce de Laurence Février, jai beaucoup aimé
le danseur, le décor. Je nai pas poursuivi ma lecture. Livre
raté : bon sujet mais pas travaillé.
Marie-Thé
Je l'aurais bien fermé, mais le début m'a plu : personnages,
situations, je trouve tout cela bien vu. Et puis il y a cet humour grinçant,
pas mal... Le problème, c'est qu'après, ça s'essouffle ;
on avance péniblement avec ce car et son contenu, et à la
fin, on reste "en rade". J'ai l'impression que l'auteur non
plus n'arrive plus à avancer, ni à terminer son livre...
Pour moi, c'est un livre raté. Il y avait là de quoi faire
une nouvelle, pas plus.
Lil
« Il n'y a pas de limites au pire », morale de ce
livre, tout à fait justifiée dans ce voyage au pays du voyeurisme.
Lydie Salvayre (langue maternelle : espagnol) manie le français
avec beaucoup de talent, elle nous fait passer d'un niveau de langage
à lautre avec aisance et dresse, en quelques lignes, avec
précision et justesse, des portraits drôles et décapants.
J'ai aimé l'ironie, le rythme rapide, accéléré,
haletant, le regard de l'auteure sur ses personnages et sa propre création
littéraire, et ses apartés avec le lecteur associé
au récit. Je la suis totalement dans cette dénonciation
de toutes les formes de reality « choses », en vogue
dans notre belle société.
Le livre tourne autour de l'incommunicabilité entre ces deux mondes
de toutes les violences qu'engendre la vraie pauvreté
du mépris des uns pour les autres de l'enfermement
dans sa classe sociale, ses représentations... tout semble dit...
Et cependant, je ne sais trop pourquoi, peut-être le côté
caricatural de la plupart des personnages, le récit ne fonctionne
pas vraiment : dommage ! Exception faite du portrait d'Olympe,
particulièrement émouvant, subtil et tout en finesse. Qui
est cette Olympe pour l'auteure qui en prend grand soin ! Et qui
est celui dont elle ne peut dire le nom ? Quel est le sens de cette
fin en queue-de-poisson ? Autant de questions dont j'attends de vous
les réponses.
Nicole
Le sujet, l'auteure (j'avais apprécié La Compagnie des
spectres) et les premières pages du livre étaient de
bon augure. Puis je me suis ennuyée ; je n'ai pas accroché
avec les personnages, excepté Olympe. Tout au long de la lecture,
j'ai eu l'impression d'un manque, tous les éléments étaient
là, mais...
Jackie
J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce livre : le style d'abord est
très riche avec différents registres de ton et cette façon
de l'auteure de se mettre en dehors de l'histoire faisant mine de ne pas
en être maître et de laisser ses personnages agir à
leur guise et la surprendre.
Ces personnages ont en commun d'avoir décidé de faire ce
voyage pour le moins curieux et dans ce car précisément
où sont réunis les plus caricaturaux d'entre eux. Certaines
définitions et situations sont très drôles et les
"vérités" sont assénées avec habileté :
les Défosse, patrons-voyous, existent à notre porte. "Travailler,
c'est plus travailler, c'est faire travailler le fric" est complètement
d'actualité, et l'on aurait du mal à faire la morale à
Jason qui, de guerre lasse, décide de remplacer l'honnêteté
et la dignité ouvrières pour 6000 balles par mois, par le
chomdu ou la taule.
J'aime Olympe, arrivée par hasard dans l'histoire, petite lumière
du roman, porteuse du secret de l'auteure, mais quel secret ? L'espoir
peut-être...
Je relirai ce livre car il m'a beaucoup touchée et m'a amenée
à me poser des questions sur moi-même, je pense qu'on ne
peut pas faire l'économie d'une introspection lorsqu'on lit un
livre comme celui-ci.
Jean-Luc
Sans que ce soit un grand livre, c'est un pamphlet acide que j'ai apprécié.
A l'ère du tourisme de masse, ce livre met le doigt sur les comportements
grossiers des nantis face aux plus démunis.
D'autre part, il montre bien le jeu de rôles qui existe inévitablement
dans tout groupe de touristes vivant ensemble un même circuit organisé.
Jean-Pierre
Ah, certes, saperlipopette ! Voilà un court roman quon
aurait voulu plus long, tant le thème, le style et le climat y
sont surprenants et édifiants. Bon, tout est dit en 130 pages,
cest vrai. Les situations et leurs péripéties se succèdent
et senchaînent sans erreur. Les personnages sont croqués
avec férocité et/ou tendresse, ça dépend lesquels.
Tout le monde en prend pour son grade. Les bobos comme les voyous, les
intellectuels bcbg comme les déglingués des cités.
Cest un grand vent de folie purificatrice qui souffle dans les pages
du livre. On oscille entre lironie, la satire, le désespoir,
la dérision, la révolte, la résignation... Mais la
grande tendresse de lauteur va, cest visible, et cest
dit, vers cette madone des super marchés quest Olympe, qui
nest autre que lauteur elle-même. Elle seule, pauvrette
prisonnière dun destin implacable, se sort indemne, grandie
même, de cette tragédie en forme de farce. Il y a bien lancien
séminariste un peu shooté par lamour, et le chauffeur
complètement englué dans sa misérable routine conjugale
qui séclairent par-ci par-là de lueurs dhumanité,
mais cest tout. Les autres, y compris Djézonne, asticot grouillant
sur sa pourriture, sont à mettre à la poubelle. Cest
dailleurs très dérangeant, car chacun deux porte
en lui ou en elle un petit côté que, peu ou prou, nous avons
en nous.
Ces touristes dun nouveau genre ne nous sont cependant pas totalement
inconnus : caricaturés, ils sont nous, ceux qui déambulent
dans les cités historiques, le Nikon indiscret en main ; qui
investissent les merveilles du patrimoine de lhumanité, mouchoirs
sur le crâne luisant de sueur et bouteille de Coca ostentatoire
aux lèvres ; qui polluent les sites avec leurs papiers gras
et leur prospectus de bazar, qui encombrent le ciel avec leur jets low
cost ; qui remplissent les coffres des tour opérateurs sans
scrupule surfant sur les désirs dexotisme ; qui sembarquent
pour des croisières où la (jeune) chair fraîche comble
leur appétit maladif de commerce sexuel ; qui prétendent
connaître des pays et des populations en une ou deux semaines de
séjour ; qui, de retour de leurs expéditions lointaines
et tellement dépaysantes, nous assomment de leurs récits
dexplorateurs de salon... Si je suis sans doute (et comme dhabitude)
excessif, vous aurez compris que le tourisme nest pas ma tasse de
café et que je ressens (peut-être à tort) que ce nest
finalement quun passe-temps de nantis en mal démotions,
suscité, entretenu et gouverné par lesprit de lucre
des marchands de voyages.
Revenons à louvrage du jour : de temps à autre
on frôle le mystère, mais on sent les clins dil
de lauteur, et tant pis si on ne sait pas à qui elle sadresse,
celui quon ne peut pas nommer : Dieu ? Cela dit, il y
a dans ce livre quelques phrases fortes et jouissives qui éclatent
comme des pétards, du genre : « On ne peut concevoir
la misère que si lon devient la misère. »
« On peut vivre sans mer ni rêve de la mer, on peut vivre
sans foudre, ni envol, ni baiser, ni tempête, on peut vivre sans
mot pour dire la beauté, on peut vivre sans rien et tout de même
vivre. »
« La tristesse et la laideur sont partout où lon
supporte de les voir. »
« Qui sont les coupables ? Quels sont les pourvoyeurs
de tant diniquité ? Où sont ces chiens de lenfer
quon les abatte à coups de hache ? Aux dernières
nouvelles, le coupable serait le Marché. Qui gouverne le monde
à sa guise. Ce qui complique bien des choses. Car on na pas
encore appris à se dresser contre lui. Autrement quavec des
grands mots. Mais le Marché se fout des grands mots. Il na
pas lesprit poétique. »
« Grâce au mécanisme du trickle down, les plus
défavorisés finissent toujours par bénéficier
de la prospérité générale... : persévérons
dans la prospérité, les pauvres y trouveront leur compte.
Et défendons un monde libre. Avec ou sans pom-pom girls. »
«
son papa chéri lui a appris à toujours
peser le pour et le contre avant de les mettre dans le même panier. »
« Elle na strictement rien de séduisant :
premièrement elle est prof, métier le plus ringard qui soit,
et le plus mal payé, ce qui revient au même... »
« Enfant, il est pris, dit-il, entre une mère agenouillée
et un père militant communiste. Il devient, pour venger sa mère,
un militant agenouillé. »
« Existe-t-il un pays où il ny ait pas de pauvres,
please ? »
« La misère a ceci dennuyeux quelle attaque
ceux qui la voient. La misère est méchante. Très. »
« ... il doit bien exister des remèdes pour adoucie
le sort des démunis et empêcher quun jour prochain
ils ne sinsurgent contre nous. Et ne nous pendent. »
Arrêtez, nen jetez plus, cest trop jouissif ! Et
puis reprenons confiance, rien nest fatal. Un peu de jugeote individuelle
et collective, et peut-être que nous saurons ce quil convient
de penser, de dire et de faire pour sortir de limpasse où
est actuellement engagé le monde.
Lona
Pour ce qui est du choix du titre : où est la beauté
et où sont les âmes ? Quelle folle idée dorganiser
un « tour operator » dans les bas-fonds des villes
européennes ! Cest de la démence, complètement
irréaliste, exprimée par une pédopsychiatre. Ses
personnages sont tous perturbés : que ce soient les touristes
(excités par la misère, la laideur, la tristesse), que ce
soient les personnes visitées (pauvreté matérielle
et intellectuelle, saleté, laideur nauséabonde, horreur,
violence...), ou les accompagnateurs ; les lieux sont lugubres. Quel
est lintérêt dun tel déplacement ?
Aucun personnage nest sympathique (en faisant une petite exception
pour Olympe). Aucun plaisir de vivre lenfermement dans le bus, dans
la cité, de se retrouver dans cette parano collective. Tout cela
sonne faux : et si cétait des faux touristes, des faux
pauvres, des fausses histoires, comme le faux-curé, le faux-écrivain ?
Je ne trouve pas que cet écrit soit une critique constructive,
ni une approche réelle du monde de lhumanitaire qui - il
faut ladmettre après tous les scandales de ces derniers temps -
prend un sérieux coup de sérieux dans laile.
Les avis de Claude, Jacky et Jean-Pierre mont permis une autre analyse
du livre, beaucoup plus ouverte, plus humaine aussi.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
|
à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
|
moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
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