Quatrième de couverture : Quand Mikhaïl Boulgakov
publie Coeur de chien en 1925, la Russie soviétique bénéficie
d'une relative liberté créatrice avant la nuit noire du
stalinisme qui s'annonce. En d'autres temps le sujet de son roman lui
aurait valu quelques années de goulag. Que l'on en juge !
Un professeur greffe sur un chien ramassé dans les rues de Moscou
l'hypophyse d'un individu qui vient de mourir. L'animal se métamorphose
alors en un petit homme ivrogne, grossier et méchant : le donneur
était un voyou alcoolique et sans scrupule. Et voilà le
professeur harcelé et poursuivi par des comités étatiques
et prolétariens en tout genre, guidés et fanatisés
par le chien devenu homme. Et pire, homme de parti ! Comme toujours
chez Boulgakov, l'irrationnel, la dérision et la folie rejoignent
une réalité cauchemardesque. L'écrivain demeure le
plus grand et le plus lucide des chroniqueurs satiriques de cette époque
totalitaire et tragique.
Quatrième de couverture : "C'était le paysage
humain qui l'émouvait. II semble que la Beauté, pour toucher
les sens de Flush, dût être condensée d'abord, puis
insufflée, poudre verte ou violette, par une seringue céleste,
dans les profondeurs veloutées de ses narines ; et son extase,
alors, ne s'exprimait pas en mots, mais en silencieuse adoration. Où
Mrs. Browning voyait, Flush sentait ; il flairait quand elle eût
écrit."
Virginia Woolf, Flush, une biographie,1933.
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Mikhaïl Boulgakov
Cur de chien
Nous avons lu ce livre en septembre 2010.
Nous avions lu
en 1998 Morphine
pour le voir adapté à la MC93
à Bobigny par Patrick Sommier. Nous avons vu aussi une adaptation
du Maître et Marguerite au Théâtre
de la Tempête en 2000. Le nouveau groupe parisien lira Les
ufs fatidiques en 2019.
Le "chien" a donné envie
à plusieurs d'entre nous de lire Flush
: biographie d'un chien de Virginia Woolf.
Jacqueline
Le début m'a beaucoup plu mais après l'opération,
c'est moins bien : c'est une pochade. Mais ça m'a bien amusée.
Renée
Je l'avais lu et je l'avais complètement oublié. J'aime
beaucoup l'humour. J'aime être dans le chien au début. J'ai
lu aussi Flush de Virginia
Wolf. L'humour est délicieux. J'ai aimé les incises comme
"pensa-t-il..." J'ai aussi aimé la description de l'opération.
Le livre est très grinçant, il parle du décervelage.
Annick A
Que dire sur ce livre ? C'est facile à lire. C'est original,
mais qu'en reste-t-il ? Il a été écrit en 1925
et on parlait déjà de greffes d'organes alors que ça
n'existait pas. C'est de l'anticipation scientifique. Il se pose le problème
de la manipulation du corps humain. Le personnage du chirurgien est ambivalent :
il est très anti-communiste. Il reprend le point de vue de Boulgakov
mais le chirurgien est très élitiste et très méprisant.
Il prend des positions de grand seigneur. Je ne suis pas de tout cur
avec lui. Le fin du livre laisse penser que les chiens sont meilleurs
que les hommes. C'est le chien qui devient un homme est en même
temps méchant... mais en même temps pas si méchant
que ça. Tout le livre est en demi- teinte.
Manu
Le chirurgien Philipovitch m'a rappelé le personnage principal
du Docteur Jivago avec son problème d'appartement qu'il
faut partager. C'est un pamphlet courageux pour l'époque je pense.
J'ai beaucoup aimé le procédé et voir le monde au
travers des yeux du chien. De plus j'ai aimé les transitions de
narration du chien au narrateur puis aux autres personnages. Les voix
sont différenciées, les transitions sont subtiles. J'avais
essayé de lire Le Maître et Marguerite... mais je
le trouve trop long. Alors qu'ici, non.
Annick L
J'ai été gavée de romans pour la jeunesse et là
j'ai été surprise car le livre est très original
et m'a fait rire. Il y a de la rigueur, de l'énergie et de la mise
en scène dans la façon dont les personnages sont caricaturés.
Il y a beaucoup d'inventivité. Boulgakov savait regarder la société.
Chez les bolchevicks, on retrouve bien tous les traits de l'ancien pouvoir.
Il y a une réflexion éthique sur la création d'un
nouvel homme avec le regret et le désir de revenir en arrière.
L'écrivain est talentueux ; l'écriture est vive, alerte
et rapide. C'est comme dans du théâtre de boulevard :
les rapports avec les personnages secondaires. La scène de l'entrée
du chien dans la cuisine est remarquable. Et les bribes de chanson que
fredonne le professeur... Ce livre est très courageux. Boulgakov
est très audacieux dans sa description du peuple prolétaire
victorieux. Le chien qui devient directeur de la dératisation est
une idée extraordinaire. Les rapports entre le maître et
sa créature sont décrits de façon intéressante.
Le jeu dominant/dominé avec Bouboulov est très théâtral.
Françoise D
Je rejoins ce qui a déjà été dit. C'est un
livre courageux. J'ai aimé le début avec l'histoire du chien
mais ensuite ça s'essouffle, c'est grossier. Puis j'ai décroché
lorsque Bouboulov prend le caractère de celui dont on lui a greffé
les organes. Il prend de l'alcool et il devient insupportable.
Annick L
Il y a une réflexion sur le sens de ce qu'il fait.
Françoise D
Ni l'écriture, ni la narration ne m'ont plu. Je me suis vite ennuyée
mais je reconnais que c'est un livre courageux. Une critique violente
de la société.
Claire
J'avais lu Le Maître et Marguerite et Morphine que
nous avions tous deux vus avec le groupe adaptés au théâtre.
J'aime les animaux et le début est surprenant. J'ai vite été
arrêtée par les interventions à la troisième
personne au milieu des monologues du chien. C'est loufoque. Très
vite j'ai décroché car pour moi ça ne tient pas la
route. Si ça relève de la BD, l'album est trop important.
Les paroles d'opéra ne m'ont pas fait rire...
J'ai lu Flush : biographie d'une
chien de Virginia Woolf que j'ai adoré ! C'est très
réussi. Dans la foulée des histoires d'animaux qui s'humanisent
j'ai vu la pièce Kafka's
monkey où c'est un singe humanisé qui tient un discours
à l'académie. C'était passionnant, cette histoire
de Kafka..
Brigitte
Je n'aime pas les histoires d'animaux. J'avais lu de cet auteur Le
Maître et Marguerite et une biographie de Molière et
Morphine, l'histoire d'un jeune médecin. Je suis partagée :
j'étais contente de livre ne soit pas trop long. C'est une pochade.
Je n'ai pas été frappée par l'aspect de l'opération.
C'est un pamphlet pour raconter le choc de deux cultures différentes.
Je suis allée en Russie avant la fin du monde communiste. Boulgakov
est un grand écrivain. J'ai également lu Flush :
c'est magnifique.
Olga (invitée russe)
C'est intéressant d'écouter les opinions des gens de l'extérieur
car nous sommes partiaux. Le livre a été écrit en
1925 et n'a été publié seulement qu'en 1987. La vie
de Boulgakov est la vie de beaucoup d'intellectuels de cette époque.
Il a fait parti de ceux qui ont salué la révolution et qui
ont ensuite été déçus. Les belles idées
se sont résumées à partager les appartements. Le
livre est un symbole. En 1930, Boulgakov n'avait plus de travail ;
malade, il a écrit au gouvernement pour pouvoir quitter la Russie,
mais on ne lui a jamais accordé l'autorisation. Il a eu peu de
pièces mises en scène. Il est mort en 1940. Certaines de
ces phrases sont passées dans la langue des intellectuels.
Lona
Je ne suis pas vraiment rentrée dans ce livre ! C'est complètement
loufoque et déjanté ! Bien que... l'auteur aborde assez
bien la société soviétique et communiste et son organisation
du début du XXe siècle : classes sociales, collectivisme,
syndicats, flicages, délations, tribunaux populaires. L'histoire
de la greffe du chien/homme/chien est entièrement folle :
eugénisme, amélioration de la race, manipulations scientifiques ?
Faut-il y voir une image avant-gardiste de la chirurgie de transplantations ?
Je vais oublier cet auteur rapidement !
Nos
cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
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ouvert ¼
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